Commentaire du 29 avril 2012 / Pierre Desroches (88e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

 « Pierre n’est pas dans la peur grâce à la puissance de l’Esprit Saint / On ne se défait facilement pas de l’Éternel / Pour saisir les enfants de Dieu, il faut connaître Dieu / Notre méfiance envers les engagements de vie / Ceux qui s’imposent comme des « sauveurs » / « J’ai tout fait » et « J’étouffais ».

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, composition de la musique et arrangements, direction des comédiens, voix additionnelles, montage des images et mixage.

-COMÉDIENS :
 Anne-Sylvie Gosselin : narratrice
 Jean-François Lépine : Jésus
 Gilles Labrosse : un juif dans la foule

Texte / Les 4 évangiles en 1 récit :
À partir de la version de l’AELF, adaptation réalisée par Gino Fillion avec la supervision finale de Réjean Vautour, théologien. http://www.aelf.org

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=29/04/2012

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Évangile : Le Bon Pasteur se donne pour son troupeau (Jean 10, 11-18)
Jésus disait aux Juifs : « Je suis le bon pasteur, le vrai berger. Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis. Le berger mercenaire, lui, n’est pas le pasteur, car les brebis ne lui appartiennent pas : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse. Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui. Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cette bergerie : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. Le Père m’aime parce que je donne ma vie pour la reprendre ensuite. Personne n’a pu me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, et le pouvoir de la reprendre : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père. » 

1ère lecture : En dehors du Christ, il n’y a pas de salut (Actes 4, 8-12)
Convoqué devant le grand conseil d’Israël, Pierre, rempli de l’Esprit Saint, leur déclara : « Chefs du peuple et anciens, nous sommes interrogés aujourd’hui pour avoir fait du bien à un infirme, et l’on nous demande comment cet homme a été sauvé. Sachez-le donc, vous tous, ainsi que tout le peuple d’lsraël : c’est grâce au nom de Jésus le Nazaréen, crucifié par vous, ressuscité par Dieu, c’est grâce à lui que cet homme se trouve là devant vous, guéri. Ce Jésus, il est la pierre que vous aviez rejetée, vous les bâtisseurs, et il est devenu la pierre d’angle. En dehors de lui, il n’y a pas de salut. Et son Nom, donné aux hommes, est le seul qui puisse nous sauver. »

Psaume 117, 1.4, 8-9, 22-23, 28-29

R/ Sur la pierre méprisée par les maçons, Dieu a fondé son oeuvre

Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !

Mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur
que de compter sur les hommes ;
mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur
que de compter sur les puissants !

La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.

Tu es mon Dieu, je te rends grâce,
mon Dieu, je t’exalte !
Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !

2ème lecture : Dans son amour, Dieu fait de nous ses enfants (1 Jean 3, 1-2)
Mes bien-aimés, voyez comme il est grand, l’amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu — et nous le sommes. Voilà pourquoi le monde ne peut pas nous connaître : puisqu’il n’a pas découvert Dieu. Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement. Nous le savons : lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est.

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Commentaire du 29 avril 2012 (88è) – 4e dimanche de Pâques (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c
.q.

Le bon pasteur en opposition avec le mercenaire qui va s’enfuir

L’abbé Pierre Desroches

Cette semaine on va retrouver Pierre dans une belle expérience qui me parle beaucoup. Pierre est convoqué devant le Grand Conseil. Je ne sais pas si vous avez eu à répondre d’actes que vous avez faits devant des gens qui sont là, non simplement en leur nom personnel, mais au nom d’une collectivité; lorsqu’on est convoqué à la cour, lorsqu’on est convoqué dans ces lieux où l’on va nous demander de rendre compte de ce qu’on a pu faire ou accomplir.

« Et Pierre, rempli de l’Esprit Saint, – plutôt que d’être rempli de peur, c’est déjà un bon départ parce que si on arrive tout tremblant, tout inquiet, ce n’est pas sûr que ça ne tournera pas au vinaigre – tout rempli de l’Esprit Saint déclare : « Chefs du peuple et anciens, nous sommes interrogés aujourd’hui pour avoir fait du bien à un infirme »… Imaginez-vous que c’est tout une injure que d’avoir fait du bien à un infirme, et que d’avoir fait que celui qui ne marche pas soit maintenant debout et soit en train de vivre une vie d’homme et non plus une vie d’infirme et l’on « nous demande comment cet homme a été sauvé ? » Fort heureusement, Pierre va leur dire que, non pas que c’est lui, mais « sachez-le donc, vous tous, ainsi que tout le peuple d’lsraël… » il s’affirme avec beaucoup de liberté et de confiance. Ce n‘est plus un homme qui a peur et qui se sent menacé par ceux qui voudraient bien l’impression pour le dominer et le contrôler, c’est un homme qui est en pleine possession de lui-même et qui sait très où est sa place, où est la place de Dieu, et où est la place de Jésus le Christ.

« C’est grâce au nom de Jésus le Nazaréen, crucifié par vous, » – il nomme bien la réalité, il ne la cache pas, il est en pleine conscience – « ressuscité par Dieu, » – on voit l’opposition – « c’est grâce à lui que cet homme se trouve là devant vous, guéri, c’est  la pierre que vous aviez rejetée, vous les bâtisseurs, et il est devenu la pierre d’angle. »  Vous avez voulu prendre la place de Dieu, vous les bâtisseurs, et « Lui, il est devenu la pierre d’angle. » « En dehors de Lui, il n’y a pas de salut. » Vous n’êtes pas les messies de cette humanité qui vous est confiée. « En dehors de lui, il n’y a pas de salut. Et son Nom, donné aux hommes, est le seul qui puisse nous sauver. » Un très beau kérygme, une très belle annonce faite avec courage, avec force devant des hommes qui ont dû être fortement impressionnés de ce petit pêcheur qui se tient aussi  debout que cet infirme. Pierre qui avait été très infirme de cœur, est maintenant lui aussi, par la grâce de Jésus Christ debout, en train de marcher sur le chemin de la mission et de rencontrer, comme Jésus l’avait fait, ceux qui l’avaient éliminé. Et pour ces hommes, ils devaient commencer à percevoir que Celui qu’ils avaient cru s’être débarrassés, réapparaissait sur mille et un visages. On ne se défait pas ainsi de l’Éternel.

Dans la deuxième lecture, « Mes bien-aimés, voyez comme il est grand, l’amour dont le Père nous a aimés : il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu, nous le sommes. Voilà pourquoi le monde ne peut pas nous connaître : puisqu’il n’a pas découvert Dieu. » J’espère qu’on ne peut pas vous saisir si on ne connaît pas Dieu, parce que si on peut vous saisir sans connaître Dieu, ça veut dire que votre logique ou votre réalité sont vraiment terrestres et bien mondaines.  J’espère que souvent vos attitudes, vos comportements, vos paroles échappent à l’entendement parce que pour saisir les enfants de Dieu, il faut vraiment connaître Dieu. « Nous sommes enfants de Dieu, mais ce qui  ne paraît pas encore clairement. Nous le savons : lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est, » C’est une belle espérance de notre ami, Jean et « nous le verrons tel qu’il est » et non comme nous l’imaginons mais tel qu’il est dans sa réalité.

Et dans l’évangile, on va nous parler du bon Pasteur, le vrai berger. J’aime toujours cette phrase qui dit : « Le vrai berger donne sa vie pour ses brebis. » On est un monde qui a développé beaucoup de fonctions, qui a beaucoup de méfiance par rapport aux engagements de vie, qui a beaucoup de difficulté à saisir qu’il y a des fidélités qui vont être capables d’accueillir ce qui semble complètement déraisonnables. « Le berger mercenaire, lui, n’est pas le pasteur, car les brebis ne lui appartiennent pas. » Pour appartenir dans ce sens-là, il faut se donner entièrement. « Tu es à moi et moi, je suis à toi. « Ce n’est pas un langage de commerce, c’est un langage d’alliance, et c’est un langage d’alliance éternelle lorsqu’il est vécu dans le souffle de Dieu vainqueur des ténèbres et de la mort. « Le mercenaire, s’il voit venir le loup, abandonne les brebis, s’enfuit et le loup s’en empare et les disperse. » Combien de fois j’ai vu des personnes s’imposer comme des sauveurs, tasser des hommes ou des femmes  plus humbles et prendre leur place pour obtenir le profit de prendre soin de ceux qu’ils semblaient  reconnaître comme un bien précieux. Chaque fois que j’entends des discours  qui disent : «  j’ai tout fait pour toi », ça résonne rarement à mes oreilles comme un grand don, mais comme une grande prise de possession. D’ailleurs beaucoup de mes amis me font remarquer que dans l’expression « j’ai tout fait », il y a aussi « j’étouffais ».

Le mercenaire, lorsqu’il ne tirera plus profit  de ceux qu’il possède, va s’enfuir et laissera ceux qu’il a dominés au loup qui va venir les dévorer. « Ce berger n’est qu’un mercenaire, puis les brebis ne comptent pas vraiment pour lui. Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis ». Je nous souhaite cette belle expérience de connaissance dont nous parle Jésus et de connaître l’autre du dedans et d’être connu de l’autre du dedans pour que cette appartenance mutuelle nous rende capable de nous donner l’un à l’autre pour qu’au cœur de ces alliances vraies et authentiques puisse naître un Royaume et puisse aussi grandir des êtres qui nous sont confiés pour découvrir le vrai visage de l’amour qui est celui de ce Dieu Père, Fils et Esprit qui nous est révélé en Jésus Christ et par lesquel je vous bénis, au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

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