Commentaire du 9 juin 2013 / Guylain Prince (8e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Guylain Prince est franciscain et bibliste résidant à Trois-Rivières. Il a été ordonné prêtre en 2002. En plus de conférences, retraites et formations diverses fondées sur les Écritures, il présente des concerts avec les ensemble vocaux de type Gospel qu’il dirige à Joliette et Trois-Rivières.

– Gino Fillion : caméra, montage visuel et arrangements musicaux sur la chanson PAR-DELÀ LES FRONTIÈRES sur l’album PAR-DELÀ LES FRONTIÈRES disponible sur : http://www.maisonintercd.com

« Une scène où Jésus prend l’initiative de la résurrection d’un enfant / Jésus est celui qui redresse et rend présent / Les résurrections de Jésus amènent les autorités juives à prendre position / Jésus est toujours en lutte contre la culture de la mort et du mal. »

– Références bibliques : http://aelf.org/

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Évangile : Jésus rend la vie au fils de la veuve de Naïm (Luc 7, 11-17)
Jésus se rendait dans une ville appelée Naïm. Ses disciples faisaient route avec lui, ainsi qu’une grande foule. Il arriva près de la porte de la ville au moment où l’on transportait un mort pour l’enterrer ; c’était un fils unique, et sa mère était veuve. Une foule considérable accompagnait cette femme. En la voyant, le Seigneur fut saisi de pitié pour elle, et lui dit : « Ne pleure pas. »  Il s’avança et toucha la civière ; les porteurs s’arrêtèrent, et Jésus dit : « Jeune homme, je te l’ordonne, lève-toi. » Alors le mort se redressa, s’assit et se mit à parler. Et Jésus le rendit à sa mère. La crainte s’empara de tous, et ils rendaient gloire à Dieu : « Un grand prophète s’est levé parmi nous, et Dieu a visité son peuple. » Et cette parole se répandit dans toute la Judée et dans les pays voisins. 

1ère lecture : À la prière d’Élie, Dieu rend la vie au fils d’une veuve (1 Rois 17, 17-24)
Après cela, le fils de la femme chez qui habitait Élie tomba malade ; le mal fut si violent que l’enfant expira. Alors la femme dit à Élie : « Qu’est-ce que tu fais ici, homme de Dieu ? Tu es venu chez moi pour rappeler mes fautes et faire mourir mon fils ! » Élie répondit : « Donne-moi ton fils ! » Il le prit des bras de sa mère, le porta dans sa chambre en haut de la maison et l’étendit sur son lit. Puis il invoqua le Seigneur : « Seigneur, mon Dieu, cette veuve chez qui je loge, lui veux-tu du mal jusqu’à faire mourir son fils ? » Par trois fois, il s’étendit sur l’enfant en invoquant le Seigneur : « Seigneur, mon Dieu, je t’en supplie, rends la vie à cet enfant ! » Le Seigneur entendit la prière d’Élie ; le souffle de l’enfant revint en lui : il était vivant ! Élie prit alors l’enfant, de sa chambre il le descendit dans la maison, le remit à sa mère et dit : « Regarde, ton fils est vivant ! » La femme lui répondit : « Maintenant je sais que tu es un homme de Dieu, et que, dans ta bouche, la parole du Seigneur est véridique. » 

Psaume 29, 3-6.12-13

R/ Je t’exalte, Seigneur, toi qui me relèves.

Quand j’ai crié vers toi, Seigneur,
mon Dieu, tu m’as guéri ;
Seigneur, tu m’as fait remonter de l’abîme
et revivre quand je descendais à la fosse.

Fêtez le Seigneur, vous, ses fidèles,
rendez grâce en rappelant son nom très saint.
Sa colère ne dure qu’un instant,
sa bonté, toute la vie.

Avec le soir, viennent les larmes,
mais au matin, les cris de joie !
Tu as changé mon deuil en une danse,
mes habits funèbres en parure de joie !

Que mon cœur ne se taise pas,
qu’il soit en fête pour toi,
et que sans fin, Seigneur, mon Dieu,
je te rende grâce !

2ème lecture : L’Évangile de Paul n’est pas une invention humaine (Galates 1, 11-19)
Frères, il faut que vous le sachiez, l’Évangile que je proclame n’est pas une invention humaine. Ce n’est pas non plus un homme qui me l’a transmis ou enseigné : mon Évangile vient d’une révélation de Jésus Christ. Vous avez certainement entendu parler de l’activité que j’avais dans le judaïsme : je menais une persécution effrénée contre l’Église de Dieu, et je cherchais à la détruire. J’allais plus loin dans le judaïsme que la plupart des gens de mon peuple qui avaient mon âge, et, plus que les autres, je défendais avec une ardeur jalouse les traditions de mes pères. Mais Dieu m’avait mis à part dès le sein de ma mère, dans sa grâce il m’avait appelé, et, un jour, il a trouvé bon de mettre en moi la révélation de son Fils, pour que moi, je l’annonce parmi les nations païennes. Aussitôt, sans prendre l’avis de personne, sans même monter à Jérusalem pour y rencontrer ceux qui étaient Apôtres avant moi, je suis parti pour l’Arabie ; de là, je suis revenu à Damas. Puis, au bout de trois ans, je suis monté à Jérusalem pour faire la connaissance de Pierre, et je suis resté quinze jours avec lui. Je n’ai vu aucun des autres Apôtres sauf Jacques, le frère du Seigneur.

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Commentaire du 9 juin 2013 (148e) – 10e dimanche du temps ordinaire (année C – Saint Luc)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

La guérison du fils de la veuve de Naïm

Le père Guylain Prince, ofm

Encore une fois, ce mois-ci, nous sommes dans les jardins à Notre-Dame-du-Cap, du côté de Trois-Rivières. Dans deux semaines, nous célébrerons ici on pourrait dire, le début de toute la vie spirituelle, des gens qui viennent de loin, le début des pèlerinages. Ça s’est passé en 1888, le 22 juin, donc, en 2013, 125 ans que ça s’est produit ici. Et depuis ce temps-là des gens viennent de partout pour prier Notre Seigneur, bien sûr, pour vivre une intense rencontre avec le Seigneur et c’est devant une des stations du Chemin de croix où Jésus porte sa croix aidé de Simon de Cyrène, se trouve à rencontrer des femmes de Jérusalem qui pleurent sur ce qui lui arrive et à la prochaine station, il sera crucifié.

L’évangile du dimanche qui s’en vient porte sur la résurrection du fils de la veuve de Naïm. Ça fait toute une façon de paraphraser la personne, donc le fils de la veuve de Naïm. Jésus arrive dans un village et il voit un cortège funèbre où se trouve un jeune homme et des pleurs, bien sûr, et surtout une mère qui a perdu selon la loi juive son seul soutien. Elle est désormais sans soutien, elle n’avait pas d’époux, évidemment elle est veuve, et on dit bien que c’est son fils unique qui meurt. La situation pour elle, elle se rend difficile. Bien sûr, elle pleure son fils, mais avec tout le monde elle pleure beaucoup de choses en terme de statut social, en terme du revenu familial, et donc, on assiste à une scène où c’est très rare que c’est Jésus qui prend l’initiative. Je pense, à moins de me tromper, que c’est la seule scène ou l’initiative relève entièrement de Jésus. Le mort ne peut pas souhaiter ressusciter, à être réanimé, la veuve, tout simplement elle pleure avec le cortège, et donc, dans ce cas-ci, c’est la miséricorde, la compassion de Jésus qui s’active, indépendamment du vouloir des gens.

On comprend bien une guérison dans le monde moderne actuel quand quelqu’un aspire être guéri, aspire à cheminer, aspire à rencontrer le Seigneur. C’est plus difficile à comprendre, comme dans ce cas-ci, quand il y a l’initiative de Jésus. Finalement, on réalise que la réanimation du fils de la veuve de Naïm semble être beaucoup plus pour tous ceux qui l’entourent car on voit le jeune homme se redresser, redresser par rapport aux mots qui sont tout de suite utilisés pour le décrire car il est étendu et couché, il se redresse. Il faut savoir que tout ce vocabulaire du coucher, lever, appela, redresser, c’est aussi tout le vocabulaire de la résurrection pour décrire ce qui va se passer avec Jésus mais dans ce cas-ci on parle d’un retour à la vie présente. Il faut que ce soit conscient dans notre esprit, que ça, c’est une réalité très différente de la Résurrection, glorification de Jésus qui passe à un autre mode de vie. Il ne faut pas confondre. Le jeune homme revient dans la vie présente. Il se met à parler. Ce qui était difficile pour la mère et l’assistance, c’est l’absence de présence. Ça aussi, la notion absence, présence est une des façons de décrire la Résurrection de Jésus. Lorsqu’on dit : « Il se tint au milieu d’eux ». En fait, Jésus redresse et rend présent le fils à sa mère, mais aussi à tout le village qui s’attristait de cette situation-là, le texte le dit très bien.

Ce qui est très intéressant au niveau historique dans ce cas-ci, c’est que Jésus en n’ayant – ne serait-ce, on va employer le langage minimal, – qu’il n’y a ait que la réputation d’avoir ressuscité ou  réanimé des cadavres, tout de suite crée un problème dans le peuple juif, parce que pour beaucoup de Juifs le plus grande des prophètes  « Elie », c’est celui qui avait aussi réanimé un cadavre, et donc ça fait faire un parallèle extrêmement percutant entre le plus grand des prophètes d’Israël et Jésus qui réanime. Et ça met donc un relief extraordinaire sur la personne de Jésus. Et même quand on regarde d’un stricte point de vue historique, comment se fait-il que Jésus est très rapidement espionné, observé, que s’organise autour de Lui, se cristallise autour de Lui très rapidement des forces de mal, et, en bout de ligne, ces forces-là vont le tuer ? Eh bien, l’une de ces explications-là,  d’un point de vue strictement historique, c’est de dire ; la réputation qu’a Jésus, d’avoir ressuscité un mort, braque sur Lui des projecteurs. Pour ceux que ça intéresse de pousser plus avant cette réflexion-là, c’est le grand historien, John P. Mayeur qui a écrit « A Marginal Jew ». Il explique tout simplement qu’en braquant sur Jésus par cette réputation d’avoir ressuscité un mort, ça oblige littéralement les autorités juives à réagir. Elles n’ont pas le choix. Elles ne peuvent pas dire voilà : « Jésus a fait cela, on le nie… non, non, » même le texte nous le dit à quelques reprises, entre autres pour l’ami de Jésus, Lazare, que même ceux qui sont contre Jésus ne nient pas sa présence. On pense même de tuer Lazare aussi à l’évidence un témoin manifeste de quelque chose. Ce qui  veut donc dire qu’il prend du relief à cause de cette réputation d’avoir ressuscité des morts et donc les autorités juives n’ont pas le droit de réagir, soit, il est un grand prophète, il est un aussi grand prophète que le plus grand des prophètes Élie, ou alors, il y a quelque chose de faux dans ce qu’il fait et on doit l’éliminer. Il n’y a pas deux choix.

Et là, dans notre vie on peut se poser la question : lorsque nous sommes confrontés à une grande vérité, comment réagissons-nous ? Parce que c’est exactement la question qu’ont dû se poser les autorités juives mais aussi toutes les personnes du village qui ont vu ces choses-là. « Nous n’avons jamais vu de telles choses, n’est-ce pas un très grand prophète qu’il y a parmi nous ? » Et c’est là qu’on voit que les gestes d’éclat de Jésus, c’est ce qu’on appelle les actes de puissance, c’est là qu’on voit que ça pose plus une question que ça apporte une réponse. Ça oblige les gens à répondre à une question de l’identité de Jésus. « Qui est-il »?  Et là devant des gestes comme ça, on ne peut pas ne pas répondre. Il faut vraiment donner réponse à ça parce que dans le peuple juif, dans les Écritures, cette cohérence entre la Parole et l’agir, c’est ce qu’il y a de plus puissant, c’est ce qui prouve la véracité d’un prophète quand Dieu appuie la parole d’un prophète par des événements comme ceux-là. On est alors obligé de dire qu’il a le sceau de Dieu sur son ministère. Il faut savoir que tous ces événements qui arrivent durant son ministère public recevront un sceau final et définitif dans la Résurrection de Jésus.

La Résurrection de Jésus nous oblige à revenir sur tout ce que Jésus a dit et fait pour comprendre que ce n’est plus seulement la Parole d’un mort, c’est la Parole et les gestes d’un éternellement vivant. Et donc, on a inévitablement à se situer, nous, par rapport à l’éternité quand on se situe par rapport à Jésus. Ce qui veut dire que quelque part on a le choix de laisser grandir en nous, oui ou non, l’éternité promise de Jésus, ou si vous voulez la vie divine qu’il veut nous transmettre par la Résurrection mais aussi par la Pentecôte que nous venons juste de célébrer il y a quelques semaines.

La vie divine vient prendre en nous la place à partir du moment où on a une relation personnelle avec Jésus et à partir du moment où on accepte cette présence vivifiante de l’Esprit qui vient déposer en nous la vie divine. C’est remarquable, les moyens qu’a Jésus, ses guérisons exceptionnelles, les différentes choses qu’il a faites. Parfois, nous on regarde ça et on se dit : ça ne nous concerne pas. On a l’impression qu’on est un peu à côté de la plaque. Les moyens qu’a Jésus sont les siens et ils pointent en une direction et cette direction c’est la compassion et la lutte contre la mort, la maladie, le mal. Et ça, peu importe les moyens que l’on a – parfois on a l’impression que nous sommes petits et faibles – peu importe les moyens que l’on a on peut faire ça par la Parole et l’action. On peut faire reculer le mal, on peut faire avancer la vérité, on peut faire reculer la mort, la culture de la mort, et tout cela ça appartient à notre vie. Quand on fait ça on ressemble à notre Maître qui a véritablement libéré la vie dans les plus grandes situations de mort connues hier et aujourd’hui. Alors avec Lui, n’hésitons pas à faire reculer la mort et le mal. Amen.

Évangile : Luc 7, 11-17

1ère lecture : 1 Rois 17, 17-24

Psaume 29, 3-6.12-13

2e lecture : Galates 1, 11-19

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