Commentaire du 11 mars 2012 / Pierre Desroches (80e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.

– Gino Fillion : caméra, composition de la musique et arrangements, direction des comédiens, montage des images / Anne-Sylvie Gosselin : narratrice / Jean-François Lépine : Jésus.

« La loi qui a été transmise à Moïse l’a été pour aider les hommes à trouver Dieu / La haine qui est en nous peut avoir des conséquences sur notre descendance / Le mal a une limite que l’amour n’a pas / La colère de Jésus devant une religion de marchands / Ne pas trafiquer nos relations / Être tourmenté par un amour qui engage. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=11/03/2012

——————————————————————————————————

Évangile : La prophétie du Temple relevé en trois jours (Jean 2, 13-25)
Comme la Pâque des Juifs approchait, Jésus monta à Jérusalem. Il trouva installés dans le Temple les marchands de boeufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple ainsi que leurs brebis et leurs boeufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. » Ses disciples se rappelèrent cette parole de l’Écriture : L’amour de ta maison fera mon tourment. Les Juifs l’interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour justifier ce que tu fais là ? » Jésus leur répondit : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. » Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce Temple, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » Mais le Temple dont il parlait, c’était son corps. Aussi, quand il ressuscita d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent aux prophéties de l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite. Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en lui, à la vue des signes qu’il accomplissait. Mais Jésus n’avait pas confiance en eux, parce qu’il les connaissait tous et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme : il connaissait par lui-même ce qu’il y a dans l’homme.

1ère lecture : Dieu donne sa loi par Moïse (Exode 20, 1-17)
Sur le Sinaï, Dieu prononça toutes les paroles que voici : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage. Tu n’auras pas d’autres dieux que moi. Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces images, pour leur rendre un culte. Car moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux : chez ceux qui me haïssent, je punis la faute des pères sur les fils, jusqu’à la troisième et la quatrième génération ; mais ceux qui m’aiment et observent mes commandements, je leur garde ma fidélité jusqu’à la millième génération. Tu n’invoqueras pas le nom du Seigneur ton Dieu pour le mal, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque son nom pour le mal. Tu feras du sabbat un mémorial, un jour sacré. Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage ; mais le septième jour est le jour du repos, sabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l’immigré qui réside dans ta ville. Car en six jours le Seigneur a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, mais il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat et l’a consacré. Honore ton père et ta mère, afin d’avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu. Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d’adultère. Tu ne commettras pas de vol. Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son boeuf, ni son âne : rien de ce qui lui appartient. »

Psaume 18, 8-11

R/ Dieu ! Tu as les paroles de vie éternelle

La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.

Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le cœur ;
le commandement du Seigneur est limpide,
il clarifie le regard.

La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables :

plus désirables que l’or,
qu’une masse d’or fin,
plus savoureuses que le miel
qui coule des rayons

2ème lecture : Sagesse du monde et folie de la croix (1 Corinthiens 1, 22-25)
Frères, alors que les Juifs réclament les signes du Messie, et que le monde grec recherche une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les peuples païens. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car la folie de Dieu est plus sage que l’homme, et la faiblesse de Dieu est plus forte que l’homme.

———————————————————————–

Commentaire du 11 mars (80è) – 4e dimanche du Carême (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

La colère de Jésus contre les réalités qui détruisent le Temple de Dieu… en nous

L’abbé Pierre Desroches

Bonjour ! Alors mes amis, je ne sais pas comment vous vivez votre rapport avec la Loi mais le  texte d’aujourd’hui va nous faire réfléchir un peu sur elle. C’est un texte qui est tiré du Livre de l’Exode et c’est Dieu qui va s’adresser sur le Mont Sinaï, à Moïse. Moïse, c’est le grand législateur de l’Ancien Testament, c’est lui qui reçoit ces tables et qui va avoir la mission de les transmettre au Peuple de Dieu. Il y a plusieurs fonctions, plusieurs services que peut nous rendre la loi mais, une loi qui est mal reçue, qui est mal accueillie, qui est mal comprise peut autant nous plonger dans la perversion que de nous faire vivre la conversion. C’est sûr que la Loi qui est transmise à Moïse, c’est pour aider les hommes et les femmes de ce temps à se tourner vers Dieu et à saisir le cœur de Dieu. La Loi a une fonction éducatrice. Quand on est jeune c’est très pratique d’en recevoir quelques-unes parce qu’on ne peut pas constamment inventer le monde, on ne peut pas refaire la sagesse et, évidemment, si les parents ne savent pas qu’il y a une loi qui dit qu’il est bon d’être nourri pour être vivant, et qu’ils oublient pendant six semaines de nourrir leurs nourrissons, ils seront peut-être confrontés à la mort. Je veux simplement dire que la loi n’est pas nécessairement une chose qui d’abord s’impose, c’est quelque chose qui éduque, quelque chose qui va nous apprendre un peu les règles pour demeurer et devenir des vivants.

Dans ce long texte que nous avons  de cette Loi qui est donnée à Moïse, il y en a plusieurs qui nous sont nommées. Une que je vais saisir au hasard, qui dit : « Je suis un Dieu jaloux : chez ceux qui me haïssent, je punis la faute des pères sur les fils, jusqu’à la troisième et la quatrième génération; mais ceux qui m’aiment et observent mes commandements, je leur garde ma fidélité jusqu’à la millième génération. » On pourrait dire : comme c’est injuste, comme ça n’a pas de sens, comme ça n’a pas d’allure. Mais je ne sais pas  si on est conscient que le mal qui est en nous, que les colères qui sont en nous, que la haine qui est en nous, ne s’arrête pas et qu’elle a  beaucoup de conséquences sur la descendance. Je vais m’amuser à prendre la loi de la maffia. Tous ces désirs de vengeance qui passent de générations à générations parce qu’ils ne s’arrêtent pas avec la mort du premier.

Le Seigneur, c’est comme s’il veut nous instruire et nous éduquer que nos péchés ne sont pas que des péchés personnels et que ces blessures qui ne sont pas guéries dans nos vies, elles sont transmises, et elles ne sont pas transmises nécessairement pour un mieux être de ceux qui suivent,  mais pour un mal être. Et lorsqu’il parle, c’est intéressant de le remarquer,- « mais eux qui m’aiment »alors  l’amour aussi a cette même réalité ou cette même dimension, elle ouvre la vie et elle l’ouvre pour longtemps. Et il va dire dans ce texte-ci c’est pour «  la millième génération ». Vous voyez, c’est comme si le mal aurait une limite que le bien n’a pas, parce que le bien se prolonge toujours dans une dimension d’éternité.

Et le texte  qui nous est proposé dans le Nouveau Testament, c’est celui qui nous parle du Temple qui va être relevé en trois jours. C’est une expression de Jésus, c’est un texte qui nous parle aussi de la colère de Jésus. C’est quoi cette sainte colère ?  Cette sainte colère c’est que, devant tous les marchandages, on n’est pas appelé dans les alliances à vivre des marchandages, on est appelé à vivre des reconnaissances, on est appelé à se construire au cœur d’une alliance, on n’est pas appelé à acheter l’autre, on n’est pas appelé à dominer l’autre, on est appelé à le rencontrer, à le découvrir, puis aussi, je dirais, à se laisser connaître, à se laisser percevoir. Et Jésus va, par rapport au Temple de Jérusalem, être remué profondément parce qu’on ne l’utilise plus dans le bon sens. C’est comme si on retournait à une religion primaire, à une religion de marchands. Il va faire cette colère et il va dire : « Enlevez cela d’ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. » On pourrait faire un exercice et se demander ce qu’on aurait avantage à enlever dans nos manières de nous mettre en relation, pour justement ne pas être en train de les trafiquer, mais pour être en train de bien les vivre, de bien s’y inscrire, de bien vivre le respect mutuel, la découverte qu’on est appelé à expérimenter dans le fait d’être en lien, dans le fait d’être en train de faire des échanges.

« Et les disciples se rappelèrent cette parole de l’Écriture : L’amour de ta maison fera mon tourment. » C’est une belle parole, c’est être tourmenté par un amour et un amour qui engage, un amour qui remue. Et les Juifs vont regarder Jésus devant cette colère et dire : « Comment tu peux justifier de faire une colère comme cela »? Et lui de répondre : « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. » Mes amis, on est le temple de Dieu, et qu’on le veuille ou pas, il y a des réalités qui viennent détruire cette dimension sacrée qui est notre être même. Et Jésus est remué par cette destruction. « Rebâtir en trois jours » on sait très bien qu’il nous parle de sa résurrection, qu’il nous parle de sa vie donnée, de sa vie livrée pour rebâtir souvent ce qui a été démoli par un monde qui n’a d’autre valeur que celle de l’argent, un monde qui n’a d’autre centration que d’être centré sur lui-même. « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce Temple, et toi en trois jours tu le relèverais! Mais le Temple dont il parlait, c’était son corps. » C’était nous. Nous sommes le corps du Christ, et lorsque nous nous acceptons de nous engager fort sérieusement dans les promesses de notre baptême, on peut faire advenir au cœur même de cette incarnation et de ce temps, une réalité qui bâtit ce corps et qui bâtit ce Temple. En ce temps de Carême qui nous est donné pour que nous puissions accomplir ce service, je vous invite à réécouter cette Parole.

TAGS: ,

0 commentaires

Vous pouvez être le premier à laisser un commentaire

Laissez un commentaire