Commentaire du 5 juin 2011 / Pierre Desroches (38e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion :
composition, arrangements, guitare, caméra et montage.

« Avant l’heure de la victoire pour Jésus, il y a eu le don, la souffrance et la persécution / La glorification entre le Père et le Fils n’est pas de l’admiration béate mais de l’accomplissement mutuel  / Jésus est tourné vers le Père pour recevoir / Tout être humain est appelé à donner la vie / Avoir une vraie vie spirituelle, c’est être vraiment incarné. »

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– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=05/06/2011

Évangile : La grande prière de Jésus : « Père, glorifie ton Fils » (Jean 17, 1-11a)
À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il leva les yeux au ciel et pria ainsi : « Père, l’heure est venue. Glorifie ton Fils, afin que le Fils te glorifie. Ainsi, comme tu lui as donné autorité sur tout être vivant, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or, la vie éternelle, c’est de te connaître, toi, le seul Dieu, le vrai Dieu, et de connaître celui que tu as envoyé, Jésus Christ. Moi, je t’ai glorifié sur la terre en accomplissant l’oeuvre que tu m’avais confiée. Toi, Père, glorifie-moi maintenant auprès de toi : donne-moi la gloire que j’avais auprès de toi avant le commencement du monde. J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu as pris dans le monde pour me les donner. Ils étaient à toi, tu me les as donnés, et ils ont gardé fidèlement ta parole. Maintenant, ils ont reconnu que tout ce que tu m’as donné vient de toi, car je leur ai donné les paroles que tu m’avais données : ils les ont reçues, ils ont vraiment reconnu que je suis venu d’auprès de toi, et ils ont cru que c’était toi qui m’avais envoyé. Je prie pour eux ; ce n’est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m’as donnés : ils sont à toi, et tout ce qui est à moi est à toi, comme tout ce qui est à toi est à moi, et je trouve ma gloire en eux. Désormais, je ne suis plus dans le monde ; eux, ils sont dans le monde, et moi, je viens vers toi. »

1ère lecture : Les disciples réunis dans la prière après l’Ascension (Actes des Apôtres 1, 12-14)
Les Apôtres, après avoir vu Jésus s’en aller vers le ciel, retournèrent du mont des Oliviers à Jérusalem, qui n’est pas loin. (La distance ne dépasse pas ce qui est permis le jour du sabbat.) Arrivés dans la ville, ils montèrent à l’étage de la maison ; c’est là qu’ils se tenaient tous : Pierre, Jean, Jacques et André, Philippe et Thomas, Barthélemy et Matthieu, Jacques fils d’Alphée, Simon le Zélote, et Jude fils de Jacques. D’un seul coeur, ils participaient fidèlement à la prière, avec quelques femmes dont Marie, mère de Jésus, et avec ses frères.

Psaume 26, 1, 4abcd, 7-8
R/ Oui, nous verrons la bonté de Dieu sur la terre des vivants

Le Seigneur est ma lumière et mon salut ;
de qui aurais-je crainte ?
Le Seigneur est le rempart de ma vie ;
devant qui tremblerais-je ?

J’ai demandé une chose au Seigneur,
la seule que je cherche :
habiter la maison du Seigneur
tous les jours de ma vie.

Écoute, Seigneur, je t’appelle !
Pitié ! Réponds-moi !
Mon coeur m’a redit ta parole :
« Cherchez ma face. »

2ème lecture : Bienheureux les persécutés pour le Christ (1 Pierre 4, 13-16)
Mes bien-aimés, puisque vous communiez aux souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin d’être dans la joie et l’allégresse quand sa gloire se révélera. Si l’on vous insulte à cause du nom du Christ, heureux êtes-vous, puisque l’Esprit de gloire, l’Esprit de Dieu, repose sur vous. Si l’on fait souffrir l’un de vous, que ce ne soit pas comme meurtrier, voleur, malfaiteur, ou comme dénonciateur. Mais si c’est comme chrétien, qu’il n’ait pas de honte, et qu’il rende gloire à Dieu à cause de ce nom de chrétien.

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Commentaire du 5 juin 2011 (38è) 7e dimanche de Pâques – L’ascension (année A)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Bonjour les amis !
La première parole cette semaine va nous mettre en contexte d’ascension : ce sont les apôtres qui voient s’élever Jésus. Cette attitude-là pour moi, j’entends même si on ne l’a pas dans le texte aujourd’hui, j’entends toujours la Parole de l’Ange qui dit : « Pourquoi regardez-vous vers le ciel, celui que vous cherchez vous allez le retrouver en Galilée ». Mais, on sent qu’avant qu’ils puissent se retrouver en Galilée, ils vont se retrouver tous ensemble dans la pièce haute où il y aura à la fois, la famille spirituelle de Jésus : les apôtres, et sa famille naturelle : quand on nous parle des quelques frères de Jésus, les cousins, les cousines qui ont été remués profondément par cette expérience. Maintenant, ils voient que Jésus s’en va dans un ailleurs. Ce n’est pas une solitude qu’ils vont expérimenter, mais une grande attente d’une promesse, de Quelqu’un qui leur est promis, qui va être avec eux et qui sera l’Esprit Saint. Mais ce temps qu’ils vont prendre dans le silence et dans la présence de la pièce haute va les préparer à la mission qui va suivre.

Dans la deuxième lecture : « bienheureux les persécutés pour le Christ. » J’imagine qu’il n’y n’avait pas grande illusion. Ils avaient été témoins de tout ce qui s’était passé pour Jésus. Ils avaient été témoins de sa victoire, ils étaient convaincus, mais ils savent très bien que cette victoire avait connu des heures de don, des heures de souffrance, des heures de persécutions, que ce serait presqu’impossible pour eux-mêmes d’éviter. Dans  l’exhortation que va leur faire Pierre, il va donner tout le sens à : « si vous souffrez pour le Christ, » si vous souffrez comme chrétiens, « bienheureux êtes-vous. » On peut bien s’avouer très humblement que ce n’est pas parce qu’on ne souffrira pas pour le Christ  qu’on ne souffrira pas. La souffrance est inhérente à la condition humaine. Mais il en est une qui est comme transfigurée et qui nous met dans une béatitude qui nous apporte la foi. C’est la souffrance qui a du sens, c’est la souffrance qui n’est pas absurde. On sait très bien qu’elle ne nous détruira pas mais qu’elle va permettre qu’une réalité advienne. Heureux sommes-nous d’avoir été choisis pour faire advenir ce monde nouveau, ce monde nouveau, non pas seulement pour la génération mais pour des personnes très concrètes et très précises. Si cette expérience on ne l’a pas d’abord vécue c’est évident que ça va être excessivement difficile de la faire advenir pour les autres.

Et dans l’Évangile, c’est le début de la prière sacerdotale. Le sacerdoce, on le confond beaucoup à penser que c’est juste la prêtrise. C’est beaucoup plus vaste que ça. Le sacerdoce baptismal, c’est cette capacité que l’on a d’offrir, de donner sa vie. C’est la dimension sacerdotale de tout être. C’est ce qui se passe au pied de l’autel lorsque des gens se marient. Ils s’offrent, ils se donnent l’un à l’autre et ils se donnent aussi pour ce monde dans lequel ils vont accepter de mettre sur pieds une nouvelle Église qu’on appelle l’Église domestique dont nous a beaucoup parlé Jean-Paul II.

« Père, l’heure est venue, glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie. » Ce n’est pas de l’admiration béate, c’est de l’accomplissement mutuel. « Glorifie ton Fils afin que ton Fils te glorifie. » C’est une expérience forte que de devenir fils. On devient fils avant de devenir père. Aussi c’est presqu’impossible d’être père si on n’a pas accepté d’être fils, et d’entrer dans cette obéissance, d’entrer dans cette intimité, intimité de quelqu’un de qui on vient. Pour Jésus, son Père a été tout au long de son chemin, tout au long de sa vie, Celui vers qui il était tourné pour se recevoir de Lui plutôt que de se recevoir de lui-même. Ça prépare à une histoire toute autre et probablement à des bonheurs et à des joies bien différentes.

« Ainsi comme tu lui as donné autorité sur tout être vivant, il donnera la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. »  Donner la vie. Dans son être, la femme a une façon tout à fait unique, propre à sa vocation de donner la vie. Mais c’est tout être humain qui est appelé à donner la vie. On donne la vie à la façon d’une mère, on donne la vie à la façon d’un père, à la façon d’un époux, d’une épouse. Dans la vie qui est la mienne qui est d’un autre ordre, c’est aussi un appel à donner la vie, non pas une vie désincarnée. Souvent, lorsqu’on pense à la vie spirituelle, on pense qu’on est dans des réalités un peu éthérées. Donner souffle à quelqu’un ce n’est pas du tout éthéré. C’est très très incarné. Alors « tu m’as donné autorité sur tout être humain pour que je leur donne la vie éternelle. » C’est ça notre mission en Église. Si on est ensemble, si on se retrouve, si on prie, ce n’est pas pour poser de beaux gestes ou faire de bonnes actions, c’est de recevoir l’Esprit pour devenir ce corps capable de transmettre une vie qui est très grande et qui jaillit du dedans de l’être.

« Je ne suis plus dans le monde mais eux ils sont dans le monde et moi je viens vers toi. »  Je  pense que c’est la réalité d’Église que nous sommes toujours en train de vivre et que le Seigneur prie pour nous qui sommes dans le monde. Lui qui va vers le Père, il nous invite à aller vers nos frères pour partager tout ce trésor, tout ce dynamisme qui est celui de la Trinité.

Alors une bonne semaine mes amis, et à bientôt !

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2 commentaires

  1. Godart dit :

    Merci pour cette image contrastée entre « le défenseur  » et « l’accusateur ».
    Cette opposition entre les deux m’aide pour le travail de pardon.
    Ce qui est le plus difficile pour moi dans le message du Christ c’est: « aimer vos ennemis ».
    D’un caractère plutôt rancunier , je suis comme la « mule du pape »!
    (les lettres de mon moulin )
    le pardon est un travail difficile pour moi.
    En pensant à l' »Esprit Saint « comme défenseur en opposition au « malin » qui me fait ruminer mon amertume , j’arriverai mieux dans ce chemin là.
    Avec tous mes remerciements pour vos commentaires passionnants

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