Commentaire du 30 juin 2013 / Pierre Desroches (137e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses Saint-Pierre Claver, Saint-Stanislas de Kostka et de Saint-Enfant-Jésus du Mile-End à Montréal (Québec). Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.

– Gino Fillion : composition et interprète de la musique, caméra, mixage et montage visuel.

« Quelques mots sur l’origine des Pères de Sainte-Croix / L’appel d’Élisée qui fait qu’il ne retourne pas en arrière / La vraie liberté que nous donne le Christ si l’on recherche la volonté de Dieu / Un affrontement à cause de notre égoïsme / Pour Jésus il n’y a pas de terres maudites / Le Frère André qui est devenu un frère universel par son union au Christ. »

– Références bibliques : http://aelf.org/

——————————————————————————————————————————

Évangile : Suivre Jésus sans condition sur la route de la Croix (Luc 9, 51-62)
Comme le temps approchait où Jésus allait être enlevé de ce monde, il prit avec courage la route de Jérusalem. Il envoya des messagers devant lui ; ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue. Mais on refusa de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem. Devant ce refus, les disciples Jacques et Jean intervinrent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions que le feu tombe du ciel pour les détruire ? » Mais Jésus se retourna et les interpella vivement. Et ils partirent pour un autre village. En cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. » Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. » Il dit à un autre : « Suis-moi. » L’homme répondit : « Permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. » Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, va annoncer le règne de Dieu. » Un autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. » Jésus lui répondit : « Celui qui met la main à la charrue et regarde en arrière n’est pas fait pour le royaume de Dieu. » 

1ère lecture : Élisée abandonne tout pour suivre Élie (1 Rois 19, 16b.19-21)
Le Seigneur avait dit au prophète Élie : « Tu consacreras Élisée, fils de Shafate, comme prophète pour te succéder. » Élie s’en alla. Il trouva Élisée, fils de Shafate, en train de labourer. Il avait à labourer douze arpents, et il en était au douzième. Élie passa près de lui et jeta vers lui son manteau. Alors Élisée quitta ses boeufs, courut derrière Élie, et lui dit : « Laisse-moi embrasser mon père et ma mère, puis je te suivrai. » Élie répondit : « Va-t’en, retourne là-bas ! Je n’ai rien fait. » Alors Élisée s’en retourna ; mais il prit la paire de boeufs pour les immoler, les fit cuire avec le bois de l’attelage, et les donna à manger aux gens. Puis il se leva, partit à la suite d’Élie et se mit à son service.

Psaume 15, 1.2.5. 7-11

R/ Dieu, mon bonheur et ma joie !

Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait  de toi mon refuge.
J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort. »

Je bénis le Seigneur qui me conseille :
même la nuit mon cœur m’avertit.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable.

Mon cœur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.

Je n’ai pas d’autre bonheur que toi.
Tu m’apprends le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
À ta droite, éternité de délices ! 

2ème lecture : L’Esprit s’oppose à la chair et nous rend libres (Galates 5, 1.13-18)
Frères, si le Christ nous a libérés, c’est pour que nous soyons vraiment libres. Alors tenez bon, et ne reprenez pas les chaînes de votre ancien esclavage. Vous avez été appelés à la liberté. Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour satisfaire votre égoïsme ; au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres. Car toute la Loi atteint sa perfection dans un seul commandement, et le voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres. Je vous le dis : vivez sous la conduite de l’Esprit de Dieu ; alors vous n’obéirez pas aux tendances égoïstes de la chair. Car les tendances de la chair s’opposent à l’esprit, et les tendances de l’esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire ce que vous voudriez. Mais en vous laissant conduire par l’Esprit, vous n’êtes plus sujets de la Loi.

——————————————————————————————————————————————–

Commentaire du 30 juin 2013 (151e) –13e dimanche du temps ordinaire (année C – Saint Luc)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

La vie chrétienne appelle à regarder devant

L’abbé Pierre Desroches

Alors mes amis on est devant la petite chapelle où le Frère André a passé une grande partie de sa vie. L’Oratoire qu’il a beaucoup connu c’est celui-ci. Celui qui a suivi a probablement été au-delà de tout ce qu’il aurait pu croire ou espérer. Le nom de sa communauté : il était Frère de Ste-Croix et le nom d’origine des Frères de Ste-Croix, ça été les Frères de St-Joseph et leur fondateur, l’abbé Jacques Dujarié (1767-1838), qui était un prêtre séculier, l’avait fondé pour sa paroisse. Il était devenu âgé, très malade, il craignait beaucoup pour l’avenir de ce petit groupe dont il ne pouvait plus prendre soin. Un jour il l’a confié à une autre personne qui est le fondateur de la famille Ste-Croix, Basile Moreau, qui a fait que le nom de la communauté s’est muté, ce qui fait qu’ils sont devenus les Frères de Ste-Croix. Et le Frère qui avait porté longtemps en France le long de la maladie  du Père Dujarié, c’était un frère qui s’appelait justement André. Et un des grands désirs qui était dans le cœur de notre ami Basile Moreau a été de construire à Rome une grande basilique pour saint Joseph, mais il n’a pas été capable. Ce n’est pas là que Dieu a fait que ce désir a pris corps et ce désir a pris corps, non pas à travers le fondateur, mais peut-être à travers le dernier des sujets de la Communauté de Ste-Croix, qui était le Frère André. C’est intéressant de voir comment cet être très simple avec cette dévotion profonde envers le père nourricier de Jésus a porté cet amour, a porté cette reconnaissance de Dieu qu’il a partagée avec tout un peuple. Et aujourd’hui, c’est assez difficile d’être à Montréal sans passer à côté de ce signe immense, de ce temple qui est maintenant très grandiose.

Dans la première lecture aujourd’hui on a un texte d’Élisée. C’est intéressant parce qu’Élisée est un fils de bouvier. Il est en train de labourer son champ, il est rendu au douzième arpent et Élisée va être retrouvé par Élie qui va passer près de lui et il va jeter son manteau près de notre ami, et celui-ci va quitter ses bœufs, il va courir vers Élie et va lui dire : « laisse-moi embrasser mon père et ma mère et je te suivrai ». Élie lui répondit : « Va-t’en, retourne là-bas, je n’ai  rien fait. » Quand on reçoit l’appel de Dieu c’est dans l’immédiat qu’on est appelé à répondre et on n’a pas à mettre des espaces. C’est ce que la Parole va nous dire. Et notre ami Élisée va s’en retourner, il va prendre ses bœufs, il va les immoler, il va faire cuire les bois, l’attelage et va donner à manger aux gens puis, il va se lever, partir à la suite d’Élie et va se mettre à son service. Élisée a posé des gestes pour ne pas revenir en arrière, et répondre à l’appel de Dieu ce n’est pas la question pour juste pour un petit temps, mais c’est la question d’un long temps. Accomplir ce que Dieu veut accomplir à travers nous se fait dans la fidélité sans retourner en arrière et c’est toujours notre tentation que de vouloir retourner en arrière. On peut même voir Pierre dans l’Évangile qui va retourner à la pêche après la mort de Jésus.

Dans la deuxième lecture, c’est « Le Christ nous a libérés c’est pour que nous soyons vraiment libres ». Alors la question vraiment de base est : ‘est-ce qu’on est vraiment libérés ?’ Est-ce que lorsqu’on répond à l’appel de Dieu, est-ce qu’on se recherche soi ou est-ce qu’on recherche sa volonté ? Est-ce qu’on recherche de se mettre au service de sa vie où on veut y trouver la réussite de notre vie ? La réussite de notre vie lorsqu’on répond à l’appel de Dieu, c’est de lui donner, c’est de lui faire entièrement confiance, c’est, non plus se rechercher, mais rechercher que puisse s’étendre son règne, que puisse s’étendre la puissance de son Fils qui a vraiment pouvoir de vaincre la mort. Et il y a un affrontement qui est toute naturelle parce qu’on a toujours cette tendance égoïste qui est dans notre chair mais Paul va nous dire que « nous avons à nous tourner vers l’Esprit », à nous tourner vers le Souffle, celui qui nous demande toujours de nous déposséder.

Dans l’Évangile, c’est de suivre Jésus sur la route de la croix. Il va prendre avec courage la route de Jérusalem, il ne s’en va pas faire un pèlerinage d’un jour, il prend la route de Jérusalem parce qu’il sait très bien ce qu’il a à vivre à Jérusalem. Puis, il envoie des messagers devant Lui et les messagers vont passer dans la ville des Samaritains pour préparer sa venue. C’est une ville assez particulière chez les Juifs, c’est une ville où on ne met pas les pieds, c’est une ville qui est revenue comme une ville maudite, comme une ville qui a été rejetée par Dieu et on dit que dans cette ville on refuse de le recevoir. Mais pour Jésus, il n’y a pas de terre maudite, il n’y a que de terre à bénir de la présence même de Dieu. Alors le temps n’est pas venu de bénir la Samarie et les disciples un peu fidèles à eux-mêmes lui disent ceci : « Veux-tu que nous ordonnions que le feu tombe du ciel pour les détruire ?» Ce n’est justement  pas ce que désire Jésus et ce n’est pas ce que désire le Père. Jésus se retourne et l’interpela vivement. Les envoyés et les chrétiens ne sont pas là pour faire tomber le feu sur la tête des gens mais faire tomber l’Esprit et faire tomber la vie de Celui qui nous ressuscite.

Et en cours de route, il y a ce jeune homme qui lui dit : « Je vais te suivre partout où tu vas aller. » Jésus va lui dire : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. »  Et un autre : « Suis-moi » et celui-ci lui dit : « Permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. » « Laisse les morts enterrer leurs morts, toi, va annoncer le Royaume de Dieu. » Comme on voit on est dans des textes d’appel et des textes de vocation, des textes qui veulent nous situer dans ce grand désir que Dieu veut visiter son peuple et que Dieu veut apporter à ce peuple, une vie qui est en abondance à l’heure où il sera ouvert et disposé à bien recevoir ce don de Dieu qui lui ne manque jamais.

Le Frère André avait ce désir, lui qui était appelé à être un religieux au service d’une communauté, est devenu un peu un frère universel et un frère qui a fait que Dieu a pu visiter beaucoup d’hommes et de femmes. Il y en  a très peu parmi nous qui dans nos familles n’ont pas eu des histoires d’oncles ou de tantes, de cousins ou de cousines qui ont vécu cette expérience d’avoir été guéris par l’huile de Saint-Joseph. On dit toujours cela avec un petit sourire au coin de la bouche mais les guérisons les plus profondes ne sont jamais celles qui nous viennent des médicaments ou des grandes techniques, les guérisons les plus profondes ça nous vient toujours de cette visite, lorsque Dieu vient prendre place dans nos vies, qu’il vient à demeure chez nous puisque la vocation ultime de notre chair, c’est d’être la demeure de cet amour qui est Trinité et qui veut faire que notre chair devienne aussi la Chair et le Corps du Christ. On va dans ce lieu où beaucoup ont expérimenté les visites de Dieu et sa guérison, on va demander que nous aussi on puisse avoir ce don et ce charisme qu’avait notre ami, le frère André, de savoir que dans le père nourricier il y a une demeure pour tous pour être reçus, accueillis et recevoir un signe de l’amour du Père éternel.

Évangile : Luc 9, 51-62 

1ère lecture : 1 Rois 19, 16b.19-21

Psaume 15, 1.2.3.7-11

2e lecture : Galates 5, 1.13-18 

TAGS: , , , ,

0 commentaires

Vous pouvez être le premier à laisser un commentaire

Laissez un commentaire