Commentaire du 18 décembre 2011 / Pierre Desroches (68e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, montage et guitare.

« Un ange est un messager qui vient éclairer notre vocation / L’Annonciation, une parole souvent ridiculisée / L’expérience de notre baptême nous propose, comme à Marie, d’enfanter Jésus / L’Esprit Saint, indispensable pour un vrai « oui » à Dieu / Les petits gestes qui demandent une grandeur d’âme. / L’Esprit Saint parle à notre cœur. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) :  http://aelf.org/?date_my=18/12/2011

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Évangile : Le Messie sera fils de Marie (Luc 1, 26-38)
L’ange Gabriel fut envoyé par Dieu dans une ville de Galilée, appelée Nazareth, à une jeune fille, une vierge, accordée en mariage à un homme de la maison de David, appelé Joseph ; et le nom de la jeune fille était Marie. L’ange entra chez elle et dit : « Je te salue, Comblée-de-grâce, le Seigneur est avec toi. » À cette parole, elle fut toute bouleversée, et elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L’ange lui dit alors : « Sois sans crainte, Marie, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu vas concevoir et enfanter un fils ; tu lui donneras le nom de Jésus. Il sera grand, il sera appelé Fils du Très-Haut ; le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la maison de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » Marie dit à l’ange : « Comment cela va-t-il se faire, puisque je suis vierge ? » L’ange lui répondit : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi celui qui va naître sera saint, et il sera appelé Fils de Dieu. Et voici qu’Élisabeth, ta cousine, a conçu, elle aussi, un fils dans sa vieillesse et elle en est à son sixième mois, alors qu’on l’appelait : ‘la femme stérile’. Car rien n’est impossible à Dieu. » Marie dit alors : « Voici la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi selon ta parole. » Alors l’ange la quitta. 

1ère lecture : Promesse du Messie, fils de David (2 Samuel 7, 1-5.8b-12.14a.16)
Le roi David était enfin installé dans sa maison, à Jérusalem. Le Seigneur lui avait accordé des jours tranquilles en le délivrant de tous les ennemis qui l’entouraient. Le roi dit alors au prophète Nathan : « Regarde ! J’habite dans une maison de cèdre, et l’arche de Dieu habite sous la tente ! » Nathan répondit au roi : « Tout ce que tu as l’intention de faire, fais-le, car le Seigneur est avec toi. » Mais, cette nuit-là, la parole du Seigneur fut adressée à Nathan : « Va dire à mon serviteur David : Ainsi parle le Seigneur : Est-ce toi qui me bâtiras une maison pour que j’y habite ? C’est moi qui t’ai pris au pâturage, derrière le troupeau, pour que tu sois le chef de mon peuple Israël. J’ai été avec toi dans tout ce que tu as fait, j’ai abattu devant toi tous tes ennemis. Je te ferai un nom aussi grand que celui des plus grands de la terre. Je fixerai en ce lieu mon peuple Israël, je l’y planterai, il s’y établira et il ne tremblera plus, et les méchants ne viendront plus l’humilier, comme ils l’ont fait depuis le temps où j’ai institué les Juges pour conduire mon peuple Israël. Je te donnerai des jours tranquilles en te délivrant de tous tes ennemis. Le Seigneur te fait savoir qu’il te fera lui-même une maison. Quand ta vie sera achevée et que tu reposeras auprès de tes pères, je te donnerai un successeur dans ta descendance, qui sera né de toi, et je rendrai stable sa royauté. Je serai pour lui un père, il sera pour moi un fils. Ta maison et ta royauté subsisteront toujours devant moi, ton trône sera stable pour toujours. » 

Psaume 88, 4-5, 27-30 

R/ Dieu ! Tu as les paroles d’Alliance éternelle.

« Avec mon élu, j’ai fait une alliance,
j’ai juré à David, mon serviteur :
J’établirai ta dynastie pour toujours,
je te bâtis un trône pour la suite des âges.

« Il me dira : Tu es mon Père,
mon Dieu, mon roc et mon salut !
Et moi, j’en ferai mon fils aîné,
le plus grand des rois de la terre !

« Sans fin je lui garderai mon amour,
mon alliance avec lui sera fidèle ;
je fonderai sa dynastie pour toujours,
son trône aussi durable que les cieux. »

2ème lecture : Le mystère de Dieu révélé en Jésus Christ (Romains 16, 25-27)
Gloire à Dieu, qui a le pouvoir de vous rendre forts conformément à l’Évangile que je proclame en annonçant Jésus Christ. Oui, voilà le mystère qui est maintenant révélé : il était resté dans le silence depuis toujours, mais aujourd’hui il est manifesté. Par ordre du Dieu éternel, et grâce aux écrits des prophètes, ce mystère est porté à la connaissance de toutes les nations pour les amener à l’obéissance de la foi. Gloire à Dieu, le seul sage, par Jésus Christ et pour les siècles des siècles. Amen.

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Commentaire du 18 décembre 2011 (68è) – 4e dimanche de l’Avent (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

L’Annonciation, une parole non pour être analysée, mais reçue

L’abbé Pierre Desroches

Au sixième mois, l’Ange Gabriel fut envoyé de la part de Dieu dans une ville de Galilée du nom  de Nazareth. Alors, mes amis c’est l’introduction du texte de l’Annonciation et on se retrouve avec cette parole « dans la ville de Nazareth ». Sans avoir fait de grandes recherches, un jour j’avais lu quelque part que dans cette cité, il y avait à peu près quatorze maisons; donc, un tout petit bourg inconnu et duquel on n’attend pas que va nous venir Celui qui va transformer le monde. Dans cette Parole, le premier personnage que l’on rencontre c’est celui de Gabriel. Vous savez qu’un ange, c’est un messager, c’est celui qui porte pour nous une Parole qui vient éclairer notre vocation : à quoi Dieu nous appelle.  Aujourd’hui, on n’a peut pas se rendre là-bas mais on a pensé que des moutons pourraient nous faire penser à cette toute petite cité où habitaient sûrement des bergers, des hommes qui étaient dans les environs en train de faire paître leurs troupeaux, image sur laquelle on médite beaucoup dans la période des Fêtes.

Cette Parole va nous surprendre. Elle a été beaucoup ridiculisée dans les dernières décennies, nous qui sommes des hommes de la technique, des hommes de la science où on trouve bien étrange qu’une Parole qui se voudrait sérieuse nous parle d’un enfant qui va naître par l’opération du St-Esprit. Je me suis souvent amusé avec cette réalité-là parce qu’au début de mon ministère, d’abord j’ai adopté mon fils après neuf mois d’ordination. Je n’avais pas fait le calcul, mais c’est comme ça que la réalité s’est présentée. Et quand j’arrivais parfois dans des églises avec mon garçon qui est handicapé et qui avait sept ans, dans les bras, et que je montais l’allée centrale, tous les gens se retournaient puis ils n’étaient pas du tout habitués à voir un président d’assemblée entrer avec un enfant dans les bras. Quand j’arrivais en  avant, comme je le portais d’un bras, je disais avec l’autre : « le Seigneur soit avec vous ». Je disais aux gens, vous avez remarqué, je n’ai pas pris mes deux bras parce que quelqu’un serait tombé si j’avais pris mes deux bras. Puis, je vous présente mon fils. Les gens comprenaient de moins en moins ce que je disais. Et je leur disais : « Il y en a qui doivent se demander si ma femme est morte ? – Non, je n’ai jamais eu de femme ». « Alors, vous pensez peut-être que c’est un péché mortel que j’affiche ? – Non, je n’ai pas fait ce péché mortel ». « Alors si vous voulez comprendre ce qu’est cette relation de père-fils, c’est une opération du St-Esprit. »

Alors, je pense que lorsque cette Parole nous parle de cette opération du St-Esprit, elle vient nous éclairer sur une dimension excessivement profonde de cette Parole, mais aussi de nos propres vies, du mystère de Jésus Christ dans la vie des uns et des autres. Je ne sais pas si vous vous souvenez de cette Parole où on nous dit : « Ta mère et tes frères sont là dehors et ils veulent te parler. » Jésus va dire : « Qui sont ma mère, qui sont mes frères, ce sont ceux qui font la volonté de mon Père. » Voilà un père, une mère et un fils. C’est comme si Jésus est en train aussi de nous dire qu’on peut devenir sa mère, mais pour devenir la mère de Jésus, il faut l’enfanter. Or, c’est nettement cette expérience que nous propose notre baptême : devenir un fils de Dieu. Alors le « oui » de Marie, c’est le « oui » à Dieu. Quels sont les « ouis» de vos vies que vous avez dit à Dieu ? Ces « ouis » ce n’est pas uniquement par collaboration humaine qu’ils vont devenir possibles, c’est nettement avec l’ouverture que vous aurez pour accueillir l’Esprit Saint.

Quand j’ai accueilli dans ma vie, Claude, mon fils, et que j’ai vu ma vie littéralement transformée dans le quotidien, me lever le matin pour l’habiller, me préoccuper chaque soir de pouvoir lui donner sa douche, le soigner lorsqu’il était malade, et même, je vous avoue que Claude, à sept ans, portait encore des couches, on ne m’avait pas appris du tout au Séminaire comment  on faisait pour changer des couches, on n’avait pas prévu que j’aurais besoin d’apprendre ces réalités-là dans mon existence. Et, jour après jour, de faire des œuvres qui sont des œuvres de grande simplicité, œuvres que font toutes les mamans et tous les papas du monde. Et ce ne sont pas parce que ce sont des petits gestes que ça ne demande pas une grandeur d’âme. Et pour rester dans la grandeur d’âme, je pense qu’il faut avoir cette ouverture à l’Esprit et découvrir que cette Alliance qu’on est en train de vivre et d’accomplir jour après jour, elle est une œuvre, et une oeuvre de Dieu. Je pense que la Parole de l’Annonciation n’est pas en train de nous dire comment, physiquement on fait des bébés, ou comment, exceptionnellement ce n’est pas ainsi que s’est passé la naissance de Jésus. Ce n’est pas le propos du texte. Le propos du texte est, fondamentalement, de nous dire comment vient au monde un fils de Dieu et ce que cette Parole veut nous donner comme lumière, elle est bonne autant   pour cette époque et pour la saisie qu’avait fait la communauté de comment venait  prendre racine dans notre monde le Fils de Dieu.

Mes amis, cet Esprit Saint est toujours aussi fécond qu’en ce temps, et il vous est accessible parce qu’Il parle à l’intérieur de votre cœur. Cette Parole n’est pas là pour être jugée, elle n’est pas là pour être analysée, elle est là pour être reçue, elle est là pour être mangée, elle est là pour vous nourrir et vous faire saisir, probablement des réalités que Dieu appelle au cœur même de ce que vous êtes et qui vous dépassent. Et que, sans cette Parole, vous ne pourrez jamais en saisir toute la profondeur. Alors je vous souhaite en cette fin de l’Avent de bien vous préparer à cette irruption que peut-être vous vous doutez peu de ce que Dieu veut faire naître par vous pour ce monde. Bonne préparation à la fête de Noël.

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