Commentaire du 11 août 2013 / Guylain Prince (10e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Guylain Prince est franciscain et bibliste résidant à Trois-Rivières. Il a été ordonné prêtre en 2002. En plus de conférences, retraites et formations diverses fondées sur les Écritures, il présente des concerts avec les ensemble vocaux de type Gospel qu’il dirige à Joliette et Trois-Rivières. : http://www.maisonintercd.com

– Gino Fillion : composition et arrangements pour cordes, caméra et montage visuel.

« Le don du Royaume : une invitation à devenir serviteur / Abraham et la terre promise non seulement matérielle, mais un lieu de la présence de Dieu / Avec le Christ, plus qu’une terre mais un Royaume / La caractéristique du disciple est l’éveil / La façon chrétienne d’agir fait apparaître le Royaume en ce monde et l’éternité. »

– Références bibliques : http://aelf.org/

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Évangile : Se tenir prêts pour le retour du Seigneur (Luc 12, 32-48)
Jésus disait à ses disciples : « Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume. Vendez ce que vous avez et donnez-le en aumône. Faites-vous une bourse qui ne s’use pas, un trésor inépuisable dans les cieux, là où le voleur n’approche pas, où la mite ne ronge pas. Car là où est votre trésor, là aussi sera votre cœur. Restez en tenue de service, et gardez vos lampes allumées. Soyez comme des gens qui attendent leur maître à son retour des noces, pour lui ouvrir dès qu’il arrivera et frappera à la porte. Heureux les serviteurs que le maître, à son arrivée, trouvera en train de veiller. Amen, je vous le dis : il prendra la tenue de service, les fera passer à table et les servira chacun à son tour. S’il revient vers minuit ou plus tard encore et qu’il les trouve ainsi, heureux sont-ils ! Vous le savez bien : si le maître de maison connaissait l’heure où le voleur doit venir, il ne laisserait pas percer le mur de sa maison. Vous aussi, tenez-vous prêts : c’est à l’heure où vous n’y penserez pas que le Fils de l’homme viendra. » Pierre dit alors : « Seigneur, cette parabole s’adresse-t-elle à nous, ou à tout le monde ? » Le Seigneur répond : « Quel est donc l’intendant fidèle et sensé à qui le maître confiera la charge de ses domestiques pour leur donner, en temps voulu, leur part de blé ? Heureux serviteur, que son maître, en arrivant, trouvera à son travail. Vraiment, je vous le déclare : il lui confiera la charge de tous ses biens. Mais si le même serviteur se dit : ‘Mon maître tarde à venir’, et s’il se met à frapper serviteurs et servantes, à manger, à boire et à s’enivrer, son maître viendra le jour où il ne l’attend pas et à l’heure qu’il n’a pas prévue ; il se séparera de lui et le mettra parmi les infidèles. Le serviteur qui, connaissant la volonté de son maître, n’a pourtant rien préparé, ni accompli cette volonté, recevra un grand nombre de coups. Mais celui qui ne la connaissait pas, et qui a mérité des coups pour sa conduite, n’en recevra qu’un petit nombre. À qui l’on a beaucoup donné, on demandera beaucoup ; à qui l’on a beaucoup confié, on réclamera davantage. »

1ère lecture : Dieu vient la nuit sauver son peuple (Sagesse 18, 6-9)
La nuit de la délivrance pascale avait été connue d’avance par nos Pères ; assurés des promesses auxquelles ils avaient cru, ils étaient dans la joie. Et ton peuple accueillit à la fois le salut des justes et la ruine de leurs ennemis. En même temps que tu frappais nos adversaires, tu nous appelais pour nous donner ta gloire. Dans le secret de leurs maisons, les fidèles descendants des justes offraient un sacrifice, et ils consacrèrent d’un commun accord cette loi divine : que les saints partageraient aussi bien le meilleur que le pire ; et déjà ils entonnaient les chants de louange des Pères. 

Psaume 32, 1.12.18-20.22

R/ Bienheureux le peuple de Dieu !

Criez de joie pour le Seigneur, hommes justes !
Hommes droits, à vous la louange !
Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu,
heureuse la nation qu’il s’est choisie pour domaine !

Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour,
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.

Nous attendons notre vie du Seigneur :
il est pour nous un appui, un bouclier.
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous
comme notre espoir est en toi ! 

2ème lecture : La foi d’Abraham, modèle de la nôtre (Hébreux 11, 1-2.8-19)
Frères, la foi est le moyen de posséder déjà ce qu’on espère, et de connaître des réalités qu’on ne voit pas. Et quand l’Écriture rend témoignage aux anciens, c’est à cause de leur foi. Grâce à la foi, Abraham obéit à l’appel de Dieu : il partit vers un pays qui devait lui être donné comme héritage. Et il partit sans savoir où il allait. Grâce à la foi, il vint séjourner comme étranger dans la Terre promise ; c’est dans un campement qu’il vivait, ainsi qu’Isaac et Jacob, héritiers de la même promesse que lui, car il attendait la cité qui aurait de vraies fondations, celle dont Dieu lui-même est le bâtisseur et l’architecte. Grâce à la foi, Sara, elle aussi, malgré son âge, fut rendue capable d’avoir une descendance parce qu’elle avait pensé que Dieu serait fidèle à sa promesse. C’est pourquoi, d’un seul homme, déjà marqué par la mort, ont pu naître des hommes aussi nombreux que les étoiles dans le ciel et les grains de sable au bord de la mer, que personne ne peut compter. C’est dans la foi qu’ils sont tous morts sans avoir connu la réalisation des promesses ; mais ils l’avaient vue et saluée de loin, affirmant que, sur la terre, ils étaient des étrangers et des voyageurs. Or, parler ainsi, c’est montrer clairement qu’on est à la recherche d’une patrie. S’ils avaient pensé à celle qu’ils avaient quittée, ils auraient eu la possibilité d’y revenir. En fait, ils aspiraient à une patrie meilleure, celle des cieux. Et Dieu n’a pas refusé d’être invoqué comme leur Dieu, puisqu’il leur a préparé une cité céleste. Grâce à la foi, quand il fut soumis à l’épreuve, Abraham offrit Isaac en sacrifice. Et il offrait le fils unique, alors qu’il avait reçu les promesses et entendu cette parole : C’est d’Isaac que naîtra une descendance qui portera ton nom.  Il pensait en effet que Dieu peut aller jusqu’à ressusciter les morts : c’est pourquoi son fils lui fut rendu ; et c’était prophétique.

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Commentaire du 11 août 2013 (157e) – 19e dimanche du temps ordinaire (année C – Saint Luc)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

L’éveil et le service font déjà advenir le Royaume de Dieu

Le père Guylain Prince, ofm

Nous nous retrouvons cette semaine, nous sommes revenus dans les beaux jardins de Notre-Dame-du-Cap, un des rares temps un peu tranquille de cette semaine complètement folle, car comme vous le savez le Festival de l’Assomption du 7 août 15 août, cette année, l’édition 2013, et aussi, chose assez inhabituelle, je me trouve à faire l’homélie avec vous du 11 août, alors que je serai le prédicateur ici au cours de ce festival. Donc je pense que c’est la 6e ou 7e journée avec de très gros événements, concerts et tout, et j’aurai même l’occasion de présider une célébration avec une chorale, ce qui fait que ça fera quelque chose d’assez unique ici, à l’extérieur, un petit peu plus loin.

En attendant nous arrivons donc au beau milieu, vers la fin de l’été avec un texte qui est très beau et qui nous situe dès le départ – l’Évangile de cette semaine – devant le don immense du Royaume. Et ce don-là a pour conséquence de devenir une invitation à devenir serviteurs du Royaume. C’est un texte d’exhortation qui nous invite à rester éveillés, rester en tenue de service. Le mot ‘serviteur’ est un petit peu la clef de ce qui se déroule tout au long du texte. Ce qui est très intéressant, c’est que le texte qui nous est proposé en deuxième lecture, l’épître aux Hébreux, qui a une envergure spectaculaire. Je ne sais pas si vous êtes familiers de l’épître aux Hébreux parce qu’il faut l’avouer, ce n’est pas un texte qui est immédiatement accessible.

L’épître aux Hébreux c’est une lettre où un chrétien de religion juive, qui connaît vraiment très bien cette religion, fait une nouvelle synthèse de toute l’histoire du salut à la lumière de la passion et de la résurrection du Christ. Et il intègre d’une façon absolument brillante le meilleur de la foi juive en situant le Christ au cœur de l’appel ‘au pèlerinage’, puisque le texte nous dit dès le départ : « C’est par Lui que Dieu a entreprit de parler à l’humanité par le biais des prophètes. Voici qu’en ces temps qui sont les derniers il parle à travers son Fils » et il positionne le Fils dans les versets qui suivent au tout début de l’épître aux Hébreux, au-dessus des anges, de tous les êtres célestes, devenant la plus grande figure spirituelle qui a été accessible par les yeux et par les oreilles des êtres humains. Donc, ce Fils de Dieu est parmi nous le plus grand et déjà il indiquait la direction où toute l’histoire d’Israël pointait et c’est comme ça qu’arrive le texte que nous avons qui est fabuleux lorsqu’il est question d’Abraham qui arrive dans ce monde comme un chercheur de Dieu, mais un chercheur de la terre de Dieu. C’est très intéressant que dans ce texte-là il se trouve une espèce de cohérence de fond entre le fait de se déplacer physiquement pour la Terre Promise avec une recherche intérieure qui est celle de Dieu Lui-même. Lui va parler de la patrie céleste pour dire qu’Abraham, même quand il cherchait la Terre Promise ne cherchait pas une terre promise uniquement matérielle. Il cherchait une Terre Promise où Dieu lui-même se rendait présent à son peuple. C’est le lieu de la Présence. Et le lieu de la Présence qu’Abraham cherchait, bien sûr cela a pris les traits de la terre de Canaan qui est devenue plus tard la terre des douze tribus, la terre d’Israël, etc… mais dans le Christ, quand on relit l’expérience d’Abraham on constate que c’est la confiance qu’il a mise en Dieu qui est la clé. Et donc l’épître aux Hébreux va dire que ce n’est pas seulement parce qu’il était observateur de la Loi mais plutôt parce qu’il avait la foi. Et l’auteur de l’épître aux Hébreux va continuer en relisant toutes les grandes figures bibliques à la lumière, non pas de l’application de la Loi, mais bien dans la confiance qu’ils ont manifestée en un Dieu. Si bien que l’application de la Loi devient une réponse confiante en Dieu, le Dieu qui est venu marcher parmi nous et qui nous a indiqué une terre où il était présent. Et c’est ça le lien qui est très beau, avec le texte de l’Évangile de cette semaine. Il y a non plus une terre qui nous est donnée mais un Royaume qui nous est donné, d’entrée de jeu, dès les premiers versets du texte que nous avons cette semaine, et par conséquent, cette terre, ce royaume qui nous est donné enclenche chez le croyant une vigilance et un sens du service qui ne devrait pas se laisser détourner. On voit à ce moment-là que ce qui caractérise le disciple c’est l’éveil, celui qui ne s’endort pas, celui qui est capable d’attendre, peu importe les circonstances. Car de fait, dans l’histoire du peuple de Dieu certaines circonstances historiques ont faites que le peuple s’est endormi au niveau spirituel.

On peut penser lorsque David réussit à unifier le Peuple de Dieu sous un seul royaume, lorsqu’Israël se sent en sécurité et protégé, il a peut-être eu tendance au niveau spirituel à s’endormir. Et c’est pour ça qu’on va revoir cet espèce de thématique que l’exil va finalement réveiller un peuple endormi, même si ce n’est pas souhaitable que cela passe par des événements aussi durs, aussi drastiques. Dans le cas de Jésus, il y a vraiment un appel à rester réveillé quel que soit les circonstances extérieures car beaucoup de choses peuvent faire que, par exemple, un délai inattendu, les choses qui ne tournent pas comme nous le souhaitons, peut entraîner une démission du disciple de Dieu, du disciple du Christ. Jésus dit : ‘peu importe les circonstances, restez vigilants, restez éveillés, restez alerte, et cette vigilance, elle s’exprime pour peu de choses mais elle donne accès à l’éveil permanent où la rencontre permanente de la Présence de Dieu. « Tu as été fidèle en peu de choses, maintenant, de beaucoup plus grandes maintenant qui te seront confiées ».

La deuxième conséquence, c’est l’attitude avec laquelle on fait cela. On emploie dans le langage courant parfois « la fin justifie les moyens ». Il n’y a rien de plus faux pour Jésus. Ça c’est absolument faut. Ce n’est pas parce que notre horizon est clair et qu’on marche vers cet horizon qu’on peut prendre n’importe lequel moyen pour y aller. En fait l’attitude du serviteur qui a vraiment compris ce qui lui a été légué, ce n’est pas seulement un horizon qu’il a, c’est une manière de faire qui correspond à la manière de faire du Christ lui-même. Si bien que, on va parler en langage courant, les moyens sont déjà marqués par le Royaume qui s’en vient. La façon de faire, la façon d’agir dans le monde marquent déjà la présence du Royaume si bien que la personne, le croyant, la croyante qui suit Jésus va faire apparaître le Royaume dès maintenant par son comportement, par sa manière d’être, par son attitude de serviteur vigilant.

Ce qui veut dire qu’il y a quelque chose de magnifique dans l’approche chrétienne telle qu’enseignée par Jésus pour nous dire que la vision lointaine oriente dès maintenant le rayonnement de cela dans notre monde. Et ça c’est beau. Cela veut dire que tout ce que nous sommes, tout ce que nous faisons, notre vie quotidienne, tout cela peut véritablement faire rayonner l’éternité en ce monde, peut faire rayonner véritablement le Royaume en ce monde. Il n’y a pas nécessairement une si grande marche entre la vie présente et la vie future si nous vivons déjà du Royaume qui est présent dans l’Esprit, dans une Église vivante, une vie chrétienne alerte, vigilante, vivante; en fait nous vivons déjà comme dit saint Jean, de la vie avec l’Éternel. Tout cela pour vous dire qu’on se trouve en face d’une vision très terrestre mais très profonde de la vie chrétienne. Et par le biais de tous ces beaux témoins que l’histoire de la première alliance nous a donnés, on est des pèlerins sur cette terre et que notre vision peut être très large, nos engagements peuvent être modestes mais ils sont profonds dans le Christ. Amen !

Évangile : Luc 12, 32-48 

1ère lecture : Sagesse 18, 6-9

Psaume 32, 1.12.18-29.22

2e lecture : Hébreux 11, 1-2. 8-19

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