Commentaire du 24 février 2013 / Christian Beaulieu (2e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Christian Beaulieu a été ordonné prêtre en 1968. Il est actuellement directeur général de l’Institut Séculier Pie X de Charlesbourg, et en 1985 il a fondé « Le Pharillon », maison d’aide pour jeunes en difficulté. En plus d’avoir écrit plusieurs ouvrages à succès sur la spiritualité chrétienne, il prêche de nombreuses retraites et ressourcements spirituels annuellement. http://www.ispx.org

– Gino Fillion : guitare et orchestration, caméra et montage visuel.

« Le Carême : suivre Jésus dans ses combats intérieurs / La naissance d’une statue de Michel-Ange / Des épreuves pour nous enlever ce qu’on a de trop / Les larmes du repliement sur soi qui peuvent nous empêcher de voir / Notre peur de ce que Dieu peut nous demander / Notre appel unique à la sainteté. »

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Évangile : La Transfiguration (Luc 9, 28b-36)
Jésus prit avec lui Pierre, Jean et Jacques, et il alla sur la montagne pour prier. Pendant qu’il priait, son visage apparut tout autre, ses vêtements devinrent d’une blancheur éclatante. Et deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moïse et Élie, apparus dans la gloire. Ils parlaient de son départ qui allait se réaliser à Jérusalem. Pierre et ses compagnons étaient accablés de sommeil ; mais, se réveillant, ils virent la gloire de Jésus, et les deux hommes à ses côtés. Ces derniers s’en allaient, quand Pierre dit à Jésus : « Maître, il est heureux que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » Il ne savait pas ce qu’il disait. Pierre n’avait pas fini de parler, qu’une nuée survint et les couvrit de son ombre ; ils furent saisis de frayeur lorsqu’ils y pénétrèrent. Et, de la nuée, une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils, celui que j’ai choisi, écoutez-le. » Quand la voix eut retenti, on ne vit plus que Jésus seul. Les disciples gardèrent le silence et, de ce qu’ils avaient vu, ils ne dirent rien à personne à ce moment-là. 

1ère lecture : L’Alliance de Dieu avec Abraham (Genèse 15, 5-12.17-18)
Le Seigneur parlait à Abraham dans une vision. Puis il le fit sortir et lui dit : « Regarde le ciel, et compte les étoiles, si tu le peux… » Et il déclara : « Vois quelle descendance tu auras ! » Abram eut foi dans le Seigneur et le Seigneur estima qu’il était juste. Puis il dit : « Je suis le Seigneur, qui t’ai fait sortir d’Our en Chaldée pour te mettre en possession de ce pays. » Abram répondit : « Seigneur mon Dieu, comment vais-je savoir que j’en ai la possession ? » Le Seigneur lui dit : « Prends-moi une génisse de trois ans, une chèvre de trois ans, un bélier de trois ans, une tourterelle et une jeune colombe. » Abram prit tous ces animaux, les partagea en deux, et plaça chaque moitié en face de l’autre ; mais il ne partagea pas les oiseaux. Comme les rapaces descendaient sur les morceaux, Abram les écarta. Au coucher du soleil, un sommeil mystérieux s’empara d’Abram, une sombre et profonde frayeur le saisit. Après le coucher du soleil, il y eut des ténèbres épaisses. Alors un brasier fumant et une torche enflammée passèrent entre les quartiers d’animaux. Ce jour-là, le Seigneur conclut une Alliance avec Abram en ces termes : « À ta descendance je donne le pays que voici. » 

Psaume 26, 1.7-9.13-14

R/ Le Seigneur est lumière et salut

Le Seigneur est ma lumière et mon salut,
de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie,
devant qui tremblerais-je ?

Écoute, Seigneur, je t’appelle !
Pitié ! Réponds-moi !
Mon cœur m’a redit ta parole :
« Cherchez ma face. »

C’est ta face, Seigneur, que je cherche :
ne me cache pas ta face.
N’écarte pas ton serviteur avec colère,
tu restes mon secours.

J’en suis sûr, je verrai les bontés du Seigneur
sur la terre des vivants.
« Espère le Seigneur, sois fort et prends courage ;
espère le Seigneur. » 

2ème lecture : Le Christ nous transfigurera (Philippiens 3, 17-21; 4, 1)
Frères, prenez-moi tous pour modèle, et regardez bien ceux qui vivent selon l’exemple que nous vous donnons. Car je vous l’ai souvent dit, et maintenant je le redis en pleurant : beaucoup de gens vivent en ennemis de la croix du Christ. Ils vont tous à leur perte. Leur dieu, c’est leur ventre, et ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte ; ils ne tendent que vers les choses de la terre. Mais nous, nous sommes citoyens des cieux ; c’est à ce titre que nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ, lui qui transformera nos pauvres corps à l’image de son corps glorieux, avec la puissance qui le rend capable aussi de tout dominer.

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Commentaire du 24 février 2013 (133e) – 2e  dimanche du Carême (année C – Saint Luc)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

La transfiguration pour nous encourager à la sainteté

L’abbé Christian Beaulieu, i.s.p.x.

Aujourd’hui, nous sommes dans le début du Carême, le 2e dimanche du Carême, la montée vers Pâques : suivre Jésus dans ses combats et dans ses luttes intérieures. Aujourd’hui c’est Jésus qui, sur la montagne nous apparaît dans sa gloire. Vous savez, pour passer des difficultés, pour passer des épreuves c’est très important d’avoir une image, une idée de ce que l’épreuve est en train de nous préparer. Il faut avoir une vision de notre avenir, et Jésus quand il se voit, quand le Père, sur la montagne lui dit : « Tu es mon Fils bien-aimé, en Toi, j’ai toute ma joie », et que les apôtres le voient transfiguré, transformé dans la lumière, dans la gloire, comme un être qui reprend vie. Ça nous dit que nos épreuves sont en vue de quelque chose et que les difficultés qu’on vit, il y a un sens à ces difficultés-là. Vous savez, on comprend beaucoup de choses qui nous arrivent à partir de notre passé, de notre enfance, mais notre vie s’explique aussi par notre avenir, ce à quoi on est appelé, à la mission qui est la nôtre. Alors quand aujourd’hui nous dit : vous ne vous battez pas pour rien, vous ne souffrez pas pour rien.

Voici une très belle image pour expliquer la transfiguration. Michel-Ange avait fait une statue avec une maman avec un bébé dans ses bras. Le jour de l’exposition de son chef-d’œuvre, un enfant lui aurait demandé : « Monsieur Michel-Ange, comment avez-vous fait pour faire une maman avec son petit bébé dans la pierre ? » Michel-Ange dit : « Bien,  on m’a mis un tas de pierres dans ma cour. Toutes les nuits, je sortais, je priais, je la serrais, je la palpais, je la contemplais cette pierre et je me disais, pour que la pierre soit aussi résistante, pour que la pierre soit aussi belle, pour que la pierre ait autant de valeur, il se cache quelque chose dans cette pierre. Et à force de prier, de contempler, je me suis aperçu, j’ai comme senti qu’il y avait une maman dont le cœur battait dans cette pierre, avec un petit bébé. Alors, c’est comme ça que j’ai su, j’ai pensé de faire la statue ». Et l’enfant lui dit : « Monsieur, comment vous avez fait pour sortir la pierre, pour sortir la Vierge, pour sortir la mère avec son petit bébé de la pierre ? »  Michel-Ange dit : « J’ai pris le marteau, j’ai brisé la pierre, j’ai cassé la pierre. Et enlevant ce qu’il y avait de trop, c’était la maman et le petit bébé. »

Les épreuves et les difficultés c’est pour nous enlever ce qu’on a de trop, des choses dont on n’a plus besoin pour avancer. On est, pour plusieurs, dans une croisée de chemins, dans une croisée de routes, il y a des décisions à prendre, et la décision qui nous est demandée des fois, c’est : « Est-ce que je dois continuer à marcher, à avancer, ou si j’arrête. Est-ce que je reste à la surface des événements de ce qui m’arrive ou est-ce que je rentre en profondeur sur ce qui est caché, sur ce qui est enfoui dans les événements. Est-ce que je vais simplement continuer de rester à la surface ou si je plonge ? » À la transfiguration les apôtres ont vraiment plongé. C’est Yves Girard qui dit : « Une étoile manque dans notre monde, dans le zénith de notre monde froid, dans notre monde obscurci, il y a une étoile qui manque qui va permettre à toutes les étoiles de briller. L’étoile qui manque, c’est la tienne, c’est la mienne qui peut faire toute une différence dans la vie des gens. Vous savez, il faut faire attention car à force de verser des larmes sur le soleil qui est parti, sur le soleil qui s’est couché, sur le soleil des nôtres, une mort, un enfant malade, un enfant dans la maladie mentale. Un auteur dit : « Faites attention à vos larmes quand le soleil de votre vie s’est couché, quand le soleil a baissé, quand le cancer vous visite parce qu’à force de verser des larmes, les larmes pourraient embrouiller vos yeux et ça pourrait vous empêcher de voir les étoiles par milliers qui sont apparues depuis que le soleil est couché. » Il y a des étoiles qui brillent dans nos larmes, il y a des étoiles qui viennent, mais pour ça il faut être prêt à mettre le prix.

Il y a quelques années, il y a un Père dominicain qui avait un très grand problème de consommation d’alcool. Alors son supérieur, le Père Timothée Radcliffe lui dit : « Va voir un médecin. » Il va voir le médecin et lui dit : « Qu’est-ce que je devrais faire pour changer ? » Et le médecin lui dit : « Mais, arrêtez de boire. » La meilleure solution elle est là. Et le Père dominicain lui dit : « Est-ce qu’il n’y aurait pas une deuxième meilleure solution docteur ? » On essaie de chercher des solutions un peu plus faciles, mais non !  Des fois la transfiguration, c’est vraiment un changement, c’est vraiment de faire face. Ils sont beaux les apôtres… c’est émouvant car devant Jésus transfiguré, ils ont une sorte d’assoupissement, une sorte d’endormissement. Ils ont dormi pendant la transfiguration, il faut le faire… Devant des grâces trop grandes, devant des lumières trop grandes, on a  peur de ce que Dieu pourrait nous demander. Des fois on aime mieux dormir, on aime mieux remettre cela à plus tard, on aime mieux ne pas voir les grâces. Vous savez, il y a beaucoup de jeunes appelés par Dieu à donner leur vie au peuple de Dieu, aux pauvres, aux petits, aux alcooliques et aux drogués. Il y a beaucoup de jeunes à qui Dieu demande à redonner leur vie. Ils ont peur de ce qui va leur être demandé, et c’est comme s’ils veulent éviter.

Aujourd’hui Jésus a eu une grande déclaration d’amour sur la montagne, sa passion se prépare, il va rentrer dans un grand combat avec des doutes. « Est-ce que le Père est avec moi ? Est-ce que c’est ça que le Père veut, donner ma vie sur une croix ? » Il est devant de grands combats intérieurs. Et quand Dieu sait qu’un combat intérieur s’approche dans nos vies, souvent il nous fait une grande déclaration d’amour. Il nous redit : « Tu es mon fils, tu es ma fille, tu as toute ma joie ». Vous savez, on est appelés à la sainteté. Un saint, dit un grand auteur spirituel, c’est quelqu’un qui devient la personne que Dieu en la créant, a voulu qu’elle soit. C’est pourquoi il n’y a pas un saint qui soit tout à fait comme un autre. Chacun de nous est unique mais dans le sang, cette individualité devient visible. Quelle est grande notre mission avec les jeunes, avec les enfants. Et je vous laisse avec une pensée. J’avais peut-être vingt-cinq ans quand j’ai lu cette  pensée-là : « Si nous les adultes nous ralentissons, les jeunes vont s’arrêter. Si nous les adultes nous faiblissons, pourquoi les jeunes ne flancheraient pas ? Si nous les adultes nous doutons, les jeunes vont désespérer. Mais si nous les adultes, nous continuons à marcher, les jeunes vont nous dépasser. Si nous les adultes nous donnons la main pour aider les autres, les jeunes iront jusqu’à donner leur peau. Si nous les adultes nous prions avec sincérité, avec tout notre cœur, les jeunes deviendront des saints, des saintes.

Évangile : Luc 9, 28b-36

1ère lecture : Genèse 15, 5-12.17-18

Psaume 26, 1.7-9.13-14

2e lecture : Philippiens 3, 17-21; 4,1

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