Commentaire du 7 avril 2013 / Pierre Desroches (131e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses Saint-Pierre Claver, Saint-Stanislas de Kostka et de Saint-Enfant-Jésus du Mile-End à Montréal (Québec). Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.

– Gino Fillion : composition et interprète de la musique, caméra, mixage et montage visuel.

« La qualité de l’amour et de l’accueil de la première communauté / Laisser passer Dieu à travers nous comme Pierre l’a fait / Avoir une conscience du présent et une vision de l’avenir / Nos portes fermées qui n’empêchent pas Jésus d’être présent / Une paix de Jésus qui ne nie pas le réel : ses mains sont transpercées. »

– Références bibliques : http://aelf.org/

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Évangile : Apparition du Christ huit jours après Pâques (Jean 20, 19-31)
C’était après la mort de Jésus, le soir du premier jour de la semaine. Les disciples avaient verrouillé les portes du lieu où ils étaient, car ils avaient peur des Juifs. Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. Tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis ; tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. » Or, l’un des Douze, Thomas (dont le nom signifie : Jumeau) n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Thomas lui dit alors : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. » Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas mis par écrit dans ce livre. Mais ceux-là y ont été mis afin que vous croyiez que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu, et afin que, par votre foi, vous ayez la vie en son nom. 

1ère lecture : La communauté des premiers chrétiens (Actes 5, 12-16)
À Jérusalem, par les mains des Apôtres, beaucoup de signes et de prodiges se réalisaient dans le peuple. Tous les croyants, d’un seul cœur, se tenaient sous la colonnade de Salomon. Personne d’autre n’osait se joindre à eux ; cependant tout le peuple faisait leur éloge, et des hommes et des femmes de plus en plus nombreux adhéraient au Seigneur par la foi. On allait jusqu’à sortir les malades sur les places, en les mettant sur des lits et des brancards : ainsi, quand Pierre passerait, il toucherait l’un ou l’autre de son ombre. Et même, une foule venue des villages voisins de Jérusalem amenait des gens malades ou tourmentés par des esprits mauvais. Et tous, ils étaient guéris.

Psaume 117, 1.4, 22-27a.29

R/ Éternel est son amour !

Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !

La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.

Voici le jour que fit le Seigneur,
qu’il soit pour nous jour de fête et de joie !
Donne, Seigneur, donne le salut !
Donne, Seigneur, donne la victoire !

Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient !
Dieu, le Seigneur, nous illumine.
Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !

2ème lecture : « Je suis le Vivant : écris ce que tu vois » (Apocalypse 1, 9-11a.12-13.17-19)
Moi, Jean, votre frère et compagnon dans la persécution, la royauté et l’endurance avec Jésus, je me trouvais dans l’île de Patmos à cause de la parole de Dieu et du témoignage pour Jésus. C’était le jour du Seigneur ; je fus inspiré par l’Esprit, et j’entendis derrière moi une voix puissante, pareille au son d’une trompette. Elle disait : « Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept Églises qui sont en Asie mineure. » Je me retournai pour voir qui me parlait. Quand je me fus retourné, je vis sept chandeliers d’or ;  et au milieu d’eux comme un fils d’homme, vêtu d’une longue tunique ; une ceinture d’or lui serrait la poitrine. Quand je le vis, je tombai comme mort à ses pieds, mais il posa sur moi sa main droite, en disant : « Sois sans crainte. Je suis le Premier et le Dernier, je suis le Vivant : j’étais mort, mais me voici vivant pour les siècles des siècles, et je détiens les clés de la mort et du séjour des morts. Écris donc ce que tu auras vu : ce qui arrive maintenant, et ce qui arrivera ensuite. »

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Commentaire du 7 avril 2013 (139e) – Dimanche de la miséricorde (année C – Saint Luc)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Thomas face aux plaies de Jésus ressuscité

L’abbé Pierre Desroches

Bonjour mes amis ! En ce deuxième dimanche de Pâques on va se retrouver à Jérusalem. Le premier récit qui nous est proposé est tiré des Actes des Apôtres. On nous dit que dans le Temple, sous la colonnade de Salomon les croyants se tiennent là d’un seul cœur. C’est déjà un beau cadeau d’être capable n’avoir qu’un seul cœur, d’être dans l’unité. La division est très souvent une des grandes douleurs du Corps de Jésus Christ. Et les gens n’osent pas trop se joindre à eux mais on les admire. Et des gens de plus en plus nombreux se laissent toucher par la réalité de cet amour qui est signifié à travers cette petite communauté qui est dans ses origines. On amène même des malades, on les place, et puis, des paroles, des regards, la qualité de l’accueil, on nous dit que cela en guérit plusieurs.

Est-ce que c’est possible d’annoncer Jésus Christ sans qu’il y ait des signes très concrets qui viennent appuyer nos paroles ? Déjà dans ce texte-là, on le voit. Et la foule  qui vient de partout amène des gens qui vont être tourmentés par des esprits mauvais. C’est justement là qu’on va voir que c’est une Parole incarnée, une Parole qui a un impact. Ce n’est pas une Parole qui est suspendue, qui est éthérée. Je pense que c’est un appel pour nous qui sommes des prédicateurs, qui sommes surtout des témoins, des baptisés qui sommes surtout des témoins de cette victoire de Jésus Christ. On nous disait qu’on cherchait à toucher Pierre. Mais ce n’était pas Pierre, c’était Celui qui passait à travers Pierre et c’est Celui que l’on doit laisser passer à travers nous. Il n’y a pas d’autres façons de parler de Dieu que de le laisser passer à travers nous pour qu’il fasse son œuvre de bénédiction dans notre monde.

Et c’est beau de voir dans l’Apocalypse de Jean, Jean qui a connu les persécutions et qui a beaucoup enduré pour la cause de Jésus. Il est dans l’île de Patmos à cause de la Parole de Dieu. On sait pourquoi il est là, on l’a envoyé, on l’a mis en exode, on l’a sorti parce qu’on ne veut plus qu’il soit au milieu de nous et donc il est là cause de la Parole de Dieu. Tout à coup, il vit une expérience et l’expérience qu’il voit : « Ce que tu vois, écris-le dans un livre et envoie-le aux sept Églises qui sont en Asie mineure. » Alors, on peut comprendre que notre ami Jean ce n’est pas parce qu’il se demandait quoi faire de sa vie qu’il s’est mis à écrire, c’est parce qu’il l’a entendu. C’est une invitation, et cette Parole qu’il a entendue, on peut s’en réjouir, parce que s’il ne l’avait pas entendue, on n’aurait peut-être pas le trésor de ses écrits, de ces récits.

Alors il se retourne pour voir qui parle. Il voit sept chandeliers d’or puis au milieu « et au milieu d’eux comme un fils d’homme, vêtu d’une longue tunique ; une ceinture d’or lui serrait la poitrine. » Quand je l’ai vue, je tombai comme raide mort. C’est toute l’expérience de l’appel de Dieu qui nous dépasse et qui nous fait entrer dans la crainte d’être appelé à quelque chose qui est plus grand que nous et pour laquelle on est beaucoup limités. Cette voix continue en disant : « Sois sans crainte. Je suis le Premier et le Dernier, je suis le Vivant : j’étais mort, mais me voici vivant pour les siècles des siècles. Écris donc ce que tu vas voir et entendre. » Dans cette Parole, ce que j’aime beaucoup, c’est qu’on s’aperçoit qu’il n’y a pas d’ignorance, c’est comme s’il y a une conscience du présent et une vision de l’avenir. Et cette vision-là de l’avenir, elle est là à cause de Jésus Christ. « Je suis le début, je suis la fin. » Où va le monde, où s’en va le monde, des fois on entend cela « il s’en va chez le diable », moi je pense qu’il s’en va chez Jésus Christ, il s’en va vers la victoire du Vivant.

Et un très beau texte d’évangile qui vient appuyer tout ça en ce dimanche de la miséricorde. On nous dit cette belle expression en introduction qui me rejoint toujours : « c’était après la mort de Jésus ». Vous comprendrez que l’expérience de l’Église d’origine, il y a eu avant la mort de Jésus et il y eut après la mort de Jésus. Avant  la mort de Jésus ils ont pu avoir toutes sortes d’imaginations puis penser à toutes sortes de choses, comment ça devrait se faire ou se passer, mais ça ne s’est pas du tout passé comme cela parce que Jésus est mort. Et cela ils ne l’avaient vraiment pas prévu. Et là, on est dans le premier jour de la semaine, ça veut dire que c’est assez rapide puis, on voit dans quel état ils sont ; ils sont dans la peur et ils ont verrouillé les portes. Tout à coup Jésus vient au milieu d’eux. Je le répète à chaque année lorsque je commente ce texte-là, on a beau barrer les portes ça n’empêche pas Jésus de se tenir au milieu, on a beau être fermé, être verrouillé, on a beau être dans l’angoisse, il est là, il est présent et c’est ce que nous dit l’introduction de cette Parole-là. La première parole qu’il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Je suis sûr qu’ils avaient besoin de l’entendre comme moi j’ai beaucoup besoin d’entendre lorsque l’angoisse prend le dessus dans ma vie ou lorsque les peurs prennent le dessus dans ma vie, j’ai beaucoup besoin de visites qui viennent me pacifier, parce que la peur ce n’est pas réel ni vrai, la peur c’est comme une tromperie, c’est quelque chose de laquelle il faut sortir.

Après cette parole, il va leur montrer ses mains et son côté. Ce n’est pas que la paix qu’il leur offre est une petite paix facile, une petite paix qui nie le réel, il a le côté et les mains transpercés, puis lui, il est capable avec les trous qu’il porte de dire aux autres : « La paix soit avec vous. » Il leur montre cela et tout à coup il leur dit à nouveau cette belle salutation et leur dit : « de  même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Et moi, avec son côté transpercé et ses mains transpercées ce que j’entends très clairement c’est VULNÉRABLE comme je suis, le Père m’a envoyé et c’est dans la vulnérabilité que je vous envoie vous aussi. Des fois nous autres on aimerait être envoyés si on avait les armées qu’il fallait, si on avait l’argent qu’il fallait, comme si on était invincible. Les invincibles ne sont pas des envoyés de Dieu. Les invincibles, ce sont ceux qui sont invincibles dans l’amour et pour être invincibles dans l’amour, il faut être vulnérables sinon on est dur, on est fermé, on n’est pas ouvert.

« Ayant ainsi parlé, il répandit sur eux son souffle ». On est vraiment dans un geste de création.  Retournez au début de la Bible et vous allez voir, on reçoit le souffle, il va donner une haleine de vie, va nous dire le livre de la Genèse. C’est exactement ce que Jésus fait avec ses disciples qui sont terrassés, qui sont enfermés, qui ont barré les portes et il ne leur dit pas : « vous êtes bien trop peureux pour que je puisse compter sur vous. » Non, il fait les gestes puis il prend soin de ce corps, puis il le remplit du souffle qu’il a libéré lui-même lorsqu’il a remis entre les mains du Père sur la croix : « Entre tes mains je remets mon souffle ». Il leur donne ce souffle pour que la mission puisse se faire. Et « tout homme à qui vous remettrez ses péchés, ils lui seront remis. » C’est un pouvoir extraordinaire qu’on reçoit, et « tout homme à qui vous maintiendrez ses péchés, ils lui seront maintenus. » Si on ne remet pas les péchés de nos frères et de nos sœurs, le drame, c’est qu’ils vont être maintenus dans le péché.

On sait que Thomas va arriver, il n’était pas là mais que, finalement les apôtres vont lui parler, et il va faire cette prière : «  Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! » Alors, huit jours plus tard,  il va revenir, et huit jours plus tard on voit que cette présence des chrétiens à l’Eucharistie, c’est une très belle incarnation de la présence de Jésus Christ dans notre monde lorsqu’on se rassemble pour le devenir nous ce corps-là. Et Thomas qui va être là dit : «Mon Seigneur et mon Dieu ! »  Très belle profession de foi, on ne sait pas s’il met ses mains, mais on sait que Jésus l’invite à le faire.

Moi, je demande pour nous en ce dimanche de la miséricorde qu’on soit capable de se rendre vulnérable par rapport à la vulnérabilité de nos frères et sœurs, qu’on soit capable de toucher les plaies de Jésus à travers les plaies de ce monde qui sont souvent très abondantes, qu’on ne soit pas dans l’angoisse, qu’on ne soit pas enfermé, qu’on ne soit pas verrouillé mais ouvert à l’action de Dieu qui veut se signifier à travers cette Présence.

Évangile : Jean 20, 19-31

1ère lecture : Actes 5, 12-16

Psaume 117, 1.4.22-27a.29

2e lecture : Apocalypse 1, 9-13.17-19

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