Commentaire du 9 décembre 2012 / Guylain Prince (2e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Guylain Prince est franciscain et bibliste résidant à Trois-Rivières. En plus de conférences, retraites et formations diverses fondées sur les Écritures, il présente des concerts avec les ensemble vocaux de type Gospel qu’il dirige à Joliette et Trois-Rivières. http://www.maisonintercd.com/

– Gino Fillion : caméra, mixage, montage visuel et arrangement des cordes sur une pièce de Guylain Prince : Réjouis-toi, ô Jérusalem !

« Une préparation qui est intérieure / Le roi messie arrivant, il faut élargir le chemin / L’attente parfois confuse du messie chez les Juifs / Ceux qui, après un temps de préparation, auront à choisir le Christ / Jean Baptiste qui annonce un feu qui vient / Deux formes d’adhésion au Christ. »

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Évangile : Jean Baptiste prépare le chemin du Seigneur (Luc 3, 1-6)
L’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode prince de Galilée, son frère Philippe prince du pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias prince d’Abilène, les grands prêtres étant Anne et Caïphe, la parole de Dieu fut adressée dans le désert à Jean, fils de Zacharie. Il parcourut toute la région du Jourdain ; il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés, comme il est écrit dans le livre du prophète Isaïe : À travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux deviendront droits, les routes déformées seront aplanies ; et tout homme verra le salut de Dieu. 

1ère lecture : En marche vers la Jérusalem nouvelle (Baruc 5, 1-9)
Jérusalem, quitte ta robe de tristesse et de misère, et revêts la parure de la gloire de Dieu pour toujours, enveloppe-toi dans le manteau de la justice de Dieu, mets sur ta tête le diadème de la gloire de l’Éternel. Dieu va déployer ta splendeur partout sous le ciel, car Dieu pour toujours te donnera ces noms : « Paix-de-la-justice » et « Gloire-de-la-piété-envers-Dieu ». Debout, Jérusalem ! tiens-toi sur la hauteur, et regarde vers l’orient : vois tes enfants rassemblés du levant au couchant par la parole du Dieu Saint ; ils se réjouissent parce que Dieu se souvient. Tu les avais vus partir à pied, emmenés par les ennemis, et Dieu te les ramène, portés en triomphe, comme sur un trône royal. Car Dieu a décidé que les hautes montagnes et les collines éternelles seraient abaissées, et que les vallées seraient comblées : ainsi la terre sera aplanie, afin qu’Israël chemine en sécurité dans la gloire de Dieu. Sur l’ordre de Dieu, les forêts et leurs arbres odoriférants donneront à Israël leur ombrage ; car Dieu conduira Israël dans la joie, à la lumière de sa gloire, lui donnant comme escorte sa miséricorde et sa justice.

Psaume 125, 1-6

R/ Dieu guidera son peuple dans la joie à la lumière de sa gloire

Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion,
nous étions comme en rêve !
Alors notre bouche était pleine de rires,
nous poussions des cris de joie.

Alors on disait parmi les nations :
« Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur ! »
Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous :
nous étions en grande fête !

Ramène, Seigneur, nos captifs,
comme les torrents au désert.
Qui sème dans les larmes
moissonne dans la joie.

Il s’en va, il s’en va en pleurant,
il jette la semence ;
il s’en vient, il s’en vient dans la joie,
il rapporte les gerbes.

2ème lecture : Marchons sans trébucher vers le jour du Christ (Philippiens 1, 4-6. 8-11)
Frères, chaque fois que je prie pour vous tous, c’est toujours avec joie, à cause de ce que vous avez fait pour l’Évangile en communion avec moi, depuis le premier jour jusqu’à maintenant. Et puisque Dieu a si bien commencé chez vous son travail, je suis persuadé qu’il le continuera jusqu’à son achèvement au jour où viendra le Christ Jésus. Dieu est témoin de mon attachement pour vous tous dans la tendresse du Christ Jésus. Et, dans ma prière, je demande que votre amour vous fasse progresser de plus en plus dans la connaissance vraie et la parfaite clairvoyance qui vous feront discerner ce qui est plus important. Ainsi, dans la droiture, vous marcherez sans trébucher vers le jour du Christ ; et vous aurez en plénitude la justice obtenue grâce à Jésus Christ, pour la gloire et la louange de Dieu.

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Commentaire du 9 décembre 2012 (121e) –  2e semaine de l’Avent (année C)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Préparez un chemin d’intériorité pour le Seigneur

Le père Guylain Prince, ofm

Alors nous sommes dans la deuxième semaine de ce qu’on appelle la période de l’Avent, de préparation à Noël, et le texte évangélique de ce dimanche est tiré de l’évangile de Luc, tout de suite après de ce qu’on appelle les évangiles de l’enfance. Les 1er et 2ème chapitres de l’évangile de Luc qui traitent plus de la genèse, de la personne de Jésus, de son appel aussi puis de sa petite enfance vers les douze ans au moment où il devient autonome. Après son baptême, voici que Jean-Baptiste commence sa prédication. C’est très intéressant ce qu’il dit. Pour bien comprendre la prédication de Jean-Baptiste, c’est qu’il situe à l’extérieur de nous une préparation qui, en fait, est à l’intérieur de nous; parce que dans le Livre de Baruc de la première lecture, ce dont on parle, c’est la préparation du peuple et de Jérusalem en particulier en fonction de l’arrivée du Roi-Messie. On peut comparer cela aujourd’hui avec le grand rassemblement du G-20 ou d’une grande assemblée de ministres ou de premiers ministres. Le pays qui reçoit veut souvent être à son plus beau, va aménager des espaces nouveaux, de nouvelles promenades pour souligner l’événement et va rendre la ville aussi belle que possible pour les visiteurs. Dans ce cas-ci ce n’est pas un visiteur qu’on accueille.

Dans l’esprit de la première alliance, le Messie est à la fois le Roi mais aussi quelque part le représentant de Dieu. Et on dit : voici pour accueillir celui qui, au fond, est chez lui à Jérusalem, on va tout préparer extérieurement, dans une région montagneuse, on va voir à élargir, aplanir les chemins afin qu’il puisse arriver vraisemblablement avec son charriot, sa caravane; parce qu’il ne faut pas oublier que Jérusalem était sur un flanc de colline, le Mont Sion, le mont du Temple, sur un flanc de montagne à peu près à huit cent mètres d’altitude, et que c’est une des rares capitales où la voie romaine, même sous l’empire romain, ne se rendait pas (c’est-à-dire, une voie large où deux charriots pouvaient, de front s’approcher. On était contraint à utiliser les caravanes, et les caravanes de chameaux pour la plupart, qui arrivaient par des chemins plutôt étroits, difficiles d’accès, toute la ville était approvisionnée comme cela. Le Roi-Messie arrivant, il faut élargir, il faut faire de la place, il faut que la ville soit prête à accueillir le Roi qui va arriver avec tout ce dont il a besoin, sa cour, son entourage, etc… quelque chose qu’on peut facilement même imaginer, lorsque David conquiert Jérusalem qui appartenait jadis aux Jabuséens. C’est pour dire que Jérusalem est dans les dernières sections de la Terre sainte qui ont été conquises par Saül et David. Et lorsque David a réussi à conquérir Jérusalem et à en faire sa capitale, c’est devenu la ville de David, c’est devenu la ville messianique, c’est devenu la ville qui, normalement devait accueillir le Roi-Messie et pour ça, elle se fait belle ce qu’elle n’a pas pu faire quand David l’a conquise de force. Voici que les gens qui l’habitent, désormais, normalement devraient l’attendre et se préparer.

Les images de Baruc sont toutes extérieures. Jean Baptiste lorsqu’il parle et lorsqu’il cite aussi des textes de la première Alliance « Aplanissez les chemins… », il parle avec un vocabulaire extérieur mais de quelque chose qui n’est pas extérieur, c’est-à-dire que les chemins dont il parle, on le voit tout de suite après ou tout de suite avant, ils parlent de conversion, de retournement, de comportements ajustés à la nouvelle foi du croyant qui se prépare adéquatement à recevoir son Messie, à recevoir son Seigneur. Ce qui est     assez incroyable c’est que, chez Jean-Baptiste, le changement de comportement est une manière de préparer la foi. Donc c’est comme s’il nous indiquait qu’il est très probable que dans certains cas et pour certaines personnes, il y a une attente confuse, pas toujours précise du Messie, du Fils, du Seigneur Jésus Christ, etc… mais que cette attente même un peu confuse, même un peu imprécise est tournée, annonce une espèce de dynamique d’attente et d’accueil de Celui qui s’en vient. Au fond, on ne parle pas encore avec Jean-Baptiste de la foi en Jésus, Christ, Seigneur mort et ressuscité, on commence à parler plutôt de l’accueil de Celui qui s’en vient et qui va révéler la totalité des choses.

C’est comme si, dans l’humanité, dans la première Alliance, il y a une capacité de se préparer à l’accueil, d’anticiper la venue, et déjà quelque part, de vivre de ce salut et je pense que, quand on parle comme ça, et bien on est tout à fait ajusté avec toute la spiritualité de la première Alliance, avec le peuple qui chemine tranquillement et qui devient apte à travers certains personnages bibliques importants – on commence d’abord par Zacharie et son épouse pour Jean-Baptiste, on parle de Joseph et de Marie pour Jésus – c’est que le texte de Luc qui vient nous dire juste avant, voyez ces gens-là n’avaient pas encore accueilli le salut tel qu’on le comprend, c’est-à-dire la mort, la résurrection de Jésus, mais c’est comme s’ils étaient déjà ajustés à ce Royaume que Jésus venait instaurer. Bien sûr, toutes ces personnes auront à choisir de croire dans le Christ. On le voit par exemple très très bien où la personne même de Marie est interpelée à quelques endroits dans l’Évangiles de Luc : elle n’est pas sûre de comprendre ce qui se passe lorsque Jésus se retrouve seul au Temple, lorsque Jésus, un moment donné quitte la boutique du charpentier et se met à enseigner. On voit que la mère de Jésus et les frères et les sœurs vont dire : « Mais qu’est-ce que tu es en train de faire ? ». On voit à travers l’évangile qu’il y a un passage que les disciples doivent faire, mais aussi que Marie doit faire, elle aussi dans un sens, pour passer de mère à disciple, pour devenir plus tard, Mère de l’Église.

Il y a une foi, non seulement en son Fils, mais le Fils de Dieu qui se prépare et qui va aboutir à la pleine compréhension avec l’Esprit Saint. Vous voyez le parallèle qu’on trouve avec les Actes des Apôtres au chapitre 2, au tout début, et là, on se retrouve au chapitre 3. Donc, il y a une préparation avec Jean-Baptiste qui va trouver son point culminant dans la mort et la résurrection de Jésus mais aussi avec l’arrivée de l’Esprit Saint où là, la foi se traduit par l’adhésion personnelle, relation personnelle avec Jésus Christ. Ce qui est intéressant de comprendre, c’est que lorsque va arriver l’adhésion ou la relation personnelle avec Jésus Christ, les fruits de conversion vont arriver après la relation. Mais dans le cas de Jean-Baptiste, c’est qu’il nous annonce une relation, un feu, une personne qui s’en vient et il nous invite à nous préparer. Comme quoi, vous savez des fois, on mise tout sur la relation avec Jésus, parfois on néglige qu’il y a des gens qui ont besoins d’être préparés pour l’accueillir ce salut-là et qu’il y a d’autres personnes que c’est dans la relation avec le Christ qu’ils voient toutes les suites et conséquences pour leur vie; comment est-ce que leur vie va être ajustée. Il y a des gens qui sont par leur éducation préparés à la foi de Jésus, puis un moment donné  la personnalise et disent un jour : « je crois en Jésus » et il y a d’autres personnes qui sont saisies par le Christ qui disent : « je crois en Jésus » avant de voir toutes les suites et les conséquences dans leur vie, de ce qu’apporte cette relation-là, qu’est-ce que ça apporte comme cohérence dans leurs comportements. Il y a de la place pour les gens qui sont préparés depuis longtemps et il y a de la place  pour des gens qui se convertissent et qui voient ensuite tout ce qui s’en suit.

C’est un beau texte d’attente, c’est un beau texte d’espérance, c’est un beau texte qui nous dit : « Regardez, le Seigneur s’en vient, élargissons nos cœurs – et puis l’Esprit Saint n’est pas absent de ce processus-là – élargissons nos cœurs parce que Celui qui s’en vient est grand, beaucoup plus grand. C’est très bien placé comme texte avec Noël qui s’en vient dans deux semaines, trois semaines de ce dimanche-ci. Alors on vous invite, avec ce texte-là, à bien vous préparer, à bien accueillir, à bien élargir les chemins intérieurs pour que le Seigneur puisse entrer dans votre vie librement.

Évangile : Luc 3, 1-6

1ère lecture : Baruc 5, 1-9

Psaume 125, 1-6

2e lecture : Philippiens 1, 4-6.8-11

 

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