Commentaire du 23 décembre 2012 / Pierre Desroches (121e)

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses Saint-Pierre Claver, Saint-Stanislas de Kostka et de Saint-Enfant-Jésus du Mile-End à Montréal (Québec). Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.

– Gino Fillion : arrangement de cordes sur une chanson du père Guylain Prince, caméra, mixage et montage visuel.

« Dans la Visitation, c’est le monde qui est visité / Le spirituel, c’est ce qui est inscrit au plus profond de nous / La bonne nouvelle du monde des personnes handicapées que Pierre a connu / Quelles sont ces visites de Dieu dans nos vies ? / Répondre aux appels de Dieu ne peut que susciter la joie. »

– Références bibliques : http://aelf.org/

—————————————————————

Évangile : La Visitation (Luc 1, 39-45)
En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » 

1ère lecture : Le Messie viendra de Bethléem (Michée 5, 1-4)
Parole du Seigneur : Toi, Bethléem Ephrata, le plus petit des clans de Juda, c’est de toi que je ferai sortir celui qui doit gouverner Israël. Ses origines remontent aux temps anciens, à l’aube des siècles. Après un temps de délaissement, viendra un jour où enfantera celle qui doit enfanter, et ceux de ses frères qui resteront rejoindront les enfants d’Israël. Il se dressera et il sera leur berger par la puissance du Seigneur, par la majesté du nom de son Dieu. Ils vivront en sécurité, car désormais sa puissance s’étendra jusqu’aux extrémités de la terre, et lui-même, il sera la paix ! 

Psaume 79, 2.3.15-16.18-19

R/ Dieu, fais-nous revenir ; que ton visage s’éclaire, et nous serons sauvés !

Berger d’Israël, écoute,
toi qui conduis ton troupeau, resplendis !
Réveille ta vaillance
et viens nous sauver.

Dieu de l’univers, reviens !
Deu haut des cieux, regarde et vois :
visite cette vigne, protège-la,
celle qu’a plantée ta main puissante.

Que ta main soutienne ton protégé,
le fils de l’homme qui te doit sa force.
Jamais plus nous n’irons loin de toi :
fais-nous vivre et invoquer ton nom !

2ème lecture : « Je suis venu pour faire ta volonté » (Hébreux 10, 5-10)
Frères, en entrant dans le monde, le Christ dit, d’après le Psaume : Tu n’as pas voulu de sacrifices ni d’offrandes, mais tu m’as fait un corps. Tu n’as pas accepté les holocaustes ni les expiations pour le péché ; alors, je t’ai dit : Me voici, mon Dieu, je suis venu pour faire ta volonté, car c’est bien de moi que parle l’Écriture. Le Christ commence donc par dire : Tu n’as pas voulu ni accepté les sacrifices et les offrandes, les holocaustes et les expiations pour le péché que la Loi prescrit d’offrir. Puis il déclare : Me voici, je suis venu pour faire ta volonté. Ainsi, il supprime l’ancien culte pour établir le nouveau. Et c’est par cette volonté de Dieu que nous sommes sanctifiés, grâce à l’offrande que Jésus Christ a faite de son corps, une fois pour toutes.

———————————————————————————————————————————–

Commentaire du 23 décembre 2012 (123e) – 4e semaine du Carême (année C – Saint Luc)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

La fin de la stérilité d’Élisabeth : un signe pour Marie

L’abbé Pierre Desroches                               

Alors mes amis, on est le 4e dimanche de l’Avent. Un des bons souvenirs que j’ai de ma vie de jeunesse, c’était la joie que j’avais lorsqu’on recevait de la visite ou lorsqu’on allait en visite. Souvent le dimanche était un moment de visite familiale; le dimanche midi on était à la maison pour prendre le repas en famille, soit le dimanche après-midi ou le dimanche soir, on se retrouvait où l’on recevait des oncles et des tantes et quand ça n’arrivait pas, des fois je trouvais les journées un peu longues et ennuyantes. Mais aussitôt que ce projet s’exprimait où que j’aurais eu le goût de mettre dans la bouche de mes parents ou dans le cœur de mes parents, il y avait quelque chose en moi qui bougeait. On avait hâte ! Ça ne prenait pas beaucoup de temps pour se ramasser pour être prêts, soit pour partir ou accueillir.

C’est ce dimanche où l’on a cette belle page d’évangile qu’on appelle la Visitation. C’est le monde qui est visité. Dans cette page, c’est Marie qui va se mettre en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. Elle porte Jésus, elle a eu l’annonce de la naissance de Jésus qui est en elle et elle s’en va vers sa cousine qui est le signe qui lui a été donné, que la stérile qui est enceinte est un signe de sa fécondité à elle qui est vierge. Et on sent que toute cette fécondité dont vont nous parler ces textes ne sont pas d’abord une fécondité à dimension physique mais à dimension spirituelle. Je vous rappelle que le spirituel ce n’est pas ce qui est inscrit dans les nuages mais c’est ce qui est inscrit au plus profond et à l’intérieur de nous. Ce n’est pas désincarné d’être spirituel. Vous savez, si vous vous levez dans un esprit où vous êtes de mauvaise humeur, ça va se voir très bien à l’extérieur de vous puis ça va colorer toutes vos relations de la journée. Et pourtant c’est l’état, c’est l’esprit dans lequel vous êtes. Donc, c’est une fécondité qui vient de Dieu.

Et elle entre dans la maison de Zacharie et salue Élisabeth et qu’est-ce qui se produit : « l’enfant va tressaillir dans le sein d’Élisabeth ». Je ne sais pas si vos seins sont animés ou si vos seins sont éteints, est-ce que ça bouge en dedans ou si ça ne bouge pas, mais cette salutation va vraiment faire bouger Jean-Baptiste qui est dans le sein de sa mère. Et on nous dit « qu’Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint. » En plus d’être remplie de la présence d’un enfant elle est, elle aussi remplie d’une présence qui est celle de Dieu. Puis d’une voix très forte elle va s’écrier : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. » Je ne sais pas si vous avez déjà eu la joie d’entendre une telle reconnaissance parce que ce qui était dans vos entrailles était une vraie bénédiction. Quand je lis cette Parole-là qui est très importante pour le diocèse de Montréal parce que notre fête patronale c’est celle de la Visitation. Je ne vous expliquerai pas tout ça aujourd’hui, mais c’est cette visite entre Marie et Élisabeth. Moi ça fait beaucoup écho car quelques mois après mon ordination ou quelques mois avant mon ordination parce que je suis arrivé dans le monde des personnes handicapées un peu avant d’être ordonné, quelques années, et pour moi ça été toute une visite que d’aller découvrir ce monde-là qui était un peu inconnu pour moi, et qui est devenue une excellente nouvelle, une très bonne nouvelle, et ça fait bouger beaucoup en dedans de moi, parce que j’ai découvert des enfants sans parents, sans familles. J’ai découvert toutes sortes de réalités humaines dont je n’étais absolument pas conscient avant d’entrer dans cet univers. Et cela a assez bougé en moi pour que neuf mois après mon ordination j’adopte mon fils. C’est ce qu’on peut appeler une spiritualité bien incarnée. Ça n’a pas juste bougé du dedans, ça fait bouger aussi du dehors. Et je suis sûr que si mon fils parlait – car il  n’est pas verbal – il aurait pu me faire cette salutation. « Je suis béni et le fruit de tes entrailles est béni… » Ce désir que je devienne son père, ce désir de me reconnaître, ce désir de me donner une famille. C’est un bien dont je reconnais le besoin profond qui était le mien parce qu’après sept ans d’existence, de se retrouver dans un huitième placement, ça peut nous indiquer qu’il y a eu beaucoup de périodes de vide, d’affaissement intérieur dans la vie de Claude.

« Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi? » C’est une belle question. « Car, lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi. » C’est beau cette communion que notre amie Élisabeth est capable de dire que son enfant est dans l’allégresse. Elle a une allégresse qui lui est communiquée par cet être qui est en elle. On est loin des questions de notre siècle à partir de quel moment un embryon est un humain. On est vraiment, non pas dans la raison mais on est dans une expérience profonde de communion où l’on sent que les êtres qui sont habités par une présence physique d’un autre être sont aussi visités par Dieu qui n’est pas très loin, et qui au contraire, très proche de toute cette réalité qui est en train de se produire en eux et qui concerne toute l’humanité. Alors « l’enfant a  tressailli d’allégresse au-dedans de moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Je puis vous dire que lorsque j’ai entendu cet appel de Dieu à devenir le père de Claude, ce n’était pas évident d’y croire moi qui venait d’être ordonné, moi qui, selon tous les pronostics n’aurait pas dû avoir d’enfant, celui qui était engagé dans un célibat, celui qui était profondément lié à une Église comme prêtre qui invite ses pasteurs à être célibataires et à n’être pas dans des liens familiaux et conjugaux, de croire que cet appel pouvait m’être adressé devenait comme un  impossible de Dieu auquel je devais adhérer. Trente-cinq ans plus tard, comme ce fut beaucoup mon quotidien, et comme cette parole s’est vraiment incarnée et accomplie, c’est plus évident mais dans les débuts ce n’était pas évident.

Je vous parle de ça pour vous demander à vous : quelles sont ces visites de Dieu qui se sont faites dans vos vies, quelles sont ces paroles dans lesquelles vous avez cru qui vous ont donné une joie profonde ? Je pense que le lien conjugal est de cet ordre-là, je pense qu’un appel à la paternité ou à la maternité sont de cet ordre-là. Répondre à la Parole, à l’invitation de Dieu et y adhérer et ça ne peut que susciter la joie et l’espérance. Alors dans ce temps, et en ce dimanche, je nous invite à nous préparer à accueillir cette visite qui devrait nous mettre debout avec hâte pour aller porter au monde ce don incroyable qu’on accepte de recevoir comme des élus du Seigneur.

Évangile : Luc 1, 39-45

1ère lecture : Michée 5, 1-4

Psaume 79, 2-3.15-16.18-19

2e lecture : Hébreux 10, 5-10

TAGS: , , ,

0 commentaires

Vous pouvez être le premier à laisser un commentaire

Laissez un commentaire