Commentaire du 27 novembre 2011 / Pierre Desroches (65e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, montage et musique.

« Un questionnement sur notre liberté qui peut même aller jusqu’à s’éloigner de Dieu / La distance mène souvent à l’errance / L’image du potier nous invite à nous laisser façonner par Dieu / Le Seigneur a quitté mais il a pris le soin de laisser ses serviteurs pour veiller sur sa maison / Le saint frère André qui a été un veilleur pour ses frères. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) :  http://aelf.org/?date_my=27/11/2011

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Évangile : « Veillez ! » (Marc 13, 33-37)
Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Prenez garde, veillez : car vous ne savez pas quand viendra le moment. Il en est comme d’un homme parti en voyage : en quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs, fixé à chacun son travail, et recommandé au portier de veiller. Veillez donc, car vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra, le soir ou à minuit, au chant du coq ou le matin. Il peut arriver à l’improviste et vous trouver endormis. Ce que je vous dis là, je le dis à tous : Veillez ! » 

1ère lecture : Appel au Seigneur pour qu’il vienne (Isaïe 63, 16b-17.19b; 64, 2b-7)
Tu es, Seigneur, notre Père, notre Rédempteur : tel est ton nom depuis toujours. Pourquoi Seigneur, nous laisses-tu errer hors de ton chemin, pourquoi rends-tu nos cœurs insensibles à ta crainte ? Reviens, pour l’amour de tes serviteurs et des tribus qui t’appartiennent. Ah ! Si tu déchirais les cieux, si tu descendais, les montagnes fondraient devant toi. Voici que tu es descendu, et les montagnes ont fondu devant ta face. Jamais on ne l’a entendu ni appris, personne n’a vu un autre dieu que toi agir ainsi envers l’homme qui espère en lui. Tu viens à la rencontre de celui qui pratique la justice avec joie et qui se souvient de toi en suivant ton chemin. Tu étais irrité par notre obstination dans le péché, et pourtant nous serons sauvés. Nous étions tous semblables à des hommes souillés, et toutes nos belles actions étaient comme des vêtements salis. Nous étions tous desséchés comme des feuilles, et nos crimes, comme le vent, nous emportaient. Personne n’invoquait ton nom, nul ne se réveillait pour recourir à toi. Car tu nous avais caché ton visage, tu nous avais laissés au pouvoir de nos péchés. Pourtant, Seigneur, tu es notre Père. Nous sommes l’argile, et tu es le potier : nous sommes tous l’ouvrage de tes mains. 

Psaume 79, 2.3bc, 15-16a, 18-19 

R/ Dieu, fais nous revenir ; que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés !

Berger d’Israël, écoute,
toi qui conduis, ton troupeau : resplendis !
Réveille ta vaillance
et viens nous sauver.

Dieu de l’univers, reviens !
Du haut des cieux, regarde et vois :
visite cette vigne, protège-la,
celle qu’a plantée ta main puissante.

Que ta main soutienne ton protégé,
le fils de l’homme qui te doit sa force.
Jamais plus nous n’irons loin de toi :
fais-nous vivre et invoquer ton nom !

2ème lecture : L’Église est fidèle dans l’attente du Seigneur (1Corinthiens 1, 3-9)
Frères, que la grâce et la paix soient avec vous, de la part de Dieu notre Père et de Jésus Christ le Seigneur. Je ne cesse de rendre grâce à Dieu à votre sujet, pour la grâce qu’il vous a donnée dans le Christ Jésus ; en lui vous avez reçu toutes les richesses, toutes celles de la Parole et toutes celles de la connaissance de Dieu. Car le témoignage rendu au Christ s’est implanté solidement parmi vous. Ainsi, aucun don spirituel ne vous manque, à vous qui attendez de voir se révéler notre Seigneur Jésus Christ. C’est lui qui vous fera tenir solidement jusqu’au bout, et vous serez sans reproche au jour de notre Seigneur Jésus Christ. Car Dieu est fidèle, lui qui vous a appelés à vivre en communion avec son Fils, Jésus Christ notre Seigneur.

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Commentaire du 27 novembre 2011 (65è) – 1er dimanche de l’Avent (Début de l’année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Veillez ! afin de ne pas s’endormir et passer à côté des événements

L’abbé Pierre Desroches

Mes amis, nous voici en ce premier dimanche de l’Avent. Les thèmes de l’Avent reviennent presque tout au long de ce temps liturgique et on va beaucoup entendre parler de « veiller ». Je ne sais pas si vous vous préparez à la veillée de Noël, à la grande fête, à la nuit où nous resterons éveillés. C’est un thème qui nous interpelle, qui veut développer en nous une attitude importante parce que lorsqu’on n’est pas en veille, on est endormi. Et lorsqu’on est endormi, on passe à côté des événements, on passe à côté de la vie, c’est comme si on demeure, on s’installe dans la mort. C’est pourquoi ce thème va revenir de façon très régulière.

Dans la première lecture cette semaine, on va nous parler d’errance. La question qui est posée c’est : « Tu es Seigneur notre Père et notre Rédempteur ». La personne qui s’adresse à Lui a cette expérience et a cette confiance dans le cœur. « Pourquoi, Seigneur, nous laisses-tu errer hors de ton chemin ? » C’est comme si le fait qu’on s’y retrouve, et qu’on s’y installe. Pourquoi tu nous laisses là, pourquoi tu nous laisses faire, pourquoi tu respectes une liberté qu’on a, ce choix qu’on fait. « Pourquoi rends-tu nos cœurs insensibles à ta crainte ? » Pourquoi on s’endurcit, pourquoi tu nous laisses nous endurcir ? « Reviens, pour l’amour de tes serviteurs et des tribus qui t’appartiennent. » Nous on n’est pas capables de retourner, mais toi, reviens vers nous qui ne sommes pas capables d’aller vers toi. «  Si tu déchirais les cieux, si tu descendais, les montagnes fondraient devant toi. » Ce qui  nous semble impossible, les obstacles qu’on ne sait pas comment franchir, si toi tu reviens, elles vont fondre d’elles-mêmes, elles vont disparaître.

J’aime beaucoup ce texte-là parce qu’il me parle beaucoup de la réalité de notre expérience d’Église, à nous. Il y a beaucoup de personnes actuellement qui sont en errance. Je me souviens quand j’étais plus jeune, parfois on disait : « il y a des gens qui ne pratiquent pas. » Un petit peu plus tard on s’est dit : « les  distants est-ce que ce sont ceux qui sont dans l’Église ou si ce sont ceux qui se sont distancés de l’Église ? » On est toujours distants de quelque chose. Dans cette Parole-là, dans ce texte-là, ce qu’on voit ce n’est pas tellement la distance ou la proximité mais c’est l’errance, c’est être à l’extérieur de la route. Et la route fondamentale qui est la route la plus précieuse, c’est la route de la vie. Pourquoi est-ce qu’on s’égare, pourquoi est-ce qu’on est loin de la vie, pourquoi parfois on va errer loin de nos enfants, loin de nos conjoints, loin de nos parents, loin de ce qui nous permet de croître comme personne ? Pourquoi est-on ailleurs alors que la vie serait plus sensée si on était capable d’être au cœur même de Dieu, ce Dieu qui est au cœur de notre être ? « Nous sommes l’argile, tu es le potier : nous sommes l’ouvrage de tes mains ». Ce texte va nous inviter à nous déposer dans les mains de Dieu et à nous laisser façonner. Comme on a beaucoup de résistances, je dirais comme a peut-être beaucoup de révoltes, nous, on aime mieux prendre les choses en mains mais ce n’est pas sûr que, finalement, cela bâtit beaucoup et on se retrouve souvent dans des humanités très blessées, très  démolies.

Dans la deuxième lecture, on va nous parler de l’Église qui est fidèle dans l’attente du Seigneur. Oui, notre entrée dans l’Église commence par un rite mais, ce qui fait qu’on est Église ce n’est pas le rite, ce qui fait qu’on est l’Église, c’est qu’on est ce sacrement de la Présence de Dieu, c’est qu’on est ce sacrement d’une disposition, d’une manière de vivre, d’une manière d’exister. L’Église, c’est ce peuple, c’est cette collectivité qui est dans l’attente d’un retour et c’est ce que nous vivons tout le temps de l’Avent; on se prépare à pouvoir reconnaître sa venue, on est dans  l’attente, et on espère ce retour,  parce qu’on sait que c’est dans les retrouvailles qu’on va pouvoir vraiment faire l’unité de notre être, l’unité de nos cœurs avec ceux qui nous entourent, l’unité avec les événements qui ne nous feront plus peur dans lesquelles on va découvrir les routes de lumière. Paul dit : « Je ne cesse de rendre grâce à Dieu à votre sujet, pour la grâce qu’Il vous a donnée; en Lui vous avez reçu toutes les richesses, toutes celles de la Parole et toutes celles de la connaissance de Dieu. » Je pense que ce qui me sauve chaque jour, c’est un peu de cette connaissance que j’essaie de recevoir et d’accueillir depuis toutes ces années. Je suis un peu jaloux de l’histoire qui est la mienne, des parents qui ont été les miens, des pasteurs que j’ai connus, de toutes ces personnes qui m’ont appris à prendre un chemin pour me décentrer, pour ne pas chercher dans un ailleurs faux ce qui était là tout près, et qu’on peut se partager. Je pense que c’est cela la grande expérience de l’Église. L’Église ne nous dit pas qu’on est meilleur. Ce ne serait pas une expérience d’Église, ce serait une expérience d’orgueil. L’Église, elle nous dit qu’Il n’est pas loin, elle nous dit que nous pouvons le choisir et qu’Il se laisse choisir.

Et dans l’Évangile, comme je vous le disais au début, on va entendre ce thème, ce thème de la veillée. Rester éveillés, rester attentifs parce que c’est beaucoup ça la réalité. « Ma venue, prenez garde, car vous ne savez pas quand viendra le moment ». Et là,  il nous parle d’un homme qui part en voyage. « En quittant sa maison, il a donné tout pouvoir à ses serviteurs. » Le Seigneur a quitté mais les serviteurs, eux, ont reçu une capacité, un pouvoir, c’est une capacité. C’est sûr que le pouvoir qui domine, ce n’est pas de ce pouvoir-là que l’Évangile est en train de nous parler, c’est la capacité de se mettre en état de  service. Il a fixé à chacun son travail. « Il a commandé au portier de veiller ». Le portier, c’est celui qui voit qui vient, qui entre, qui sort. Le portier, on en a eu un célèbre à Montréal, le frère André. Et de fait, il a été à la porte de son collège pendant combien d’années. Il n’est pas resté seulement à la porte, bien souvent il est sorti pour aller à la rencontre de Joseph. Ce Joseph qu’il allait rencontrer avait une maison pleine d’hommes, de femmes, d’enfants qui avaient besoin d’être soignés, qui avaient besoin d’expérimenter que leurs maladies ne les condamnaient pas à mourir mais pouvaient être l’occasion de faire l’expérience de ce Dieu qui guérit et qui fait vivre. Notre ami, le frère André a été un serviteur qui a été très éveillé et qui a permis à des multitudes de pouvoir faire la rencontre de Jésus. On dit qu’à ses funérailles, ce petit frère avait plus d’un million de personnes qui avaient défilé devant sa tombe.

« Veillez car vous ne savez pas quand le maître de la maison reviendra ». Quand le maître de la maison revient, l’expérience et le signe qu’il est revenu, c’est  qu’on se lève, c’est qu’on n’est plus atterrés, mais qu’on est debout dans un amour qui nous donne l’éternité. Qu’il vienne le soir, ou à minuit, au chant du coq ou le matin, il peut arriver à l’improviste et vous trouver endormis. Je vous le dis : Veillez pour ne pas rater cette heure de votre résurrection. Bonne semaine et restez bien éveillés…

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