Commentaire du 19 mars 2012 / Pierre Desroches (82e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

 – Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, composition de la musique et arrangements, direction des comédiens, montage des images et mixage.

– COMÉDIENS :
  Anne-Sylvie Gosselin : narratrice
  Jean-Christophe Leboucher : l’ange
  Gino Fillion : citations du Deutéronome et du prophète Isaïe

« La descendance de David est assurée par la personne de Joseph / Joseph ne veut pas que Marie tombe dans les lois de l’exclusion / Une parole qui convient pour tous les enfantements / Toutes les paternités viennent d’abord de Dieu / Un mot sur les 4 cadres sur saint Joseph dans l’église St-Pierre-Claver, où allait prier le saint Frère André. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=19/03/2012

—————————————————————————————————————————————–

Évangile : Grâce à Joseph, Jésus sera reconnu comme fils de David (Matthieu 1, 16.18-21.24)
Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus, que l’on appelle Christ (ou Messie). Voici quelle fut l’origine de Jésus Christ. Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph ; or, avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, ne voulait pas la dénoncer publiquement ; il décida de la répudier en secret. Il avait formé ce projet, lorsque l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse : l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle mettra au monde un fils, auquel tu donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. » Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit.

1ère lecture : Le Messie sera fils de David (2 Samuel 7, 4-5.12-14.16)
La parole du Seigneur fut adressée au prophète Nathan : « Va dire à mon serviteur David : Ainsi parle le Seigneur : Quand ta vie sera achevée et que tu reposeras auprès de tes pères, je te donnerai un successeur dans ta descendance, qui sera né de toi, et je rendrai stable sa royauté. C’est lui qui me construira une maison, et je rendrai stable pour toujours son trône royal. Je serai pour lui un père, il sera pour moi un fils. Ta maison et ta royauté subsisteront toujours devant moi, ton trône sera stable pour toujours. »

Psaume 88, 2-5.27.29

R/ Dieu fidèle à ta promesse, béni soit ton nom !

L’amour du Seigneur, sans fin je le chante ;
ta fidélité, je l’annonce d’âge en âge.
Je le dis : C’est un amour bâti pour toujours ;
ta fidélité est plus stable que les cieux.

« Avec mon élu, j’ai fait une alliance,
j’ai juré à David, mon serviteur :
J’établirai ta dynastie pour toujours,
je te bâtis un trône pour la suite des âges.

« Il me dira : Tu es mon Père,
mon Dieu, mon roc et mon salut !
Sans fin je lui garderai mon amour,
mon alliance avec lui sera fidèle. »

2ème lecture : La foi du juste (Romains 4, 13.16-18.22)
Frères, Dieu a promis à Abraham et à sa descendance qu’ils recevraient le monde en héritage, non pas en accomplissant la Loi mais en devenant des justes par la foi. C’est donc par la foi qu’on devient héritier ; ainsi, c’est un don gratuit, et la promesse demeure valable pour tous ceux qui sont descendants d’Abraham, non seulement parce qu’ils font partie du peuple de la Loi, mais parce qu’ils partagent la foi d’Abraham, notre père à tous. C’est bien ce qui est écrit : J’ai fait de toi le père d’un grand nombre de peuples. Il est notre père devant Dieu en qui il a cru, Dieu qui donne la vie aux morts et qui appelle à l’existence ce qui n’existait pas. Espérant contre toute espérance, il a cru, et ainsi il est devenu le père d’un grand nombre de peuples, selon la parole du Seigneur : Vois quelle descendance tu auras ! Et, comme le dit l’Écriture : En raison de sa foi, Dieu a estimé qu’il était juste.

———————————————————————————————

Commentaire du 19 mars (82è) – Fête de Saint Joseph (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

C’est la Parole de Dieu elle-même qui vient confirmer Joseph dans sa mission

L’abbé Pierre Desroches 

Au courant des dernières semaines, les Paroles nous invitent souvent à  réfléchir sur toute la dimension du messianisme. En cette fête de saint Joseph aujourd’hui, les thèmes réapparaissent aussi. La première parole qui nous est proposée c’est celle qui est annoncée à Nathan. Dieu l’envoie auprès du roi David et lui  dit : « Va dire à mon serviteur David : ainsi parle le Seigneur : quand ta vie sera achevée et que tu reposeras auprès de tes pères, je te donnerai un successeur dans ta descendance, qui sera né de toi, et je rendrai stable ta royauté. » C’est une parole qui peut peut-être consoler David, parce que si on se souvient, David a perdu son fils Absalon qui s’était révolté contre lui et il avait eu une peine énorme, et c’est comme s’il n’y avait pas d’évidence à savoir s’il y aurait un fils qui viendrait de sa descendance. Cette Parole est intéressante parce que le Seigneur dit : « C’est moi qui va te le donner, ce n’est pas toi qui va me le donner, c’est moi. » Et au moment où il est appelé à reposer dans la paix, Dieu met cette paix dans son cœur…  « Ta descendance va être établie pour toujours, elle va être stable. » Qui de nous ne désire pas que ce qu’il a fait de meilleur ou accompli de meilleur puisse durer pour ceux qu’il aime. En cette fête de Joseph on voit que cette descendance de David est assurée par la personne de Joseph. Joseph est de cette descendance et il ne se doute pas du tout qu’il va être le père du Messie. Il y a toutes sortes de discours : Est-ce qu’il est le père ou pas le père ? Mais il est celui qui a été appelé par Dieu à être le père de Jésus. Et dans cette belle relation de Joseph avec Jésus, il y a tout un mystère que l’on peut approfondir qui nous concerne aussi de près.

Et la Parole qui nous est proposée c’est ce que moi j’appelle : l’annonciation qui est faite à cette sainte famille. « Alors Joseph son époux qui était un homme juste ne voulait pas la dénoncer publiquement ». Que peut-on dire de cette fameuse dénonciation qu’il ne voulait pas faire ? Est-ce que Joseph a pensé que Marie l’avait trompé ? Hypothèse sur laquelle on peut réfléchir ! Dans le sens des textes, ce n’est pas vraiment ce qui est suggéré si on considère l’ensemble des paroles qui nous sont données. C’est comme si Joseph ne voulait pas prendre la place de Dieu. Joseph qui, dans une énorme confiance à Marie, sait très bien que l’enfant qui est en elle n’est pas passé par lui, ne veut pas en même temps que les hommes de ce temps croient que c’est lui alors que c’est Dieu. Mais il sait aussi que s’il fait cette affirmation sur un plan social, Marie va tomber  dans les lois de l’exclusion et cet enfant va apparaitre comme un enfant – que nous disions dans nos traditions à nous – illégitime, et qu’elle va se retrouver dans un contexte de famille monoparentale;  ce qui n’était pas acceptable dans le cadre de cette réalité du Judaïsme. Alors, il va décider de ne pas le faire, mais probablement qu’il va aussi prendre comme une espèce de distance. Ce que je trouve très beau dans cette Parole, c’est que la Parole de Dieu est adressée à lui, et qui lui dit ceci : « En songe le Seigneur lui apparut et  lui dit : < Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie ton épouse. L’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint.> » Je dirais que cette belle Parole qui a été donnée à Joseph elle convient à peu près pour tous les enfantements. Dans un siècle comme le nôtre on s’approprie très facilement des réalités que ne nous appartiennent pas. On transmet la vie mais ce n’est pas nous qui la donnons. Celui qui la donne c’est toujours Dieu et lorsqu’ on est invité à prendre une place de paternité, ce n’est pas en premier que nous sommes père, mais c’est en second, et c’est dans le prolongement de l’unique paternité qui, elle, vient de Dieu.

J’ai eu la joie de pouvoir expérimenter dans ma vie cette grande vérité. N’étant pas marié, n’ayant pas d’enfant selon la chair, ayant adopté après neuf mois d’ordination mon fils Claude, je savais très bien que cette paternité-là m’était donnée. Et ce fils, il m’était donné et que le Seigneur m’avait élu tout simplement pour l’accompagner tout au long de sa vie et être accompagné par lui tout au long de la mienne. Il fallait aussi que mon évêque puisse reconnaître cette réalité-là parce qu’elle n’appartenait pas en premier à mon appel sacerdotal. Les évêques sont habitués à faire les nominations et à donner les orientations du ministère. J’ai apprécié que mon évêque ait cette grande qualité de Joseph, d’être capable de reconnaître ce qui n’était pas passé par lui et d’être capable de me confirmer dans cette paternité qui est toujours bien vivante et actuelle.

Dans l’église où on est présentement, il y a quelque chose d’assez  original. Il y a quatre tableaux dans le chœur, et sur chacun des tableaux, apparaît le visage de Joseph, ce qui est assez rare dans l’iconographie de nos églises. Joseph est souvent excessivement effacé. On peut se demander aussi pourquoi le visage de Joseph est à ce point effacé, alors que celui de la Vierge est un peu plus présent. C’est aussi un mystère de nos familles. Il semble que souvent dans nos familles le visage qui prend le plus de place c’est celui de la mère et que celui du père soit un peu plus distant, ou peut-être un meilleur mot, un peu plus discret. Dans cette discrétion, je crois qu’il y a tout un espace qui est donné pour qu’un être puisse se découvrir, s’expérimenter, sans être trop forgé à l’image de ceux qui lui sont très proches. Nous ne sommes  pas appelés à ressembler d’abord à nos parents, mais nous sommes appelés à ressembler à Dieu. Alors que tout ce mystère de chacun de nos êtres que nous sommes appelés à vivre dans nos milieux familiaux et à travers   l’accomplissement de nos missions, que tout ce mystère et ce visage que, à Montréal, nous avons la chance de pouvoir approfondir de façon assez unique, ayant l’Oratoire saint Joseph, et un témoin, un homme très simple au milieu de nous, le frère André, qui lui, avait cette grande dévotion, et qui tout au long de sa vie, a eu cette grande confiance en saint Joseph, alors qu’il venait même prier dans cette église, une des fresques nous le montre. À l’occasion de cette fête de saint Joseph nous puissions approfondir le mystère de notre propre paternité et aussi de cet appel que nous pouvons avoir d’aider nos frères et nos sœurs à grandir dans l’amour qui est celui de Dieu notre Père qui veut nous conduire à une vie sans fin dès maintenant.

TAGS: , , ,

0 commentaires

Vous pouvez être le premier à laisser un commentaire

Laissez un commentaire