Commentaire du 11 septembre 2011 / Pierre Desroches (53e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion :
caméra et montage.

« L’obstination dans la colère empoisonne notre vie / Les conséquences des pensées que l’on entretient / Dieu ne nous regarde pas avec colère et rancune / Nous vivons déjà l’expérience de la mort durant notre vie / Le pardon, une réalité à faire advenir constamment / Le pardon n’est pas un oubli. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) :  http://aelf.org/?date_my=11/09/2011

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Évangile : Instruction pour la vie de l’Église. Pardonner sans mesure. (Matthieu 18, 21-35)
Pierre s’approcha de Jésus pour lui demander : « Seigneur, quand mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois ? » Jésus lui répondit : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois. En effet, le Royaume des cieux est comparable à un roi qui voulut régler ses comptes avec ses serviteurs. Il commençait, quand on lui amena quelqu’un qui lui devait dix mille talents (c’est-à-dire soixante millions de pièces d’argent). Comme cet homme n’avait pas de quoi rembourser, le maître ordonna de le vendre, avec sa femme, ses enfants et tous ses biens, en remboursement de sa dette. Alors, tombant à ses pieds, le serviteur demeurait prosterné et disait : Prends patience envers moi, et je te rembourserai tout.’ Saisi de pitié, le maître de ce serviteur le laissa partir et lui remit sa dette. Mais, en sortant, le serviteur trouva un de ses compagnons qui lui devait cent pièces d’argent. Il se jeta sur lui pour l’étrangler, en disant : ‘Rembourse ta dette !’ Alors, tombant à ses pieds, son compagnon le suppliait : ‘Prends patience envers moi, et je te rembourserai.’ Mais l’autre refusa et le fit jeter en prison jusqu’à ce qu’il ait remboursé. Ses compagnons, en voyant cela, furent profondément attristés et allèrent tout raconter à leur maître. Alors celui-ci le fit appeler et lui dit : ‘Serviteur mauvais ! je t’avais remis toute cette dette parce que tu m’avais supplié. Ne devais-tu pas, à ton tour, avoir pitié de ton compagnon, comme moi-même j’avais eu pitié de toi ?’ Dans sa colère, son maître le livra aux bourreaux jusqu’à ce qu’il ait tout remboursé. C’est ainsi que mon Père du ciel vous traitera, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère de tout son coeur. » 

1ère lecture : Comment un homme pécheur ne pardonnerait-il pas ? (Siracide 27, 30 ; 28, 1-7)
Rancune et colère, voilà des choses abominables où le pécheur s’obstine. L’homme qui se venge éprouvera la vengeance du Seigneur ; celui-ci tiendra un compte rigoureux de ses péchés. Pardonne à ton prochain le tort qu’il t’a fait ; alors, à ta prière, tes péchés seront remis. Si un homme nourrit de la colère contre un autre homme, comment peut-il demander à Dieu la guérison ? S’il n’a pas de pitié pour un homme, son semblable, comment peut-il supplier pour ses propres fautes ? Lui qui est un pauvre mortel, il garde rancune ; qui donc lui pardonnera ses péchés ? Pense à ton sort final et renonce à toute haine, pense à ton déclin et à ta mort, et demeure fidèle aux commandements. Pense aux commandements et ne garde pas de rancune envers le prochain, pense à l’Alliance du Très-Haut et oublie l’erreur de ton prochain. 

Psaume 102, 1-4, 9-12

R/ Le Seigneur est tendresse et pitié.

Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n’oublie aucun de ses bienfaits !

Car il pardonne toutes tes offenses
et te guérit de toute maladie ;
il réclame ta vie à la tombe
et te couronne d’amour et de tendresse.

Il n’est pas pour toujours en procès,
ne maintient pas sans fin ses reproches ;
il n’agit pas envers nous selon nos fautes,
ne nous rend pas selon nos offenses.

Comme le ciel domine la terre,
fort est son amour pour qui le craint ;
aussi loin qu’est l’orient de l’occident,
il met loin de nous nos péchés.

2ème lecture : Nous vivons et nous mourons pour le Seigneur (Romains 14, 7-9)
En effet, aucun d’entre nous ne vit pour soi-même, et aucun ne meurt pour soi-même : si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur ; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Dans notre vie comme dans notre mort, nous appartenons au Seigneur. Car, si le Christ a connu la mort, puis la vie, c’est pour devenir le Seigneur et des morts et des vivants.

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Commentaire du 11 septembre 2011 (53è) – 24e dimanche du temps ordinaire
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Le ressentiment est un poison, le pardon est un souffle de vie

L’abbé Pierre Desroches

Alors mes amis, vous avez une bonne idée de ce qu’est le Cap Tourmente. Dans cette journée où il fait quand même très beau mais très venteux. Vous allez probablement avoir l’occasion d’en entendre davantage tout au long de ce temps de partage. Les textes qui nous sont proposés en ce dimanche vont nous parler aussi de tourments, de colère, de pardon. Et la première Parole qui est tirée de Siracide dit ceci : « Rancune et colère, voilà des choses abominables où le pécheur s’obstine. » S’obstiner dans la rancœur et s’obstiner dans la colère. On peut dire qu’on a plein de réalités qui nous entourent où on peut toucher cette réalité et ce qui est souvent triste dans toutes ces colères mêmes justifiées, je crois qu’un temps de colère est quelque chose de libérateur. S’obstiner dans la colère, c’est conserver une colère dans son cœur qui empoisonne notre vie. J’aime bien cette définition de ce qu’on appelle le ressentiment. Le ressentiment c’est un poison qu’on s’injecte en nous-mêmes dans le but de faire mourir l’autre. Il y a une sagesse dans les Livres de la Parole de Dieu qui va nous conduire et nous proposer une autre voie qui ne peut pas se comprendre avec la raison mais qui peut se comprendre dans l’expérience plus intérieure, plus spirituelle, dans une attention aux conséquences des pensées qu’on entretient. On voit cela dans ce premier texte qui va se conclure par « Pense aux commandements et ne garde pas de rancune envers le prochain. » Et les commandements ce ne sont pas des règles, c’est l’invitation à l’amour. « Pense à l’alliance du Très-Haut et oublie l’erreur de ton prochain. » parce que Dieu ne nous regarde pas avec colère, ni avec rancune. Il n’entretient pas par rapport à nous cette double réalité.

Et notre ami Paul va nous parler dans sa lettre  « Si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur ; si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. » Il trouve le sens et de la vie et de la mort dans le Seigneur. Mourir, c’est plus que juste un temps biologique. Tout au long de notre vie on a à vivre cette expérience-là, l’expérience de la Pâque : passer de la mort à la vie. Passer de la mort à la vie, c’est déjà mourir. Renoncer à des comportements, à des habitudes, à des attitudes. Renoncer à se venger des injustices qui nous ont été faites, ça ne veut pas dire de ne pas les dénoncer, ça ne veut pas dire de ne pas les refuser, mais ne pas s’y enfermer. C’est tout un art que la sagesse ecclésiale veut nous apprendre. Alors les disciples eux-mêmes se posaient des questions et les posaient à Jésus et on en a une dans l’évangile de cette semaine. C’est un texte que vous avez probablement entendu et que vous connaissez assez bien. Le texte dit à peu près ceci : « Seigneur, quand mon frère commettra des fautes contre moi, combien de fois dois-je lui pardonner ? Jusqu’à sept fois? »  Probablement que Pierre se trouvait déjà bien avancé de proposer ce chiffre qui est aussi dans la Bible le chiffre de la perfection. Et Jésus va aller plus loin. Il dit : « soixante-dix fois sept fois. » C’est comme s’il disait : le pardon c’est une réalité qu’on a à faire advenir constamment. On ne doit jamais renoncer au pardon. C’est dans cette réalité-là qu’on va faire l’expérience profonde de Dieu parce que Dieu est miséricorde. « Devenez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. » On a tous dans notre vie de ces expériences d’injustice, on aurait tous des raisons de pouvoir être en colère, de retenir contre notre frère quelque chose, mais Dieu nous invite à remettre. C’est déjà une façon de se déposséder, de libérer. En libérant le frère par le pardon on libère notre cœur haine qui pourrait l’empoisonner et empoisonner notre existence, empoisonner notre vie avec tous nos frères.

Comme vous le voyez le vent souffle abondamment et l’Esprit veut souffler aussi intensément pour que nous soyons capables de ce pardon. Le pardon ce n’est pas un oubli, le pardon ce n’est pas une négation de ce qui est mal, mais il est une conviction que l’on ne peut pas par la mort vaincre la mort, mais on peut par la vie vaincre la mort. Et c’est l’esprit que Jésus nous invite à aller trouver dans cette alliance du Père, du Fils et de l’Esprit qui nous est transmis par ce corps qui est l’Église, qui est le Corps glorieux, le Christ vivant qui a pour nous ce souffle en abondance. Bonne semaine mes amis.

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2 commentaires

  1. Godart dit :

    La première personne à qui nous devons pardonner , c’est à nous même , et c’est parfois le plus difficile. La culpabilité peut être la cause de multiples rancunes que nous ignorons parfois et que nous traînons comme des fardeaux.
    C’est en nous ouvrant à l’amour inconditionnel du Christ qui nous est transmis lors de l’eucharistie que ce pardon universel s’opère .
    Merci Pierre pour vos commentaires passionnants et merci à tous ceux qui nous permettent de les recevoir à l’autre bout du monde.
    Claire

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