Commentaire du 4 décembre 2011 / Pierre Desroches (66e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, montage et musique.

« Que sorte ce qu’il y a de courbe en nous / Les parents sont les pasteurs de leur Église domestique / La Parole que l’on reçoit à l’église doit atteindre ceux qu’on porte / Les gens laissent l’agitation des villes pour recevoir la parole de Jean dans le désert / Le baptême de l’Esprit nous communique l’énergie pour aller vers nos frères. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) :  http://aelf.org/?date_my=04/12/2011

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Évangile : Jean Baptiste annonce la venue du Seigneur (Marc 1, 1-8)
Commencement de la Bonne Nouvelle de Jésus Christ, le Fils de Dieu. Il était écrit dans le livre du prophète Isaïe : Voici que j’envoie mon messager devant toi, pour préparer la route. À travers le désert, une voix crie : Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez sa route. Et Jean le Baptiste parut dans le désert. Il proclamait un baptême de conversion pour le pardon des péchés. Toute la Judée, tout Jérusalem, venait à lui. Tous se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain, en reconnaissant leurs péchés. Jean était vêtu de poil de chameau, avec une ceinture de cuir autour des reins, et il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Il proclamait : « Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi. Je ne suis pas digne de me courber à ses pieds pour défaire la courroie de ses sandales. Moi, je vous ai baptisés dans l’eau ; lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. » 

1ère lecture : « Préparez le chemin du Seigneur » (Isaïe 40, 1-5.9-11)
 « Consolez, consolez mon peuple, dit votre Dieu. Parlez au cœur de Jérusalem et proclamez que son service est accompli, que son crime est pardonné, et qu’elle a reçu de la main du Seigneur double punition pour toutes ses fautes. » Une voix proclame : « Préparez à travers le désert le chemin du Seigneur. Tracez dans les terres arides une route aplanie pour notre Dieu. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées, les passages tortueux deviendront droits, et les escarpements seront changés en plaine. Alors la gloire du Seigneur se révélera et tous en même temps verront que la bouche du Seigneur a parlé. » Monte sur une haute montagne, toi qui portes la bonne nouvelle à Sion. Élève la voix avec force, toi qui portes la bonne nouvelle à Jérusalem. Élève la voix, ne crains pas. Dis aux villes de Juda :« Voici votre Dieu. » Voici le Seigneur Dieu : il vient avec puissance et son bras est victorieux. Le fruit de sa victoire l’accompagne et ses trophées le précèdent. Comme un berger, il conduit son troupeau : son bras rassemble les agneaux, il les porte sur son cœur, et il prend soin des brebis qui allaitent leurs petits.

Psaume 84, 9-14

R/ Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut.

J’écoute : que dira le Seigneur Dieu ?
Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple.
Son salut est proche de ceux qui le craignent,
et la gloire habitera notre terre.

Amour et vérité se rencontrent,
justice et paix s’embrassent ;
la vérité germera de la terre
et du ciel se penchera la justice.

Le Seigneur donnera ses bienfaits,
et notre terre donnera son fruit.
La justice marchera devant lui,
et ses pas traceront le chemin. 

2ème lecture : « Nous attendons les cieux nouveaux et la terre nouvelle » (2 Pierre 3, 8-14)
Frères bien-aimés, il y a une chose que vous ne devez pas oublier : pour le Seigneur, un seul jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un seul jour. Le Seigneur n’est pas en retard pour tenir sa promesse, comme le pensent certaines personnes ; c’est pour vous qu’il patiente : car il n’accepte pas d’en laisser quelques-uns se perdre ; mais il veut que tous aient le temps de se convertir. Pourtant, le jour du Seigneur viendra comme un voleur. Alors les cieux disparaîtront avec fracas, les éléments en feu seront détruits, la terre, avec tout ce qu’on y a fait, sera brûlée. Ainsi, puisque tout cela est en voie de destruction, vous voyez quels hommes vous devez être, quelle sainteté de vie, quel respect de Dieu vous devez avoir, vous qui attendez avec tant d’impatience la venue du jour de Dieu (ce jour où les cieux embrasés seront détruits, où les éléments en feu se désagrégeront). Car ce que nous attendons, selon la promesse du Seigneur, c’est un ciel nouveau et une terre nouvelle où résidera la justice. Dans l’attente de ce jour, frères bien-aimés, faites donc tout pour que le Christ vous trouve nets et irréprochables, dans la paix.

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Commentaire du 4 décembre 2011 (66è) – 2e dimanche de l’Avent (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

La famille, un lieu où nos routes tortueuses peuvent être aplanies

L’abbé Pierre Desroches

Alors mes amis, on vous a accueillis avec la sainte Famille. C’est une sculpture qui me plaît beaucoup, et dans la première lecture de cette semaine qui commence par  « consolez, consolez mon peuple, » on peut voir dans la sculpture beaucoup de consolation. On le voit à travers l’Enfant Jésus qui est dans les bras de Marie, mais tous les deux sont dans les bras de Joseph, alors il y a la consolation familiale.  On sent que le sein de Joseph accueille la Mère et l’Enfant. On pourrait dire que c’est une très belle image de la Trinité. Cette image de la Trinité qui est en chacune de nos vies, qui est cachée en chacun de nos êtres. Vous savez que la dévotion à la sainte Famille était très présente en Nouvelle France, c’est-à-dire dans le début des développements de la colonisation ici et de la venue des Français. C’est une dévotion qui a pris racine dans notre pays puisqu’elle n’était pas connue en France. Mais Monseigneur de Laval avait cet attachement à la sainte Famille.

« Consolez, consolez mon peuple. Parlez au cœur de Jérusalem et proclamez que son service est accompli, que son crime est pardonné, et qu’elle a reçu de la main du Seigneur double punition pour toutes ses fautes. » C’est une Parole qui nous dit dans le fond, « arrêtez de pleurer, réjouissez-vous, ne restez pas attachés au passé, ne croyez pas qu’il vous reste encore quelque chose à payer, vous avez reçu double punition, alors maintenant, soyez accueillis dans la tendresse, la miséricorde et dans l’amour. Il y a une voix qui va proclamer : « Préparez à travers le désert le chemin du Seigneur. Tracez dans les terres arides une route aplanie pour notre Dieu. » Je me sers beaucoup de cette sculpture de la sainte Famille en plus petit modèle dans les familles que je prépare à la première communion et à la confirmation parce que je pense que la famille, c’est souvent une route aplanie. Vous savez comment il y a des temps de crise, même lorsqu’on est enfant et même lorsqu’on est adulte, et le défi c’est d’être capables de faire des sentiers droits, de sortir de ce qu’il y a de courbe en nous, de ce qu’il y a de double en nous. Et je pense que le lieu privilégier pour apprendre cette réalité-là, c’est vraiment cette terre familiale.

Comme pasteur, je me console beaucoup de savoir que les parents, que les époux sont les pasteurs de cette petite Église domestique et que ceux que j’ai à soutenir pour que le ministère puisse se faire auprès des enfants, c’est d’abord eux. Et je pense que, de bien saisir notre vocation et notre réalité familiale, c’est de s’apercevoir que c’est le premier lieu où « tout ravin va être comblé, toute montagne et toute colline seront abaissés et que les passages tortueux deviendront droits. Les escarpements seront changés en plaines. » Et souvent quand je me rappelle de certaines paroles ou de certaines attitudes, soit de mon père, de ma mère, de mon grand-père ou de ma grand-mère, je m’aperçois que beaucoup de choses ont été aplanies par la bonté qu’on pouvait retrouver dans ces personnes, par l’amour que je pouvais ressentir parce que, pour eux même si nous étions nombreux, les cousins et les cousines ou les enfants, chacun était unique et chacun pouvait bénéficier d’une attention toute particulière qui m’habite encore et que je ne peux pas oublier.

Et dans la deuxième lecture qui nous parle des cieux nouveaux et d’une terre nouvelle, c’est souvent ce qui se passe lorsqu’un enfant pleure et que la mère vient le consoler. Il passe dans des cieux tout à fait autres même si la réalité qui l’a blessée peut très bien demeurer mais elle va être comme oubliée, sublimée parce qu’il va avoir été visité, accueilli. Et notre ami Pierre qui nous donne la Parole du 2e texte cette semaine en parle à cette communauté qui part mais il veut aider ses frères et ses sœurs à découvrir qu’il  y a une espérance qui est en nous et qui sait très bien que cette espérance a la certitude que ce qui a besoin d’être transformé sera transformé. Et cela sera transformé par la venue de Celui qui nous a fait une promesse qu’il va accomplir. Et, il encourage la communauté à attendre ce jour.

Je ne sais pas c’est quoi vos attentes, je ne sais pas dans quelles dispositions du cœur vous êtes. Je me retrouve juste face à mon église, au temple où je sers à Montréal. Ici, il y a à peu près deux  mille personnes qui peuvent venir. On se retrouve rarement plus de 125, 200. À l’occasion d’événements plus spéciaux, parfois on va le remplir, mais c’est quoi mon attente ? Mon attente ça serait que cette église soit remplie, mon attente ça serait que les paniers de quête soient pleins, mon attente serait que l’argent, vienne finalement, donner réponse à toutes les réalités auxquelles nous sommes confrontés. Ce serait de bien petites attentes. Mon attente plus profonde, c’est que la Parole que les personnes viennent ici accueillir et recevoir, qui n’est pas ma parole, mais qui est la Parole du Christ, que cette Parole dans leur vie puisse atteindre et rejoindre tout tous ceux qu’ils aiment, tous ceux qu’il portent, et tous ceux qu’ils vont rencontrer. Vous savez, il ne suffit pas de remplir une église pour que les gens qui sont assis soient pleins de cet amour et pleins de cette Présence. Ce que nous avons à remplir, ce ne sont pas des bâtiments, ce que nous avons à remplir ce sont des êtres, ce sont des vies. Je pense que ce temps de l’Avent, c’est le travail qu’Il veut faire en nous.

Et l’évangile que nous propose ce deuxième dimanche de l’Avent, c’est Jean-Baptiste qui va annoncer la venue du Seigneur. Vous comprendrez que Jean-Baptiste a sa personnalité. C’est un ascète, c’est un homme des extrêmes. On ne peut pas dire que c’est un homme qui est beaucoup dans la mesure. À travers l’être qu’il est, qui a été choisi comme instrument pour le salut, il va le faire à sa façon comme Jean va le faire à sa façon. Ils ne sont pas des êtres identiques. Chacun va nous révéler des facettes de l’être de Dieu. Cette semaine, il va reprendre cette Parole d’Isaïe qu’on a entendue de venir aplanir. Il va proclamer un baptême de conversion pour le pardon des péchés. On nous dit : « Toute la Judée et tout Jérusalem venait à lui. » C’est intéressant, il est dans le désert. Ils quittent l’agitation des villes, ils quittent ce qu’il y a d’éclatant, ils quittent ce qu’il y a de sensible pour s’en aller vers le désert, une terre de sécheresse pour entendre une Parole, pour rencontrer et recevoir le baptême, pour être purifiés de leurs péchés. Ils ont le désir que leur chair soit transformée.

Là, on nous décrit Jean qui est vêtu de poil de chameau, qui mange des sauterelles et du miel sauvage. Je ne suis pas sûr qu’on aurait le goût d’être invité à sa table pour le souper, et qui dit : « Voici venir derrière moi celui qui est plus puissant que moi, et moi je ne suis même pas digne de défaire la courroie de ses sandales. » Je ne suis même pas digne de me mettre à ses pieds. Je ne suis pas digne de donner ce service de grande humilité tellement il est plus grand que moi. Et moi je pense, que derrière le pardon de nos péchés vient quelqu’un qui est beaucoup plus grand même que ce que l’on peut attendre ou espérer. Celui qui vient ce n’est plus dans l’eau qu’il baptise, mais dans l’Esprit. Pour moi, le baptême de l’Esprit, c’est un baptême qui transforme tout un intérieur, toute une personne. Le baptême de l’Esprit, c’est ce qui nous communique un feu, ce qui nous communique une énergie qui fait qu’on va à la rencontre maintenant de nos frères et de nos sœurs, non plus conscients de notre vertu, mais conscients de ce grand amour que Dieu a pour l’ humanité et que nous voulons leur révéler en les aimant à la manière du Père, du Fils et de l’Esprit. Je vous souhaite de renouveler votre baptême de l’Esprit et je vous bénis pour que vos cœurs puissent s’ouvrir et que vous puissiez recevoir le souffle qui vous vient du Père, du Fils et de l’Esprit Saint. Amen !

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