Commentaire du 22 juillet 2012 / Pierre Desroches (100e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, composition de la musique et arrangements, montage des images et mixage.

« Jésus n’est pas dans la productivité avec les apôtres, il sait les inviter au repos / La fatigue du cœur qui dépasse celle du corps / Le don de soi dans le service amène à s’oublier soi-même / Le désert peut-être un endroit qui révèle notre vide / La distanciation qui amène à mieux se reconnaître. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=22/07/2012

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Évangile : Jésus a pitié de la foule (Marc 6, 30-34)
Après leur première mission, les Apôtres se réunissent auprès de Jésus, et lui rapportent tout ce qu’ils ont fait et enseigné. Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, les arrivants et les partants étaient si nombreux qu’on n’avait même pas le temps de manger. Ils partirent donc dans la barque pour un endroit désert, à l’écart. Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup les reconnurent. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux. En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de pitié envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les instruire longuement. 

1ère lecture : Les bons pasteurs du peuple de Dieu (Jérémie 23, 1-6)
Parole du Seigneur. Misérables bergers, qui laissent périr et se disperser les brebis de mon pâturage ! C’est pourquoi — ainsi parle le Seigneur, le Dieu d’Israël, contre les pasteurs qui conduisent mon peuple — : À cause de vous, mes brebis se sont égarées et dispersées, et vous ne vous êtes pas occupés d’elles. Eh bien ! Moi je vais m’occuper de vous, à cause de vos méfaits, déclare le Seigneur. Puis je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis de tous les pays où je les ai dispersées. Je les ramènerai dans leurs pâturages, elles seront fécondes et se multiplieront. Je leur donnerai des pasteurs qui les conduiront ; elles ne seront plus apeurées et accablées, et aucune ne sera perdue, déclare le Seigneur.  Voici venir des jours, déclare le Seigneur, où je donnerai à David un Germe juste : il régnera en vrai roi, il agira avec intelligence, il exercera dans le pays le droit et la justice. Sous son règne, le royaume de Juda sera sauvé, et Israël habitera sur sa terre en sécurité. Voici le nom qu’on lui donnera : « Le-Seigneur-est-notre-justice ».

Psaume 22, 1-6

R/ Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer.

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

2ème lecture : Jésus est la Paix pour tous les hommes (Éphésiens 2, 13-18)

Frères, vous qui autrefois étiez loin du Dieu de l’Alliance, vous êtes maintenant devenus proches par le sang du Christ. C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, Israël et les païens, il a fait un seul peuple ; par sa chair crucifiée, il a fait tomber ce qui les séparait, le mur de la haine, en supprimant les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Il voulait ainsi rassembler les uns et les autres en faisant la paix, et créer en lui un seul Homme nouveau. Les uns comme les autres, réunis en un seul corps, il voulait les réconcilier avec Dieu par la croix : en sa personne, il a tué la haine. Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches. Par lui, en effet, les uns et les autres, nous avons accès auprès du Père, dans un seul Esprit.

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Commentaire du 22 juillet 2012 (100e) – 16e semaine du Temps Ordinaire (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Jésus sait inviter ceux qui travaillent à sa mission, à prendre un temps de repos

L’abbé Pierre Desroches

Alors mes amis, je suis très heureux de vous accueillir au même endroit où l’on se retrouvait il y a quelques semaines. C’est un lieu que j’aime bien. Vous savez, parfois à Montréal il y a des lieux peu connus qui sont des lieux de repos, des lieux où vraiment, tout en étant au cœur de la cité, croire qu’on pourrait être ailleurs. C’est un de ces lieux-là. Nous sommes dans la chapelle qui est dans le jardin des sœurs de l’Hôtel-Dieu de Montréal qui est un édifice qui date de 1861. C’est un édifice très sobre qui permet aux religieuses de venir se recueillir dans des temps de repos.

C’est justement ce dont on va parler aujourd’hui parce que le texte que j’ai à vous commenter c’est après la première mission des Apôtres. C’est sûr qu’à l’âge que j’ai,  après des années de ministère, j’espère que je n’en suis pas à ma première mission et   que j’en ai réalisé quelques-unes, mais eux reviennent de leur première mission. Ils se réunissent auprès de Jésus et « lui rapportent tout ce qu’ils ont fait et enseigné. » Apparemment, habituellement, quand on commence quelque chose, on est très heureux de le faire, l’enthousiasme qui fait qu’on a franchi des peurs et qu’on revient tout joyeux nous donne le dynamisme  de dire à ceux qui sont là, et surtout à Jésus, tout ce qu’ils ont fait. Rendu à l’étape de vie où je suis, c’est différent, parfois j’ai même le goût de le garder pour moi, mais eux, ils sont à une autre étape. Et là Jésus leur dit une phrase extraordinaire, il ne leur en demande pas plus : « Venez à l’écart dans un endroit désert et reposez-vous un peu. » Il n’a pas la même technique que les autorités actuelle ou la mentalité de ce monde-ci où ils pensent toujours à produire toujours plus, à produire davantage, à donner encore… « Reposez-vous un peu ». J’aime ça le répéter parce que j’ai le goût de vous le dire, à vous qui m’écoutez : « Reposez-vous un peu. »

Habituellement la plus grande fatigue n’est pas celle qu’on a dans le corps, mais celle qu’on a dans le cœur, celle qu’on a dans les relations. « De fait, les arrivants et les partants étaient si nombreux qu’on n’avait même pas le temps de manger. » Je me souviens un jour où j’avais amené des amis à moi à vivre une expérience avec des personnes handicapées – car je travaille avec des personnes handicapées depuis plus de trente ans – et on avait passé une fin de semaine ensemble et après la première journée, le soir, les  gens étaient tout enthousiastes, heureux. Ça se palpait. Je leur demande comment ils avaient vécu leur journée. Ils étaient contents. Ils avaient fait manger les uns, ils avaient lavé d’autres, ils les avaient amenés aux toilettes et ils étaient vraiment très très fiers de ce que leur journée leur avait donné. Je leur pose une question après : s’ils avaient eu le temps d’aller à la toilette ? et à peu près personne avait eu le temps d’y aller, parce que pour servir les autres ils s’étaient perdus eux-mêmes de vue. Il y a dans le service une importance capitale à ne pas perdre Dieu de vue qui Lui, ne nous perd jamais personnellement de vue, Il nous appelle toujours, non pas à nous vider, mais à nous remplir.

Et la parole poursuit ainsi : « Ils partirent donc dans la barque pour un endroit désert. » Souvent le désert nous fait peur parce qu’il va nous faire toucher notre vulnérabilité, notre réalité et je dirais même que le vide qui nous entoure va nous plonger dans notre propre vide qui nous habite. « Dès que les gens les virent s’éloigner, beaucoup les reconnurent. » C’est intéressant de voir que la reconnaissance va se faire dans une distance, dans une distanciation. Or, on peut se poser cette question : « est-ce que dans nos relations on se remplit ou on se vide ? Est-ce qu’on se reconnaît ? Est-ce qu’on manque de distance pour qu’on se voit et qu’on se reconnaisse ? « Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux, » parce que des gens capables de prendre leurs distances, on en a excessivement besoin pour être capables nous-mêmes de prendre la juste distance pour être à la hauteur des défis et des missions que le Seigneur nous confie. Et qui de nous n’a pas de mission ? Si vous croyez que vous n’en n’avez pas, je vous invite à aller consulter un de vos proches ou quelqu’un qui a une expérience spirituelle qui va vous aider à découvrir la vôtre, parce que c’est sûr que Dieu ne vous a absolument pas oubliés dans son projet d’humanisation et d’évangélisation.

En débarquant, avant même qu’ils aient le temps de mettre le pied dans ce lieu désert, il est déjà rempli d’une foule parce qu’elle est là et elle les attend. « Et Jésus fut saisi de pitié envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les instruire longuement. » Jésus veut nous apprendre à devenir des bergers, à devenir des hommes, des femmes capables de reconnaître les brebis et capables d’entendre dans les déserts une Parole qui nous instruit, qui nous convertit, qui nous nourrit. Je vous invite à fréquenter ce beau désert que l’Église nous propose chaque semaine dans la célébration de l’Eucharistie pour que vous ayez le Pain de vie.

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