Commentaire du 3 février 2013 / Pierre Desroches (126e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page (à venir).

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses Saint-Pierre Claver, Saint-Stanislas de Kostka et de Saint-Enfant-Jésus du Mile-End à Montréal (Québec). Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.

– Gino Fillion : composition et interprète de la musique, caméra, mixage et montage visuel.

« La connaissance intime que Dieu a de nous / C’est Dieu qui prend l’initiative de notre vocation comme celle de Jérémie / Dieu qui veut nous délivrer / La vraie charité : donner sa vie pour les autres / La difficulté de reconnaître Jésus n’est pas seulement propre à son époque / Un peu de souvenirs des Missionnaires. »

– Références bibliques : http://aelf.org/

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Évangile : La mission de Jésus est universelle (Luc 4, 21-30)
Dans la synagogue de Nazareth, après la lecture du livre d’Isaïe, Jésus déclara : « Cette parole de l’Écriture que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. » Tous lui rendaient témoignage ; et ils s’étonnaient du message de grâce qui sortait de sa bouche. Ils se demandaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : ‘Médecin, guéris-toi toi-même. Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm : fais donc de même ici dans ton pays !’ » Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète n’est bien accueilli dans son pays. En toute vérité, je vous le déclare : Au temps du prophète Élie, lorsque la sécheresse et la famine ont sévi pendant trois ans et demi, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie n’a été envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien à une veuve étrangère, de la ville de Sarepta, dans le pays de Sidon. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; pourtant aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman, un Syrien. » À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où la ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin. 

1ère lecture : « Je fais de toi un prophète pour les peuples » (Jérémie 1, 4-5.17-19)
Le Seigneur m’adressa la parole et me dit : « Avant même de te former dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré ; je fais de toi un prophète pour les peuples. Lève-toi, tu prononceras contre eux tout ce que je t’ordonnerai. Ne tremble pas devant eux, sinon, c’est moi qui te ferai trembler devant eux. Moi, je fais de toi aujourd’hui une ville fortifiée, une colonne de fer, un rempart de bronze, pour faire face à tout le pays, aux rois de Juda et à ses chefs, à ses prêtres et à tout le peuple. Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te délivrer. Parole du Seigneur. » 

Psaume 70, 5-8.15.17. 19

R/ Sans fin, je proclamerai ta victoire et ton salut

Seigneur mon Dieu, tu es mon espérance,
mon appui dès ma jeunesse.
Toi, mon soutien dès avant ma naissance,
tu m’as choisi dès le ventre de ma mère

Pour beaucoup, je fus comme un prodige ;
tu as été mon secours et ma force.
Je n’avais que ta louange à la bouche,
tout le jour, ta splendeur.

Ma bouche annonce tout le jour
tes actes de justice et de salut.
Mon Dieu, tu m’as instruit dès ma jeunesse,
et jusqu’ici, j’ai proclamé tes merveilles.

Si haute est ta justice, mon Dieu,
toi qui as fait de grandes choses :
Dieu, qui donc est comme toi ?
tu seras ma louange toujours ! 

2ème lecture : Hymne à la charité (1 Corinthiens 12, 31; 13, 1-13)
Frères, parmi les dons de Dieu, vous cherchez à obtenir ce qu’il y a de meilleur. Eh bien, je vais vous indiquer une voie supérieure à toutes les autres : J’aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, et toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien. L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne fait rien de malhonnête ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est mal, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne passera jamais. Un jour, les prophéties disparaîtront, le don des langues cessera, la connaissance que nous avons de Dieu disparaîtra. En effet, notre connaissance est partielle, nos prophéties sont partielles. Quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel disparaîtra. Quand j’étais un enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant. Maintenant que je suis un homme, j’ai fait disparaître ce qui faisait de moi un enfant. Nous voyons actuellement une image obscure dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai vraiment, comme Dieu m’a connu. Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité.

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Commentaire du 3 février 2013 (130e) – 4e dimanche du Temps Ordinaire (année C – Saint Luc)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Ne pas réduire Jésus qu’à son histoire humaine, le fils de Joseph

L’abbé Pierre Desroches

Aujourd’hui on est avec Jérémie. Jérémie est un personnage que je trouve bien attachant dans l’Ancien Testament et le Seigneur lui parle. Je ne sais pas si le Seigneur vous parle ? Moi, je l’ai entendu me parler, je l’entends me parler. Je n’entends pas de voix mais il pourrait se manifester, se signifier par des voix qui pourraient être entendues. « Avant même de te former dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré. » On peut dire que l’expérience que Dieu a de nous-mêmes arrive bien avant notre conception et la connaissance qu’il a de nous est une connaissance qui est plus qu’intime. Il dit à notre ami Jérémie : « je fais de toi un prophète pour les peuples. »  C’est là qu’on découvre qu’on ne choisit pas nos vocations, on les reconnaît. Une vocation, c’est une élection que Dieu fait de nous pour donner une parole crédible, une parole lumineuse, une parole authentique. C’est Lui qui va nous indiquer où nous sommes appelés à incarner cette parole. Et notre ami le prophète, il lui dit : « Ne tremble pas devant eux, sinon, c’est moi qui te ferai trembler devant eux. Moi, je fais de toi aujourd’hui une ville fortifiée, une colonne de fer, un rempart de bronze, pour faire face à tout le pays, aux rois de Juda et à ses chefs. 

On sent  que la réalité à laquelle il va avoir à faire face n’est pas une des réalités les plus simples. Et Dieu l’invite à ne pas trembler. « Non c’est moi qui va faire trembler. » Je trouve que cette Parole a beaucoup de vigueur et je suis très heureux parfois de ne pas me retrouver dans la peau de Jérémie parce qu’on sait que dans son histoire, Jérémie, comme on dit en ces jours, en ces temps qui sont les nôtres : « il ne l’a pas eu très facile.» Mais il va être un témoin exceptionnel, et il va faire vivre cette expérience pour que les siens puissent découvrir que « je suis avec toi pour te délivrer. » Ce n’est pas juste Jérémie que le Seigneur veut délivrer mais vraiment tout ce peuple qui est dans la peur, dans la crainte, qui n’ose plus dire son Dieu. Peut-être qu’il est en train de nous parler à nous  qui depuis quelques décennies parfois nous rougissons assez vite quand on nous demande si nous sommes croyants ou si nous adhérons toujours à ces convictions qui étaient celles de nos pères.

Dans la deuxième lecture qui nous est proposée aujourd’hui, c’est l’hymne de la charité. Cette hymne-là on l’entend souvent à l’occasion des mariages mais elle n’a pas du tout été faite pour cette réalité-là, c’est un hymne, c’est un chant, un poème, c’est une poésie que va transmettre Paul aux Corinthiens où il dit : « J’aurais beau parler toutes les langues, j’aurais beau me faire brûler vif, j’aurais beau…si je n’ai pas l’amour, je ne suis rien. » Il nous propose dans cette hymne : « Frères, parmi les dons de Dieu, vous cherchez à obtenir ce qu’il y a de meilleur. Eh bien, je vais vous indiquer une voie supérieure à toutes les autres, cette voie-là, c’est la CHARITÉ ». La charité, c’est être capable de donner sa vie pour les autres. C’est la vocation et c’est dans cette réalité-là que Dieu nous connaît le plus intimement. Et Dieu connaît que nous sommes capables de faire le don de notre vie pour les autres parce que nous sommes créés à son image et à sa ressemblance. Ce qu’il est, il l’a inscrit dans notre être, c’est inscrit en nous-mêmes.

Et j’aime beaucoup l’Évangile qui va nous rappeler que Jésus « dans la synagogue de Nazareth, après la lecture du livre d’Isaïe, Jésus déclara : « Cette parole de l’Écriture que vous venez d’entendre, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit. » Tous lui rendaient témoignage; et ils s’étonnaient du message de grâce qui sortait de sa bouche. Ils se demandaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » On le réduisait qu’à n’avoir qu’une histoire humaine alors que Jésus avait une histoire humaine en plus d’une histoire tout à fait spirituelle et on pourrait dire, une histoire de tous les temps puisqu’il était à l’origine et il avait une longue histoire spirituelle qui avait été expérimentée par tout un peuple devant lequel il se retrouvait. On va voir le discours et l’échange qui vont  se faire dans cette Synagogue et où on va avoir beaucoup de difficulté à reconnaître Jésus. Je ne crois pas que la difficulté de reconnaître Jésus soit propre au temps de Jésus. Jésus va leur dire dans cette Parole une réalité qui va beaucoup les choquer parce que, pour eux, ils sont le Peuple élu, ils sont le Peuple choisi, et c’est un orgueil pour eux d’être ce Peuple-là et quand il va leur dire :  « Au temps du prophète Élie, la sécheresse était répandue dans tout le pays ce n’est pas vers une veuve de Jérusalem qu’Il a été envoyé mais c’est vers le  pays de Sidon », un pays païen.

Il va reprendre la même image au temps d’Élisée, avec les lépreux, ce n’est pas un lépreux de ce pays mais un lépreux d’une terre étrangère qu’Élisée va avoir été envoyé. C’est comme s’il était en train de leur dire : « Si vous n’êtes pas à la hauteur de votre élection  la paralysie de Dieu ne sera pas manifestée parce que si vous ne correspondez pas à votre élection, il va aller dans ces autres pays, et la mission de Jésus est une mission universelle. Vous vous souvenez de ces temps à la fois plutôt proches de nous où, dans nos écoles, on avait la visite de nos missionnaires qui se promenaient un peu partout. J’ai gardé des souvenirs très durables et très vivants lorsque les Soeurs de l’Immaculée Conception venaient nous rencontrer pour nous parler de ces pays d’Asie qu’on ne connaissait pas parce qu’à l’époque la télévision commençait. Les seules images qu’on pouvait recevoir de ces pays ce sont celles qu’elles pouvaient nous transmettre et nous donner. Et c’était toujours un grand moment de réjouissance de savoir qu’on était pour avoir de la visite…. Et peut-être travailler moins fort pendant les heures d’école et elles avaient cette pédagogie de nous faire acheter des cartes, et puis de pouvoir donner des noms à des enfants qui seraient baptisés en Chine. C’était des façons très simples de faire mais qui, à mon avis, avaient une grande force pour ouvrir nos cœurs à toute la dimension de l’univers.

Moi aussi je me souviens du temps où la pastorale était dans les écoles et que toutes sortes d’expériences se vivaient sur des terrains très concrets où l’on partait avec des étudiants, où au moment où moi j’étais aumônier  de l’école Victor-Doré à Montréal, où je recevais d’un peu partout des enfants des autres écoles qui venaient rendre visite à mes jeunes enfants qui étaient marqués par un handicap physique. Constamment dans ces réalités-là, il y avait un travail qui se faisait sur l’ouverture des cœurs. On a décidé un moment donné dans notre société, de ne plus offrir ces niveaux de service et je crois que souvent cela a replié le milieu sur lui-même et cela a diminué cette ouverture qu’on pouvait avoir sur des horizons beaucoup plus vastes. Je pense que la pastorale qui se faisait par les milieux dont nous sommes n’était pas une pastorale qui était exclusive et enfermée uniquement dans les dimensions de culte, mais elle était très sensible à cette réalité de l’être humain qui, dans son être même, avant même d’adhérer à une foi ou à une autre est un don de Dieu, est un trésor qui nous confié.

Alors, on va demander en ce dimanche qu’on ait de plus en plus conscience de notre mission, qu’on n’en ait pas peur et qu’on ne tremble pas devant l’annonce de la Bonne Nouvelle parce si on a trop peur de l’annoncer on risque de vivre dans une peur qui elle, ne nous fera pas entrer dans une Bonne Nouvelle mais dans une tristesse qui n’aura pas beaucoup de fin. Que les missionnaires de la Bonne Nouvelle viennent nous rappeler qui nous sommes et viennent nous donner le courage et la force d’accomplir notre mission.

Évangile : Luc 4, 21-30

1ère lecture : Jérémie 1, 4-5.17-19

Psaume 70, 5-8.15.17-19

2e lecture : 1 Corinthiens 12, 31; 13, 1-13

 

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