Commentaire du 24 mars 2013 / Christian Beaulieu (3e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Christian Beaulieu a été ordonné prêtre en 1968. Il est actuellement directeur général de l’Institut Séculier Pie X de Charlesbourg, et en 1985 il a fondé « Le Pharillon », maison d’aide pour jeunes en difficulté. En plus d’avoir écrit plusieurs ouvrages à succès sur la spiritualité chrétienne, il prêche de nombreuses retraites et ressourcements spirituels annuellement. http://www.ispx.org

– Gino Fillion : guitare et orchestration, caméra et montage visuel.

« La joie de sa future résurrection donne le courage à Jésus de traverser sa Passion / La sérénité de Jésus dans son combat / Quand l’absence ou la perte nous permet de nous rapprocher / La dépression d’Haendel avant de créer son chef d’oeuvre « Le Messie » / Faire la mémoire des moments de grâce. »

– Références bibliques : http://aelf.org/

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Entrée messianique du Seigneur à Jérusalem (Luc 19, 28-40)
Jésus marchait en avant de ses disciples pour monter à Jérusalem. À l’approche de Bethphagé et de Béthanie, sur les pentes du mont des Oliviers, il envoya deux disciples : « Allez au village qui est en face. À l’entrée, vous trouverez un petit âne attaché : personne ne l’a encore monté. Détachez-le et amenez-le. Si l’on vous demande : ‘Pourquoi le détachez-vous ?’ vous répondrez : ‘Le Seigneur en a besoin.’ » Les disciples partirent et trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit. Au moment où ils détachaient le petit âne, ses maîtres demandèrent : « Pourquoi détachez-vous cet âne ? » Ils répondirent : « Le Seigneur en a besoin. » Ils amenèrent l’âne à Jésus, jetèrent leurs vêtements dessus, et firent monter Jésus. À mesure qu’il avançait, les gens étendaient leurs vêtements sur le chemin. Déjà Jésus arrivait à la descente du mont des Oliviers, quand toute la foule des disciples, remplie de joie, se mit à louer Dieu à pleine voix pour tous les miracles qu’ils avaient vus : « Béni soit celui qui vient, lui, notre Roi, au nom du Seigneur. Paix dans le ciel et gloire au plus haut des cieux ! » Quelques pharisiens, qui se trouvaient dans la foule, dirent à Jésus : « Maître, arrête tes disciples ! » Mais il leur répondit : « Je vous le dis : s’ils se taisent, les pierres crieront. » 

1ère lecture : Le Serviteur de Dieu accepte ses souffrances (Isaïe 50, 4-7)
Dieu mon Seigneur m’a donné le langage d’un homme qui se laisse instruire, pour que je sache à mon tour réconforter celui qui n’en peut plus. La Parole me réveille chaque matin, chaque matin elle me réveille pour que j’écoute comme celui qui se laisse instruire. Le Seigneur Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas protégé mon visage des outrages et des crachats. Le Seigneur Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu mon visage dur comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu.

Psaume 21, 8-9.17-20.22-24

R/ Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?

Tous ceux qui me voient me bafouent,
ils ricanent et hochent la tête :
« Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre !
Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! »

Oui, des chiens me cernent,
une bande de vauriens m’entoure.
Ils me percent les mains et les pieds ;
je peux compter tous mes os.

Ils partagent entre eux mes habits
et tirent au sort mon vêtement.
Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin :
ô ma force, viens vite à mon aide !

Mais tu m’as répondu !
Et je proclame ton nom devant mes frères,
je te loue en pleine assemblée.
Vous qui le craignez, louez le Seigneur.

2ème lecture : Abaissement et glorification de Jésus (Philippiens 2, 6-11)
Le Christ Jésus, lui qui était dans la condition de Dieu, il n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu ; mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur. Devenu semblable aux hommes et reconnu comme un homme à son comportement, il s’est abaissé lui-même en devenant obéissant jusqu’à mourir, et à mourir sur une croix. C’est pourquoi Dieu l’a élevé au-dessus de tout ; il lui a conféré le Nom qui surpasse tous les noms, afin qu’au Nom de Jésus, aux cieux, sur terre et dans l’abîme, tout être vivant tombe à genoux, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est le Seigneur », pour la gloire de Dieu le Père.

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Commentaire du 24 mars 2013 (137e) – Dimanche des Rameaux (année C – Saint Luc)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

La joie de la Résurrection future avant la Passion

L’abbé Christian Beaulieu, i.s.p.x.

Nous sommes entrés de pleins pieds dans notre démarche où l’on suit Jésus en marche vers sa résurrection, en marche vers la fécondité, en marche vers ce salut apporté au monde. Aujourd’hui, c’est le dimanche de la Passion, puis en même temps, c’est le dimanche des Rameaux. On acclame Jésus, on acclame le Roi et ce Roi est certainement bouleversé de ce qui l’attend, et c’est comme s’il nous faisait entrer dans la joie; parce que vous savez, dans la vie, il n’y a pas la tristesse puis après cela la joie. C’est parce qu’il y a une joie qui est en train de nous habiter d’une façon plus profonde qui fait sortir les choses qui ne nous appartiennent pas. La joie vient d’abord, et c’est elle qui fait que la tristesse sort. Dans la vie il n’y a pas la mort, puis après cela la  résurrection. C’est parce que Jésus est en train de ressusciter à d’autre chose de plus grand, de plus merveilleux; c’est sa Résurrection qui lui fait traverser la Passion. Dans  la vie, il n’y a pas les larmes et après cela la joie, il n’y a pas les abandons et après cela l’amour. C’est  parce qu’on est dans un grand amour et parce qu’on rentre dans la profondeur de nos amours où on ne s’est jamais rendu, que le cœur saigne, que les peines sortent, que nos poids lourds nous sont délivrés.

Je vais illustrer un peu mieux la question de la Passion de Jésus et de la joie qui l’habitait parce que Jésus n’était pas dans une tristesse en s’en allant à la Passion parce qu’il savait que c’était notre salut. Il avait une paix, une sérénité, un combat mais dans la paix. Je vous raconte : c’est un opéra qui a été joué il y a une quinzaine d’années, surtout dans l’Ouest canadien et aux États-Unis, ça s’appelle « The Mass », la messe. C’est un grand opéra et la foule chante, chante, chante, acclame le roi et ce qu’il fait dans la vie des gens, et il y a un prêtre qui est comme porté par la foule en habits sacerdotaux, comme vraiment des habits de gloire. Et les gens chantent, chantent, ils le portent sur les mains, ils le portent aux nues, il est acclamé et un moment donné, un moment très bouleversant, on voit le prêtre perdre l’équilibre. Il tombe vraiment dans le vide, le calice de sang de Jésus dans les mains renversé par terre, la patène où le corps de Jésus se trouve est complètement brisée, cassé, et le prêtre perd ses habits sacerdotaux et on le voit écrasé, en larmes, à terre. À un moment donné, l’opéra continue et il y a un jet de lumières qui arrive juste à travers les cristaux, des morceaux de cristal cassés, brisés. Et la lumière traverse les morceaux brisés et cassés. C’est une lumière, mais c’est une beauté, mais c’est un éclat incroyable. Et le prêtre dit dans un moment d’émotion : « je ne pensais pas que des brisures, des cassures, que des choses ainsi blessées pourraient sortir une telle lumière, une telle beauté, une telle grâce.

C’est ça les « Rameaux ». C’est une joie, mais une joie à partir d’une douleur, d’une souffrance très grande, et vous l’avez déjà remarqué des fois il s’agit d’un éloignement de quelqu’un, il s’agit que quelqu’un parle de nous quitter, il s’agit qu’une mère entre à l’hôpital, il s’agit d’un enfant qu’on le perde un certain temps, pour découvrir qu’on aimait cet enfant, qu’on aimait cette femme-là. Des fois, c’est quand on perd qu’on regagne, c’est quand les gens s’éloignent que ça nous permet de nous rapprocher. C’est bouleversant aujourd’hui cette fête du Messie. Vous savez, en parlant du Messie qui est acclamé aujourd’hui, le Messie de Haendel, vous l’avez peut-être entendu, c’est un grand chef d’œuvre. Vous savez comment a été donnée à Haendel cette musique ? Il est dans une dépression, il vit un temps mort, un temps de chagrin extrême. C’est comme s’il n’y avait plus rien et la musique ne vient pas. Et cela a duré neuf mois, le temps d’un accouchement. Et un moment donnée après neuf mois, il est dans l’ombre dans une ruelle et il entend une dame de race noir chanter et elle chante la libération du peuple d’Égypte. À un moment donné, il l’entend, il se met à courir et va dans sa chambre et s’enferme, et la musique du Messie lui est donnée pendant 21 jours. Un chef d’œuvre !

Vous avez remarqué, le chef d’œuvre du Messie arrive après des temps morts, des nuits blanches, à travers un temps de désert intérieur incroyable. Le plus beau de nous-même quand il est à la veille de venir au monde, d’accoucher, c’est comme s’il prenait la place de la joie : c’est la nuit, le désert, l’ennui, le désarroi. Et si tout à coup ça préparerait l’accouchement du chef d’œuvre de notre vie. Aujourd’hui Jésus est allé chercher dans l’acclamation du peuple, une sorte de force. Jésus avait besoin de nous, et Jésus dans sa détresse de voir les gens loin de l’Église, les gens éloignés de la spiritualité, Jésus a le cœur bouleversé et il a besoin de consolateurs. Il a besoin de gens qui continuent à y croire, continuent à l’aimer et ça lui donne une sorte de force, de courage pour continuer de passer à travers.

On a chacun nos difficultés pour passer à travers, mais la grâce est là et c’est dans ma faiblesse, dit saint Paul, que la gloire se manifeste, que la puissance se déploie. Il faut accepter d’aller, comme on dit chez les alcooliques anonymes, de frapper son bas-fonds. Des fois, à la maison de thérapie où j’étais pendant 20 ans à Montréal, je disais aux jeunes : « tu n’as pas frappé ton bas-fonds. Il faut peut-être que tu retournes sur la rue, il faut peut-être que tu retournes chez toi, et peut-être que ta femme va te laisser, peut-être qu’on va être obligé de t’enlever ton enfant, mais quand tu auras frappé ton bas-fonds, peut-être que tu décideras enfin d’en sortir et de laisser Dieu t’aider à t’en sortir. Et quand le jeune me regardait avec un air très étonné quand je lui disais cela, je lui expliquais toujours. « Tu sais quand tu as frappé ton bas-fonds, en arrière de lui, plus loin que cela, il y a le très-fonds, il y a le fin fonds de toi. Il y a l’au-delà de toi où est ta spiritualité, où et la grâce, où est l’Esprit, où est Dieu. Rends-toi dans le très-fonds, dans l’au-delà de toi-même. Et Jésus dans sa Passion il est allé chercher…, son Père qui lui avait dit déjà il y a quelque temps : « Tu es mon Fils bien-aimé, je suis avec toi, je ne te laisserai pas tomber, je t’ai élu, je t’ai appelé. » Il faut aller chercher des grâces qu’on a déjà eues, il faut faire la mémoire des grâces, des moments résurrections, de beauté, des moments de gloire qu’on a connus si on veut continuer à marcher malgré le poids écrasants de nos difficultés, de nos blessures parce que dans nos blessures se trouve la guérison mais il faut que je rentre dans la blessure. Souvent les gens pensent : « aujourd’hui il faut être au-dessus de cela, il faut être au-dessus de notre peine, de notre souffrance, il faut passer par-dessus. Non, non ! Il faut rentrer dans notre peine, il faut entrer dans la peine, dans la douleur, dans l’abandon pour trouver qu’il y a une Présence, la présence de l’Esprit, la présence de Dieu, la présence de la grâce.

Je vous laisse avec une très belle réflexion. Jésus l’a vécue dans la Passion, dans la Résurrection : « Ce jour est un jour tout neuf, prends donc ce jour et fais-en une échelle pour accéder au plus haut sommet. Ne permet pas que la tombée du jour te trouve semblable à ce que tu étais à l’aube, fais de ce jour un jour mémorable. Ce jour est un don de Dieu il t’est spécialement offert, prends-le avec ferveur et continue le combat qui t’amène à la victoire. »

Évangile : Luc 19, 28-40

1ère lecture : Isaïe 50, 4-7

Psaume 21, 8-9.17-20.22-24

2e lecture : Philippiens 2, 6-11

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