Commentaire du 7 octobre 2012 / Pierre Desroches (112e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses Saint-Pierre Claver, Saint-Stanislas de Kostka et de Saint-Enfant-Jésus du Mile-End à Montréal (Québec). Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : composition et interprète de la musique, caméra, mixage et montage visuel.

« Les questions des Pharisiens de l’époque sont toujours actuelles / Un société en panne d’époux et d’épouses et de fidélité / Le mariage est un acte de fondation d’Église / La communion est d’accueillir l’autre tel qu’il est / Une unité construite dans la différence. »

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Évangile : L’indissolubilité du mariage — Les privilèges des petits enfants (Marc 10, 2-16)
Un jour, des pharisiens abordèrent Jésus et pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? » Jésus dit : « Que vous a prescrit Moïse ? » Ils lui répondirent : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. » Jésus répliqua : « C’est en raison de votre endurcissement qu’il a formulé cette loi. Mais, au commencement de la création, il les fit homme et femme. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais ils ne font qu’un. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » De retour à la maison, les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question. Il leur répond : « Celui qui renvoie sa femme pour en épouser une autre est coupable d’adultère envers elle. Si une femme a renvoyé son mari et en épouse un autre, elle est coupable d’adultère. » On présentait à Jésus des enfants pour les lui faire toucher ; mais les disciples les écartèrent vivement. Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi. Ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. » Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains. 

1ère lecture : Origine du mariage (Genèse 2, 18-24)
Au commencement, lorsque le Seigneur Dieu fit la terre et le ciel, il dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra. » Avec de la terre, le Seigneur Dieu façonna toutes les bêtes des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les amena vers l’homme pour voir quels noms il leur donnerait. C’étaient des êtres vivants, et l’homme donna un nom à chacun. L’homme donna donc leurs noms à tous les animaux, aux oiseaux du ciel et à toutes les bêtes des champs. Mais il ne trouva aucune aide qui lui corresponde. Alors le Seigneur Dieu fit tomber sur lui un sommeil mystérieux, et l’homme s’endormit. Le Seigneur Dieu prit de la chair dans son côté, puis il le referma. Avec ce qu’il avait pris à l’homme, il forma une femme et il l’amena vers l’homme. L’homme dit alors : « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! On l’appellera : femme. » À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. 

Psaume 127, 1-6a

R/ Que le Seigneur nous bénisse tous les jours de notre vie !

Heureux qui craint le Seigneur
et marche selon ses voies !
Tu te nourriras du travail de tes mains :
Heureux es-tu ! À toi, le bonheur !

Ta femme sera dans ta maison
comme une vigne généreuse,
et tes fils, autour de la table,
comme des plants d’olivier.

Voilà comment sera béni
l’homme qui craint le Seigneur.
Que le Seigneur te bénisse tous les jours de ta vie,
et tu verras les fils de tes fils. 

2ème lecture : Jésus, notre Sauveur et notre frère (Hébreux 2, 9-11)
Jésus avait été abaissé un peu au-dessous des anges, et maintenant nous le voyons couronné de gloire et d’honneur à cause de sa Passion et de sa mort. Si donc il a fait l’expérience de la mort, c’est, par grâce de Dieu, pour le salut de tous. En effet, puisque le créateur et maître de tout voulait avoir une multitude de fils à conduire jusqu’à la gloire, il était normal qu’il mène à sa perfection, par la souffrance, celui qui est à l’origine du salut de tous. Car Jésus qui sanctifie, et les hommes qui sont sanctifiés, sont de la même race ; et, pour cette raison, il n’a pas honte de les appeler ses frères.

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Commentaire du 7 octobre 2012 (112e) – 27e semaine du Temps Ordinaire (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

« Ne faire plus qu’un » : une expérience de communion et non de fusion

L’abbé Pierre Desroches                               

On est toujours sur les terrains du Foyer de Charité à Sutton, et on a une bonne prise de vue sur l’érablière. Devant moi ce que vous ne voyez pas, il y a, pas très loin, la cabane à sucre qui produit le sirop pour le bien de la maison et de ceux qui viennent vivre la retraite. Cette semaine, on va toucher une question qui est assez cruciale dans notre société, c’est l’indissolubilité du mariage. Ce sont les pharisiens qui vont aborder Jésus pour le mettre à l’épreuve. C’est un sport qu’ils ont beaucoup pratiqué de vouloir mettre Jésus à l’épreuve. Nous en tirons beaucoup de profit parce qu’à cause de leurs questionnements et de toutes leurs attitudes, Jésus a ouvert la bouche et il a répondu dans la vérité à ces êtres qui se questionnaient. On peut dire que ces mêmes questions, on les retrouve beaucoup dans notre monde actuel. Et Jésus ne leur répondait pas avec hargne. Il voulait aussi les ouvrir au mystère du salut et je pense qu’il allait avec beaucoup de pédagogie. Il cherchait, non pas à tomber dans  leurs pièges, mais à faire qu’eux non plus  ne restent pas pris dans ce piège dans lequel ils étaient enfermés.

« Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? » Et là Jésus va les renvoyer à Moïse en leur disant : « Que vous a prescrit Moïse ? Ils lui répondirent : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. Jésus répliqua : « C’est en raison de votre endurcissement qu’il a formulé cette loi. » Jésus renvoie au niveau du cœur. On essaie souvent de légitimer les choses qu’on peut faire par la loi. Je dis que dans notre société nous ne sommes pas tellement en panne de pères et de mères, mais on est beaucoup en panne d’époux et d’épouses. Il y a une réalité qui est éclatée. Il n’y en a pas juste une, mais celle du mariage, celle de la fidélité, celle de savoir qu’il n’y a rien de nos vies, de nos engagements et de nos alliances, qui sont à l’extérieur du grand mystère de la Pâque, et que pour vivre cette Pâque, il faut être capables de descendre dans la mort, mais jamais les premiers, mais de descendre avec le Christ en tête. Se marier, c’est un sport dangereux. Et peu importe les engagements qu’on va choisir de vivre, c’est toujours très exigeant et il y a beaucoup d’écueils, il y a beaucoup d’avenues pour se perdre et très peu d’avenues pour se trouver.

« C’est en raison de l’endurcissement de votre cœur, mais au commencement de la création, il les fit homme et femme. » Ce sont les deux visages de l’humanité  et ces deux visages peuvent être d’une certaine manière complémentaires mais ils demeurent toujours très différents ces visages. C’est dans l’unité de cette différence qu’on va retrouver  l’image de Dieu. « Homme et femme, il les fit à son image et à sa ressemblance. C’est à cause de cela que l’homme quittera son père et sa mère. » On voit déjà que, dans l’expérience conjugale, il y a une expérience de distance, il y a une expérience de quitter, de sortir de la maison. L’être humain ou l’enfant n’a pas été envoyé pour ses parents. Il a été envoyé pour le Royaume, il a été envoyé pour quitter et établir lui-même une famille domestique comme le dit Jean-Paul II. Se marier à l’église, c’est un geste très paulinien. Saint Paul est un de ceux qui a fondé le plus de communautés. Il y a dans le mariage chrétien, un acte de fondation et de fondation d’Église, au même titre que Paul a fait en fondant les communautés d’Éphèse, et qui va appeler les époux qui sont les ministres du sacrement de mariage, à devenir des ministres conjugaux et parentaux. Au cœur de cette expérience très ecclésiale, très humaine et très fondamentale, ils sont  appelés à se bâtir dans l’amour et à laisser la place au Seul qui est vraiment amour qui est Dieu, à faire l’impossible pour l’homme mais qui n’est pas impossible pour Dieu, à faire que deux humains deviennent capables d’amour. C’est pour cela que l’homme va quitter.  Il n’est pas appelé à faire cette réalité-là avec son premier milieu, son milieu d’origine, il est appelé à un milieu que lui-même va fonder et qui va être autre.

Alors il dit : «  l’homme va s’attacher à sa femme et tous deux ne feront plus qu’un. » Vous savez que pour s’attacher à sa femme ou  s’attacher à son mari, il faut renoncer à nos propres familles. Moi je dis souvent aux jeunes couples quand ils se rencontrent; ça leur fait tellement de bien que l’autre ne ressemble pas et qu’il ne soit pas une copie identique, de ce à quoi ils ont grandi toute leur vie. C’est un vent de fraîcheur arrive et un vent de bien-être, mais au bout de quelques années, il y a une espèce de nostalgie de nos origines et on voudrait retrouver dans l’autre ce qu’on a quitté. Alors l’homme doit quitter son père et sa mère, il doit s’affranchir, il doit se distancer et « ainsi, ils ne seront plus deux, mais ils seront un. » C’est toute la différence entre la fusion et la communion. Vouloir se trouver dans l’autre, ce n’est pas aimer l’autre, c’est se chercher, mais entrer dans la communion, c’est accueillir l’autre tel qu’il est, et être accueilli par l’autre tel qu’il est, pour sortir de cette forme de fusion qui engendre toujours  la confusion, pour entrer vraiment avec la grâce de Dieu et la force de Dieu, dans cette unité qui va vraiment bâtir l’homme, parce que la première unité qu’on a à bâtir est avec nous-même parce qu’on est déjà divisé en nous-même. Et je pense que c’est le grand service que l’appel conjugal va faire, c’est d’apprendre à bâtir cette unité et une unité qui va être construite dans la différence et dans la reconnaissance de l’autre en tant que différent, et qui va faire que dans cette unité on va devenir un signe très évident de l’amour de Dieu parce que Lui qui est Père, Fils et Esprit, est un Père, Fils et Esprit et une seule divinité. On va prier pour ces expériences qui souvent, dans notre monde, tourne en souffrances, en blessures et qui laissent des enfants un peu à la recherche de ce qu’ils ont vraiment besoin pour grandir et devenir eux-mêmes une unité d’amour qui les accompagne et qui les appelle à grandir.

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