Commentaire du 4 août 2013 / Pierre Desroches (140e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

 – Pierre Desroches est prêtre des paroisses Saint-Pierre Claver, Saint-Stanislas de Kostka et de Saint-Enfant-Jésus du Mile-End à Montréal (Québec). Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.

– Gino Fillion : guitare, caméra, mixage et montage visuel.

« Nos calculs humains / Notre recherche des réalités d’en bas et de la terre / Le saint Frère André, un homme très simple qui a réalisé une œuvre exceptionnelle / Jésus n’a pas de problème d’identité / Quel est notre rapport à l’argent ? / Préparer les enfants à la vie éternelle est la plus grande richesse / Aller à Saint Joseph. »

– Références bibliques : http://aelf.org/

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Évangile : Parabole de l’homme qui amasse pour lui-même (Luc 12, 13-21)
Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus : « Maître, dis à mon frère de partager avec moi notre héritage. » Jésus lui répondit : « Qui m’a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ? » Puis, s’adressant à la foule : « Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ; car la vie d’un homme, fût-il dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses. » Et il leur dit cette parabole : « Il y avait un homme riche, dont les terres avaient beaucoup rapporté. Il se demandait : ‘Que vais-je faire ? Je ne sais pas où mettre ma récolte.’ Puis il se dit : ‘Voici ce que je vais faire : je vais démolir mes greniers, j’en construirai de plus grands et j’y entasserai tout mon blé et tout ce que je possède. Alors je me dirai à moi-même : Te voilà avec des réserves en abondance pour de nombreuses années. Repose-toi, mange, bois, jouis de l’existence.’ Mais Dieu lui dit : ‘Tu es fou : cette nuit même, on te redemande ta vie. Et ce que tu auras mis de côté, qui l’aura ?’ Voilà ce qui arrive à celui qui amasse pour lui-même, au lieu d’être riche en vue de Dieu. » 

1ère lecture : Vanité des richesses (Ecclésiaste 1, 2; 2, 21-23)
Vanité des vanités, disait l’Ecclésiaste. Vanité des vanités, tout est vanité ! Un homme s’est donné de la peine ; il était avisé, il s’y connaissait, il a réussi. Et voilà qu’il doit laisser son bien à quelqu’un qui ne s’est donné aucune peine. Cela aussi est vanité, c’est un scandale. En effet, que reste-t-il à l’homme de toute la peine et de tous les calculs pour lesquels il se fatigue sous le soleil ? Tous les jours sont autant de souffrances, ses occupations sont autant de tourments : même la nuit, son cœur n’a pas de repos. Cela encore est vanité.

Psaume 89, 3-6.12-14.17

R/ D’âge en âge, Seigneur, tu as été notre refuge

Tu fais retourner l’homme à la poussière ;
tu as dit : « Retournez, fils d’Adam ! »
À tes yeux, mille ans sont comme hier,
c’est un jour qui s’en va, une heure dans la nuit.

Tu les as balayés : ce n’est qu’un songe ;
dès le matin, c’est une herbe changeante :
elle fleurit le matin, elle change ;
le soir, elle est fanée, desséchée.

Apprends-nous la vraie mesure de nos jours :
que nos cœurs pénètrent la sagesse.
Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ?
Ravise-toi par égard pour tes serviteurs.

Rassasie-nous de ton amour au matin,
que nous passions nos jours dans la joie et les chants.
Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu.
Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains.

2ème lecture : Avec le Christ, de l’homme ancien à l’homme nouveau (Colossiens 3, 1-5.9-11)
Frères, vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Tendez vers les réalités d’en haut, et non pas vers celles de la terre. En effet, vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire. Faites donc mourir en vous ce qui appartient encore à la terre : débauche, impureté, passions, désirs mauvais, et cet appétit de jouissance qui est un culte rendu aux idoles. Plus de mensonge entre vous ; débarrassez-vous des agissements de l’homme ancien qui est en vous, et revêtez l’homme nouveau, celui que le Créateur refait toujours neuf à son image pour le conduire à la vraie connaissance. Alors, il n’y a plus de Grec et de Juif, d’Israélite et de païen, il n’y a pas de barbare, de sauvage, d’esclave, d’homme libre, il n’y a que le Christ : en tous, il est tout.

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Commentaire du 4 août 2013 (156e) – 18e dimanche du temps ordinaire (année C – Saint Luc)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Le saint Frère André, l’homme qui n’amassait pas pour lui-même

L’abbé Pierre Desroches

Alors mes amis, voici un autre point de vue de l’Oratoire. C’est un des très beaux sites de Montréal, je pense que c’est le plus beau des sites que nous avons et ça me fait plaisir de pouvoir le partager avec vous. Les textes de la Parole aujourd’hui vont nous aider peut-être à saisir qu’on est dans la démesure. À l’Oratoire St-Joseph, tout est démesuré, c’est le plus grand Temple de la ville et c’est aussi le plus haut sommet qu’on peut trouver dans la ville. On pourrait être très fiers et admirer l’œuvre humain, toutes les compétences et je pense que ça va de soi, cette réalisation a été faite avec beaucoup de dons et beaucoup de talents qui ont dû se développer, mais si on écoute le premier texte, on nous dit : « Vanité des vanités, disait l’Ecclésiaste. Vanité des vanités, tout est vanité ! Un homme s’est donné de la peine ; il était avisé, il s’y connaissait, il a réussi. Et voilà qu’il doit laisser son bien à quelqu’un qui ne s’est donné aucune peine ». Ce qui va arriver finalement c’est que le tout sera dilapidé, ce qui avait été amassé avec beaucoup de difficultés. « Qu’est-ce qui reste à l’homme de sa peine sous le soleil, pour tous les calculs qu’il a faits tous les jours. » J’espère que vous vous reconnaissez là-dedans. On commence au début de la journée à calculer notre réalité, à calculer comment on va accomplir nos projets, on fait beaucoup de comptabilité, mais dans le fond on avance comme des aveugles. « Tous les jours sont autant de souffrances, ses occupations sont autant de tourments : même la nuit, son cœur n’a pas de repos. Cela encore est vanité. »

Dans le deuxième texte : « Frères vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut. » C’est facile à dire de rechercher les réalités d’en haut, mais en vérité il faut se le dire, on est toujours en train de chercher celles d’en bas. Notre ami Paul veut nous indiquer une voie qui va nous permettre de prendre un raccourci pour arriver à la vie plutôt que de rester dans ces fameuses ténèbres qui ne nous donnent pas grand-chose. « Tendez vers les réalités d’en haut, et non pas vers celles de la terre. En effet, vous êtes morts avec le Christ, et votre vie reste cachée avec lui en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui en pleine gloire. » Vous savez quand on pense que celui qui est à l’origine de cet œuvre grandiose est un homme illettré, est un homme qui avait la dernière place dans la communauté, un homme qui a été probablement accepté chez les Ste-Croix presque par pitié. Il était très dévot, il aimait beaucoup la prière, il était un homme excessivement simple. On l’a reçu comme frère, comme portier, on lui a donné une tâche très humble et de la fenêtre de son bureau, il voyait cette montagne grandiose et splendide et un jour il a voulu en faire la demeure de son ami Joseph. Il devait passer un peu pour excessif dans sa relation avec Joseph. Mais, il a vraiment ressenti cet appel au-dedans de lui et plutôt que de bousculer le monde, il a décidé de dire à Joseph : « Si tu le veux, tu vas te l’acheter toi-même, tu vas trouver toi-même les moyens de l’avoir et il est allé mettre sur cette montagne la statuette de saint Joseph. A commencé un petit lieu de prière et on sait que c’est devenu un lieu où les foules ont défilé. Et toute une communauté de Pères se sont trouvés être au service d’une intuition d’un humble Frère de leur communauté qui n’avait pas du tout annoncé l’œuvre que Dieu accomplirait à travers lui. Quand il est décédé, ce sont des millions de personnes qui ont défilé devant son tombeau et on peut dire que ce qu’il a pu vivre toute sa vie, ce ne sont pas les choses d’en bas mais les choses d’en-haut. Parfois on aimerait avoir une vocation semblable à celle du Frère André et que des foules et des foules viennent nous visiter chaque jour pour nous demander notre assistance. On pourrait se sentir valorisé, important, mais dans la réalité ce n’est pas la même chose. Quand on ne peut plus décider de rien, des minutes de sa vie, on n’est pas dans la réalité de la splendeur et de la gloire, surtout lorsqu’on est tourné, non pas vers soi, mais vers Celui qui est l’authentique vivant. C’est ce qu’a vécu notre ami le Frère André en partie.

Dans les textes d’aujourd’hui on nous dit : « Du milieu de la foule, un homme demanda à Jésus : ‘dis  à mon frère de partager avec moi notre héritage.’ » Jésus lui répondit : « Qui m’a établi pour être votre juge ou pour faire vos partages ? » Jésus n’a pas de problème d’identité, il sait très bien qui il est et ce qu’il n’est pas. Quand on est chrétien on peut se demander : c’est quoi notre héritage, c’est quoi le vrai héritage ? Le vrai héritage n’a rien à voir avec l’argent. Notre héritage c’est une promesse et la promesse même de Dieu a faite à Abraham. Cette promesse, c’est celle qui appartient à tous les chrétiens, à tous les Juifs. « Qui m’a établi pour faire le partage de vos héritage ? » Puis, il dit à la foule qui est là : « Gardez-vous bien de toute âpreté au gain ; car la vie d’un homme, fût-il dans l’abondance, ne dépend pas de ses richesses. » Mes amis, c’est toujours bon de prendre ce temps pour réfléchir sur notre rapport à l’argent. Qu’est-ce qu’on croit qui nous donne la vie ? Qu’est-ce qu’on croit qu’on a d’abord à laisser en héritage à nos enfants ?

Souvent, lorsque des parents nous parlent qu’ils veulent laisser, il veut laisser l’argent, la sécurité, l’éducation, et je pense que ce sont de nobles désirs. Mais est-ce que c’est ce qu’il y a de plus fondamental ? Vous savez parfois on voit dans des familles au moment du décès des parents, des grands moments de déchirement parce qu’on a tellement désiré le bien de l’autre que l’autre a fini de disparaître complètement puis on désire qu’il meure plus vite pour pouvoir prendre rapidement ce qu’il nous laisse. C’est une grande tristesse, parce que ce qu’il y a de plus essentiel à laisser en héritage, ce n’est pas cette âpreté; ce qu’il y a de plus essentiel à laisser en héritage c’est cette vie éternelle, non pas qui commence après notre dernier souffle mais qui commence maintenant lorsqu’on est capable dans nos réalités familiales d’être dans la communion, d’être dans le désir de la dignité de l’un et de l’autre et d’être dans le désir de faire un corps et d’être nous aussi une unité familiale qui est bien vivante. Alors celui qui amasse de grands biens peut dire un jour : ‘voilà, je peux vivre en paix !’ mais la Parole nous dit : ‘cette nuit on te rappelle et qu’est-ce qui va arriver de tous ces biens que tu auras mis de côté ?’

Je pense que le Frère André n’a mis aucun bien de côté, il était sans-le-sou, il a vécu dans une pauvreté et une austérité qui nous ferait sûrement très peur, mais ce qu’il a laissé c’est un désir d’aller à Joseph pour obtenir la guérison qui vient de son fils, qui vient de Dieu son Père et qui fait que des foules et des foules viennent se retrouver ici pour aller dans l’espérance à la rencontre de celui qui est le seul héritage authentique, le Dieu de Jésus Christ, le Dieu de la vie, le Père de l’humanité. Je vous souhaite cet héritage dès maintenant.

Évangile : Luc 12, 13-21

1ère lecture : Ecclésiaste 1, 2; 2, 21-23

Psaume 89, 3-6.12-14.17

2e lecture : Colossiens 3, 1-5.9-11

 

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