Commentaire du 23 octobre 2011 / Pierre Desroches (59e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion :
caméra, montage et musique.

« La Loi est un guide qui peut devenir une prison / L’humanité d’une personne se révèle avec son rapport avec les pauvres / Une conversion, c’est que notre cœur est tourné vers Dieu / Le prochain vient nous déranger dans nos certitudes / Servir un pauvre, c’est se réjouir de se recevoir du petit. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) :  http://aelf.org/?date_my=23/10/2011

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Évangile : Amour de Dieu et amour du prochain (Matthieu 22, 34-40)
Les pharisiens, apprenant que Jésus avait fermé la bouche aux sadducéens, se réunirent, et l’un d’entre eux, un docteur de la Loi, posa une question à Jésus pour le mettre à l’épreuve : « Maître, dans la Loi, quel est le grand commandement ? » Jésus lui répondit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de tout ton esprit. Voilà le grand, le premier commandement. Et voici le second, qui lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Tout ce qu’il y a dans l’Écriture – dans la Loi et les Prophètes – dépend de ces deux commandements. » 

1ère lecture : Dieu exige qu’on aime les pauvres (Exode 22, 20-26)
Quand Moïse transmettait au peuple les lois du Seigneur, il disait : « Tu ne maltraiteras point l’immigré qui réside chez toi, tu ne l’opprimeras point, car vous étiez vous-mêmes des immigrés en Égypte. Vous n’accablerez pas la veuve et l’orphelin. Si tu les accables et qu’ils crient vers moi, j’écouterai leur cri. Ma colère s’enflammera et je vous ferai périr par l’épée : vos femmes deviendront veuves, et vos fils, orphelins. Si tu prêtes de l’argent à quelqu’un de mon peuple, à un pauvre parmi tes frères, tu n’agiras pas envers lui comme un usurier : tu ne lui imposeras pas d’intérêts. Si tu prends en gage le manteau de ton prochain, tu le lui rendras avant le coucher du soleil. C’est tout ce qu’il a pour se couvrir ; c’est le manteau dont il s’enveloppe, la seule couverture qu’il ait pour dormir. S’il crie vers moi, je l’écouterai, car moi, je suis compatissant ! »

Psaume 17, 2-4.20, 47.51ab

R/ Je t’aime, Seigneur, Dieu qui me rend fort !

Je t’aime, Seigneur, ma force :
Seigneur, mon roc, ma forteresse,
Dieu mon libérateur, le rocher qui m’abrite,
mon bouclier, mon fort, mon arme de victoire !

Louange à Dieu ! Quand je fais appel au Seigneur,
je suis sauvé de tous mes ennemis.
Et lui m’a dégagé, mis au large,
il m’a libéré, car il m’aime.

Vive le Seigneur ! Béni soit mon Rocher !
Qu’il triomphe, le Dieu de ma victoire,
Il donne à son roi de grandes victoires,
il se montre fidèle à son messie pour toujours.

2ème lecture : L’annonce de l’Évangile et la conversion (1Thessaloniciens 1, 5c-10)
Frères, vous savez comment nous nous sommes comportés chez vous pour votre bien. Et vous, vous avez commencé à nous imiter, nous et le Seigneur, en accueillant la Parole au milieu de bien des épreuves avec la joie de l’Esprit Saint. Ainsi vous êtes devenus un modèle pour tous les croyants de Macédoine et de toute la Grèce. Et ce n’est pas seulement en Macédoine et dans toute la Grèce qu’à partir de chez vous la parole du Seigneur a retenti, mais la nouvelle de votre foi en Dieu s’est si bien répandue partout que nous n’avons plus rien à en dire. En effet, quand les gens parlent de nous, ils racontent l’accueil que vous nous avez fait ; ils disent comment vous vous êtes convertis à Dieu en vous détournant des idoles, afin de servir le Dieu vivant et véritable, et afin d’attendre des cieux son Fils qu’il a ressuscité d’entre les morts, Jésus, qui nous délivre de la colère qui vient.

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Commentaire du 23 octobre 2011 (59è) – 30e dimanche du temps ordinaire (année A)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Sans des témoins de l’Amour, le monde perd son sens et devient froid

L’abbé Pierre Desroches

Le premier texte, cette semaine va nous donner un épisode sur la relation de Moïse avec Dieu et un des titres qu’on peut lui donner, c’est celui que je  retrouve ici : Dieu exige qu’on aime les pauvres. C’est Moïse qui transmet la Loi. La loi, dans le fond, c’est une direction, c’est un guide mais ça peut devenir une prison. Et on sait qu’on a toujours cette tendance à emprisonner les êtres vivants dans la loi, surtout une loi qu’on finit par s’organiser pour qu’elle soit au service de notre projet. Mais la loi que Moïse transmet n’est pas au service de notre projet, mais elle est au service du projet de Dieu : que la justice se réalise pour tous les hommes. Et si dans l’Ancien Testament on voit souvent une prédilection pour les pauvres, c’est que l’humanité, qu’on devienne des humains dépend beaucoup de la relation que nous allons avoir avec les pauvres. Ce sont les pauvres qui vont probablement nous parler de nos abus, nous révéler la dureté de nos cœurs. Il invite à ne pas accabler les immigrants, il invite aussi à s’occuper de la veuve et de l’orphelin. Dans ce monde, une veuve est une femme très démunie puisqu’elle n’a pas d’existence sociale, elle n’a pas d’existence publique, elle ne peut pas aller travailler. La réalité de la veuve, c’est d’avoir perdu son mari qui lui amenait et répondait aux besoins de la famille. La veuve et l’orphelin sont donc dans une situation démunie. Et quand la Parole nous invite à cette attention, c’est de ne pas passer à côté de ceux qui ont besoin qu’on voie là où ils sont, dans quelle réalité ils se trouvent.

Dernièrement j’ai célébré pour une de mes amis qui est décédée, sœur Louisa, qui avait été pas mal mon bras droit à la paroisse St-Denis où j’étais curé il y a une vingtaine d’années. Sœur Louisa qui était une religieuse du Saint Rosaire, elle n’était pas très jeune lorsqu’elle est arrivée chez nous, elle avait plus de 70 ans, mais c’est une femme qui a eu toute sa vie ce sens des pauvres et des démunis et que toute sa vie, elle a été en lien, elle a vu cette réalité. Et à la paroisse elle pouvait ouvrir la porte à toute heure du jour et du soir à tout ce flot de personnes qui venaient faire mille et une demandes puis, elle s’ingéniait beaucoup à trouver des solutions. Lors de son décès, plusieurs sont venus témoigner de ce qu’elle avait fait pour eux. Elle donnait entre autres des cours de français ou d’anglais à ces nouveaux arrivants, et pendant qu’elle leur donnait des cours, elle découvrait leur situation humaine, elle s’y impliquait. Elle a trouvé de l’ameublement pour certains, elle a même passé son ordinateur à un autre pour qu’il puisse finir ses études et faire venir sa femme et ses enfants. Comme elle a été la grand-mère pour ces enfants qui ont été ici, elle l’a fait à plusieurs reprises, de mille et une manières, c’est une femme consacrée qui était enseignante de profession, mais qui était d’abord une femme de Dieu, qui était consacrée à son peuple. Elle a très bien incarné cet appel qu’on peut voir dans la première lecture.

Si Paul se réjouit de la conversion, ce n’est pas à cause de l’augmentation du nombre de chrétiens. Une conversion, cela n’a rien de mathématique, une conversion, c’est que notre cœur est tourné vers Dieu, et notre cœur commence à être tourné vers Dieu lorsqu’il n’est plus tourné vers nous-mêmes. Alors, on peut avoir toutes les espérances du monde lorsque quelqu’un se convertit parce qu’il devient une personne qui n’est plus centrée sur elle-même mais qui est ouverte, attentive, et qui est au service du monde dans lequel elle est appelé à être signe d’un amour. Je pense que notre monde a besoin de ces témoins de l’Amour. Sans ces témoins de l’Amour, le monde perd son sens et devient froid et la dureté finit par créer des révoltes, elle finit par créer des fléaux sociaux avec lesquels on se sait plus ou moins quoi faire pour passer à un ailleurs.

Dans l’évangile, on nous parle de l’amour du prochain. On ne peut parler de Dieu en vérité si on n’est pas dans ce lien avec le prochain et le prochain est là oui, souvent pour nous déranger, mais nous déranger d’une bonne manière, nous déranger pour ne pas qu’on s’enferme dans nos certitudes, pour ne pas qu’on s’enferme dans nos obstinations et qu’on pense que le monde doit être tel que nous on le désire ou qu’on veut le faire. Le monde, ce n’est pas nous qui le faisons, il advient. Et pour advenir harmonieusement, il a à se faire dans des alliances, dans des reconnaissances, dans des mutualités. De servir le pauvre, ce n’est pas d’être un grand qui se penche vers le petit, mais c’est d’être un grand qui se réjouit de se recevoir du petit et de lui partager ce que lui-même a reçu très gratuitement et qui sont souvent le produits de Ses dons.

Si je ne reconnaissais pas que mon fils qui a maintenant 41 ans, que j’ai eu lorsqu’il avait 7 ans, si je ne reconnaissais pas tout ce dont il m’a enrichi, probablement que la route aurait été plus courte. Je pense que dans notre monde et dans notre société, il y a plein de réalités d’êtres incarnés qui sont là pour qu’on devienne l’occasion d’être nous-mêmes et de mettre au monde ce qu’il y a de meilleur en nous. Le Seigneur n’a pas fini d’être inventif pour ceux qui s’ouvrent pour aller vers ce peuple pour partager et donner l’amour qu’Il a en abondance de toujours et pour toujours. Je vous bénis  mes amis dans cet amour et vous souhaite la joie d’y répondre.

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