Commentaire du 19 mai 2013 / Pierre Desroches (134e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses Saint-Pierre Claver, Saint-Stanislas de Kostka et de Saint-Enfant-Jésus du Mile-End à Montréal (Québec). Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.

– Gino Fillion : composition et interprète de la musique, caméra, mixage et montage visuel.

« Le moment où les disciples vont passer de la peur à la confiance / La langue de feu : un langage qui allume la foi / Saisir l’autre dans ses réalités / La sérénité de ceux qui sont dans l’Esprit malgré les détresses / L’Esprit de Dieu prend la défense de l’être / Être envoyés pour prendre la défense de nos frères. »

– Références bibliques : http://aelf.org/

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Évangile : « L’Esprit Saint vous enseignera tout » (Jean 14, 15-16.23b-26)
À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous resterez fidèles à mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité. Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. Celui qui ne m’aime pas ne restera pas fidèle à mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous dis tout cela pendant que je demeure encore avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » 

1ère lecture : La venue de l’Esprit Saint sur les disciples (Actes 2, 1-11)
Quand arriva la Pentecôte (le cinquantième jour après Pâques), ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent : toute la maison où ils se tenaient en fut remplie. Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d’eux. Alors ils furent tous remplis de l’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit. Or, il y avait, séjournant à Jérusalem, des Juifs fervents, issus de toutes les nations qui sont sous le ciel. Lorsque les gens entendirent le bruit, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient dans la stupéfaction parce que chacun d’eux les entendait parler sa propre langue. Déconcertés, émerveillés, ils disaient : « Ces hommes qui parlent ne sont-ils pas tous des Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, des bords de la mer Noire, de la province d’Asie, de la Phrygie, de la Pamphylie, de l’Égypte et de la Libye proche de Cyrène, Romains résidant ici, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu. » 

Psaume 103, 1.24.29-31.34

R/ Ô Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre !

Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur !
La terre s’emplit de tes biens.

Tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.

2ème lecture : « L’Esprit fait de nous des fils » (Romains  8, 8-17)
Frères, sous l’emprise de la chair, on ne peut pas plaire à Dieu. Or, vous, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous l’emprise de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas. Mais si le Christ est en vous, votre corps a beau être voué à la mort à cause du péché, l’Esprit est votre vie, parce que vous êtes devenus des justes. Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous. Ainsi donc, frères, nous avons une dette, mais ce n’est pas envers la chair : nous n’avons pas à vivre sous l’emprise de la chair. Car si vous vivez sous l’emprise de la chair, vous devez mourir ; mais si, par l’Esprit, vous tuez les désordres de l’homme pécheur, vous vivrez. En effet, tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. L’Esprit que vous avez reçu ne fait pas de vous des esclaves, des gens qui ont encore peur ; c’est un Esprit qui fait de vous des fils ; poussés par cet Esprit, nous crions vers le Père en l’appelant : « Abba ! » C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui affirme à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers ; héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire.

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Commentaire du 19 mai 2013 (145e)  La Pentecôte (année C – Saint Luc)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Un Esprit qui nous défend, reçu par la Pentecôte

L’abbé Pierre Desroches

Mes amis, quel beau dimanche, quelle grande fête que la Pentecôte, une fête plein de souffle, c’est le cas de le dire. Et dans le premier récit qui est tiré des Actes des Apôtres on voit un peu une description de cet événement qui préside à la naissance de l’Église. C’est le moment où les disciples vont passer de la peur à la confiance. C’est le moment où ils vont entrer dans une joie qui va les enivrer. Je ne sais pas si on a eu cette expérience-là ? Ils nous font des descriptions qui pour moi me rejoignent beaucoup, qui me parlent beaucoup. Ils vont nous dire : « Soudain il vint du ciel un bruit pareil à celui d’un violent coup de vent. » On sent qu’il y a des choses qui sont ébranlées. « Toute la maison où ils se tenaient en fut remplie. » On sent une plénitude, il n’y a pas de vide. « Ils virent apparaître comme une sorte de feu qui se partageait en langues de feu. » C’est quoi une langue de feu ? Moi je connais des gens qui ont une langue qui nous éteint et j’en connais qui ont une langue qui nous allume. Ce que je comprends, c’est que l’expérience de la langue de feu, c’est de se mettre à avoir un langage, qui allume qui va embraser le monde, qui va le faire brûler. Dans la maison où ils se tiennent, ils vont être remplis de l’Esprit Saint puis ils vont se mettre à parler la langue des uns et des autres. C’est quoi cette expérience extraordinaire ? Ce n’est pas parce qu’on parle tous le français, l’anglais, l’italien ou l’espagnol, et qu’on est ensemble dans une même langue, qu’on comprend la langue de l’autre. Parce que la langue de l’autre avant d’être des mots, c’est un être, une expérience. Commencer à saisir l’autre dans sa réalité, de le saisir dans son histoire, dans ses limites, dans ses ténèbres, c’est vraiment commencer à parler la langue de l’autre.

J’ai beaucoup dans ma vie – et je rends grâce au Seigneur pour ce trésor et cette richesse depuis des années – des personnes handicapées qui n’ont pas de mots et qu’on va dire « non-verbal », mais ce n’est pas parce qu’ils ne sont pas verbaux qu’ils n’ont pas de langue et qu’on ne peut pas entrer dans un dialogue, vivre une rencontre, se reconnaître, se recevoir, se sentir saisi, aimer, épousé, compris. Alors, je pense que la langue de l’Esprit elle est vraiment dans cette ligne-là et les disciples vont recevoir cet Esprit-là, cette capacité de saisir l’autre et de se faire saisir par l’autre et surtout de faire saisir Dieu.

Dans la deuxième Parole, c’est notre ami Paul aux Romains qui va nous parler de l’emprise de la chair, car sous l’emprise de la chair on ne peut pas plaire à Dieu. On a souvent pensé que l’emprise de la chair c’était toutes ces difficultés  de sexe, de tout et de ça. Non, je pense que cette expression vient davantage nous dire qu’on n’est pas au niveau de l’ordre des émotions, du senti. Pour plaire à Dieu, il faut aller à un autre niveau, à un autre ordre et c’est celui de la mort vaincue. Alors ce n’est pas du tout dans la chair, c’est profondément dans l’Esprit. Parfois on peut rencontrer des gens qui auraient toutes les raisons du monde pour être détruits et ces gens-là, ils sont d’une sérénité, d’une sagesse qui fait que ce qui aurait pu les détruire vient vaincre dans nos propres vies, à travers leurs témoignages, des morts dont on ne s’est pas encore affranchis. Et le témoignage de ces personnes qui sont vraiment non plus au niveau de la chair, non plus au niveau des émotions mais au niveau d’une solidité qu’ils ont acquise souvent dans l’humilité, dans l’ouverture à un au-delà d’eux-mêmes, nous conduisent sur des routes qui sont très bénéfiques et dont on a besoin.

Dans l’évangile qui est assez court, Jésus dit à ses disciples : « Si vous restez fidèles à mes commandements si vous m’aimez, moi je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous : l’Esprit de vérité. » Dans ce texte, pour moi, tout d’abord j’aime beaucoup l’expression « Il va vous donner un autre Défenseur ». Jésus était déjà un Défenseur pour nous, qui était dans l’humanité, mais il y a un autre Défenseur même si le Jésus historique n’est plus là, il y a l’Esprit qu’il nous a laissé; c’est un autre Défenseur. J’aime beaucoup aussi me rappeler qu’un des noms que l’on donne au Malin dans la Bible et dans le Nouveau Testament, c’est l’Accusateur des frères. L’esprit malsain, c’est l’Accusateur, mais l’Esprit qui nous est laissé par Jésus, c’est le Défenseur, Celui qui prend la défense du fils et de la fille de Dieu, Celui qui prend la défense de l’être, Celui qui ne juge pas, qui ne condamne pas, qui ne méprise pas mais qui est toujours là pour nous amener à cette grande vérité que nous sommes une humanité aimée avec un prix infini par un Dieu qui nous aime parce qu’il donne son Fils, il donne ce qu’il a de plus précieux pour chacun de nous. 

« Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole; mon Père l’aimera, nous viendrons chez lui, nous irons demeurer auprès de lui. ». On est appelé à faire partie de la sainte Trinité. C’est comme si on nous disait qu’on n’est pas étrangers, qu’on a le droit d’entrer et que pour eux ils ne sont pas fermés à notre arrivée ou à notre venue. Ils sont là pour nous recevoir parce que le seul lieu où nous pouvons être en vérité nous-mêmes, c’est d’être avec eux qui demeurent en nous et qui viennent établir leur demeure chez nous. Mes amis, c’est une nouvelle qui est assez bouleversante lorsqu’on la comprend bien et qu’on la saisit bien. « La parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous dis tout cela pendant que je demeure encore avec vous. » Il nous prépare, il sait qu’Il ne sera pas toujours là, il nous prépare pour qu’on connaisse une réalité et qu’on connaisse une vérité. « Le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout. » Si vous pensez que vous avez fini vos classes, c’est que vous vous êtes coupés de cet enseignant qui est là à chaque instant et à chaque minute à travers tous les événements de notre vie.

Mes amis, comme pasteur, j’aime à me rappeler souvent que je suis envoyé pour prendre la défense de mes frères, pour prendre la défense du Corps du Christ, non pas pour amener un Esprit qui fait peur, un Esprit qui démolit, mais un Esprit mais qui est capable de révéler ce qui est le plus essentiel, de plus vrai. « Il  vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » J’aime beaucoup, à chaque jour, me rappeler qu’Il est là pour m’enseigner et il est là pour me faire me souvenir. J’espère que vous ne l’avez pas oublié, et j’espère qu’aujourd’hui, vous allez vous laisser instruire par cet amour qui se donne pour vous. Et je vous bénis au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen !

Évangile : Jean 14, 15-16.23b-26

1ère lecture : Actes 2, 1-11

Psaume103, 1.24.29-31.34

 2e lecture : Romains 8, 8-17

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