Commentaire du 3 juillet 2011 / Pierre Desroches (42e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion :
caméra et montage / Ginette Beaudoin : assistante.

« La royauté dans l’humilité / La fausse grandeur qu’on se donne / L’emprise de la chair qui nuit à nos relations / Voir ceux que l’on croise sur notre chemin comme des visites du Père / Nous sommes à l’image du Dieu Père-Fils-Esprit qui est Être de relation / Une exaltation possible en vivant à partir du souffle de l’Esprit. »

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Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=03/07/2011

Évangile : « Je suis doux et humble de coeur » (Matthieu 11, 25-30)
En ce temps-là, Jésus prit la parole : « Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. Oui, Père, tu l’as voulu ainsi dans ta bonté. Tout m’a été confié par mon Père ; personne ne connaît le Fils, sinon le Père, et personne ne connaît le Père, sinon le Fils, et celui à qui le Fils veut le révéler. Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger. »

1ère lecture : Le Messie qui vient est un roi humble (Zacharie 9, 9-10)
Exulte de toutes tes forces, fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient vers toi : il est juste et victorieux, humble et monté sur un âne, un âne tout jeune. Ce roi fera disparaître d’Éphraïm les chars de guerre, et de Jérusalem les chevaux de combat ; il brisera l’arc de guerre, et il proclamera la paix aux nations. Sa domination s’étendra d’une mer à l’autre, et de l’Euphrate à l’autre bout du pays.

Psaume 144, 1-2, 8-9, 10-11, 13cd-14
R/ Béni sois-tu à jamais, Seigneur, Dieu de l’univers !

Je t’exalterai, mon Dieu, mon Roi ;
je bénirai ton nom toujours et à jamais !
Chaque jour je te bénirai,
je louerai ton nom toujours et à jamais.

Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour,
la bonté du Seigneur est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses oeuvres.

Que tes oeuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.

Le Seigneur est vrai en tout ce qu’il dit,
fidèle en tout ce qu’il fait.
Le Seigneur soutient tous ceux qui tombent,
il redresse tous les accablés.

2ème lecture : L’Esprit du Christ est en nous, et il nous ressuscitera (Romains, 9.11-13)
Frères, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous l’emprise de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas. Mais si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. Ainsi donc, frères, nous avons une dette, mais ce n’est pas envers la chair : nous n’avons pas à vivre sous l’emprise de la chair. Car si vous vivez sous l’emprise de la chair, vous devez mourir ; mais si, par l’Esprit, vous tuez les désordres de l’homme pécheur, vous vivrez.

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Commentaire du 3 juillet 2011 (42è) – 14e dimanche du temps ordinaire
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Des secrets qui ne sont accessibles que par la voie des petits

L’abbé Pierre Desroches

Alors dans le livre de Zacharie, cette semaine, on y lit : « exulte de toutes tes forces, Fille de Sion ! Pousse des cris de joie, fille de Jérusalem ! Voici ton roi qui vient vers toi : il est juste et victorieux, humble et monté sur un âne. » C’est intéressant d’entendre ces paroles qui nous disent que « Celui qui vient comme un roi, » vient comme un roi humble. Il n’arrive pas avec des formes qui nous impressionnent par leur grandeur mais la grandeur qui nous impressionne, c’est cette humble personne qui vient vers nous avec tous ces signes modestes. Et ça nous donne un très beau reflet de la réalité de Dieu. Une des grandes qualités de Dieu qu’on est appelé à acquérir, c’est cette humilité.

Dans l’évangile cette semaine, de Matthieu,  qui est justement  dans le pays de la Judée, le pays de Jésus, il nous dit : « Sois béni Père du ciel et de la terre, toi qui as  su révéler aux humbles, aux petits les mystères de ton Royaume. » C’est comme s’il y a des secrets qui nous sont accessibles que par cette voix du petit et que, lorsqu’on se donne à nous-mêmes une grandeur qui est habituellement une fausse grandeur, on échappe au mystère de la réalité.

Dans la deuxième lecture on nous invite à « ne pas être sous l’emprise de la chair. » C’est très facile d’être sous l’emprise de la chair, que sont toutes ces émotions qui viennent nous chavirer du dedans mais qui ne sont pas des dons qui viennent de Dieu,  mais qui sont plutôt des ressentiments ou des réactions que l’on vit au premier degré, qui vont nous inspirer très mal pour bien vivre nos relations.

J’aime bien chaque jour faire cet exercice de me préparer à recevoir tous ceux que j’aurai à croiser sur mon chemin comme m’étant confiés, comme étant une visite du Père, parce que dans la journée, lorsque je l’oublie, je me sens très vite,  je me vois très vite me retrouver sous l’emprise de la chair. Mais dès que je demande au Seigneur de me donner celui qui est devant moi ou de me donner à celui vers lequel il m’envoie, immédiatement je sens qu’il y a une réalité qui se transforme. Et on peut laisser la colère, on peut laisser l’envie, on peut laisser le jugement, toutes ces réalités qui viennent profondément détruire notre être de relation. Ce qu’il y a de vrai en nous c’est cette dimension-là. On est à l’image de Dieu qui est Père-Fils-Esprit, relation de Père-Fils-Esprit, des êtres profondément de relation. Et lorsqu’on n’est plus capable d’être dans ces alliances, dans ce dynamisme de l’alliance, il y a comme une tristesse qui vient nous rejoindre, qui peut aller même jusqu’au désespoir.

Cette semaine il y a une exaltation à laquelle on est invité et elle devient possible lorsqu’on apprend la route de l’humilité, lorsqu’on apprend, non plus à vivre à partir de nous-mêmes, mais à partir de ce souffle que l’on reçoit pour créer des relations qui sont vraies pour être dans notre manière d’être avec les autres, dans cette dynamique que l’on va retrouver au cœur de Dieu, au cœur du Père, au cœur du Fils et de l’Esprit Saint. Je vous souhaite de vivre en abondance ces expériences qui nous régénèrent et qui nous font aller plus loin en notre humanité. Bonne semaine mes amis !

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4 commentaires

  1. Godart dit :

    Merci Pierre de nous réconcilier chaque semaine avec LE Vrai message du Christ ,fils de Dieu venu nous chercher en toute humilité.
    L’image que l’église catholique nous donne (Vatican et toute autre sorte de « pompe » ) s’en éloigne souvent .
    L’opposition entre le monde de nos émotions et les dons de l’esprit est intéressante , il faut certainement trouver le point de rencontre entre les deux ,ils ne peuvent être antinomiques puisque le verbe s’incarne en nous et que le corps est émotion.
    C’est un grand plaisir de vous retrouver chaque semaine.
    Bonne semaine
    Claire

    • Gino Fillion dit :

      Merci Claire pour ton commentaire. Je crois que le corps est un don merveilleux et intensément relationnel. C’est notre première mémoire, il se souvient de la réalité bien avant que notre raison en prenne conscience. Nos émotions sont souvent reliées à des événements qui ont profondément marqué nos êtres ; elles sont l’occasion de nous mettre à l’écoute de cette parole du corps qui veut nous conduire à la Parole de Dieu inscrite dans ce même corps qui lie et délie et qui nous rend capables de communion à l’image de celle de la Trinité. Pierre Desroches

  2. Bonjour, Père, et bonjour à tous.

    Combien cela est vrai : Nous sommes « des êtres profondément de relation », à l’image de Dieu. Ceux qui se « coupent » de l’Eglise, ou qui fondent des sectes, ne sont plus dans la vérité de la relation à Dieu comme à leurs frères ; ce qui fait qu’ils ne sont plus libres mais emprisonnés en eux-mêmes, dans leur vérité personnelle, qui n’est pas Vérité d’Amour.

    Il me semble qu’il nous faut aimer notre Eglise, aussi pécheresse soit-elle, parce qu’elle est fondée sur le Christ, notre Roc. L’Eglise est Sainte, non par nos mérites mais par ceux du Seigneur qui la Sanctifie ; en ce sens, le Sacrifice de la Messe nous renouvelle et nous permet d’avancer…

    « Toi qui est vraiment saint, toi qui es la source de toute sainteté, Seigneur nous te prions : Sanctifie ces offrandes en répandant sur elles ton Esprit : quelles deviennent pour nous le corps et + le sang de Jésus, le Christ, notre Seigneur. »

    Bon temps de repos et de méditation à nous tous!

    Françoise

    • Gino Fillion dit :

      Merci Françoise pour ton commentaire. Je crois que dès qu’on se coupe de Dieu on sort de la réalité. Pour se retrouver dans un monde faux, irréel, plein d’illusions, de mirage, de solitude. Pouvons-nous être en relation avec qui que ce soit hors de Dieu ? Je crois que non. Car si je ne reçois pas l’autre de Dieu comme un don et une grâce, je ne suis pas dans le réel profond de qui Il est. Il faut toujours ce tiers essentiel pour que notre vérité se révèle. La sainteté de l’Église, comme tu le dis bien, c’est Jésus Christ. Ses limites appartiennent à notre pauvre humanité, Sa grandeur vient du Christ qui la sanctifie. Il est grand ce mystère. Et comme il bon de pouvoir s’y plonger chaque jour en le recevant dans sa présence eucharistique qui remplit l’univers, comme l’exprimait si bien Theillard de Chardin. Pierre Desroches

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