Commentaire du 6 mai 2012 / Pierre Desroches (89e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

« Notre difficulté à accepter les convertis au lourd passé / Paul va être aidé par les frères / Notre Église plutôt malmenée / L’Esprit Saint, un atout pour les temps de persécution et aussi de développement / « Demeurez en moi… » est un langage d’amoureux / Ne pas chercher à porter du fruit par nous-mêmes mais  chercher à se connecter à la Vigne. »

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, composition de la musique et arrangements, direction des comédiens, voix additionnelles, montage des images et mixage.

-COMÉDIENS :

 Anne-Sylvie Gosselin : narratrice
 Jean-François Lépine : Jésus

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=06/05/2012

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Évangile : La vigne et les sarments (Jean 15, 1-8)
À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui donne du fruit, il le nettoie, pour qu’il en donne davantage. Mais vous, déjà vous voici nets et purifiés grâce à la parole que je vous ai dite : Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter du fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est comme un sarment qu’on a jeté dehors, et qui se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voudrez, et vous l’obtiendrez. Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous donniez beaucoup de fruit : ainsi, vous serez pour moi des disciples. »

1ère lecture : Paul se joint aux Apôtres témoins du Christ (Actes  9, 26-31)
Après sa conversion, Paul vint à Jérusalem. Il cherchait à entrer dans le groupe des disciples, mais tous avaient peur de lui, car ils ne pouvaient pas croire que lui aussi était un disciple du Christ. Alors Barnabé le prit avec lui et le présenta aux Apôtres ; il leur raconta ce qui s’était passé : sur la route, Saul avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé ; à Damas, il avait prêché avec assurance au nom de Jésus. Dès lors, Saul allait et venait dans Jérusalem avec les Apôtres, prêchant avec assurance au nom du Seigneur. Il parlait aux Juifs de langue grecque, et discutait avec eux. Mais ceux-ci cherchaient à le supprimer. Les frères l’apprirent ; alors ils l’accompagnèrent jusqu’à Césarée, et le firent partir pour Tarse.  L’Église était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie. Dans la crainte du Seigneur, elle se construisait et elle avançait ; elle se multipliait avec l’assistance de l’Esprit Saint.

Psaume 21, 26-29, 31-32

R/ À toi, Dieu, notre louange, au milieu de l’Église

Tu seras ma louange dans la grande assemblée ;
devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses.
Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ;
ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent.

La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur,
chaque famille de nations se prosternera devant lui :
« Oui, au Seigneur la royauté,
le pouvoir sur les nations ! »

Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ;
on annoncera le Seigneur aux générations à venir.
On proclamera sa justice au peuple qui va naître :
« Voilà son œuvre ! »

2ème lecture : Aimer en vérité (1 Jean 3, 18-24)
Mes enfants, nous devons aimer, non pas avec des paroles et des discours, mais par des actes et en vérité. En agissant ainsi, nous reconnaîtrons que nous appartenons à la vérité, et devant Dieu nous aurons le cœur en paix ; notre cœur aurait beau nous accuser, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses. Mes bien-aimés, si notre cœur ne nous accuse pas, nous nous tenons avec assurance devant Dieu. Tout ce que nous demandons à Dieu, il nous l’accorde, parce que nous sommes fidèles à ses commandements, et que nous faisons ce qui lui plaît. Or, voici son commandement : avoir foi en son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. Et celui qui est fidèle à ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et nous reconnaissons qu’il demeure en nous, puisqu’il nous a donné son Esprit.

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Commentaire du 6 mai (89è) – 5e dimanche de Pâques (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q. 

Jésus, la vigne véritable, est celui qui apporte la vraie fécondité

L’abbé Pierre Desroches

Aujourd’hui on va retrouver un personnage qui est un apôtre et que j‘aime bien parce qu’il est un homme assez controversé. Alors, c’est Paul. Paul se convertit. J’ai souvent donné la situation de Paul à l’origine de la communauté. Paul qui avait été persécuteur,  Paul qui avait poursuivi les chrétiens, Paul qui avait été en accord avec le massacre des chrétiens, voilà qu’il fait la rencontre de Jésus Christ. Bonne raison pour ne jamais se décourager de quelqu’un qui nous apparaît comme un persécuteur de l’Église. On ne sait jamais quelle volteface l’Esprit Saint nous prépare à travers ces personnes. Il vient à Jérusalem dans une intention très claire. Il ne fait pas un voyage, il s’en vient rencontrer les disciples du Christ qui sont particulièrement établis à Jérusalem. Il veut entrer vraiment en lien avec ces hommes mais ils ont tous entendu parler de Paul et ils en ont peur. Cela arrive parfois dans nos communautés que des gens nous arrivent et qu’on soit bien inquiets de ces personnes parce qu’on a entendu dire toutes sortes de choses et on les a même enfermées dans ce qu’elles ont fait à un moment de leur vie et on n’a pas du tout entendu parler de ce que Dieu avait fait en eux et qu’il les avaient transformés et convertis.

Les disciples ne pouvaient pas croire, après tout ce qu’ils avaient entendu, que Paul s’était converti. Il demeurait un homme très suspect. « Barnabé le prit avec lui et le présenta aux Apôtres ». C’est bon de savoir qu’on ne peut jamais se défendre par nous-mêmes, qu’on ne peut jamais témoigner sur nous-mêmes. Et c’est un frère reconnu par la communauté des disciples qui va introduire Paul auprès de cette communauté. Là ils vont avoir droit au récit de tout ce qui s’est passé. J’imagine qu’ils ont passé une soirée extraordinaire à entendre tout ce témoignage incroyable et impossible de tout ce que Dieu avait accompli dans la vie de Paul, de ce que Jésus à Damas avait fait dans cette rencontre, et comment il avait prêché avec assurance au nom de Jésus. Ça lui demandait beaucoup de courage. Il avait l’air en pure contradiction avec lui-même, lui qui était un homme assez connu de la communauté du judaïsme de l’époque.

Il parle aux Juifs de langue grecque. On les a vus il y a quelques semaines. Il avait demandé à Philippe de les introduire auprès de Jésus. Là c’est à son tour, il est en train de leur parler et eux étaient montés et avaient dit : « On veut voir le Seigneur » et voilà qu’à travers Paul, le Seigneur est là, non plus à Jérusalem, mais est là chez eux. « Ils discutaient avec eux, mais eux voulaient le supprimer ». Ils s’en méfiaient. Et les frères de Jérusalem vont l’apprendre. Il y a quelque chose de très beau. Ils vont l’accompagner jusqu’à Césarée pour que Paul prenne le chemin de Tarse. Les frères ne le laisseront pas seul dans l’eau bouillante, ils vont aller s’associer à lui et vont vouloir aussi le protéger en l’envoyant à Tarse. « On nous dit que l’Église était en paix dans toute la Judée – ce qui n’a pas duré si longtemps que cela – la Galilée et la Samarie.  Dans la crainte du Seigneur, elle se construisait et elle avançait. » On fait partie un peu, non pas de ce temps de paix, mais  de ces grandes périodes où l’Église va être plutôt malmenée dans notre réalité actuelle, on peut dire qu’on n’est pas dans un grand temps de paix. En Occident, ça bouge beaucoup. « Dans la crainte du Seigneur, elle se construisait et elle avançait. Elle se multipliait avec l’assistance de l’Esprit Saint. » L’Esprit Saint est aussi bon pour les temps de croissance et de développement qu’il l’est pour les temps de persécution, il est un atout qui ne nous manque jamais et qui est toujours là présent pour nous assister.

Je vais vous dire un mot sur l’Évangile qui est celui de la Vigne et les sarments. Jésus dit : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. » Il y a dans l’être de Jésus une fécondité et des fruits qui sont donnés en abondance. Celui qui est le Vigneron, ce n’est pas Lui, c’est son Père, et son Père, comme vigneron, – l’image est très belle,- Jésus nous la donne : « tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève; tout sarment qui donne du fruit, il le nettoie, pour qu’il en donne davantage. » Je ne crois pas qu’il y a un jugement dans l’image du sarment qui est en lui et qui ne porte pas de fruit et qui est enlevé. Je crois que c’est plus une expérience qui nous est livrée. Il y a des moments où, pour que les fruits soient plus abondants, on doit  dégager la vigne d’un sarment qui se dessèche et on doit le couper. Parfois dans nos vies et dans nos missions, si on est en train de se dessécher dans un service que nous donnons, il vaut peut-être mieux que nous en soyons coupés et que nous soyons envoyés ailleurs   porter un fruit qui va donner toute sa mesure.

« Mais vous, déjà vous voici nets et purifiés grâce à cette parole que je vous ai dite : Demeurez en moi, comme moi en vous. » Pour moi c’est un langage des amoureux: « Demeurez en moi comme moi  en vous.» Et la demeure du chrétien et la demeure du croyant, c’est le Christ. Où habitons-nous ? Où nous déposons-nous ? Où nous enracinons-nous ? « De même que le sarment ne peut pas porter du fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. » C’est une longue expérience qui nous permet de découvrir cette grande vérité de ne pas essayer de porter des fruits par nous-mêmes parce que pour porter des fruits, ce n’est pas sur nous que nous devons nous appuyer, ce n’est pas sur nos forces que nous devons nous appuyer, mais sur cette présence du Christ qui permet que les fruits viennent au  jour. « Je suis la Vigne et vous êtes les sarments. » Il faut apprendre à prendre notre juste place. « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là donne beaucoup de fruits.» Moi je pense que le moment où l’on donne le plus de fruits dans nos vies, ce sont les moments où on est le moins centrés sur nous-mêmes et où l’on est plus le canal qui va laisser passer Celui qui est la vigne plutôt que d’essayer d’être nous-mêmes cette vigne. « En dehors de Moi, vous ne pouvez rien faire. » Je trouve toujours cela très consolant de voir que Dieu ne m’appelle pas à être un homme extraordinaire ou un homme qui serait le Messie, mais qu’il m’appelle plutôt à être dans le Christ et que c’est le Christ qui pourra Lui, assumer ce messianisme qui lui a été confié par Dieu.

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