Commentaire du 18 mars 2012 / Pierre Desroches (81e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. (à venir) 

« Les périodes sacrilèges et celles de fidélité / La période actuelle de mépris envers l’Église / Un monde qui a perdu le sens de Dieu / Il n’y a rien de moins privé que la foi / Les morsures qui peuvent nous faire mourir / La grâce de la foi qui nous fait traverser ce qui semble impossible. »

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.

– Gino Fillion : caméra, composition de la musique et arrangements, direction des comédiens, montage des images et mixage.

– COMÉDIENS :
   Anne-Sylvie Gosselin : narratrice
   Gilles Labrosse : Nicodème
   Jean-François Lépine : Jésus

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– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=19/03/2012

Évangile : Dieu a envoyé son Fils pour sauver le monde (Jean 3, 14-21)
De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin que tout homme qui croit obtienne par lui la vie éternelle. Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique : ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas, mais il obtiendra la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le Jugement, le voici : quand la lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. En effet, tout homme qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne lui soient reprochées ; mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient reconnues comme des œuvres de Dieu. 

1ère lecture : Châtiment et pardon : l’exil et le retour (2 Chroniques 36, 14-16.19-23)
Sous le règne de Sédécias, tous les chefs des prêtres et le peuple multipliaient les infidélités, en imitant toutes les pratiques sacrilèges des nations païennes, et ils profanaient le temple de Jérusalem consacré par le Seigneur. Le Dieu de leurs pères, sans attendre et sans se lasser, leur envoyait des messagers, car il avait pitié de sa Demeure et de son peuple. Mais eux tournaient en dérision les envoyés de Dieu, méprisaient ses paroles, et se moquaient de ses prophètes ; finalement, il n’y eut plus de remède à la colère grandissante du Seigneur contre son peuple. Les Babyloniens brûlèrent le temple de Dieu, abattirent les murailles de Jérusalem, incendièrent et détruisirent ses palais, avec tous leurs objets précieux. Nabucodonosor déporta à Babylone ceux qui avaient échappé au massacre ; ils devinrent les esclaves du roi et de ses fils jusqu’au temps de la domination des Perses. Ainsi s’accomplit la parole du Seigneur proclamée par Jérémie : La terre sera dévastée et elle se reposera durant soixante-dix ans, jusqu’à ce qu’elle ait compensé par ce repos tous les sabbats profanés. Or, la première année de Cyrus, roi de Perse, pour que soit accomplie la parole proclamée par Jérémie, le Seigneur inspira Cyrus, roi de Perse. Et celui-ci fit publier dans tout son royaume — et même consigner par écrit — : « Ainsi parle Cyrus, roi de Perse : Le Seigneur, le Dieu du ciel, m’a donné tous les royaumes de la terre ; et il m’a chargé de lui bâtir un temple à Jérusalem, en Judée. Tous ceux d’entre vous qui font partie de son peuple, que le Seigneur leur Dieu soit avec eux, et qu’ils montent à Jérusalem ! ». 

Psaume 136, 1-6

R/ Jérusalem, au profond de mon cœur, Jérusalem, au plus haut de ma joie ! 

Au bord des fleuves de Babylone
nous étions assis et nous pleurions,
nous souvenant de Sion ;
aux saules des alentours
nous avions pendu nos harpes.

C’est là que nos vainqueurs
nous demandèrent des chansons,
et nos bourreaux, des airs joyeux :
« Chantez-nous, disaient-ils,
quelque chant de Sion. »

Comment chanterions-nous
un chant du Seigneur
sur une terre étrangère ?
Si je t’oublie, Jérusalem,
que ma main droite m’oublie !

Je veux que ma langue
s’attache à mon palais
si je perds ton souvenir,
si je n’élève Jérusalem,
au sommet de ma joie. 

2ème lecture : Par grâce, Dieu nous fait revivre (Éphésiens 2, 4-10)
Frères, Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a fait revivre avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés. Avec lui, il nous a ressuscités ; avec lui, il nous a fait régner aux cieux, dans le Christ Jésus. Par sa bonté pour nous dans le Christ Jésus, il voulait montrer, au long des âges futurs, la richesse infinie de sa grâce. C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, à cause de votre foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Cela ne vient pas de vos actes, il n’y a pas à en tirer orgueil. C’est Dieu qui nous a faits, il nous a créés en Jésus Christ, pour que nos actes soient vraiment bons, conformes à la voie que Dieu a tracée pour nous et que nous devons suivre.

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Commentaire du 18 mars (81è) – 4e dimanche du Carême (année B)

Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Dieu est toujours en train de faire le don de ce qu’il a de meilleur : son Fils

L’abbé Pierre Desroches

Nous sommes toujours en Carême mes amis et les textes sont toujours très denses. Aujourd’hui, dans la première lecture, nous allons entendre le châtiment et le pardon, l’exil et le retour d’Israël. On commence par nous parler du règne de Sédécias. On dit : « Tous les chefs des prêtres et le peuple multipliaient les infidélités, en imitant toutes les pratiques sacrilèges des nations païennes, et ils profanaient le temple de Jérusalem consacré par le Seigneur ». La révolte n’a pas attendu notre siècle pour se manifester. Je pense que ça appartient depuis longtemps à l’histoire de l’humanité. On voit à travers cette histoire qu’il y a des périodes qui sont des périodes sacrilèges, et il y a des périodes qui sont des périodes de fidélité. On dit qu’au moment où tous ces sacrilèges se vivaient « le Dieu de leurs pères, sans attendre et sans se lasser, leur envoyait des messagers, car il avait pitié de sa demeure et de son peuple. » Il réagissait vite, il n’attendait pas. Ces infidélités et ces mépris à son égard ne le détournaient pas du peuple et son souci de les voir trouver la vie abondante faisait qu’il reprenait constamment des initiatives. « Mais eux, tournaient en dérision les envoyés de Dieu, méprisaient ses paroles et se moquaient de ses prophètes. » On peut dire que ce sont des éléments qui sont très proches du monde dans lequel nous vivons présentement. 

Quand j’étais plus jeune, on exaltait beaucoup l’Église. On la regardait avec une idéalisation qui était peut-être un peu sans borne. On peut dire qu’aujourd’hui on est toujours dans le « sans borne » mais pas par rapport à une idéalisation mais par le mépris. Ce ne sont pas des réalités nouvelles. Le texte va dire : « finalement, il n’y eut plus de remède à la colère grandissante du Seigneur contre son peuple. » C’est toujours délicat d’interpréter ce mot de « colère  de Dieu ». Vous savez, la colère, c’est un sentiment humain, mais qu’elle est la vérité que cette expression veut nous exprimer ? Il y a dans l’homme des absurdités, et des absurdités qui se répètent, qui se répètent et qui se répètent, font en sorte que certaines réalités ne peuvent plus être évitées. Je pense que derrière l’expression « la colère de Dieu », c’est que, à laisser  dominer le mal, même les initiatives de bien  vont être limitées pour éviter le pire. Et c’est ce qu’on voit dans cette Parole : « parce que les Babyloniens vont brûler le Temple de Dieu, ils vont abattre les murailles de Jérusalem, ils vont incendier et détruire les  palais, et tous leurs objets précieux et ils vont déporter ce peuple de Jérusalem à Babylone jusqu’au temps de la domination des Perses. »

Qu’advient-il lorsqu’on perd le sens de Dieu ? Qu’advient-il d’un monde ? Je trouve toujours bien étrange lorsqu’on nous dit que la foi est privée. À  mon avis, il n’y a rien de moins privé que la foi. Et lorsqu’on ne mesure plus que notre manière de croire, d’être en relation avec Dieu, va donner un visage à notre monde, un jour on expérimente que ce monde sans Dieu a pris des traits qui sont peut-être pour nous des traits qui n’étaient pas du tout  désirables. Ce qui est beau dans cette Parole, c’est que le mal n’est pas éternel, il a une limite de temps. Et elle va se terminer en nous disant qu’après être devenus les esclaves du roi, et après avoir échappé  pour un tout petit groupe au massacre, vient ce temps des Perses où Cyrus va vouloir rebâtir le Temple de Jérusalem, va vouloir redonner à ce monde la dimension et l’expérience de la sagesse qui vient du Judaïsme. Ensuite le peuple va repartir de Babylone pour retourner à Jérusalem dans un tout autre esprit, une toute autre conscience ; pour rebâtir ce que les sacrilèges d’antan avaient détruit. 

Dans l’Évangile, on nous présente le serpent de bronze. Vous savez que c’est pendant sa marche dans le désert, qu’on nous dit que le peuple juif subissait la morsure des serpents, et les gens mourraient. C’est une image qui évoque les poisons mortels et le peuple était sous la terreur. Et le don qui avait été fait à ce peuple, c’était le serpent de bronze. « Lorsqu’il levait les yeux vers le serpent de bronze, il était sauvé. » Ce serpent de bronze va devenir un peu l’image de Jésus  Christ qui est en croix. Et tout au long de notre marche dans la vie, nous aussi il y a toutes sortes de morsures qui pourraient nous faire mourir. Probablement que vous pourriez m’en énumérer, que vous pourriez m’en nommer dans vos propres vies, et que, si on a la grâce d’avoir la foi en Dieu et qu’on élève notre regard vers le serpent de bronze on peut traverser parfois des choses qui auraient été tout à fait impossibles qu’on passe au travers. « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique. » Ça fait partie de la patience et de l’amour de Dieu ; ce monde qui passe son temps à se détourner de Lui, ce monde qui le méprise, qui le nie.  Dieu est toujours en train de faire le don, et le don de ce qu’il y a de meilleur, son Fils unique. « Ainsi tout homme qui croit en lui ne périra pas mais il obtiendra la vie éternelle. » C’est extraordinaire de voir que la vie éternelle vient de là-même où l’on aurait pu périr et que de porter un regard plus élevé sur la réalité peut nous empêcher de sombrer dans des dimensions qui sont comme sans issue.

« Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde ». C’est peut-être très clair dans la Parole mais ce n’est pas toujours clair dans l’esprit des uns et des autres, que Dieu n’est pas d’abord là comme un juge « mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. » C’est assez étrange que souvent les voies de salut nous apparaissent comme des voies de perte. Alors « Celui qui croit en Lui échappe au jugement, celui qui ne veut pas croire est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le jugement le voici : quand la lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres parce que leurs œuvres étaient mauvaises. » Alors c’est une Parole qui nous invite à découvrir les intentions profondes de nos cœurs et cette tendance que nous avons à préférer les ténèbres à la lumière parce que nos intentions profondes manquent de clarté. Je vous invite à écouter cette Parole qui va nous être proclamée à nouveau.

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