Commentaire du 8 juillet 2012 / Pierre Desroches (98e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, composition de la musique et arrangements, direction des comédiens, montage des images et mixage.

« Dieu ne se détourne pas des rebelles et envoie des gens pour leur parler / La parole de Dieu peut transformer les cœurs obstinés qui se ferment / Ne pas s’appuyer sur notre force mais celle de Dieu / Reprendre souvent la prière : quand je suis faible c’est là que je suis fort / Apprendre à choquer parfois pour que des réveils soient possibles. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=08/07/2012

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Évangile : Jésus n’est pas accepté dans son pays (Marc 6, 1-6)
Jésus est parti pour son pays, et ses disciples le suivent. Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. Les nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses soeurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à cause de lui. Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison. » Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains. Il s’étonna de leur manque de foi. Alors il parcourait les villages d’alentour en enseignant.

1ère lecture : Le prophète envoyé aux rebelles (Ézéchiel 2, 2-5)
L’esprit vint en moi, il me fit mettre debout, et j’entendis le Seigneur qui me parlait ainsi :« Fils d’homme, je t’envoie vers les fils d’Israël, vers ce peuple de rebelles qui s’est révolté contre moi. Jusqu’à ce jour, eux et leurs pères se sont soulevés contre moi, et les fils ont le visage dur, et le cœur obstiné. C’est à eux que je t’envoie, et tu leur diras : ‘Ainsi parle le Seigneur Dieu…’ Alors, qu’ils écoutent ou qu’ils s’y refusent — car c’est une engeance de rebelles —, ils sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux. »

Psaume 122, 1-4

R/ Nos yeux levés vers toi, Seigneur, espèrent ta pitié.

Vers toi j’ai les yeux levés,
vers toi qui es au ciel,
comme les yeux de l’esclave
vers la main de son maître.

Comme les yeux de la servante
vers la main de sa maîtresse,
nos yeux, levés vers le Seigneur notre Dieu,
attendent sa pitié.

Pitié pour nous, Seigneur, pitié pour nous :
notre âme est rassasiée de mépris.
C’en est trop, nous sommes rassasiés
du mépris des orgueilleux !

2ème lecture : La force de l’Apôtre réside dans sa faiblesse (2 Corinthiens 12, 7-10)
Frères, les révélations que j’ai reçues sont tellement exceptionnelles que, pour m’empêcher de me surestimer, j’ai dans ma chair une écharde, un envoyé de Satan qui est là pour me gifler, pour m’empêcher de me surestimer. Par trois fois, j’ai prié le Seigneur de l’écarter de moi. Mais il m’a déclaré : « Ma grâce te suffit : ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » Je n’hésiterai donc pas à mettre mon orgueil dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ habite en moi. C’est pourquoi j’accepte de grand cœur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort.

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Commentaire du 8 juillet 2012(98e) – 14e semaine du Temps Ordinaire (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Jésus ne se laisse pas paralyser même s’il n’est pas accueilli par les siens

L’abbé Pierre Desroches

Bonjour ! J’espère que vos vacances vont bien si vous êtes en vacances ou j’espère que la saison vous est bénéfique si vous êtes encore au travail. Aujourd’hui nous avons un texte qui est très reposant puisqu’il nous parle d’un prophète qui est envoyé aux rebelles. Parfois, dans mon ministère, je sens que j’ai à rencontrer quelques rebelles. Je pense qu’il y a quelques rebelles qui existent dans notre Québec qui a déjà été différent mais que le Seigneur a accompagné et conduit jusqu’à aujourd’hui. Il y a ce « Fils d’homme » qui entend l’Esprit lui dire : « Mets-toi debout ! Je t’envoie vers les fils d’Israël. » On peut avoir toutes sortes de sentiments par rapport aux rebelles, mais les sentiments de Dieu sont toujours les mêmes, il ne s’en détourne pas, il en a souci, et il envoie des hommes et des femmes pour aller se mettre debout au milieu d’eux et leur parler. Et il dit ceci à son prophète : « Jusqu’à ce jour, eux et leurs pères se sont soulevés contre moi, et les fils ont le visage dur, et le cœur obstiné. » C’est intéressant il nous parle de ce qui est arrivé aux pères et après ça il décrit le visage et le cœur des fils. « C’est à eux que je t’envoie, et tu leur diras : ‘Ainsi parle le Seigneur Dieu…’ » C’est merveilleux d’avoir la mission que d’annoncer la Parole de Dieu, même à cette génération, parce qu’on sait très bien  que cette Parole-là peut transformer profondément et les duretés, et les cœurs obstinés parce le cœur obstiné c’est celui qui se ferme, c’est celui qui n’est pas disponible à faire route à s’ouvrir dans la réalité de l’autre, et qui impose toujours un peu sa loi, sa manière de voir, sa manière de penser. « Alors, qu’ils t’écoutent ou qu’ils s’y refusent – car c’est une engeance de rebelles –», donc ils peuvent refuser, « ils sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux. » Notre responsabilité ce n’est pas d’être reçus, c’est de nous mettre debout pour que ceux que Dieu aime puissent choisir entre la fermeture ou l’ouverture.

Notre ami Paul nous dit que la force de l’Apôtre va résider dans sa faiblesse. Et nous, on aime cela avoir beaucoup de sécurité quand on s’adresse aux autres, on aurait besoin de savoir qu’on va réussir avant même d’avoir essayé et celui-ci nous dit qu’il ne faut pas  s’appuyer sur nos forces, non pas s’appuyer sur nous-mêmes, mais si on veut être un apôtre, il faut accepter que notre confiance va être d’abord dans le Seigneur. Et Paul va jusqu’à dire : « les révélations que j’ai reçues sont tellement exceptionnelles que, pour m’empêcher de me surestimer, j’ai dans ma chair une écharde, un envoyé de Satan qui est là pour me gifler, pour m’empêcher de me surestimer. » Quelles sont ces révélations que vous avez reçues comme je  peux me poser la question à moi-même : quelles sont les révélations que j’ai reçues ? Qu’est-ce que j’ai reçu de si extraordinaire qui fait que chaque jour que j’ai vraiment le goût de me risquer dans la Parole de Dieu et dans l’annonce de la Bonne Nouvelle ? Paul dit : J’ai vraiment prié pour qu’on écarte de moi cette faiblesse et cette fragilité. Il m’a dit : « Ma grâce te suffit. » Alors Paul dit, c’est une belle formule : « Je n’hésiterai donc pas à mettre mon orgueil dans mes faiblesses », alors on comprend qu’il n’y a plus d’orgueil si on est fier de nos faiblesses, parce que si notre orgueil ce sont nos faiblesses, il ne peut plus y avoir de révolte par rapport à nos faiblesses. Il ne peut y avoir qu’une grande reconnaissance à ce Seigneur qui Lui, continue à nous choisir, de nous élire au-delà de ce qu’on peut croire que nous aurions besoin pour annoncer son amour. Il continue : « J’accepte de grand cœur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. » Ça ressemble au quotidien très simple à peu près de tous ceux que je connais qui sont debout engagés et responsables. Ce sont des mots qui sont pour moi très loin de ne pas être dans ma réalité. « Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort. » Je pourrais reprendre cette prière-là chaque matin, chaque midi, chaque soir parce que j’éprouve à tous ces moments comment je suis faible.

Et l’Évangile va nous parler de Jésus qui est un prophète et qui n’est pas reconnu dans son pays. Alors vous comprendrez qu’il n’y a rien de nouveau, nous sommes ici dans un pays qui a été  fortement catholique, nous sommes un pays qui a été fortement confiant dans la Providence, qui a été abondamment ouvert à la vie et c’est évident qu’aujourd’hui il y a toute une réalité qui est advenue qui est assez différente des racines qui ne sont pas encore si loin. Je ne crois pas que Dieu nous juge comme étant pires que ceux qui nous ont précédés. Jésus qui va se mettre à enseigner dans les synagogues, des gens vont être complètement étonnés de ce qu’il va dire. « Ça lui vient d’où ? » parce qu’on le connaît. On les connaît les prêtres, on les connaît les religieux, on les connaît les religieuses. On le sait. « D’où lui est donnée cette sagesse ? » nous on va dire  « D’où vient cette sagesse qu’il prétendait avoir ? « Ces grands miracles se réalisent par ses mains ». Si on regarde dans notre histoire on peut être reconnaissants de tant de miracles incroyables tout au long de notre histoire qui se sont produits. On peut avoir tendance à les nier ou à dire que c’étaient  des histoires inventées. « N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie… n’est-il pas de cette réalité qu’on connaît ? ses soeurs ne sont-elles pas ici chez nous ? Et ils étaient profondément choqués à cause de lui. » Il faut apprendre à choquer parfois parce si ne choque jamais, il y a peut-être des réveils qui ne seront pas possibles, il y a peut-être des dons qui ne pourront pas être reçus.  « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa famille et sa propre maison. Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle. »  On voit que, pour que le miracle s’accomplisse, il faut qu’il y ait une reconnaissance mutuelle, il faut qu’il y ait un amour qui soit donné et un amour qui soit reçu. « Il guérit  seulement quelques malades en leur imposant les mains. » Je suis heureux d’appartenir à ce ministère qui fait ce petit reste et  « Il s’étonna de leur manque de foi. » C’est une réalité qui m’habite profondément parce qu’appartenant à une histoire, appartenant à des racines, il n’est pas toujours évident pour moi de comprendre comment il se fait qu’on soit dans un tel ailleurs. Et il ne m’appartient pas de l’expliquer. « Alors il parcourait les villages d’alentour en enseignant. » Il ne se paralyse pas, Il continue sa marche et c’est ce que je vous souhaite dans ce beau temps de vacances.

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