Commentaire du 16 octobre 2011 / Pierre Desroches (58e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, montage et musique.

« La réalité de la royauté : difficile pour nous à saisir / Dieu n’est pas dans les fonctions mais dans la relation et dans la suite d’une Parole donnée / Le sacerdoce est un service et non une fonction / On ne se trouve vraiment qu’en Dieu / L’expérience d’une funérailles qui ressemblait à des fiançailles. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) :  http://aelf.org/?date_my=16/10/2011

————————————————————————————————————————–
Évangile : A César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu (Matthieu 22, 15-21)
Les pharisiens se concertèrent pour voir comment prendre en faute Jésus en le faisant parler. Ils lui envoient leurs disciples, accompagnés des partisans d’Hérode : « Maître, lui disent-ils, nous le savons : tu es toujours vrai et tu enseignes le vrai chemin de Dieu ; tu ne te laisses influencer par personne, car tu ne fais pas de différence entre les gens. Donne-nous ton avis : Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur ? » Mais Jésus, connaissant leur perversité, riposta : « Hypocrites ! Pourquoi voulez-vous me mettre à l’épreuve ? Montrez-moi la monnaie de l’impôt. » Ils lui présentèrent une pièce d’argent. Il leur dit : « Cette effigie et cette légende, de qui sont-elles ? – De l’empereur César », répondirent-ils. Alors il leur dit : « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » 

1ère lecture : Les empires sont dans la main de Dieu (Isaïe 45, 1.4-6a)
Parole du Seigneur au roi Cyrus, qu’il a consacré, qu’il a pris par la main, pour lui soumettre les nations et désarmer les rois, pour lui ouvrir les portes à deux battants, car aucune porte ne restera fermée : « A cause de mon serviteur Jacob et d’Israël mon élu, je t’ai appelé par ton nom, je t’ai décerné un titre, alors que tu ne me connaissais pas. Je suis le Seigneur, il n’y en a pas d’autre : en dehors de moi, il n’y a pas de Dieu. Je t’ai rendu puissant, alors que tu ne me connaissais pas, pour que l’on sache, de l’orient à l’occident, qu’il n’y a rien en dehors de moi. »

Psaume 95, 1a.3-5b, 7-10
R/ Au Seigneur notre Dieu, tout honneur et toute gloire

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Il est grand, le Seigneur, hautement loué,
redoutable au-dessus de tous les dieux :
lui, le Seigneur, a fait les cieux.

Rendez au Seigneur, familles des peuples,
rendez au Seigneur la gloire et la puissance,
rendez au Seigneur la gloire de son nom.

Adorez le Seigneur, éblouissant de sainteté :
Allez dire aux nations : « Le Seigneur est roi ! »
Il gouverne les peuples avec droiture

2ème lecture : La foi, l’espérance et la charité de la communauté (1 Thessaloniciens 1, 1-5b)
Nous, Paul, Silvain et Timothée, nous nous adressons à vous, l’Église de Thessalonique qui est en Dieu le Père et en Jésus Christ le Seigneur. Que la grâce et la paix soient avec vous. À tout instant, nous rendons grâce à Dieu à cause de vous tous, en faisant mention de vous dans nos prières. Sans cesse, nous nous souvenons que votre foi est active, que votre charité se donne de la peine, que votre espérance tient bon en notre Seigneur Jésus Christ, en présence de Dieu notre Père. Nous le savons, frères bien-aimés de Dieu, vous avez été choisis par lui. En effet, notre annonce de l’Évangile chez vous n’a pas été simple parole, mais puissance, action de l’Esprit Saint, certitude absolue.

——————————————————————————————————————————

Commentaire du 16 octobre 2011 (58è) – 29e dimanche du temps ordinaire (année A)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Un bon cheminement spirituel aide à reconnaître ce qui appartient à Dieu

L’abbé Pierre Desroches

Mes amis, cette semaine, la liturgie nous met dès le premier texte en contact avec le roi Cyrus. Pour nous, la réalité du roi va évoquer toutes sortes d’images. On n’en a pas connu beaucoup. Peut-être que celle dont on a entendu le plus parler, la reine d’Angleterre, n’évoque pas nécessairement une grande expérience pour nous de ce qu’est la royauté. Dans ces peuples anciens, les rois avaient quand même un pouvoir, et dans une société qui n’avait pas tellement d’échanges, en tous cas, on n’avait pas des échanges aussi faciles qu’on peut les avoir dans notre monde, alors, ces personnes avaient une influence et une réalité assez directe avec le peuple et souvent ils dominaient. Ils protégeaient mais ils dominaient. Ce n’était pas toujours très très clair dans les rapports.

Aujourd’hui le Seigneur dit à Cyrus « qu’il a consacré, qu’il a pris par la main, pour lui soumettre les nations et désarmer les rois, pour lui ouvrir les portes à deux battants, car aucune porte ne restera fermée. » Dès le petit paragraphe que je viens de vous lire on voit que l’auteur va attribuer à Dieu le pouvoir beaucoup plus qu’à Cyrus. C’est comme s’il l’a reçu de Dieu qui l’a accompagné tout au long de son histoire pour ouvrir les portes et le faire entrer pour que Lui soit reconnu. Non pas que le Seigneur veuille absolument être une vedette, il n’y tient pas du tout parce qu’il ne veut pas être une idole. On sait que dans l’Ancien Testament on s’est beaucoup battu contre l’idolâtrie.

« À cause de mon serviteur Jacob et d’Israël mon élu. », c’est intéressant de voir comment les raisons qui vont justifier les attitudes et les comportements de Dieu sont toujours au cœur d’une alliance, sont toujours au cœur d’une promesse. Dieu n’est pas dans les fonctions, il est dans les relations, il est dans la suite d’une Parole qui est donnée et il est dans la fidélité. C’est dans toutes ces dimensions qu’on peut reconnaître l’homme, la femme qui vont agir dans l’esprit du Seigneur. Ça ne sera pas un pouvoir personnel, ça sera toujours un don reçu au cœur d’une reconnaissance et d’une élection. Je peux dire que dans ma vie j’ai été à l’aise de me situer de cette manière-là. Pour moi, être prêtre, ce n’est pas d’abord une fonction. Pour moi être prêtre, c’est un appel, ce n’est pas une élection qui nous met au-dessus, c’est une élection qui nous met au service d’une communion. Et cette communion-là on ne peut d’abord la servir que si on s’y retrouve nous-même, si on se reçoit je dirais de cette même communion.

« Il n’y a pas d’autre Dieu en dehors de moi. Je t’ai rendu puissant, alors que tu ne me connaissais pas. »  C’est à méditer ce qu’il veut nous dire à travers cette réalité. « Tu as bénéficié de moi, mais toi, tu ne me connaissais pas.» Ce n’est pas parce que tu me connaissais que tu as retrouvé cette place-là, c’est « pour que l’on sache, de l’Orient à l’Occident, qu’il n’y a rien en dehors de moi. » C’est comme si quand on se cherche ailleurs, on a une certitude, ce sera celle de ne pas se trouver, parce que le seul lieu où l’on peut se trouver, et trouver ce qui est vrai, c’est Lui.

Paul, lui va s’adresser à l’Église de Thessalonique. Il va lui souhaiter la paix. «  À tout instant, nous rendons grâce à Dieu à cause de vous tous, en faisant mention de vous dans nos prières. » On voit encore tout l’aspect relationnel de Paul, sa joie, elle vient d’eux tous. Dernièrement, à la résidence où je travaille à Montréal auprès des  personnes qui sont marquées par un handicap physique, on a eu un beau projet de fiançailles. Et la mort est passée avant que les fiançailles soient célébrées. Et la personne qui se préparait à cet événement, et avec qui je me préparais aussi à célébrer depuis plusieurs mois me touchait beaucoup parce qu’elle m’appelait « prêtre ». Quand j’entendais le mot prêtre, je n’avais même pas besoin de me retourner pour savoir qui m’appelait parce qu’il n’y en avait juste un qui m’appelait de cette manière-là, c’était lui. Des fois il me disait : « mon prêtre ». Alors je prenais ça un peu comme une expression affectueuse. Et il nous a surpris alors qu’on ne s’y attendait pas vraiment, on n’avait pas prévu cette réalité-là. Elle s’est pointée, et je dirais, elle a fait basculer la célébration, des fiançailles qu’on pensait célébrer, j’ai célébré une funérailles. Et je disais dans un petit mot que j’avais écrit à l’occasion de cet événement, que par lui, j’étais en train de vivre ma première funérailles qui ressemblait à des fiançailles, parce que sa fiançailles ou la fiançailles profonde de nos vies, elle est vraiment avec Dieu. Et il a déjà apporté dans l’éternité ce qu’il aurait voulu sceller ici au milieu de nous. C’était comme si on était projeté avec lui dans l’accomplissement d’une promesse qui, même si elle ne s’est pas signifiée, concrétisée dans une célébration humaine, on sait très bien que son cœur était déjà fiancé et que les deux personnes qui étaient là s’étaient reconnues et s’étaient choisies mutuellement, ce que la mort ne peut pas arrête parce que ce chemin continue à nous ouvrir ou à nous fermer. Dans cette peine à laquelle on est appelé, c’est devant le Seigneur qu’on est appelé à se tourner.

Et je peux dire que moi, ma prière est constamment habitée par des événements aussi concrets. Et souvent, quand je pense à chacun de mes paroissiens ou à chacun de mes amis qui sont résidants au CHSLD Centre-ville de Montréal et à bien d’autres endroits, leur réalité habite ma prière, elle est comme un pain qui nourrit ma prière et qui nourrit ma vie. Et de les voir dans leurs comportements et leurs attitudes, non pas se fermer mais garder le courage de la route, garder le courage de leur chemin. « En effet, notre annonce  n’a pas été simple parole »,  ce qu’on parlait l’autre jour, ça n’a pas été que des mots mais « puissance avec l’Esprit Saint ». Et je pense qu’avoir pu célébrer cette funérailles comme un peu des fiançailles m’a donné une paix, m’a apportée une joie parce que c’est l’œuvre du Seigneur, non pas de l’avoir rappelé plus vite, mais de nous avoir décentré de ce qui n’était que mortel pour voir ce qu’il y avait d’éternel.

On va avoir dans l’évangile avec Matthieu cette fameuse phrase qu’on connaît : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui appartient à Dieu » et je pense d’être capable de faire la nuance des deux, ça demande toujours un bon cheminement spirituel parce qu’on est très souvent disposé à ne pas reconnaître ce qui appartient à Dieu. Et ce qui appartient à Dieu, c’est tout notre être et je dirais aussi, tout notre avenir qui nous est donné à l’intérieur d’une relation. Je vais demander au Seigneur que nous soyons capables de nous déposséder et de ne pas essayer d’acheter ce qui est gratuit et d’entrer avec joie là où on est appelé.

 

 

TAGS: ,

2 commentaires

  1. Godart dit :

    Très beau message , très belle musique, la vidéo des oies sauvages est absolument SUPERBE ! Merci

Laissez un commentaire