Commentaire du 11 décembre 2011 / Pierre Desroches (67e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, montage et musique.

« L’Amour se propose à nous chaque jour / Sommes-nous conscients d’être des envoyés de Dieu ? / Apprendre à comprendre le Baptiste par le dedans / Il faut des témoins pour que le message d’amour du Christ soit entendu / C’est le cœur qui aide à saisir les mystères de Dieu / Le temps de Noël nous invite à retrouver les racines profondes de notre identité chrétienne. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=11/12/2011

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Évangile : « Il se tient au milieu de vous » (Jean 1, 6-8.19-28)
Il y eut un homme envoyé par Dieu. Son nom était Jean. Il était venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour lui rendre témoignage. Et voici quel fut le témoignage de Jean, quand les Juifs lui envoyèrent de Jérusalem des prêtres et des lévites pour lui demander : « Qui es-tu ? » Il le reconnut ouvertement, il déclara : « Je ne suis pas le Messie. » Ils lui demandèrent : « Qui es-tu donc ? Es-tu le prophète Élie ? » Il répondit : « Non. — Alors es-tu le grand Prophète ? » Il répondit : « Ce n’est pas moi. » Alors ils lui dirent : « Qui es-tu ? Il faut que nous donnions une réponse à ceux qui nous ont envoyés. Que dis-tu sur toi-même ? » Il répondit : « Je suis la voix qui crie à travers le désert : Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe. » Or, certains des envoyés étaient des pharisiens. Ils lui posèrent encore cette question : « Si tu n’es ni le Messie, ni Élie, ni le grand Prophète, pourquoi baptises-tu ? » Jean leur répondit : « Moi, je baptise dans l’eau. Mais au milieu de vous se tient celui que vous ne connaissez pas : c’est lui qui vient derrière moi, et je ne suis même pas digne de défaire la courroie de sa sandale. » Tout cela s’est passé à Béthanie-de-Transjordanie, à l’endroit où Jean baptisait. 

1ère lecture : Le Sauveur apporte la joie (Isaïe 61, 1-2a.10-11)
L’Esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres, guérir ceux qui ont le cœur brisé, annoncer aux prisonniers la délivrance et aux captifs la liberté, annoncer une année de bienfaits, accordée par le Seigneur. Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. Car il m’a enveloppé du manteau de l’innocence, il m’a fait revêtir les vêtements du salut, comme un jeune époux se pare du diadème, comme une mariée met ses bijoux. De même que la terre fait éclore ses germes, et qu’un jardin fait germer ses semences, ainsi le Seigneur fera germer la justice et la louange devant toutes les nations.

Psaume (Luc 1, 46.48-50.53-54)

R/ J’exulte de joie en Dieu, mon Sauveur !

Mon âme exalte le Seigneur,
mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur.
Il s’est penché sur son humble servante ;
désormais tous les âges me diront bienheureuse.

Le Puissant fit pour moi des merveilles ;
Saint est son nom !
Son amour s’étend d’âge en âge
sur ceux qui le craignent.

Il comble de bien les affamés,
renvoie les riches les mains vides.
Il relève Israël son serviteur,
il se souvient de son amour.

2ème lecture : Comment préparer la venue du Seigneur (1 Thessaloniciens 5, 16-24)
Frères, soyez toujours dans la joie, priez sans relâche, rendez grâce en toute circonstance : c’est ce que Dieu attend de vous dans le Christ Jésus. N’éteignez pas l’Esprit, ne repoussez pas les prophètes, mais discernez la valeur de toute chose. Ce qui est bien, gardez-le ; éloignez-vous de tout ce qui porte la trace du mal. Que le Dieu de la paix lui-même vous sanctifie tout entiers, et qu’il garde parfaits et sans reproche votre esprit, votre âme et votre corps, pour la venue de notre Seigneur Jésus Christ. Il est fidèle, le Dieu qui vous appelle : tout cela, il l’accomplira.

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Commentaire du 11 décembre 2011 (67è) – 3e dimanche de l’Avent (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Être témoin du Christ, c’est souvent être une voix qui crie dans le désert

L’abbé Pierre Desroches

Mes amis, on continue d’être dans cette période de l’Avent où on se prépare à accueillir une Présence, non simplement l’accueillir mais à devenir aussi cette Présence car elle n’est au dehors de nous mais bien à l’intérieur de nous-mêmes. Il y a un amour qui nous habite, et ce, chaque jour. Il se propose à nous pour que nous aussi, chaque jour, nous puissions le révéler à tous ceux qui nous entourent. Cette semaine, vous reconnaissez derrière moi un chameau parce qu’on se retrouve dans le désert. À Montréal, trouver des déserts, ce n’est pas nécessairement très facile mais en cette période-ci du jour, l’église chez moi est un peu comme un désert, elle est grande, elle est vaste et n’est pas habitée par beaucoup de monde. 

Alors, on a pensé vous recevoir ici à St-Stanislas au moment où on est en train de préparer la crèche de Noël, et le personnage qui va être au cœur de l’Évangile cette semaine, c’est celui de Jean-Baptiste. Et la Parole commence en nous disant ceci : « Il y eut un homme envoyé par Dieu. » C’est intéressant, au point de départ, on nous dit que  cet homme est envoyé de Dieu. Est-ce qu’on a cette conscience-là d’être nous aussi des envoyés de Dieu ou est-ce qu’on pense que la réalité de nos êtres s’arrête à nous-mêmes, alors que dans la Bible ou l’Évangile, on est tous des témoins de cette Présence qui est celle de Dieu, et on a tous cette mission : on est envoyé, on n’est pas imposé, on est envoyé pour porter le message, pour porter la Bonne Nouvelle. Et la mission de Jean, on nous dit « qu’il était venu comme témoin ». Être témoin ce n’est pas être là pour nous-mêmes, mais être là pour quelqu’un d’autre. Et dans l’introduction, c’est très clair. On nous donne son identité : « son nom est Jean ». Je ne sais pas si vous savez que la signification de Jean veut dire : Dieu fait grâce. C’est pourquoi que ce nom « Dieu fait grâce » appartient à cette personne, c’est que ses parents étaient très âgés, ils ne pouvaient plus espérer avoir d’enfant. Ils avaient été humiliés toute leur vie parce que c’était comme un signe de malédiction comme s’ils auraient été rejetés de Dieu. Et voici que cet enfant arrive de façon tout à fait inattendue et on peut dire aussi évidemment, non pas selon l’ordre de la  nature parce qu’à l’âge ou sa mère a enfanté Jean, n’était plus un âge qui donnait cette possibilité. Devant une situation qui était sans issue, ce qui a fait la différence, c’est Dieu, et c’est l’action de Dieu. Le nom de Jean signifie cette réalité-là. « Son nom est Jean et il est là pour rendre témoignage à la lumière ». L’introduction nous dit très très clairement qui il est et pour saisir la personne de Jean on ne peut rester uniquement avec un regard du dehors, il faut avoir un regard qui est relié, un regard qui est lié à un mystère, et un mystère qui nous dépasse, mais un mystère qui nous est révélé et qui nous habite. 

Dans la seconde partie de l’Évangile, on va accueillir le témoignage de Jean. On nous dit qu’il y a des prêtres et des lévites qui sont envoyés de Jérusalem. Si vous remarquez la construction de ce texte, maintenant, les envoyés qui sont là ne sont pas des envoyés de Dieu mais ce sont les Juifs qui envoient leurs Grands Prêtres et leurs Anciens pour aller s’enquérir auprès de Jean de qui il est. On va être encore dans une question d’identité. Le premier paragraphe nous affirme l’identité, le deuxième va chercher l’identité. Et ceux qui vont le chercher, ils n’iront pas eux-mêmes, ils vont déléguer des gens importants de leur communauté. Et c’est intéressant de voir que la ville se vide pour se retrouver au désert. Habituellement, c’est très rare que les grands de ce monde vont aller dans le désert. Mais il y a là un tout petit qui est Jean et qui va leur faire ce témoignage. Alors, ils vont lui poser la question : « Qui es-tu »? Alors Jean va répondre à cette question et il va déclarer : « Je ne suis pas le Messie. – Qui es-tu donc? Es-tu Élie? Es-tu le prophète ? »  Et lui à chacune de ces interrogations, il va finalement donner cette réponse : « Je suis la voix qui crie dans le désert ». Je ne sais pas si vous aimez être un témoin, je ne sais pas si dans votre vie ça prend place « être témoin », mais on pourrait dire que si vous vous risquez souvent à être témoin vous devez faire l’expérience que vous êtes une voix qui crie dans le désert parce qu’elle ne vient pas facilement faire écho au cœur de l’humanité de l’homme d’aujourd’hui. Non pas parce que  l’homme d’aujourd’hui  est fermé à la Parole, mais c’est comme si l’univers dans lequel il évolue n’est pas propice à ouvrir son cœur puis à le disposer à recevoir cette Parole. Alors, ça prend des témoins qui, dans le désert, sans cesse crie cet amour de Dieu pour qu’il soit entendu, pour qu’il soit retenu, pour qu’il soit reçu.ors, les envoyés disent : « Il faut que tu nous dises qui tu es parce qu’il faut qu’on donne une réponse à ceux qui nous ont envoyés ». On sent qu’ils sont comme en tension et qu’ils veulent absolument avoir une réalité très claire et qu’ils essaient de percevoir ou saisir la situation à partir de leur intelligence. Mais ce n’est pas leur intelligence qui va pouvoir leur faire saisir ce mystère, c’est leurs cœurs, parce qu’eux-mêmes appartiennent à ce mystère, et les rôles qu’ils jouent sont des rôles liés profondément à l’être de Dieu et à la venue de son Messie. Et notre ami Jean va répondre à : « Toi qu’est-ce que tu dis de toi-même? » Il va reprendre une parole du prophète Isaïe. Ils vont avoir beaucoup de misère à le faire parler de lui-même parce qu’il est un témoin. Et lui va dire : « Aplanissez le chemin du Seigneur, comme a dit le prophète Isaïe » et il va renvoyer à toute cette bonne nouvelle, à toute cette Parole, qui est le trésor de ceux qui sont là, mais qui sont à côté de ce qui fait le fondement même de leur existence.

En ce temps de Noël, je pense que chacun de nous on est appelé à retrouver les racines profondes de notre identité et de savoir, bien qu’on soit un fils d’homme, des fils et des filles d’homme, on est aussi des fils et des filles de Dieu, des envoyés qui, en son nom, ont à faire un témoignage à la Lumière. Que cette Lumière qui nous est proposée et qui nous est donnée en ce temps d’Avent puisse illuminer vos visages, illuminer vos relations et aussi illuminer  tous ceux que vous aurez l’occasion de rencontrer au nom du Seigneur. Une bonne semaine mes amis et je vous invite à aller faire un petit tour au désert, il y en a plein dans nos villes. Bonne semaine !

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