Commentaire du 21 octobre 2012 / Pierre Desroches (114e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses Saint-Pierre Claver, Saint-Stanislas de Kostka et de Saint-Enfant-Jésus du Mile-End à Montréal (Québec). Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.

– Gino Fillion : composition et interprète de la musique, caméra, mixage et montage visuel.

« Le désir d’être glorifié par ses pairs / La gloire de Jésus est de remettre l’homme debout / Dieu est un don absolu ; il redistribue tout / La paroisse doit appartenir à Dieu et non à ceux qui la dirigent / Profiter de nos avantages pour être au service des autres. »

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Évangile : Le Fils de l’homme est venu pour servir (Marc 10, 35-45)
Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : « Maître, nous voudrions que tu exauces notre demande. » Il leur dit : « Que voudriez-vous que je fasse pour vous ? » Ils lui répondirent : « Accorde-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. » Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire, recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ? » Ils lui disaient : « Nous le pouvons. » Il répond : « La coupe que je vais boire, vous y boirez ; et le baptême dans lequel je vais être plongé, vous le recevrez. Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, il ne m’appartient pas de l’accorder, il y a ceux pour qui ces places sont préparées. » Les dix autres avaient entendu, et ils s’indignaient contre Jacques et Jean. Jésus les appelle et leur dit : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations païennes commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur. Celui qui veut être le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. » 

1ère lecture : « Mon serviteur justifiera les multitudes » (Isaïe 53, 10-11)
Broyé par la souffrance, le Serviteur a plu au Seigneur. Mais, s’il fait de sa vie un sacrifice d’expiation, il verra sa descendance, il prolongera ses jours : par lui s’accomplira la volonté du Seigneur. À cause de ses souffrances, il verra la lumière, il sera comblé. Parce qu’il a connu la souffrance, le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs péchés.

Psaume 32, 4-5, 18-20.22

R/ Seigneur, ton amour soit sur nous, comme notre espoir est en toi !

Oui, elle est droite, la parole du Seigneur ;
il est fidèle en tout ce qu’il fait.
Il aime le bon droit et la justice ;
la terre est remplie de son amour.

Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour,
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.

Nous attendons notre vie du Seigneur :
il est pour nous un appui, un bouclier.
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous
comme notre espoir est en toi ! 

2ème lecture : Le grand prêtre compatissant (Hébreux 4, 14-16)
Frères, en Jésus, le Fils de Dieu, nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui a pénétré au-delà des cieux ; tenons donc ferme l’affirmation de notre foi. En effet, le grand prêtre que nous avons n’est pas incapable, lui, de partager nos faiblesses ; en toutes choses, il a connu l’épreuve comme nous, et il n’a pas péché. Avançons-nous donc avec pleine assurance vers le Dieu tout-puissant qui fait grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours.

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Commentaire du 21 octobre 2012 (114e) – 29e semaine du Temps Ordinaire (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Le désir de reconnaissance chez l’homme

L’abbé Pierre Desroches  

Alors mes amis, on est encore à l’extérieur. Vous voyez derrière moi toujours le Mont Sutton. On a aussi la chance d’entendre aussi le tracteur, je ne sais pas dans quelle mesure vous l’entendez mais on va voir aussi le Seigneur labourer ses disciples. Il a été souvent un tracteur avec sa Parole pour ouvrir des chemins neufs dans leurs cœurs. Et là on est avec un texte toujours de Marc : « Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : « Maître, nous voudrions que tu exauces notre demande. » Il leur dit : « Que voudriez-vous que je fasse pour vous ? » Ils lui répondirent : « Accorde-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. » Que voulez-vous qu’on y fasse ! Alors ce désir, souvent on voit ça, des jeunes entrent ou nous-mêmes on entre, on veut donner sa vie, on veut suivre Jésus, mais on voudrait vraiment réussir, être glorifié par tous ceux qu’on va rencontrer. Tous les événements qui vont se passer dans la vie, on n’a pas encore fait les premières étapes du ministère qu’on se voit évêque et qu’on se voit pape, qu’on se voit curé de la plus grande et plus prestigieuse paroisse du diocèse. Alors, ce désir d’être aux premières places, d’être dans la gloire de ce temps et de ce monde, c’est très très enraciné dans le cœur de l’homme.

« Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez, » parce que la gloire  qu’ils veulent, ce n’est pas celle qui va être la sienne. Sa gloire à Lui, ça aura été de remettre l’homme debout en allant jusqu’au fond de cette destruction de l’humain que nos péchés peuvent  accomplir et Lui va aller nous restaurer en allant jusqu’au fond des abîmes. Et cette lumière, elle se reçoit par la victoire sur les plus profondes ténèbres parce qu’habituellement, quand on aime la gloire, on aime la gloire facile, on n’aime pas la gloire qui appelle le don de notre vie. Alors Jésus leur dit : « Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire, recevoir le baptême dans lequel je vais être plongé ? » Ils lui disaient : « Nous le pouvons. » Et ils le disent avec beaucoup de certitude, avec beaucoup de conviction parce qu’ils veulent vraiment qu’Il leur dise : « Oui, vous serez dans la gloire ». Et voilà ce qu’il leur dit : « La coupe que je vais boire, vous y boirez ; et le baptême dans lequel je vais être plongé, vous le recevrez. Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, il ne m’appartient pas de l’accorder, il y a ceux pour qui ces places sont préparées. » 

Dans ma vie, ça ne m’arrive pas si souvent que ça de trôner, cependant, je trône au moins une fois par semaine, le dimanche, où je suis assis sur mon trône de célébrant et j’ai l’air de vraiment tout mener, tout contrôler et d’être un peu comme le premier parce que je suis celui qui a la meilleure place. Ce qui est très rassurant dans ce trône, c’est que le reste de la semaine, je ne m’y retrouve presque jamais et que la réalité qui m’est donnée le reste de la semaine est une réalité beaucoup plus humble, beaucoup plus simple. C’est comme nos parents à la maison, ils semblent tellement trôner dans la maison mais ce sont eux qui paient le loyer, ce sont eux qui font le ménage, le lavage, qui font tout et qui passent la semaine à être en service. Et même lorsqu’ils trônent c’est encore pour favoriser notre croissance et permettre qu’on devienne de meilleurs humains et de meilleures personnes. Ce trône dont va parler Jésus, ceux qui seront à la droite et à la gauche, ça ressemble à la croix, c’est le grand moment de la vie de Jésus où il va être élevé au-dessus et probablement sur un trône où personne ne voudrait aller s’installer. Et il y aura ceux qui seront à sa droite et ceux qui seront à sa gauche. Et ces places, il dit qu’elles ne lui appartiennent pas parce que Jésus est un être complètement dépossédé. On dit qu’on ne peut rien enlever à Dieu parce qu’il n’a rien. Ce n’est pas moi qui ai dit cela, c’est Maurice Zundel. Et Dieu est un don absolu; il n’y a aucun bien qui adhère à lui, c’est toujours redistribué, c’est toujours livré, c’est toujours donné.

« Les dix autres avaient entendu, et ils s’indignaient contre Jacques et Jean », probablement que Jacques et Jean étaient le miroir de leurs propres cœurs et de leurs propres réalités. Alors  « Jésus les appelle et leur dit : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations païennes commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand sera votre serviteur. » Ça prend au moins une vie pour apprendre cette Parole. Vous savez, j’ai la joie d’avoir des vicaires et une chose qui pour moi est très claire, c’est quand le Seigneur me confie des vicaires, il ne me confie pas des hommes à contrôler et à diriger. Il me confie des hommes à accompagner, à confirmer et à aider à trouver les meilleurs chemins pour qu’ils puissent mettre au monde tous les dons et les charismes que le Seigneur a déposés dans leurs cœurs et dans leurs vies. On n’est pas appelés à commander en maîtres. Je suis curé d’une paroisse, elle ne m’appartient pas. Je ne peux pas faire avec la paroisse ce que mon bon vouloir pourrait désirer. Cette paroisse, elle n’a qu’un seul propriétaire qui n’est pas moi, qui ne sont pas les administrateurs, mais qui est Dieu. Cette maison elle n’est pas au service de nos attentes mais elle est là pour que nous répondions collectivement à cet appel que le Seigneur nous fait, à être dans une partie de la cité un signe vivant et debout qui témoigne de la victoire de Jésus sur la mort, qui témoigne de la résurrection, qui témoigne de la Bonne Nouvelle. 

Alors «  Celui qui veut être le premier sera l’esclave de tous. » On ne peut pas fermer notre porte à personne,  « car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, »pour ne pas tirer des profits de situations que Dieu nous donne pour servir. Profiter de la situation  pour que cette Bonne Nouvelle soit répandue, qu’elle ait son effet dans la cité pour qu’elle ressemble de plus en plus au Royaume de Dieu.

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