Commentaire du 8 avril 2012 / Pierre Desroches (85e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.

Comédiens :
ANNE-SYLVIE GOSSELIN – narratrice
JEAN-CHRISTOPHE LEBOUCHER – l’ange 

Réalisation : GINO FILLION – direction des comédiens, voix additionnelles, composition de la musique, montage sonore et visuel.

Texte – 4 évangiles en 1 récit :
À partir de la version de l’AELF, adaptation réalisée par Gino Fillion avec la supervision finale de Réjean Vautour, théologien. http://www.aelf.org

« Une consommation gratuite avec Dieu / Un Seigneur qui ne se cache pas / La Parole de Dieu ne peut être sans effet, sans que Dieu accomplisse sa mission / Plonger nos petites morts dans celle du Christ / Il y a quelque chose d’irrémédiablement transformée depuis la venue du Christ / La signification symbolique de la couleur blanche. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=08/04/2012

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Évangile : L’ange annonce aux femmes que le Christ est vivant (Marc 16, 1-8)

Le sabbat terminé, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques, et Salomé achetèrent des parfums pour aller embaumer le corps de Jésus. De grand matin, le premier jour de la semaine, elles se rendent au sépulcre au lever du soleil. Elles se disaient entre elles : « Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? » Au premier regard, elles s’aperçoivent qu’on a roulé la pierre, qui était pourtant très grande. En entrant dans le tombeau, elles virent, assis à droite, un jeune homme vêtu de blanc. Elles furent saisies de peur. Mais il leur dit : « N’ayez pas peur ! Vous cherchez Jésus de Nazareth, le Crucifié ? Il est ressuscité : il n’est pas ici. Voici l’endroit où on l’avait déposé. Et maintenant, allez dire à ses disciples et à Pierre : ‘Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez, comme il vous l’a dit.’ » Elles sortirent et s’enfuirent du tombeau, parce qu’elles étaient toutes tremblantes et hors d’elles-mêmes. Elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur. 

5ème lecture : Le mystère de l’eau et de la parole (Isaïe 55, 1-11)
Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent et sans rien payer. Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi donc : mangez de bonnes choses, régalez-vous de viandes savoureuses ! Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Écoutez, et vous vivrez. Je ferai avec vous une Alliance éternelle, qui confirmera ma bienveillance envers David. Lui, j’en ai fait un témoin pour les nations, un guide et un chef pour les peuples. Et toi, tu appelleras une nation que tu ne connais pas, et une nation qui t’ignore accourra vers toi, à cause du Seigneur ton Dieu, à cause de Dieu, le Saint d’Israël, qui fait ta splendeur. Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver. Invoquez-le tant qu’il est proche. Que le méchant abandonne son chemin, et l’homme pervers, ses pensées ! Qu’il revienne vers le Seigneur qui aura pitié de lui, vers notre Dieu qui est riche en pardon. Car mes pensées ne sont pas vos pensées, et mes chemins ne sont pas vos chemins, déclare le Seigneur. Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus des vôtres, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre, sans l’avoir fécondée et l’avoir fait germer, pour donner la semence au semeur et le pain à celui qui mange ; ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce que je veux, sans avoir accompli sa mission. 

Psaume 117, 1, 4, 16-17,  22-23

R/ Alléluia, alléuia, alléluia

Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !

Le bras du Seigneur se lève,
le bras du Seigneur est fort ! »
Non, je ne mourrai pas, je vivrai
pour annoncer les actions du Seigneur.

La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux. 

Épître : Le Baptême nous donne la vie nouvelle du Christ mort et ressuscité (Romains 6, 3b-11)
Frères, nous tous, qui avons été baptisés en Jésus Christ, c’est dans sa mort que nous avons été baptisés. Si, par le baptême dans sa mort, nous avons été mis au tombeau avec lui, c’est pour que nous menions une vie nouvelle, nous aussi, de même que le Christ, par la toute-puissance du Père, est ressuscité d’entre les morts. Car, si nous sommes déjà en communion avec lui par une mort qui ressemble à la sienne, nous le serons encore par une résurrection qui ressemblera à la sienne. Nous le savons : l’homme ancien qui est en nous a été fixé à la croix avec lui pour que cet être de péché soit réduit à l’impuissance, et qu’ainsi nous ne soyons plus esclaves du péché. Car celui qui est mort est affranchi du péché. Et si nous sommes passés par la mort avec le Christ, nous croyons que nous vivrons aussi avec lui. Nous le savons en effet : ressuscité d’entre les morts, le Christ ne meurt plus ; sur lui la mort n’a plus aucun pouvoir. Car lui qui est mort, c’est au péché qu’il est mort une fois pour toutes ; lui qui est vivant, c’est pour Dieu qu’il est vivant. De même vous aussi : pensez que vous êtes morts au péché, et vivants pour Dieu en Jésus Christ.

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Commentaire du 8 avril 2012 (85è) – Dimanche de Pâques (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Les femmes au tombeau le matin de Pâques, toutes tremblantes

L’abbé Pierre Desroches

Vous n’êtes pas très habitués de me voir vêtu de mes apparats liturgiques mais aujourd’hui j’ai pensé vous partager un peu de l’expérience de ce qui se vit chaque dimanche dans ces paroisses où je suis curé et où j’ai l’habitude de prêcher de la nef. J’aime bien être proche des gens, les voir et les sentir quand j’adresse la Parole.

Aujourd’hui la première parole que l’on est appelé à recevoir, nous parle d’une  consommation, donc quelque chose qu’on connaît très bien, mais nous parle d’une chose qu’on connaît moins bien, d’une consommation gratuite qui est donnée. « Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent et sans rien payer. »  Toute cette lecture va nous parler effectivement d’une alliance qui vient, qui est une alliance où on n’achète pas, où on est racheté, et où la réalité en est une de gratuité. On va nous dire un peu plus loin dans cette même Parole : « Cherchez le Seigneur tant qu’il se laisse trouver. » Il ne se cache pas, il veut qu’on le trouve. C’est un Seigneur qui désire notre rencontre, « et ses chemins ne sont pas vos chemins. » C’est comme s’il faut qu’on change de direction si on veut vraiment le saisir et en faire l’expérience. C’est ce qu’on dit en d’autres mots : se convertir.

« Autant le ciel est élevé au-dessus de la terre, autant mes chemins sont élevés au-dessus des vôtre, et mes pensées, au-dessus de vos pensées. » Il arrive souvent que nos manières de faire, nos attitudes, nos comportements, nos paroles, nos regards, je pourrais dire qu’ils ne sont pas très élevés, ils sont beaucoup à ras de terre. Et c’est comme si cette parole nous dit que les attitudes, les comportements de Dieu sont d’un tout autre ordre, d’un tout autre niveau. Pour pouvoir y accéder il faut prendre plus le chemin de l’abaissement, la disposition d’un cœur qui reçoit, et d’un homme ou d’une femme qui vont désirer une rencontre avec un univers tout autre. « La pluie et la neige qui descendent des cieux n’y retournent pas sans avoir abreuvé la terre. » La Parole de Dieu ne peut pas être sans effet sur notre sol, dans notre réalité.  Cette Parole va féconder la terre, va la faire germer « pour donner la semence au semeur et le pain à celui qui mange ». On voit tout un cycle qui donne la vie et qui est au service d’une vie perpétuelle qui se continue. « Ainsi ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas vers moi sans effet, sans avoir fait ce que je veux, sans avoir accompli sa mission. » Cette parole elle peut tomber sur tout homme et toute femme de bonne volonté et elle va accomplir l’œuvre de Dieu.

Le second texte va nous parler beaucoup du baptême en Jésus Christ. Et c’est dans sa mort que nous avons été baptisés. Souvent quand je demande aux gens qu’est-ce que symbolise l’eau du baptême, j’ai très peu la réponse qu’elle symbolise la mort du Christ. Par notre baptême on est plongé dans la mort du Christ et cette mort c’est la seule qui a été vaincue. Et lorsque nous plongeons nos petites morts à nous dans cette mort vaincue, on peut avec Lui, faire ce chemin de la mort à la vie. On peut avec Lui ressusciter. On n’est pas plongé dans la mort pour être détruit mais pour ce grand passage et recevoir l’Esprit victorieux, l’Esprit du vainqueur qui est le Christ.

Dans l’Évangile on voit que les femmes, le sabbat terminé, vont se rendre très rapidement pour ensevelir Jésus. Elles ont le parfum et elles  veulent embaumer son corps. « De grand matin, le premier jour de la semaine, elles se rendent au sépulcre au lever du soleil. »  Ce sont toutes des expressions qui nous parlent d’un début. Il y a quelque chose d’irrémédiable qui s’est transformé et qui est changé avec la venue du Christ. Il y a maintenant une nouvelle semaine qui n’est plus celle qu’on a vu dans la Genèse mais qui est une nouvelle semaine de création et il y a une création nouvelle qui est faite en Jésus-Christ. Et elles se disaient entre elles : « Qui nous roulera la pierre pour dégager l’entrée du tombeau ? » Elles sont toutes prises dans leurs rites funéraires et très soucieuses de voir comment elles vont pouvoir rendre ce dernier témoignage à celui qui a été pour elles, très significatif et qui est maintenant mort.

Et tout à coup elles s’aperçoivent que la pierre est roulée. Toute leur inquiétude n’était pas de mise parce que les choses n’étaient pas du tout comme elles le croyaient et comme elles le pensaient. Elles vont entrer dans le tombeau, elles vont voir assis à la droite un jeune homme vêtu de blanc – c’est d’ailleurs tout le sens de l’aube que l’on porte, c’est le vêtement du baptême, c’est la couleur de la résurrection, de la victoire de la vie sur la mort, de la lumière sur les ténèbres, c’est aussi le sens de la robe de mariée, c’est tout enraciné dans le cette symbolique du vêtement qu’on va retrouver dans la Bible à différents moments des récits -, et elles voient ce jeune homme tout vêtu de blanc, donc lumineux, ce jeune homme qui est de la couleur de la résurrection et qui appartient déjà à la résurrection, et elles sont saisies de peur. Elles n’avaient pas peur de la mort, mais elles ont comme peur de l’inconnu, de la vie inattendue, du chemin complètement déroutant de Dieu.

Il leur dit : « N’ayez pas peur ! Vous cherchez Jésus de Nazareth… ? – l’homme de la terre, le Crucifié, l’homme vulnérable qui a souffert – « … il est ressuscité… »  J’aime beaucoup cette progression qui tient compte de toute l’incarnation, qui ne la bannie pas. Et « Il n’est pas ici », il n’est pas dans la mort, il n’est pas dans le tombeau, il n’est pas captif.  « Voici l’endroit où on l’avait déposé. » Ce n’est pas là que Dieu l’a déposé, les hommes l’ont déposé là et ceux qui l’ont fait l’ont fait dans un immense respect en s’affirmant et en risquant leur réputation. « Allez dire à ses disciples et à Pierre : ‘Il vous précède en Galilée. Là vous le verrez comme il vous l’avait  dit.’ » Ce qu’il vous a annoncé est accompli. « Elles sortirent et s’enfuirent du tombeau, parce qu’elles étaient toutes tremblantes et hors d’elles-mêmes. Elles ne dirent rien à personne. » C’est intéressant de voir qu’elles ne sont pas capables de témoigner de la nouvelle tellement elles sont chavirées, tellement elles sont dérangées, mais c’est la bonne nouvelle de Pâques qui va être entendue et que les disciples et les apôtres vont tenir à  ce qu’elle puisse résonner jusqu’à nous. Et aujourd’hui nous célébrons ce grand événement, cette grande fête nouvelle qui nous fait entrer dans cette grande création définitive à laquelle nous appartenons.

Joyeuses Pâques à vous tous !

 

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