Commentaire du 25 septembre 2011 / Pierre Desroches (55e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

 – Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, montage et musique.

« La responsabilité que l’on met sur le dos des autres et de Dieu / L’étrange conduite des hommes / L’obstination à s’enfermer / Se détourner de nos fautes pour être vivant / Jésus s’est abaissé lui-même sans que ce soit imposé par son Père / Notre peur de l’obéissance / Jésus a déjà réglé le compte de la mort / Incarner nos mots par des gestes »

– Références pour les textes bibliques (AELF) :  http://aelf.org/?date_my=25/09/2011

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Évangile : Se convertir non en paroles, mais en actes (Matthieu 21, 28-32)
Jésus disait aux chefs des prêtres et aux anciens : « Que pensez-vous de ceci ? Un homme avait deux fils. Il vint trouver le premier et lui dit : ‘Mon enfant, va travailler aujourd’hui à ma vigne.’ Celui-ci répondit : ‘Je ne veux pas.’ Mais ensuite, s’étant repenti, il y alla. Abordant le second, le père lui dit la même chose. Celui-ci répondit : ‘Oui, Seigneur !’ et il n’y alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du père ? » Ils lui répondent : « Le premier ». Jésus leur dit : « Amen, je vous le déclare : les publicains et les prostituées vous précèdent dans le royaume de Dieu. Car Jean Baptiste est venu à vous, vivant selon la justice, et vous n’avez pas cru à sa parole ; tandis que les publicains et les prostituées y ont cru. Mais vous, même après avoir vu cela, vous ne vous êtes pas repentis pour croire à sa parole. »

1ère lecture : Dieu nous appelle chaque jour à nous convertir (Ézéchiel 18, 25-28)
Parole du Seigneur tout-puissant : Je ne désire pas la mort du méchant, et pourtant vous dites : « La conduite du Seigneur est étrange. » Écoutez donc, fils d’Israël : est-ce ma conduite qui est étrange ? N’est-ce pas plutôt la vôtre ? Si le juste se détourne de sa justice, se pervertit, et meurt dans cet état, c’est à cause de sa perversité qu’il mourra. Mais si le méchant se détourne de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie. Parce qu’il a ouvert les yeux, parce qu’il s’est détourné de ses fautes, il ne mourra pas, il vivra.

Psaume 24, 4-9

R/ Souviens-toi, Seigneur, de ton amour

Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
car tu es le Dieu qui me sauve.

Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
Oublie les révoltes, les péchés de ma jeunesse ;
dans ton amour, ne m’oublie pas.

Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin

2ème lecture : L’unité dans l’amour à la suite du Christ (Philippiens 2, 1-11)
Frères, s’il est vrai que, dans le Christ, on se réconforte les uns les autres, si l’on s’encourage dans l’amour, si l’on est en communion dans l’Esprit, si l’on a de la tendresse et de la pitié, alors, pour que ma joie soit complète, ayez les mêmes dispositions, le même amour, les mêmes sentiments ; recherchez l’unité. Ne soyez jamais intrigants ni vantards, mais ayez assez d’humilité pour estimer les autres supérieurs à vous-mêmes. Que chacun de vous ne soit pas préoccupé de lui-même, mais aussi des autres. Ayez entre vous les dispositions que l’on doit avoir dans le Christ Jésus : lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur », pour la gloire de Dieu le Père.

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Commentaire du 25 septembre 2011 (55è) – 26e dimanche du temps ordinaire (année A)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Apprendre l’humilité, l’obéissance et à dire un vrai « oui »

L’abbé Pierre Desroches

Cette semaine : « Parole du Seigneur tout-puissant.» On peut se  préparer, on va recevoir une Parole de puissance. « Je ne désire pas la mort du méchant, et pourtant vous dites : ‘ la conduite du Seigneur est étrange.’ Lorsqu’on est en difficulté, lorsqu’on est incapable de se reconnaître en vérité, on est porté à mettre la responsabilité de ce qui nous arrive sur le dos des autres. C’est comme si on n’était pas concerné mais qu’on était atteint d’une grave injustice qui ne dépend nullement de nos comportements ni de nos attitudes mais qui nous parle davantage de l’autre qui n’est pas envers nous, bien ajusté.  Et, évidemment, Dieu va toujours être le premier accusé parce qu’ultimement, c’est Lui qui est devant nous, c’est notre vis-à-vis, c’est le TOUT AUTRE.  Et quand, dans cette Parole « la conduite du Seigneur est étrange », le Seigneur va dire « n’est-ce pas votre conduite à vous qui est plutôt étrange. »

Il nous parle, il nous parle depuis des siècles, il nous parle à travers des événements, il nous parle à travers les personnes. Il nous a ouvert son cœur, il nous a dit où se trouvait la lumière. Mais nous, on s’obstine, on va dans des chemins qui sont plutôt les nôtres, mais lorsqu’on n’est pas dans la joie, lorsqu’on est dans le malheur, alors c’est comme si, tout à coup, c’est de sa responsabilité et non de la nôtre. C’est notre difficulté d’être des hommes et des femmes, d’être des personnes entières, des personnes qui sont à la fois ouvertes et qui sont conscientes. Alors on entretient  le brouillard.  Alors, dans cette Parole c’est ce qu’on va nous dire.  « Si votre justice se détourne et se pervertit, et que la personne qui est dans cet état meurt, alors c’est à cause de sa perversité qu’elle mourra. » Ce n’est pas à cause de Dieu, parce que la Parole est très claire. C’est à cause de cette obstination à s’enfermer, alors que la mort va suivre. « Mais si le méchant se détourne de sa conduite et de sa méchanceté pour pratiquer le droit et la justice, il sauvera sa vie. Parce qu’il a ouvert les yeux, parce qu’il s’est détourné de ses fautes, il ne mourra pas, il vivra. » Dieu n’a pas besoin qu’on se détourne de nos fautes pour être Dieu. Qu’on se détourne de nos fautes, ça ne change rien de Dieu et on n’a pas à se détourner de nos fautes pour faire plaisir à Dieu. Le cri que Dieu nous envoie c’est de nous transformer pour être un vivant. Si on se détourne de nos fautes, c’est pour être vivant, ce n’est pas pour plaire ou pour être reconnu, c’est tout simplement pour être en vie. Quand on sait que ce n’est pas pour son bien à Lui mais pour son  bien à nous, on peut reconnaître son détachement, sa liberté et je dirais son amour de constamment nous relancer, de constamment faire les premiers pas pour que nous on ne soit pas tout simplement perdus mais trouvés. 

On voit dans la lettre aux Philippiens qui va nous être donnée après, qui est une des plus belles de Paul, qui va nous dire que « Jésus qui n’a pas voulu garder cette première condition qu’il avait, lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas voulu rien revendiquer à cause de cette position, mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. » Il s’est abaissé lui-même, ce n’est pas Dieu qui l’a abaissé, il s’est abaissé lui-même avec la force de cette intimité qu’il a dans la Trinité. Et on ne lui a pas imposé, et Dieu ne nous imposera pas à nous non plus un abaissement. Un abaissement qui serait imposé ne serait pas un abaissement. Pour s’abaisser à la manière de Jésus, il faut le choisir. Et c’est ce qu’on voit dans cette Parole qui nous dit : « et il a été reconnu homme à son comportement. » Cet abaissement, il nous est possible, c’est ce que Jésus nous révèle dans sa réalité incarnée, et « il devient obéissant jusqu’à mourir. » On a souvent peur de l’obéissance et de devenir obéissant jusqu’à mourir, on peut voir que ce qui est premier, c’est l’obéissance et même la mort ne peut pas remettre en cause notre obéissance.

C’est sûr qu’en lisant cela, je ne peux pas ne pas me remémorer les événements qui se sont passés à Tibhirine et toute cette communauté dont plusieurs d’entre vous ont vu le fils : « des Dieux et des hommes ». Ils ont été obéissants jusqu’à mourir. Et ce qu’ils ont choisi, non pas d’être des victimes ou la mort, ce qu’ils ont choisi c’est une obéissance à leur vocation, à leur réalité d’être, à la conviction qu’ils ne pouvaient pas être eux-mêmes s’ils quittaient la terre d’Algérie. Mes amis, comment s’incarne notre obéissance et comment s’incarne notre dimension d’être des fils de Dieu ? Quel appel on saisit au plus profond de nos coeurs qui va nous motiver à mettre ceci en premier plutôt que la peur de la mort ? La mort, ce n’est pas nous qui allons y régler son compte, c’est Lui qui a déjà réglé le compte de la mort.

Puis, dans l’Évangile de Matthieu, on va nous parler de cet homme qui avait deux fils qui va inviter le premier qui a dit  « oui je vais y aller et qui n’y va pas » et le second qui dit  « non et qui y va. » Et la question : lequel a accompli la Parole ? Est-ce celui qui a dit oui ou celui qui a dit non ? Ce qui se dit par notre bouche, ce ne sont que des mots. Pour que les mots qui sortent de notre bouche deviennent une Parole, il faut que notre être soit engagé par rapport aux mots qu’on a dits. Et où on regarde, ce ne sont pas sur les mots, mais sur l’être qui se donne ou qui se détourne. Alors demandons qu’on soit capables d’être de parole.

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