Commentaire du 15 janvier 2012 / Pierre Desroches (72e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, montage et musique.

« Devenir disciple, c’est vivre un jour nouveau / La demeure de Jésus indique qu’il vit en relation avec le Père / La Parole et le dialogue avec Dieu sont essentiels pour toute vocation / Tout comme au temps d’Élie, il est rare d’entendre la parole de Dieu dans notre monde. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) :  http://aelf.org/?date_my=15/01/2012

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Évangile : Vocation des trois premiers disciples (Jean 1, 35-42)
Jean Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu. » Les deux disciples entendirent cette parole, et ils suivirent Jésus. Celui-ci se retourna, vit qu’ils le suivaient, et leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Rabbi (c’est-à-dire : Maître), où demeures-tu ? » Il leur dit : « Venez, et vous verrez. » Ils l’accompagnèrent, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C’était vers quatre heures du soir.

1ère lecture : Vocation de Samuel (1 Samuel 3, 3b-10.19)
Samuel couchait dans le temple du Seigneur, où se trouvait l’arche de Dieu. Le Seigneur appela Samuel, qui répondit : « Me voici ! » Il courut vers le prêtre Éli, et il dit : « Tu m’as appelé, me voici. » Éli répondit : « Je ne t’ai pas appelé. Retourne te coucher. » L’enfant alla se coucher. De nouveau, le Seigneur appela Samuel. Et Samuel se leva. Il alla auprès d’Éli, et il dit : « Tu m’as appelé, me voici. » Éli répondit : « Je ne t’ai pas appelé, mon fils. Retourne te coucher. » Samuel ne connaissait pas encore le Seigneur, et la parole du Seigneur ne lui avait pas encore été révélée. Une troisième fois, le Seigneur appela Samuel. Celui-ci se leva. Il alla auprès d’Éli, et il dit : « Tu m’as appelé, me voici. » Alors Éli comprit que c’était le Seigneur qui appelait l’enfant, et il lui dit : « Retourne te coucher, et si l’on t’appelle, tu diras : ‘Parle, Seigneur, ton serviteur écoute.’ » Samuel retourna se coucher. Le Seigneur vint se placer près de lui et il appela comme les autres fois : « Samuel ! Samuel ! » et Samuel répondit : « Parle, ton serviteur écoute. »

Samuel grandit. Le Seigneur était avec lui, et aucune de ses paroles ne demeura sans effet.

Psaume 39, 2-4, 7-11

R/ Me voici, Seigneur, je viens faire ta volonté.

D’un grand espoir j’espérais le Seigneur :
il s’est penché vers moi.
En ma bouche il a mis un chant nouveau,
une louange à notre Dieu.

Tu ne voulais ni offrande ni sacrifice,
tu as ouvert mes oreilles ;
tu ne demandais ni holocauste ni victime,
alors j’ai dit : « Voici, je viens. »

Dans le livre, est écrit pour moi
ce que tu veux que je fasse.
Mon Dieu, voilà ce que j’aime :
ta loi me tient aux entrailles.

Vois, je ne retiens pas mes lèvres,
Seigneur, tu le sais.
J’ai dit ton amour et ta vérité
à la grande assemblée.

2ème lecture : Notre corps appartient au Seigneur (1 Corinthiens 6, 13b-15a.17-20)
Frères, notre corps n’est pas fait pour la débauche, il est pour le Seigneur Jésus, et le Seigneur est pour le corps ; et Dieu, par sa puissance, a ressuscité le Seigneur et nous ressuscitera nous aussi. Ne le savez-vous pas ? Vos corps sont les membres du Christ. Quand on s’unit au Seigneur, cela ne fait qu’un seul esprit. Fuyez la débauche. Tous les péchés que l’homme peut commettre sont extérieurs à son corps ; mais la débauche est un péché contre le corps lui-même. Ne le savez-vous pas ? Votre corps est le temple de l’Esprit Saint, qui est en vous et que vous avez reçu de Dieu ; vous ne vous appartenez plus à vous-mêmes, car le Seigneur a payé le prix de votre rachat. Rendez donc gloire à Dieu dans votre corps. André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu Jean Baptiste et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d’abord son frère Simon et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie (autrement dit : le Christ). André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Képha » (ce qui veut dire : pierre).

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Commentaire du 15 janvier 2012 (72è) – 2e dimanche du Temps Ordinaire (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Apprendre à ne pas réduire une vocation à une fonction

L’abbé Pierre Desroches

Alors mes amis, nous venons de quitter la période des Fêtes, le temps de Noël. Et l’on entre dans une autre période qu’on appelle en Église : le temps ordinaire. Le temps ordinaire est un temps où on peut rencontrer et faire l’expérience de Jésus, non pas dans la densité d’un mystère particulier mais un peu comme le quotidien de nos vies et le quotidien de nos vies est très exigeant parce qu’il se répète et il revient. Et Jésus dans l’ordinaire de la vie, il a rencontré des gens, il a fait l’expérience des relations, il a conduit des gens à s’ouvrir à ce Dieu qui les visitait à travers Lui et aussi à travers les événements qui leur arrivaient aussi par Lui. Une des réalités que j’aime beaucoup dans mon quotidien, moi, mon ordinaire, c’est la catéchèse. La prédication est souvent pour des périodes plus spéciales où je vais partir pour aller dans une paroisse ou prêcher à des prêtres ou à des communautés religieuses, mais dans l’ordinaire de mes semaines il y a de ces temps où  je fais la catéchèse soit à des adultes, à des enfants, et c’est un ministère qui me plaît beaucoup.

Aujourd’hui la réflexion qu’on va faire à partir des paroles qui nous sont proposées, c’est sur la vocation. Le premier texte qu’on retrouve dans l’Évangile de Jean, on nous dit que Jean-Baptiste dit à ses disciples, en posant son regard sur Jésus qui allait et qui venait, dit : « Voici l’Agneau de Dieu. » Et là, on voit deux disciples qui vont quitter Jean parce que Jean vient d’indiquer vers qui aller, vont à la rencontre de Jésus et lui posent une question. Jésus se retourne pour leur dire d’abord : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Maître, où demeures-tu ? »  Et on nous dit que pendant toute une journée ils vont l’accompagner, ils vont voir où il demeure, « ils vont rester auprès de Lui ce jour-là. C’était vers quatre heures du soir. » La journée est vers la fin. C’est comme si le texte nous annonce déjà qu’il y a quelque chose qui va finir dans leur vie à eux et qu’il va y avoir un nouveau jour qui va se lever. Parce que de devenir un disciple, c’est un jour nouveau. On suit souvent notre chemin mais là on va se mettre à suivre le chemin de Jésus Christ. Et la grande expérience de voir où Jésus demeure, le texte l’évoque, il ne l’exprime pas clairement, mais tout l’Évangile va nous dire que Jésus, il demeure dans le Père. C’est une demeure relationnelle, c’est une demeure dans laquelle nous aussi on a une place. Dans notre monde, on ne parle plus beaucoup de vocation, je pense que parfois on échappe ce sens-là parce qu’on échappe cette dimension profondément relationnelle qui est le mystère de chacun de nous, et on parle beaucoup de fonction où on a tendance à se réduire beaucoup à la fonction, à des tâches, à l’exécution d’un service. Mais dans la Bible on va faire face à une toute autre réalité, c’est l’appel de Dieu, c’est cette invitation que Dieu va nous faire personnellement et qu’on va avoir à découvrir pour répondre. On n’est pas d’abord en service, on est d’abord en réponse et on est à l’intérieur d’un dialogue. La vocation, on l’a souvent pensé uniquement en termes de prêtre ou de vie consacrée. La vocation elle appartient autant à ces dimensions qu’elle appartient à toute vie de baptisés. Toute vie de baptisé qui veut s’épanouir, qui veut grandir, ne peut pas se faire autrement que dans ce dialogue intérieur avec la Parole et avec Dieu lui-même qui vient nous éclairer.

Un des textes qui nous est proposé ce dimanche c’est celui de l’appel de Samuel qui est très souvent utilisé pour faire de la catéchèse. On nous dit dans cette Parole dont on connaît probablement la réponse pour ceux qui ont une connaissance de la Bible, c’est un texte qui est assez connu et répandu : « Parle, Seigneur, car ton serviteur écoute, » c’est ce que va finir par dire Samuel. Mais ce jeune Samuel qui est dans le Temple est le fruit d’une fécondité tardive. D’abord, sa mère s’était présentée dans le Temple et le prêtre Élie croyait qu’elle était saoule, et elle pleurait. Et à un moment donné elle lui avait dit : « non, je ne suis pas saoule ». Il y avait un grand désir qui manquait dans sa vie à l’âge qu’elle avait, c’est qu’elle n’avait pas d’enfant. Samuel va lui dire qu’à cette même date l’année d’après, elle va avoir un enfant. Il va lui parler au nom de Dieu, il va lui annoncer qu’elle va être bénie d’une fécondité qu’elle ne peut plus croire possible. Et elle va consacrer son enfant au Temple et lorsque l’enfant va naître elle va le conduire à Élie pour qu’il habite avec lui dans le Temple. Et là l’événement se passe dans la nuit et Samuel s’entend appelé par son nom : « Samuel, Samuel ». Il se lève et court auprès d’Élie qui lui dit : « Me voici puisque tu m’as appelé ». Et Élie lui dit : « Je ne t’ai pas appelé, retourne te coucher ».  Et à nouveau Samuel va entendre : « Samuel, Samuel ». Samuel va se lever et courir auprès d’Élie et lui dit : « Me voici parce que tu m’as appelé. » Et alors Élie va lui dire : « Je ne t’ai pas appelé, mon fils ». C’est un petit mot qui apparaît nouveau : « mon fils », comme s’il y avait une filiation qui en train de se faire entre ce vieux prêtre et cet enfant. Ce vieux prêtre a d’ailleurs des enfants desquels il s’attendrait à ce qu’ils puissent être sa succession mais on nous dit dans la Bible que ses enfants sont pervertis, qu’ils se sont coupés de la Parole de Dieu, et donc c’est la peine d’un père qui ne pourra pas transmettre son héritage à ses fils. Et là, c’est comme tout à coup vient se révéler un fils qui est là depuis fort longtemps mais comme il n’est pas de sa chair, il ne le reconnaît pas.

Et le texte nous dit que les yeux de notre ami Élie avaient commencé de baisser. Il ne pouvait  voir et que la Parole de Dieu était rare en ces jours-là. Ça ressemble à nos jours où il y a beaucoup de mots mais il y a très peu de Paroles de Dieu qui circulent en ces jours-ci. Et lorsque Samuel va retourner une fois de plus voir Élie parce qu’il a entendu un appel, Élie va comprendre que c’est Dieu qui appelle Samuel. Et c’est toute la vocation du prêtre, non pas d’être celui qui en premier appelle les frères et les sœurs, mais qui est au service de l’appel de Dieu dans la vie des frères et des sœurs. C’est comme si Samuel va être, par Élie, conduit à cette conscience, parce qu’Élie va lui dire, Élie comprit que c’était Dieu qui appelait l’enfant et il dit à l’enfant : « Quand tu entendras l’appel tu diras : Parle Seigneur, ton serviteur écoute ». Il a orienté Samuel dans un lien direct avec Dieu qui ne passera plus nécessairement par lui. C’est la vocation de s’effacer pour que puisse apparaître ce qu’il y a encore de plus fondamental, cette filiation entre nous et Dieu. Je crois que la vocation qui est propre à chacun ne peut pas faire l’économie de cette découverte, de cette expérience que, intérieurement au secret de nos cœurs, au secret de nos vies peut retentir un appel qui va nous révéler pour qui Dieu nous envoie et à quoi il nous appelle et que nous avons la liberté d’y répondre avec la grâce de l’Esprit Saint.

Je souhaite vraiment que vous ayez  la joie de découvrir chacune vos vocations parce que c’est à l’intérieur de ce dynamisme fondamental que nos vies prennent sens et que la joie peut rayonner dans nos cœurs. Bonne semaine mes amis.  

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