Commentaire du 9 septembre 2012 / Pierre Desroches (108e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page (à venir).

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra et montage.

« La perte du sens de la pratique dominicale / Il n’y a rien de moins personnel que la foi / L’eucharistie nous apprend à être debout devant la mort / La revanche de Dieu qui va refaire l’unité / Le vrai sourd-muet est celui qui n’entend plus la Parole de Dieu et n’en témoigne pas. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=09/09/2012

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Évangile : Guérison d’un sourd-muet (Marc 7, 31-37)
Jésus quitta la région de Tyr ; passant par Sidon, il prit la direction du lac de Galilée et alla en plein territoire de la Décapole. On lui amène un sourd-muet, et on le prie de poser la main sur lui. Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et, prenant de la salive, lui toucha la langue. Puis, les yeux levés au ciel, il soupira et lui dit : « Effata ! », c’est-à-dire : « Ouvre-toi ! » Ses oreilles s’ouvrirent ; aussitôt sa langue se délia, et il parlait correctement. Alors Jésus leur recommanda de n’en rien dire à personne ; mais plus il le leur recommandait, plus ils le proclamaient. Très vivement frappés, ils disaient : « Tout ce qu’il fait est admirable : il fait entendre les sourds et parler les muets. »

1ère lecture : Les merveilles du salut à venir (Isaïe 35, 4-7a)
Dites aux gens qui s’affolent : « Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. » Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. L’eau jaillira dans le désert, des torrents dans les terres arides. Le pays torride se changera en lac ; la terre de la soif en eaux jaillissantes. 

Psaume 145, 7-10

R/ Je te chanterai, Seigneur, tant que je vivrai.

Le Seigneur fait justice aux opprimés ;
aux affamés, il donne le pain ;
le Seigneur délie les enchaînés.

Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,
le Seigneur redresse les accablés,
le Seigneur aime les justes.

Le Seigneur protège l’étranger.
Il soutient la veuve et l’orphelin.

Le Seigneur est ton Dieu pour toujours ! 

2ème lecture : La dignité des pauvres dans l’Église (Jacques 2, 1-5)
Mes frères, ne mêlez pas des considérations de personnes avec la foi en Jésus Christ, notre Seigneur de gloire. Imaginons que, dans votre assemblée, arrivent en même temps un homme aux vêtements rutilants, portant des bagues en or, et un homme pauvre aux vêtements sales. Vous vous tournez vers l’homme qui porte des vêtements rutilants et vous lui dites : « Prends ce siège, et installe-toi bien » ; et vous dites au pauvre : « Toi, reste là debout », ou bien : « Assieds-toi par terre à mes pieds ». Agir ainsi, n’est-ce pas faire des différences entre vous, et juger selon des valeurs fausses ? Écoutez donc, mes frères bien-aimés ! Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde ? Il les a faits riches de la foi, il les a faits héritiers du Royaume qu’il a promis à ceux qui l’auront aimé.

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Commentaire du 9 septembre 2012 (108e) – 23e semaine du Temps Ordinaire (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Jésus veut aussi guérir notre surdité et notre mutisme spirituel

L’abbé Pierre Desroches                               

Alors mes amis comme c’est agréable de m’adresser à vous à partir d’ici. C’est un lieu vraiment de grand repos, de grand calme qui me permet d’aborder avec beaucoup de sérénité cette première Parole qui dit : « Dites aux gens qui s’affolent : Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. » Je ne sais pas comment font écho certains mots quand vous entendez « c’est la vengeance de Dieu ». La vengeance de Dieu ce ne peut pas être la punition, la vengeance de Dieu ça ne peut pas être la condamnation, la vengeance de Dieu c’est toujours la même, c’est la victoire de la vie sur la mort. On dit :  « Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. » 

Je ne veux pas reprendre toutes ces images, mais je me souviens très bien un moment donné à une étape de ma vie où je vivais avec plusieurs personnes handicapées, je vivais avec quatre personnes dont trois au moins étaient quadraplégiques et j’avais engagé quelqu’un pour venir faire des tâches à la maison parce qu’on vivait dans un contexte assez humble, dans un contexte de désinstitutionalisation où on ne recevait pas deux cents dollars par jour pour les prendre en charge. Il y en avait un qui m’avait demandé de pouvoir garder cette ressource qui était pour la maison, pour lui qu’il puisse aller faire des visites au centre d’achat. Je lui avais dit : « mais non, ici, ce n’est pas pour toi, c’est pour nous, pour que ça puisse servir pour notre vie quotidienne. Ce n’était pas simple à comprendre pour eux cette nuance-là. Mais j’avais dit : Toi tu n’as pas des gens avec qui tu es en lien, qui pourraient t’amener. « Non, je n’en ai pas. » Un moment donné, je l’avais invité à aller à l’Eucharistie parce qu’on était tout près d’une église et j’avais expliqué : « Tu sais, quand tu vas entrer dans une église il va y avoir tout un monde qui a va être rassemblé. Il y a des gens vont être très impressionnés par ce que tu es, certains vont l’être positivement, d’autres négativement, ils vont prendre le temps de te regarder à la distance où ils vont vouloir se mettre, ils vont lentement faire un apprentissage de toi,   ils vont te découvrir dans ce que tu es. Certains vont vouloir s’approcher plus vite et si tu  sors de ton isolement et que tu acceptes de faire partie d’un corps, peut-être dans ce corps-là il y a des personnes qui t’amèneront gratuitement au Centre d’achat, ou bien ils viendront ici, pour, avec toi,  jouer à des  jeux de société qu’habituellement lorsque tu m’invites à le faire, je suis obligé de te dire que je ne suis pas disponible à cause des nombreuses charges qui m’appellent.

Nous avons perdu beaucoup, dans notre monde, le sens de la pratique dominicale croyant que ce n’est pas nécessaire pour être un chrétien et que la foi peut se vivre finalement au privé, parce qu’on a affirmé beaucoup dans cette société que c’était une réalité personnelle. Il n’y a rien de moins personnel que la foi, parce que la foi ce n’est pas un ensemble de connaissances, c’est une solidité d’être, c’est une capacité de s’appuyer sur un roc qui lui, va faire que la mort va être vaincue. Il y a tellement de morts qui ont besoin d’être vaincues dans notre monde et dans notre quotidien, et à chaque fois qu’elle présente son visage, on voit les foules se disperser parce que naturellement nous avons tous peur de cette mort. L’Eucharistie c’est le chemin qui nous apprend à être debout dans la mort. Et ce chemin ne peut pas s’apprendre seulement en privé, il s’apprend aussi en collectif. Lorsqu’une collectivité a perdu son unité, lorsqu’elle n’a pas bâti son unité, elle n’est plus un peuple, elle est un ensemble dispersé où chacun  se bat seul avec ce grand don qui a été fait à chacun de nous qui est l’humanité. Dans ce texte, je vois dans toute cette réalité de la revanche de Dieu qui va combattre cette dispersion, qui va faire cette unité, et c’est à partir de Lui qu’elle peut être faite, non pas à partir de certains éléments qui sont que telle personne qui est plus forte, telle autre qui est plus faible, c’est à partir de Lui qu’elle peut se  bâtir.

Dans la deuxième lecture, Jacques va nous parler de la dignité des pauvres. C’est très rare qu’on va entendre cette réalité proclamée avec force. Jacques veut éduquer la collectivité, ce début de collectivité qu’est la communauté chrétienne, qui s’assemble pour  l’Eucharistie, et à qui il dit : « Si un riche arrive et que vous lui faite la place et puis vous l’honorez, vous voulez tous avoir les bénéfices de votre bonté, mais si c’est un pauvre, on lui dit : assis-toi par terre. » On voit que devenir le Corps du Christ, c’est être éduqué à un esprit, c’est être éduqué à un regard, c’est être éduqué à des attitudes, à des façons de faire et d’être. C’est une réalité qui ne se fait pas uniquement dans un univers privé mais dans un univers plus vaste et qui est celui d’un corps qui se constitue comme une Église, le Corps du Christ.

Jésus va donc aller dans une région de Tyr où on va lui amener un sourd et muet. Ça peut nous faire penser à nous qui n’entendons plus beaucoup cette Parole de Dieu, nous qui ne parlons plus beaucoup de Dieu. Nous sommes des sourds et muets qui avons besoin d’être guéris. Il y a dans l’Eucharistie une source incroyable de guérison et j’espère avoir l’occasion de vous en parler davantage parce que c’est un défi capital pour notre monde.

 

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