Commentaire du 13 mai 2012 / Pierre Desroches (90e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

 – Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, composition de la musique et arrangements, direction des comédiens, montage des images et mixage.

-COMÉDIENS :

Anne-Sylvie Gosselin : narratrice
Jean-François Lépine : Jésus

Texte / Les 4 évangiles en 1 récit :
À partir de la version de l’AELF, adaptation réalisée par Gino Fillion avec la supervision finale de Réjean Vautour, théologien. http://www.aelf.org

« Jésus n’est pas venu établir une hiérarchie / L’Esprit qui passe à travers la prédication de Pierre / Le baptême n’est plus exclusif au juifs / Etty Hillesum, une juive qui découvrit le christianisme avant de mourir à Auschwitz / L’Esprit Saint n’est pas limité à nos institutions / Ne pas laisser la haine ou le jugement venir éteindre la lumière en nous. »

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Évangile : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés » (Jean 15, 9-17)
À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il disait à ses disciples : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous êtes fidèles à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé fidèlement les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que vous soyez comblés de joie. Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ignore ce que veut faire son maître ; maintenant, je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai appris de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous partiez, que vous donniez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous l’accordera. Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres. » 

1ère lecture : Les premiers païens baptisés (Actes 10, 25-26.34-35.44-48)
Quand Pierre arriva à Césarée chez Corneille, centurion de l’armée romaine, celui-ci vint à sa rencontre, et se jetant à ses pieds, il se prosterna. Mais Pierre le releva et lui dit : « Reste debout. Je ne suis qu’un homme, moi aussi. » Puis il s’adressa à ceux qui étaient là : « En vérité, je le comprends : Dieu ne fait pas de différence entre les hommes ; mais, quelle que soit leur race, il accueille les hommes qui l’adorent et font ce qui est juste. » Pierre parlait encore quand l’Esprit Saint s’empara de tous ceux qui écoutaient la Parole. Tous les croyants qui accompagnaient Pierre furent stupéfaits, eux qui étaient Juifs, de voir que même les païens avaient reçu à profusion le don de l’Esprit Saint. Car on les entendait dire des paroles mystérieuses et chanter la grandeur de Dieu. Pierre dit alors : « Pourrait-on refuser l’eau du baptême à ces gens qui ont reçu l’Esprit Saint tout comme nous ? » Et il donna l’ordre de les baptiser au nom de Jésus Christ. Alors ils lui demandèrent de rester quelques jours avec eux.

Psaume 97, 1-4a.6b

R/ Dieu révèle sa puissance à toutes les nations

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
car il a fait des merveilles ;
par son bras très saint, par sa main puissante,
il s’est assuré la victoire.

Le Seigneur a fait connaître sa victoire
et révélé sa justice aux nations ;
il s’est rappelé sa fidélité, son amour,
en faveur de la maison d’Israël.

La terre tout entière a vu
la victoire de notre Dieu.
Acclamez le Seigneur, terre entière.
Acclamez votre roi, le Seigneur !

2ème lecture : « Dieu est amour » (1 Jean 4, 7-10)
Mes bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Tous ceux qui aiment sont enfants de Dieu, et ils connaissent Dieu. Celui qui n’aime pas ne connaît pas Dieu, car Dieu est amour. Voici comment Dieu a manifesté son amour parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. Voici à quoi se reconnaît l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils qui est la victime offerte pour nos péchés.

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Commentaire du 13 mai 2012(90è) – 6e dimanche de Pâques (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q. 

La haine et l’hostilité qui empêchent de demeurer dans son Amour

L’abbé Pierre Desroches

Cette semaine nous avons encore des paroles tirées des Actes des Apôtres. C’est intéressant de lire les Actes des Apôtres parce qu’ils nous apprennent beaucoup de choses sur les premiers agissements des débuts de la communauté chrétienne. Et aujourd’hui c’est Pierre qui arrive à Césarée chez Corneille qui est un centurion de l’armée romaine. Un centurion, ça veut dire que s’il est de l’armée romaine, il est païen puisqu’il est romain. Il a à sa charge cent hommes, c’est pour cela qu’il est un centurion. Il vient à la rencontre de Pierre. Si vous vous rappelez dans l’Évangile lorsque Jésus va expirer sur la croix, c’est un centurion qui va faire le premier, le message et qui va annoncer la Bonne Nouvelle. Il va se jeter aux pieds de Pierre, va se prosterner. C’est vraiment un geste de païen parce qu’il le fait devant un homme. Pierre va immédiatement réagir : « Reste debout. Je ne suis qu’un homme, moi aussi. » 

J’ai connu un temps d’Église où je n’étais pas curé, je n’étais pas prêtre, où on se prosternait facilement devant les prêtres, où on se mettait à genoux. C’est une époque qui est passablement révoquée, mais c’est une attitude qui peut vouloir signifier qu’on reconnaît qu’il y a devant nous quelqu’un qui nous dépasse. C’est intéressant que Pierre dise : Ce n’est pas moi devant qui tu as à te prosterner, c’est devant Celui qui est en toi. Et Pierre va se mettre à parler à la communauté qui est là. Il va se mettre à les éduquer. Il leur dit : « Dieu ne fait pas de différence entre les hommes : » Jésus n’est pas venu établir une hiérarchie où certains hommes seraient plus grands et d’autres seraient plus petits, « mais, quelle que soit leur race, il accueille les hommes qui l’adorent et font ce qui est juste. » La juste adoration de Dieu, c’est d’être juste pour les frères et pour les sœurs, pour l’humanité. 

Et tout à coup pendant qu’il parle l’Esprit Saint va s’emparer de tous ceux qui écoutent la Parole – pas la parole de Pierre –, qui entendent la Parole de Dieu qui est le Christ à travers la prédication de Pierre. C’est l’Esprit qui devient commun. C’est comme une nouvelle Pentecôte qu’on entend dans cette Parole. « Tous les croyants qui accompagnaient Pierre furent stupéfaits de voir cet effet-là » devant  probablement un peuple qui était très mêlé et qui écoutait cette même Parole. Et Pierre va dire ceci : « Peut-on refuser l’eau du baptême à ces gens qui ont reçu l’Esprit Saint tout comme nous ? » On en avait fait un bien exclusif du judaïsme. Et dans les débuts de l’Église c’était très difficile d’imaginer que des non-juifs pouvaient être eux aussi disciples de Jésus Christ. C’est tout ce qui se passe dans cette Parole qui nous est dite. Dans le  ministère, parfois c’est étonnant de rencontrer des personnes qui n’ont pas du tout un chemin qui nous est habituel, puis de toucher chez ces personnes, lorsqu’on les écoute, l’expérience que certains ont de Dieu. Une des auteurs que j’ai bien aimés dans ces dernières  années, c’est Etty Hillesum qui est une juive qui a écrit, qui n’a pas publié son journal, mais son journal a été trouvé et il a été publié. Etty Hillesum qui est du judaïsme,  va faire l’expérience de Jésus Christ par des chemins tout à fait hétéroclites. Elle va librement aller rejoindre sa famille dans les camps de concentration alors qu’elle aurait pu éviter de s’y retrouver, mais par toute son expérience de Jésus elle va être présente à ceux qu’elle aime et elle va donner sa vie d’une façon tout à fait incompréhensible pour quelqu’un qui n’aurait pas la foi. C’est toujours extraordinaire de découvrir que l’Esprit Saint n’est pas condamné à passer par nos chemins ou par nos institutions. Il a une liberté pour aller visiter et rencontrer des hommes et des femmes.

Jean dans son épitre va nous dire : « aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. »  Il ne vient pas de nous, c’est un don qui nous est fait, il vient de Dieu et accueillons ce don pour entrer dans l’amour des uns et des autres. « Celui qui n’aime pas ne connaît pas Dieu, » Et Jean à cette étape de sa vie n’est plus un jeune homme. Il parle vraiment à sa communauté comme un Ancien, comme un grand-père qui veut leur livrer toute la richesse de sa longue expérience du Christ. Dans  l’Évangile ; « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour ». N’en sortez pas ! C’est très simple que sortir de l’amour de Jésus Christ. Chaque fois qu’on laisse une parcelle de haine entrer dans notre cœur, une hostilité venir habiter un espace de relation, chaque fois qu’on laisse un jugement venir éteindre la lumière du salut de Jésus, on n’est plus dans cet amour, on demeure dans un ailleurs qui est triste. « Si vous êtes fidèles à mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé fidèlement les commandements de mon Père, » ce n’est pas un commandement d’un général d’armée, ce n’est pas du tout ce sens qu’a ce mot, « et que je demeure dans son amour ». Toute cette réalité qui revient « demeurez dans mon amour comme moi j’ai  demeuré… », ça nous dit tout le bien-être, toute la profondeur de l’harmonie de la relation qui existe entre le Père et le Fils et qui doit exister, pas comme une obligation, qui existe entre les disciples et le Christ, celle de demeurer dans cet amour qui nous lie et qui fait que l’on participe à l’amour même de la sainte Trinité. « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses disciples. » Je vous invite dans la prière à regarder avec le Seigneur si vous  retenez des petits bouts de votre vie parce que vous n’êtes pas rendus à cet amour où la vie est livrée pour que l’on puisse expérimenter la délivrance de cet amour qui nous est donné en Jésus Christ.

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