Commentaire du 20 novembre 2011 / Pierre Desroches (64e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

 – Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, montage, guitare et arrangements / Subir Dev : tabla.

« Chaque personne présente à la liturgie, en représente tellement d’autres / La première évangélisation se fait souvent à proximité, dans une intimité / Le Christ a voulu expérimenter pleinement la réalité de notre finitude terrestre / Le jugement dernier qui en est un d’amour où le Seigneur se reconnaît dans la position des petits. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) :  http://aelf.org/?date_my=20/11/2011

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Évangile : La venue du Fils de l’homme, pasteur, roi et juge de l’univers (Matthieu 25, 31-46)
Jésus parlait à ses disciples de sa venue : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des chèvres : il placera les brebis à sa droite, et les chèvres à sa gauche. Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : ‘Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la création du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !’ Alors les justes lui répondront : ‘Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu…? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?’ Et le Roi leur répondra : ‘Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.’ Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : ‘Allez-vous-en loin de moi, maudits, dans le feu éternel préparé pour le démon et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.’  Alors ils répondront, eux aussi : ‘Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu avoir faim et soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?’ Il leur répondra : ‘Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces petits, à moi non plus vous ne l’avez pas fait.’ Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. » 

1ère lecture : Dieu, roi et berger d’Israël, jugera son peuple (Ézéchiel 34, 11-12.15-17)
Parole du Seigneur Dieu : Maintenant,  j’irai moi-même à la recherche de mes brebis, et je veillerai sur elles. Comme un berger veille sur les brebis de son troupeau quand elles sont dispersées, ainsi je veillerai sur mes brebis, et j’irai les délivrer dans tous les endroits où elles ont été dispersées un jour de brouillard et d’obscurité. C’est moi qui ferai paître mon troupeau, et c’est moi qui le ferai reposer, déclare le Seigneur Dieu. La brebis perdue, je la chercherai ; l’égarée, je la ramènerai. Celle qui est blessée, je la soignerai. Celle qui est faible, je lui rendrai des forces. Celle qui est grasse et vigoureuse,  je la garderai, je la ferai paître avec justice. Et toi, mon troupeau, déclare le Seigneur Dieu, apprends que je vais juger entre brebis et brebis, entre les béliers et les boucs.

Psaume 22, 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6

R/ Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer

Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.

Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.

Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.

Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.

Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.

2ème lecture : La royauté universelle du Fils (1Corinthiens 15, 20-26.28)
Le Christ est ressuscité d’entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection. En effet, c’est en Adam que meurent tous les hommes ; c’est dans le Christ que tous revivront, mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu’il reviendra. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal. C’est lui en effet qui doit régner jusqu’au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qu’il détruira, c’est la mort. Alors, quand tout sera sous le pouvoir du Fils, il se mettra lui-même sous le pouvoir du Père qui lui aura tout soumis, et ainsi, Dieu sera tout en tous.

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Commentaire du 20 novembre 2011 (64è) – Christ Roi (Fin de l’année A)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q. 

Un Père qui dans son jugement s’identifie aux démunis

L’abbé Pierre Desroches

Alors mes amis, on se retrouve aujourd’hui à la fin de l’année liturgique et nous allons célébrer le Christ, Roi de l’univers. Les paroles sont assez touchantes, et dans cet événement pour moi, qui revient chaque année, qui est comme le sommet de notre année liturgique dans le sens que c’est par ce dimanche qu’elle se termine. On sait très bien qu’elle se termine pour s’ouvrir sur une nouvelle année qui va nous faire revivre les cycles qui nous inspirent et qui nous éclairent dans cette chance que nous avons de nous faire vivre cette liturgie qui nous accompagne tout au long de l’année.

Le premier texte, c’est le roi, berger d’Israël. Ce que j’aime beaucoup dans ce texte-là – je vous en lis un extrait : « J’irai moi-même à la recherche de mes brebis, et je veillerai sur elles. » Il n’envoie pas quelqu’un d’autre, il vient lui-même. « Comme un berger veille sur les brebis de son troupeau quand elles sont dispersées, je veillerai sur mes brebis, j’irai les délivrer dans tous les endroits où elles ont été dispersées un jour de brouillard et d’obscurité. » Je pourrais vous dire que oui, je pense parfois qu’au Québec on a été dans des jours de brouillard et d’obscurité et que nous sommes dispersés. Mais ce que le Seigneur dit, c’est qu’il va venir pour rassembler, pour aller vers ceux qui sont égarés. « C’est moi qui ferai paître mon troupeau, c’est moi qui le ferai reposer. La brebis perdue, je la chercherai; l’égarée, je la ramènerai. »  Pour moi, dans ce texte-là que je trouve impressionnant, c’est qu’on sent la relation individuelle. On est parfois mal, nous les pasteurs ou les gens de ma génération qui avons connu, lorsqu’on était plus jeunes, des foules et des masses, se voir devant quelques personnes pour célébrer le jour du Seigneur. Mais en même temps, on n’est pas devant quelques personnes, mais on est devant une multitude parce que chaque personne en représente tellement d’autres et que le Seigneur nous invite, non pas à être à distance mais à proximité. Et lorsqu’on est devant une assemblée de 2,000, de créer avec chacun un lien, c’est comme un impossible, mais lorsqu’on est devant des assemblées plus réduites, cette intimité ou cette proximité peut devenir possible. Dans ce texte, on voit que le berger va vers les brebis, une à une. C’est peut-être la première évangélisation. La première évangélisation ne s’est jamais faite devant des masses, elle s’est faite à proximité, tout près de ceux qui avaient besoin d’être aimés et de reconnaître qu’il y avait un amour unique pour eux. Et on le retrouve dans cette Parole.

L’espérance qui va nous être donnée avec l’épître aux Corinthiens, c’est de nous dire : « que le Christ est ressuscité d’entre les morts pour être parmi les morts le premier ressuscité. » C’est une phrase, c’est un style, mais je pense que ce que veut nous communiquer notre ami Paul, c’est que le Christ a été un homme, comme les hommes parmi les hommes. Il a connu la mort, il a expérimenté cette dimension fondamentale de nos êtres, d’être un être avec une finitude et dans cette finitude, il a été le premier à traverser et qui est maintenant le Ressuscité, le Glorifié. Cette expérience nous est maintenant possible à cause de Lui parce qu’il a été entièrement dans la communion avec le Père et que cette Porte, ce Chemin, cette Route, elle nous est offerte et nous pouvons accepter de faire les pas avec ce Seigneur qui n’est pas à ce point différent de nous, puisqu’il a épousé entièrement la réalité qui est la nôtre.

Et dans l’Évangile, on va voir que Seigneur dans ce qu’on appelle l’évangile du jugement dernier. Chaque année quand je vois ce texte, je me redis toujours cette même chose à l’intérieur de moi ; quand j’étais jeune on nous faisait très peur avec le jugement dernier, et moi, en grandissant et en découvrant ce Seigneur je me suis aperçu que je n’avais jamais vraiment peur de ce jugement dernier, j’avais juste peur des jugements intermédiaires qui viennent des frères et des sœurs, mais que ce jugement dernier c’est le jugement de l’amour. Et l’amour lorsqu’il sépare, il ne sépare pas nécessairement les bons et les mauvais, il sépare les morts des vivants, il sépare ce qui est périssable de ce qui ne l’est pas, de ce qui est impérissable. Et dans cette Parole que le Seigneur va nous dire, c’est comme si ce qui fait qu’on est vivant, et qui va avoir beaucoup de pérennité, c’est : « j’avais faim, vous m’avez donné à manger; j’avais soif, vous m’avez donné à boire. » Le Seigneur se reconnaît, non pas dans la position des forts mais des petits.

Et il y a peut-être là aussi une source très intéressante pour l’évangélisation. On évangélise souvent en disant : « il faut commencer par nourrir ceux qui ont faim », mais il faut peut-être être nourri par ceux qui ont faim. C’est peut-être un autre temps d’évangélisation, une autre façon de révéler à l’autre qu’il est nourriture, qu’il est l’eau, qu’il est la Présence. Et dans cette Parole, le Seigneur va s’identifier à tous les démunis, tous ceux qui sont comblés. On va demander en ce dimanche du Christ Roi d’avoir ce désir nous aussi de régner à la façon du Père, du Fils et de l’Esprit. Bonne fin d’année liturgique.

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