Commentaire du 12 août 2012 / Pierre Desroches (103e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, montage et mixage.

« Les temps où l’on demande la mort / Combien facilement on s’affranchit de la misère de nos frères / Être de ceux qui conduisent les gens à la Source / Quand on réduit la valeur d’une personne parce qu’on croit la connaître, comme on l’a fait pour Jésus. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=12/08/2012

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Évangile : Le pain de la vie éternelle (Jean 6, 41-51)
Comme Jésus avait dit : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel », les Juifs récriminaient contre lui : « Cet homme-là n’est-il pas Jésus, fils de Joseph ? Nous connaissons bien son père et sa mère. Alors comment peut-il dire : ‘Je suis descendu du ciel’ ? » Jésus reprit la parole : « Ne récriminez pas entre vous. Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire vers moi, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous instruits par Dieu lui-même. Tout homme qui écoute les enseignements du Père vient à moi. Certes, personne n’a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père. Amen, amen, je vous le dis : celui qui croit en moi a la vie éternelle. Moi, je suis le pain de la vie. Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais ce pain-là, qui descend du ciel, celui qui en mange ne mourra pas. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour que le monde ait la vie. »

1ère lecture : Élie fortifié par le pain de Dieu (1 Rois 19, 4-8)
Le prophète Élie, fuyant l’hostilité de la reine Jézabel, marcha toute une journée dans le désert. Il vint s’asseoir à l’ombre d’un buisson, et demanda la mort en disant : « Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. » Puis il s’étendit sous le buisson, et s’endormit. Mais voici qu’un ange le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange ! » Il regarda, et il y avait près de sa tête un pain cuit sur la braise et une cruche d’eau. Il mangea, il but, et se rendormit. Une seconde fois, l’ange du Seigneur le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange ! Autrement le chemin serait trop long pour toi. » Élie se leva, mangea et but. Puis, fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb, la montagne de Dieu.

Psaume 33, 2-9

R/ Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur ! 

Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !

Magnifiez avec moi le Seigneur,
exaltons tous ensemble son nom.
Je cherche le Seigneur, il me répond :
de toutes mes frayeurs, il me délivre.

Qui regarde vers lui resplendira,
sans ombre ni trouble au visage.
Un pauvre crie ; le Seigneur entend :
il le sauve de toutes ses angoisses.

L’ange du Seigneur campe à l’entour
pour libérer ceux qui le craignent.
Goûtez et voyez : le Seigneur est bon !
Heureux qui trouve en lui son refuge !

 

2ème lecture : Vivez dans l’amour (Éphésiens 4, 30-32; 5, 1-2)
Frère, en vue du jour de votre délivrance, vous avez reçu en vous la marque du Saint Esprit de Dieu : ne le contristez pas. Faites disparaître de votre vie tout ce qui est amertume, emportement, colère, éclats de voix ou insultes, ainsi que toute espèce de méchanceté. Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ. Oui, cherchez à imiter Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés. Vivez dans l’amour, comme le Christ nous a aimés et s’est livré pour nous en offrant à Dieu le sacrifice qui pouvait lui plaire.

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Commentaire du 12 août 2012 (103e) – 19e semaine du Temps Ordinaire (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Être capable de reconnaître Dieu parmi ceux et celles qui nous entourent

L’abbé Pierre Desroches

Mes amis je vous souhaite la bienvenue. C’est un lieu de repos dans lequel nous nous sommes retrouvés l’an dernier un moment donné, et cette année, à nouveau vous êtes invités à St-Liguori avec tout le calme ou le tumulte de la rivière, mais je sais que quelques-uns de mes amis m’avaient dit comment ils avaient apprécié ce beau bruit qui est très détendant.

Aujourd’hui on a une belle Parole qui est tirée du Livre des Rois et c’est le prophète Élie qui a fui, qui a quitté, qui s’est distancé de l’hostilité de la reine Jézabel et qui marche une journée complète dans le désert et qui va faire cette prière : « Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. » On voit déjà dans sa prière qu’il est en compétition avec ses pères, il aurait voulu être meilleur mais il prend conscience que sa colère, qui a amené une passion où il a tué beaucoup  de  prophètes de la reine, le conduit à une forme de désespoir et il prend conscience que ça ressemble peut-être  plus à lui, qu’au Dieu de ses Pères. Il n’en peut plus, il est à bout de souffle, il est à bout de courage, il est à bout d’idées, puis il demande la mort. Dans ma vie, il m’arrive souvent d’entendre des gens qui demandent la mort. Moi-même dans certains moments de ma vie, dans une prière je pouvais à peu près m’exprimer en disant au Seigneur : « je ne vaux pas mieux que les autres, reprends-moi, je suis indigne de d’être ici sur la terre, je ne fais rien qui soit sensé. » Ce sont des moments de grands passages intérieurs. Élie va s’étendre dans le buisson puis il va s’endormir car il est comme écrasé par le poids de l’existence. Ça m’arrive souvent de voir cela à travers des gens atteints de maladie mentale qui demandent cette mort-là. Ça m’arrive même de le voir à travers des personnes en itinérance qui sont comme détruites, et déjà leur manière d’être et d’exister dit qu’ils ont voulu sortir du réel, qu’ils cherchent à les récupérer ou à les structurer ou à les mettre selon leur vision, et ils résistent.

Dans une des paroisses où je serai bientôt, sur le Plateau Mont-Royal, on a fermé la petite rue entre le temple et le parc et cela a eu pour conséquences que beaucoup de gens de nuit se retrouvent maintenant dans le parc et couchent sur le parvis de l’église. Comme il n’y a pas de toilettes, comme il n’y a rien, on finit par s’organiser comme on peut avec l’environnement et l’entourage. Ça décourage beaucoup de personnes et on aimerait bien pouvoir les pousser ailleurs mais eux se poussent là… Il n’est pas évident de voir comment on peut s’affranchir de cette misère qui est dans la vie de nos frères. Lui, le prophète, ce qui va arriver dans sa misère, un ange va lui être envoyé et qui va lui dire : « Lève-toi, et mange !  Il regarde, et il y avait près de sa tête un pain cuit sur la braise et une cruche d’eau. » Il mange, il boit et se rendort. Qui sont ces gens qui vont accueillir ceux qui sont dans la misère ? Où va-t-on cuire le pain qui va leur redonner force et courage pour qu’ils se lèvent et se mettent debout, eux qui sont comme écrasés et qui n’ont plus d’énergie pour arriver à être qui ils sont en profondeur. Une seconde fois, l’ange du Seigneur le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange ! Quand quelqu’un désire notre vie, c’est qu’il désire aussi qu’on soit nourri. Il arrive parfois que notre âme meurt parce que personne nous veut vivant, personne désire que ce que nous sommes puisse devenir un bon pain qui apporte la vie nouvelle.

Et la Parole ajoute : « Autrement le chemin serait trop long pour toi. » On a tout une route à parcourir. « Élie va manger, il va boire, puis fortifié par cette nourriture, il va marcher quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb, la montagne de Dieu. » Il y a des gens qui ne peuvent pas retrouver ce qu’ils sont s’ils ne retrouvent pas Dieu. Il y a Dieu qui est toujours là au bout de notre route, au bout de notre chemin pour qu’on puisse en sa présence, devenir capables d’être nous aussi une présence, d’être capable d’être l’humain qu’on est, d’être un humain à part entière dans son désir de se relier aux autres, de s’attacher aux autres. Et je pense qu’il y a un défi comme la présence de nos frères itinérants, là où on voudrait qu’ils ne soient pas, c’est pour les amener là où Dieu voudrait les retrouver. Et c’est toujours notre responsabilité comme chrétiens, non pas de désirer la mort de ceux qui nous dérangent ou qui ont des habitudes qui nous contrarient mais de les vouloir vivants, et de savoir qu’on n’est pas cette source, mais que nous sommes ceux qui conduisent à la source, ceux qui réveillent la source, et on ne peut pas tout simplement vouloir s’en défaire, on ne peut que vouloir les regarder dans la dignité et établir des liens qui vont les conduire à bon port.

Dans la deuxième lecture, notre ami Paul dit : « Frères en vue du jour de votre délivrance, vous avez reçu en vous la marque du Saint Esprit de Dieu. »  Ce n’est pas que les itinérants ou ceux qui ont des maladies mentales qui ont besoin d’être délivrés, ce sont tous les humains, toute l’humanité qui a besoin d’être délivrés. Et le grand don que Dieu nous a fait pour cette délivrance en Jésus, c’est son Esprit.  « Ne contristez pas l’Esprit de Dieu qui est en vous. » Et on nous appelle à faire disparaître des réalités : «  amertume, emportement, colère, éclats de voix et insultes, ainsi que toute espèce de méchanceté. »  On va entendre cela quelques fois de faire disparaître ces réalités, même dans la lettre de Jacques. Et pour nous c’est une vocation, et cette vocation de faire disparaître ces états d’âme, c’est un travail de chaque jour qui a besoin de la force de Dieu. Donc, il faut se laisser convertir et transformer et c’est souvent les événements extérieurs qui viennent nous révéler que toutes ces réalités sont dans nos cœurs.

Dans l’Évangile : « Cet homme-là n’est-il pas Jésus, fils de Joseph ? Comment peut-il dire : ‘Je suis le pain descendu du ciel’ ? » Souvent, on banalise, on réduit les personnes parce qu’on ne retourne pas jusqu’à leur origine. Pour comprendre, découvrir et voir Jésus en vérité, il fallait être capable d’avoir les yeux de Dieu. Pour voir et comprendre nos époux, nos enfants, nos proches, nos co-paroissiens et les gens avec qui on peut travailler, il faut avoir ce même regard et ne pas réduire les personnes à la première perception que nous avons ou au premier jugement que nous avons. Jésus va inviter ses disciples : « Ne récriminez pas entre vous. Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire vers moi, et moi, je le ressusciterai au dernier jour ». Il y a un grand désir de Jésus, c’est de vaincre la mort qui est dans nos vies, qui est dans nos cœurs, qui est dans nos êtres et aussi vaincre cette mort finale pour qu’on puisse prendre toute cette dimension qui est réelle pour chacun de nous. Nous avons été faits à l’image d’un Dieu éternel pour pouvoir goûter avec Lui toute la joie et le bonheur. Mes amis, je vous souhaite une bonne semaine et laisser l’Esprit transformer votre regard sur vous-même et sur ceux que vous croiserez.

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