Commentaire du 29 janvier 2012 / Pierre Desroches (74e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, montage et musique.

« Faire autorité, c’est de percevoir chez quelqu’un une solidité qui inspire la confiance / Comme si Jésus était menaçant pour ce monde qui a peur d’être jugé / L’Adversaire enfonce l’humanité dans des chemins où elle se perd / Conduire quelqu’un à l’obéissance ce n’est pas l’amener à la contrainte. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) :  http://aelf.org/?date_my=29/01/2012

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Évangile : Jésus est le Prophète qui enseigne avec autorité (Marc 1, 21-28)
Jésus, accompagné de ses disciples, arrive à Capharnaüm. Aussitôt, le jour du sabbat, il se rendit à la synagogue, et là, il enseignait. On était frappé par son enseignement, car il enseignait en homme qui a autorité, et non pas comme les scribes. Or, il y avait dans leur synagogue un homme tourmenté par un esprit mauvais, qui se mit à crier : « Que nous veux-tu, Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais fort bien qui tu es : le Saint, le Saint de Dieu. » Jésus l’interpella vivement : « Silence ! Sors de cet homme. » L’esprit mauvais le secoua avec violence et sortit de lui en poussant un grand cri. Saisis de frayeur, tous s’interrogeaient : « Qu’est-ce que cela veut dire ? Voilà un enseignement nouveau, proclamé avec autorité ! Il commande même aux esprits mauvais, et ils lui obéissent. » Dès lors, sa renommée se répandit dans toute la région de la Galilée. 

1ère lecture : Moïse annonce le prophète des temps à venir (Deutéronome 18, 15-20)
Moïse dit au peuple d’Israël : « Au milieu de vous, parmi vos frères, le Seigneur votre Dieu fera se lever un prophète comme moi, et vous l’écouterez. C’est bien ce que vous avez demandé au Seigneur votre Dieu, au mont Horeb, le jour de l’assemblée, quand vous disiez : ‘Je ne veux plus entendre la voix du Seigneur mon Dieu, je ne veux plus voir cette grande flamme, je ne veux pas mourir !’ Et le Seigneur me dit alors : ‘Ils ont raison. Je ferai se lever au milieu de leurs frères un prophète comme toi ; je mettrai dans sa bouche mes paroles, et il leur dira tout ce que je lui prescrirai. Si quelqu’un n’écoute pas les paroles que ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte. Mais un prophète qui oserait dire en mon nom une parole que je ne lui aurais pas prescrite, ou qui parlerait au nom d’autres dieux, ce prophète-là mourra. ‘»

Psaume 94, 1-2, 6-9 

R/ Aujourd’hui, ne fermons pas notre cœur, mais écoutons la voix du Seigneur.

Venez, crions de joie pour le Seigneur,
acclamons notre Rocher, notre salut !
Allons jusqu’à lui en rendant grâce,
par nos hymnes de fête acclamons-le !

Entrez, inclinez-vous, prosternez-vous,
adorons le Seigneur qui nous a faits.
Oui, il est notre Dieu ;
nous sommes le peuple qu’il conduit.

Aujourd’hui écouterez-vous sa parole ?
« Ne fermez pas votre cœur comme au désert,
où vos pères m’ont tenté et provoqué,
et pourtant ils avaient vu mon exploit. »

2ème lecture : La virginité pour le Seigneur (1 Corinthiens 7, 32-35)
Frères, j’aimerais vous voir libres de tout souci. Celui qui n’est pas marié a le souci des affaires du Seigneur, il cherche comment plaire au Seigneur. Celui qui est marié a le souci des affaires de cette vie, il cherche comment plaire à sa femme, et il se trouve divisé. La femme sans mari, ou celle qui reste vierge, a le souci des affaires du Seigneur ; elle veut lui consacrer son corps et son esprit. Celle qui est mariée a le souci des affaires de cette vie, elle cherche comment plaire à son mari. En disant cela, c’est votre intérêt à vous que je cherche ; je ne veux pas vous prendre au piège, mais vous proposer ce qui est bien, pour que vous soyez attachés au Seigneur sans partage.

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Commentaire du 29 janvier 2012 (74è) – 4e dimanche du Temps Ordinaire (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Devant l’autorité de Jésus, l’Adversaire est dans la peur

L’abbé Pierre Desroches

Alors mes amis, on continue dans le temps ordinaire et cette semaine, Jésus va être en train d’enseigner et on nous dit que « dans la synagogue il va aujourd’hui parler avec autorité. » Je ne sais pas comment fait écho ou résonance ce mot, dans vos cœurs; autorité. Souvent, je m’aperçois qu’on croit que pour avoir de l’autorité, il faut être craint. C’était très propre à la génération de mes parents. Mais, faire autorité ce n’est pas d’abord être craint ou inspirer la peur, faire autorité, c’est dans un tout autre sens. Faire autorité, c’est de percevoir chez quelqu’un une solidité, un fondement qui inspire la confiance.

Jésus, dans la synagogue arrive auprès d’un homme qui est tourmenté par un esprit mauvais, et cet esprit mauvais le fait crier : « Que nous veux-tu Jésus de Nazareth ? » Cette expression, elle n’est pas personnelle, elle est collective. « Que nous veux-tu ? » Ce n’est pas « Que me veux-tu ? » mais « Que nous veux-tu Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? » C’est comme si la sainteté de Dieu que va signifier ou manifester Jésus est menaçante pour ce monde qui a peur d’être jugé et de ne pouvoir atteindre la grandeur de ce qui est attendu de ce don qu’il a reçu de l’humanité. La sainteté de Dieu n’est pas là pour nous nous juger, elle est là pour nous révéler qui nous sommes en profondeur. Et quand on est capable de l’accueillir, on n’en a plus peur et on ne veut plus chasser Jésus mais on veut l’accueillir.

Je trouve que ce texte est très actuel par rapport à notre monde qui peut avoir peur de certains enseignements, qui peut avoir peur de certaines interpellations qui pourraient venir de Pierre, le premier enseignant, et qui vont facilement trouver que l’exigence ou que la barre est trop élevée. La barre ne peut pas être trop élevée dans la foi puisque celui qui va être  le premier à sauter la barre, c’est Dieu lui-même en Jésus Christ. Il ne nous demande pas des exploits, il nous demande davantage une reconnaissance. Et là, ce que Jésus va faire dans cette Parole-là, il va interpeller et il va dire « Silence ! Sors de cet homme. » Il y a une première réalité qu’il veut faire taire. « Silence ! Sors de cet homme», parce que cet homme c’est comme s’il exprimait, non pas une Parole de Dieu mais il exprimait une peur qui vient non pas de Dieu mais de l’Adversaire, et qui enfonce cette humanité dans des chemins où elle se perd plutôt que se trouve. « L’esprit mauvais le secoua avec violence et sortit de lui en poussant un grand cri. Saisis de frayeur, tous s’interrogeaient. » Je ne sais pas si vous avez déjà vécu une expérience de faire taire le mal dans l’être et la chair de quelqu’un ? Pour le faire, ce n’est pas une autorité de domination mais une autorité d’être qui conduit la personne à passer au-delà de ce qui la détruit pour découvrir une nouvelle manière d’exister.

C’est beaucoup ce qu’on voit dans cette Parole et on dit « Il commande même aux esprits mauvais, et ils lui obéissent. » Faire obéir ou conduire quelqu’un à l’obéissance, ce n’est pas à la contrainte. Conduire quelqu’un à l’obéissance c’est le conduire à cette unité profonde de son être pour aller vers le sens de ce qu’il y a d’inscrit au fond de lui-même et d’acquiescer à cette réalité qui est la sienne. Personnellement, j’ai été témoin de ce qui peut arriver lorsque quelqu’un découvre qu’il est aimé et qu’il peut laisser de côté là où il cherchait à se trouver pour réellement se découvrir dans une relation, parce que les choses ne peuvent jamais nous donner ce qui nous manque, ce ne sont que les êtres qui peuvent venir combler le fond de nos aspirations. Demandons au Seigneur que nous puissions expérimenter ce silence pour que résonne dans nos vies la Parole qui nous met debout.

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