Commentaire du 9 octobre 2011 / Pierre Desroches (57e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, montage et musique.

« La Parole nous projette dans une ouverture / Nous sommes créés pour une vie de résurrection et non de deuil / Si on entre dans la plainte, on n’est plus capable de se donner / Voulons-nous que notre humanité soit épousée par Dieu ? / Vouloir entrer dans l’abondance que Dieu nous prépare / Les épreuves qui, loin de nous détruire, nous réveillent. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) :  http://aelf.org/?date_my=09/10/2011

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Évangile : Parabole des invités au festin (Matthieu 22, 1-14)
Jésus disait en paraboles : « Le Royaume des cieux est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils. Il envoya ses serviteurs pour appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir. Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités : ‘Voilà : mon repas est prêt, mes boeufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez au repas de noce.’ Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ; les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent. Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et brûla leur ville. Alors il dit à ses serviteurs : ‘Le repas de noce est prêt, mais les invités n’en étaient pas dignes. Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous rencontrerez, invitez-les au repas de noce.’ Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils rencontrèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives. Le roi entra pour voir les convives. Il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce, et lui dit : ‘Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ?’ L’autre garda le silence. Alors le roi dit aux serviteurs : ‘Jetez-le, pieds et poings liés, dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents.’ Certes, la multitude des hommes est appelée, mais les élus sont peu nombreux. » 

!ère lecture : Le festin messianique (Isaïe 25, 6-9)
Ce jour-là, le Seigneur, Dieu de l’univers, préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés. Il enlèvera le voile de deuil qui enveloppait tous les peuples et le linceul qui couvrait toutes les nations. Il détruira la mort pour toujours. Le Seigneur essuiera les larmes sur tous les visages, et par toute la terre il effacera l’humiliation de son peuple ; c’est lui qui l’a promis. Et ce jour-là, on dira : « Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés ; c’est lui le Seigneur, en lui nous espérions ; exultons, réjouissons-nous : il nous a sauvés ! »

Psaume 22, 1-6

R/ Près de toi, Seigneur, sans fin nous vivrons.

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

2ème lecture : La vraie richesse dans le Christ (Philippiens 4, 12-14, 19-20)
Frères, je sais vivre de peu, je sais aussi avoir tout ce qu’il me faut. Être rassasié et avoir faim, avoir tout ce qu’il me faut et manquer de tout, j’ai appris cela de toutes les façons. Je peux tout supporter avec celui qui me donne la force. Cependant, vous avez bien fait de m’aider tous ensemble quand j’étais dans la gêne. Et mon Dieu subviendra magnifiquement à tous vos besoins selon sa richesse, dans le Christ Jésus. Gloire à Dieu notre Père pour les siècles des siècles. Amen.

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Commentaire du 9 octobre 2011 (57è) – 28e dimanche du temps ordinaire (année A)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Le vêtement de noce : indispensable pour l’entrée dans le Royaume

L’abbé Pierre Desroches

Alors mes amis on se retrouve pour nous arrêter sur la Parole de Dieu ou laisser la Parole de Dieu nous arrêter. Aujourd’hui c’est le Seigneur qui  « prépare  pour tous les peuples,  sur sa montagne un festin de viandes grasses et devins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés. Je suis habitué des repas, vous avez dû vous en apercevoir. Souvent, je me retrouve autour de repas de fête. Il y en a plusieurs que j’organise moi-même et il y en a plusieurs où je suis invité. Ce qui me rejoint beaucoup dans cette image, c’est pour tous les peuples. On aimerait toujours que ce soit pour notre peuple. On est toujours porté à vouloir centrer les choses sur nous-mêmes et sur nos semblables. Et la Parole, constamment nous ouvre, elle nous projette dans une ouverture. Puis c’est sûr, quand à Montréal je lis ça « il a fait un repas pour tous les peuples », ça veut dire que la bonne nouvelle que je porte je n’ai pas à me soucier si j’ai à l’adresser à une catégorie de personnes ou à une autre, cette bonne nouvelle elle est pour tous. C’est la façon de l’annoncer, c’est la façon de la présenter qui peut être modifiée dépendant si les êtres ont un long cheminement dans les racines chrétiennes qui sont semblables aux miennes ou s’ils ont une autre expérience de Dieu qui ont une sensibilité que j’ai à accueillir, moi, et puis à découvrir, puis à révéler celle qui est la mienne pour qu’on se retrouve, non pas comme des ennemis, mais qu’on se retrouve comme des frères d’un Dieu unique qui nous aime tous.

Alors, cette promesse que le Seigneur nous fait, c’est d’essuyer toutes nos larmes, essuyer toutes nos peines. Le Seigneur ne nous a pas créés pour qu’on vive une vie de deuil mais qu’on vive une vie de résurrection, qu’on puisse vaincre les tristesses et celui qui veut en premier nous consoler c’est Lui-même.  C’est extraordinaire qu’un Dieu nous offre une telle intimité, une telle paternité, parce que c’est à sa table qu’il veut nous recevoir et c’est dans la réalité de ce que l’on porte parfois qui est un peu lourde, qu’Il veut nous apprendre à avoir un cœur léger et un cœur qui se réjouit d’un amour qui vient s’offrir chez Lui, tout près de Lui dans ces moments d’intimité que peut être le repas.

Notre ami Paul, cette semaine qu’on va retrouver encore. « Frères, je sais vivre de peu, je sais aussi avoir tout ce qu’il me faut. » Paul n’est pas un homme qui sombre dans la culpabilité, il est capable d’avoir très peu et il va être heureux et en mesure de faire sa mission parce qu’il va partir, non pas de ses ressources matérielles, mais qu’il va partir du Seigneur qui est toujours la grande ressource. Mais je sais aussi avoir tout ce qu’il me faut. C’est-à-dire qu’il est capable dans la richesse de ne pas se perdre et de ne pas perdre l’objectif du sens même de sa vie, de ce feu qui brûle en lui de vouloir faire connaître Celui qui s’est révélé à lui, personnellement. « Je peux tout supporter avec Celui qui me donne la force. »  Je pense que c’est la disposition que ça prend pour  devenir vraiment un Apôtre parce que la réalité n’est jamais comme on la désirerait et si on rentre dans le murmure et la plainte on n’est plus capable de se livrer, de se donner, puis on n’est plus capable non plus d’annoncer Celui qui s’est dépossédé complètement pour que nous on puisse connaître cet amour.

Et dans l’Évangile qui va encore nous parler cette semaine, qui veut nous faire saisir c’est quoi le Royaume des cieux, on va nous dire « qu’il est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils. ». C’est un mot que j’aime bien, les noces, les épousailles. Dieu veut épouser notre humanité. Est-ce que nous on veut que notre humanité soit épousée par Dieu ? Et Dieu, dans cette parabole va nous parler des noces du fils. On peut penser à Jésus mais on peut penser aussi à chacun de nous. Alors il envoie ses serviteurs pour appeler les invités de la noce, mais personne ne veut vraiment y aller. « Mon repas est prêt, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgées ; tout est prêt pour le repas de noce. » Il est là, une abondance. Est-ce qu’on va vivre dans la disette ou si on va entrer dans cette abondance que Dieu nous prépare, et que Dieu veut pour nous, et qu’il veut partager avec nous. Mais ils n’en tiennent pas compte. Un va au champ, l’autre son commerce. Alors on comprend que leur préoccupation personnelle a beaucoup plus d’importance que le regard qu’ils ont sur Dieu. On sait que bien  souvent dans la vie, quand tout semble bien aller, on n’a pas beaucoup l’impression qu’on a besoin d’un être plus grand que nous. Mais lorsque les épreuves viennent nous déposséder ce peut être des moments où on se réveille. Alors, loin de nous détruire, ils nous réveillent. Celui qui a un sens de Dieu va être plus en position pour être réveillé que pour être détruit.

Dans cette parabole, il envoie ses serviteurs, on maltraite les uns, on tue les autres. Il se met en colère, envoie ses troupes, fait périr les meurtriers et brûle leur ville. On peut dire, mon Dieu il est donc violent. Quel est donc ce Dieu de la destruction ? Moi je pense que les cités du mal sont nécessairement appelées à se détruire et à disparaître parce que, ce qui est appelé à l’éternité ce n’est pas ce qui est mal mais ce qui est bien. Ce n’est pas Dieu comme tel qui détruit, c’est la destruction qui était en place qui n’a pas laissé de possibilité de fondation, d’assise. C’est un univers replié sur lui-même, un univers fermé. Alors, il ne peut pas y avoir d’ouverture sur l’avenir. Et il dit à ses serviteurs : va partout sur les places, entre les gens dans ma maison pour qu’ils puissent profiter du repas de noce. On voit ce mouvement qui lui, se continue. Ce n’est pas parce que certains n’ont pas été capables de répondre à l’invitation de la noce que la noce n’aura pas lieu. La noce va avoir lieu et il fait trouver un peu partout les serviteurs qui vont venir. Et quand il entre – c’est le bout qui nous interpelle le plus – et qu’il en trouve un sans le vêtement de noce, il le fait jeter dehors. On ne comprend pas, on nous dit : « Tu l’as invité ». C’est quoi le fameux vêtement de noce ? Le vêtement de noce c’est d’être habillé du Christ, c’est être revêtu de la lumière de la résurrection, et que pour être épousé, pour épouser cette dimension, il faut avoir cette ouverture qui va nous être donnée. C’est Lui-même qui nous la donne. La Parole veut nous interpeler surtout et nous interroger à savoir si nous nous contentons d’avoir été baptisés ou si on accepte d’être un baptisé et de pouvoir à ce moment-là se déposséder, se livrer à la manière de Jésus dans une confiance au Père. Ce n’est pas par nous que la mort va être vaincue mais par Lui. Et d’être dans cette joie des épousailles de Celui qui nous aime maintenant et pour l’éternité.

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