Commentaire du 30 septembre 2012 / Pierre Desroches (111e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses Saint-Pierre Claver, Saint-Stanislas de Kostka et de Saint-Enfant-Jésus du Mile-End à Montréal (Québec). Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.

– Gino Fillion : composition et interprète de la musique, caméra, mixage et montage visuel.

« Suivre Jésus ne doit mener au sectarisme / Jésus a la dimension d’un frère universel / La radicalité de Jésus face aux scandales / Se couper de ce qui conduit ta main à faire le mal / Donner la première place au Royaume / La multiplication des images dans notre monde / La géhenne de la maladie mentale. »

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Évangile : Contre le sectarisme et contre le scandale (Marc 9, 38-43.45.47-48)
Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un chasser des esprits mauvais en ton nom ; nous avons voulu l’en empêcher, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. » Jésus répondit : « Ne l’empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; celui qui n’est pas contre nous est pour nous. Et celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense. Celui qui entraînera la chute d’un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer. Et si ta main t’entraîne au péché, coupe-la. Il vaut mieux entrer manchot dans la vie éternelle que d’être jeté avec tes deux mains dans la géhenne, là où le feu ne s’éteint pas. Si ton pied t’entraîne au péché, coupe-le. Il vaut mieux entrer estropié dans la vie éternelle que d’être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne. Si ton œil t’entraîne au péché, arrache-le. Il vaut mieux entrer borgne dans le royaume de Dieu que d’être jeté avec tes deux yeux dans la géhenne, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas. » 

1ère lecture : L’Esprit de Dieu souffle où il veut (Nombres 11, 25-29)
Le Seigneur descendit dans la nuée pour s’entretenir avec Moïse. Il prit une part de l’esprit qui reposait sur celui-ci, et le mit sur les soixante-dix anciens du peuple. Dès que l’esprit reposa sur eux, ils se mirent à prophétiser, mais cela ne dura pas. Or, deux hommes étaient restés dans le camp ; l’un s’appelait Eldad, et l’autre Médad. L’esprit reposa sur eux ; bien que n’étant pas venus à la tente de la Rencontre, ils comptaient parmi les anciens qui avaient été choisis, et c’est dans le camp qu’ils se mirent à prophétiser. Un jeune homme courut annoncer à Moïse : « Eldad et Médad prophétisent dans le camp ! » Josué, fils de Noun, serviteur de Moïse depuis sa jeunesse, prit la parole : « Moïse, mon maître, arrête-les ! » Mais Moïse lui dit : « Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux, pour faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! » 

Psaume 18, 8.10. 12-14

R/ La loi du Seigneur est joie pour le cœur

La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.

La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables.

Aussi ton serviteur en est illuminé ;
à les garder, il trouve son profit.
Qui peut discerner ses erreurs ?
Purifie-moi de celles qui m’échappent.

Préserve aussi ton serviteur de l’orgueil :
qu’il n’ait sur moi aucune emprise.
Alors je serai sans reproche,
pur d’un grand péché.

2ème lecture : Contre la richesse (Jacques 5, 1-6)
Écoutez-moi, vous, les gens riches ! Pleurez, lamentez-vous, car des malheurs vous attendent. Vos richesses sont pourries, vos vêtements sont mangés des mites, votre or et votre argent sont rouillés. Cette rouille vous accusera, elle dévorera vos chairs comme un feu. Vous avez amassé de l’argent, alors que nous sommes dans les derniers temps ! Des travailleurs ont moissonné vos terres, et vous ne les avez pas payés ; leur salaire crie vengeance, et les revendications des moissonneurs sont arrivées aux oreilles du Seigneur de l’univers. Vous avez recherché sur terre le plaisir et le luxe, et vous avez fait bombance pendant qu’on massacrait des gens. Vous avez condamné le juste et vous l’avez tué, sans qu’il vous résiste.

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Commentaire du 30 septembre 2012 (111e) – 26e semaine du Temps Ordinaire (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Jésus s’oppose au sectarisme et condamne le scandale

L’abbé Pierre Desroches

Bonjour mes amis ! Nous sommes actuellement à l’extérieur de la petite chapelle où l’on était à l’intérieur la semaine passée, c’est exactement ce que la parole de Dieu veut toujours nous faire faire, nous faire vivre : nous passer de l’extérieur de nos vies à l’intérieur. Nous allons essayer de l’accueillir dans ce décor splendide qui est  la création nous est tout à fait gratuitement donnée.

La Parole sur laquelle nous allons méditer aujourd’hui est une Parole où Jésus va échanger avec ses disciples. Ils sont déjà dans les problèmes de la mission : « Maître, nous avons vu quelqu’un chasser des esprits mauvais en ton nom ; nous avons voulu l’en empêcher, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. » Les disciples ont comme mis une exclusivité sur ceux qui sont autorisés à faire du bien au nom de Jésus. Celui-ci n’ira pas dans ce sens qui, très souvent va nous amener dans le sectarisme, de croire que finalement, l’unique réalité qui est bonne c’est celle à qui on appartient, c’est celle qui trace des limites ou qui met des structures pour dire que les meilleurs, finalement, c’est nous, et que les autres sont très limités. Jésus va répondre ceci : « Ne l’empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; celui qui n’est pas contre nous est pour nous. » Jésus a vraiment cette dimension d’un frère universel. Il n’est pas du tout inquiet que le bien se fasse et qu’il vienne par une autre avenue que celle qu’il aurait immédiatement lui-même tracée. Il a cette capacité de reconnaître la présence de son Père ou de l’Esprit dans des personnes qui sont à distance ou qui ne sont pas de sa barque ou de sa première barque.

« Et celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense. » Il démontre aussi que l’accueil des disciples dans ce qu’ils sont a aussi une valeur dans le royaume de Dieu et que cette récompense ne sera pas nécessairement donnée par celui qui va recevoir le verre d’eau mais sera donnée par celui qui est constamment à l’affût de faire que sa vie soit partagée en abondance.  « Celui qui entraînera la chute un seul de ces petits qui croit en moi, vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer. » Ça c’est une autre dimension excessivement importante, c’est toute celle du scandale. Celui qui, par sa manière d’être, par sa manière de faire, par son approche, va scandaliser, va fermer les portes du Royaume à un petit enfant, le Seigneur nous dit « vaudrait mieux pour lui qu’il soit jeté avec une meule dans la mer »; la mer étant le lieu où repose le mal, la meule étant celle qui va nous amener au fond du mal. Il y a quelque chose de plus profond encore que le fond du mal, il y a cette coupure  qui est faite pour que l’enfant ne puisse pas entrer dans le Royaume. Et le Seigneur nous interpelle beaucoup pour nous dire que la conversion est une réalité qui est très exigeante, mais la conversion, c’est ce qui permet qu’on n’entre pas les autres dans ce scandale qui les condamnerait à une vie moindre. Alors, nous avons la responsabilité, nous sommes les gardiens de nos frères.

« Et si ta main t’entraîne au péché, coupe-la. » Vous comprendrez bien qu’il ne faudrait peut-être pas saisir dans le sens immédiat cette parole. « Coupe-la » ça veut dire, coupe toi de ce qui est mal, coupe toi de ce qui conduit ta main à faire le mal. « Il vaut mieux entrer manchot dans la vie éternelle que d’être jeté avec tes deux pieds dans la géhenne ». Ce sont des images excessivement fortes qui nous amènent à être responsable de tous ces biens que nous avons et à donner la première place au Royaume. « Et si ton œil t’entraîne au péché, arrache-le. » Je pense que dans une société comme la nôtre avec toute la multiplication des images, avec tous les accès très faciles à ce qui nous perd, ce qui nous détruit, cette parole est très importante. Il vaut mieux que tu arraches ton regard, il vaut mieux que tu te transformes, il vaut mieux que tu renonces à ce que tu as de possible, et que tu as souvent le possible au bout de ton doigt pour que tu puisses rester dans le Royaume. Il vaut mieux que tu ne voies pas tout, mais que tu voies l’essentiel, que tu voies Dieu dans ta vie, que tu voies son amour dans ta vie, que tu voies Dieu à travers ton corps, à travers l’être que tu es et qui va te donner la joie de pouvoir être dans le Royaume plutôt que d’être dans cette brûlure épouvantable d’une passion qui n’a de sens que de te détruire et de t’entraîner dans ce qui est absurde, de te couper de toute relation avec toi-même, avec Dieu et avec les autres. C’est un feu que cette géhenne « là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas ».  C’est une géhenne qui nous amène dans ce que moi j’appelle souvent, la maladie mentale, parce qu’on ne peut pas être quelqu’un qui chemine constamment dans le mal et garder cet équilibre et cette santé du corps et de l’esprit. Et dans ce malheur, cette maladie, elle est là d’une façon incessante qui nous tourmente. Alors ce que le Seigneur veut pour nous, ce n’est pas le tourment, c’est la vie en abondance.

On va trouver dans l’Ancien Testament ces thèmes : « Le Seigneur descendit dans la nuée pour s’entretenir avec Moïse. » Il va prendre une part de l’Esprit qu’il va faire répandre sur la communauté mais il y a deux frères qui ne sont pas là devant ce partage et les disciples vont courir pour dire à Moïse qu’il y en a, actuellement, sont en train de prophétiser et ils n’étaient pas avec nous. Moïse va avoir cette ouverture que le Seigneur a dans l’Évangile en disant : « Si tout ce peuple pouvait devenir un peuple de prophètes! ». Je pense que par la grâce de Jésus Christ, c’est l’appel que nous avons reçu parce qu’à notre baptême on nous invite à recevoir l’onction sainte qui nous consacre comme prêtres, prophètes et rois.

Et dans la lecture de Jacques on va nous parler des gens riches.  « Pleurez, lamentez-vous, car des malheurs vous attendent. Vos richesses sont pourries, vos vêtements sont mangés des mites, votre or et votre argent sont rouillés.» Il faut comprendre que ce sont des images. Ce qui est pourri, en soi, ce ne sont pas les richesses, c’est la vie qu’on se donne de vivre avec les richesses qu’on a, parce qu’on est plus possédés par l’argent que nous-mêmes nous possédons cet argent. L’argent est là pour être mis au service de l’avènement d’un Royaume, il peut être partagé, il peut être donné, il peut être celui qui va nous donner les moyens pour révéler à nos frères et à nos sœurs leur dignité, celui qui va pouvoir abriter ceux qui sont sans abri et vêtir ceux qui sont nus. Alors, demandons cette semaine au Seigneur dans notre marche, dans notre cheminement avec Lui, de pouvoir être, non pas ceux qui s’enferment dans des sectes, non pas ceux qui  scandalisent, mais ceux qui renoncent à beaucoup pour entrer dans le Royaume de Dieu.

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