Commentaire du 2 juin 2013 / Pierre Desroches (135e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses Saint-Pierre Claver, Saint-Stanislas de Kostka et de Saint-Enfant-Jésus du Mile-End à Montréal (Québec). Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.

– Gino Fillion : composition et orchestration, caméra, mixage et montage visuel.

« L’Oratoire ; le plus grand temple dédié à saint Joseph / Le pain et le vin, une bénédiction dès la Genèse / La récitation du rosaire à la radio qui semait de l’unité dans le corps de la famille / S’offrir au Père à chaque jour / Dieu qui multiplie les fruits à travers nos petites réalités quotidiennes. »

– Références bibliques : http://aelf.org/

————————————————————————————————

Évangile : Le Christ nourrit son peuple (Luc 9, 11b-17)
Jésus parlait du règne de Dieu à la foule, et il guérissait ceux qui en avaient besoin. Le jour commençait à baisser. Les Douze s’approchèrent de lui et lui dirent : « Renvoie cette foule, ils pourront aller dans les villages et les fermes des environs pour y loger et trouver de quoi manger : ici nous sommes dans un endroit désert. » Mais il leur dit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils répondirent : « Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons… à moins d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce monde. » Il y avait bien cinq mille hommes. Jésus dit à ses disciples : « Faites-les asseoir par groupes de cinquante. » Ils obéirent et firent asseoir tout le monde. Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il les bénit, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils distribuent à tout le monde. Tous mangèrent à leur faim, et l’on ramassa les morceaux qui restaient : cela remplit douze paniers. 

1ère lecture : Melkisédek offre à Dieu le pain et le vin (Genèse 14, 18-20)
Comme Abraham revenait d’une expédition victorieuse contre quatre rois, Melkisédek, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin : il était prêtre du Dieu très-haut. Il prononça cette bénédiction :« Béni soit Abram par le Dieu très-haut, qui a fait le ciel et la terre ; et béni soit le Dieu très-haut, qui a livré tes ennemis entre tes mains. » Et Abram lui fit hommage du dixième de tout ce qu’il avait pris. 

Psaume 109, 1-4

R/ Tu es prêtre à jamais, Christ et Seigneur !

Oracle du Seigneur à mon seigneur :
« Siège à ma droite,
et je ferai de tes ennemis le marchepied de ton trône. »

De Sion, le Seigneur te présente
le sceptre de ta force :
« Domine jusqu’au cœur de l’ennemi. »

Le jour où paraît ta puissance,
tu es prince, éblouissant de sainteté :
« Comme la rosée qui naît de l’aurore, je t’ai engendré. »

Le Seigneur l’a juré dans un serment irrévocable :
« Tu es prêtre à jamais
selon l’ordre du roi Melkisédek. »

2ème lecture : Institution de l’Eucharistie (1 Corinthiens 11, 23-26)
Frères, moi, Paul, je vous ai transmis ce que j’ai reçu de la tradition qui vient du Seigneur : la nuit même où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. » Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez à cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne.

———————————————————————————————————————

Commentaire du 2 juin 2013 (147e) – Le Saint Sacrement (année C – Saint Luc)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Les multiples fruits du Saint Sacrement

L’abbé Pierre Desroches

Bonjour mes amis, j’imagine que vous reconnaissez très bien la place, qui un symbole très connu, celui de l’oratoire St-Joseph. Vous savez que l’oratoire St-Joseph est le plus grand Temple au monde dédié au père nourricier de Jésus. Et aujourd’hui, ça tombe bien parce qu’on va être dans la célébration du Pain de vie qui nous nourrit, nous les chrétiens chaque jour; c’est la Fête du Saint-Sacrement. C’est un Haut-Lieu où est célébrée cette réalité. Chaque dimanche, chaque fin de semaine, ici à l’Oratoire ce sont des milliers de pèlerins qui viennent. Beaucoup sont des réguliers, mais beaucoup aussi sont des visiteurs qui font un arrêt lorsqu’ils viennent à Montréal.

Le premier texte qui me touche beaucoup est tirée de la Genèse : c’est lorsque notre ami Abraham revient victorieux d’une guerre contre quatre rois. Au moment où il va entrer, va venir à sa rencontre Melchisédech qui va faire apporter du pain et du vin. On est près de deux mille ans avant l’événement de Jésus Christ et déjà, ce symbole-là est parlant. Il prononce une bénédiction : « Béni soit Abraham par le Dieu très-haut, qui a fait le ciel et la terre; et béni soit le Dieu très-haut, qui a livré tes ennemis entre tes mains. » C’est une bénédiction qui va dans les deux sens : la première c’est : « béni sois-tu pour avoir remporté la victoire » et cette victoire, ce n’est pas par toi-même que tu l’as rapportée, mais tu l’as rapportée par Dieu qui t’a livré tes ennemis. Souvent on se demande dans les combats de notre réalité quotidienne, parfois on a l’impression que   c’est sans issue, et souvent c’est sans issue parce qu’on croit que c’est nous qui mène la victoire ou c’est nous qui mène la bataille. La bataille ce n’est pas vraiment nous qui la menons parce qu’elle est plus grande que nos capacités mais rien n’est impossible à Dieu. Et dans cette bénédiction que va recevoir Abraham de Melchisédech, c’est signifié de façon très claire.

Et Paul, lui va nous parler de l’institution de l’Eucharistie. C’est la fête du Corps du Christ. Et le Corps du Christ c’est une réalité plus grande que tout ce qu’on peut imaginer. J’aime beaucoup dans ma prière quotidienne me retrouver avec mon père et ma mère qui sont décédés, mais je ne peux pas m’empêcher à chaque moment dans cette prière quotidienne de me rappeler les moments de prière quotidienne en famille où l’on disait, à sept heures, le chapelet tous les jours. Et cela avait été une institution et une   intuition du Cardinal Paul-Émile Léger qui, tous les soirs à sept heures se retrouvait avec ses diocésains à la radio pour la récitation du rosaire. C’est sûr, que comme adolescent, j’aurais fait bien d’autres choses que de réciter le rosaire, mais quelle fécondité, quel moment où, en famille on se retrouvait comme le Corps du Christ qui se laissait nourrir et se laissait instruire et éclairer par la Mère, celle qui a porté le Fils, celle qui a enfanté avec Lui son Corps mystique qui est l’Église. C’est une réalité que j’aime me rappeler tous les jours et que j’’aime revivre parce que j’invite mes parents, mes grands-parents, j’invite tous ceux qui me sont chers et qui sont maintenant tout près du Père de venir avec moi faire cette prière.

Et l’Évangile nous parle de la multiplication des pains. C’est comme un pain qui ne se consume pas. Il y a là que 5 pains et 2 poissons, puis on va se dire : « Pourquoi si peu pour une si grande foule ? » Je pense que les réalités qui sont nourrissantes on n’en n’a pas besoin beaucoup mais d’un tout petit peu, puis elles peuvent nourrir longtemps parce qu’elles ne sont pas détruites, elles sont plutôt une réalité qui nous communique une vie qui nous dépasse. J’aime me rappeler souvent que dans mon ministère où je suis depuis près de quarante ans auprès des personnes handicapées, souvent ces personnes-là sont considérées comme des gens qui n’ont pas beaucoup à offrir à la réalité sociale. Dans le texte de l’Évangile que nous avons aujourd’hui, la première chose que Jésus va faire, c’est de prendre les cinq pains et les deux poissons, c’est qu’il va les offrir au Père. Penser chaque jour être nous-même une offrande au Père, se risquer à s’offrir au Père dans le Christ, dans le Fils. Et dans cette offrande, ce qui va advenir nous dépasse toujours. Et dans ces rencontres que j’ai vécues avec des personnes handicapées, et je me souviens toutes les retraites, toutes les prédications, tous les témoignages que j’ai faits, de la paternité que Dieu m’a confiée dans mon fils Claude, comment ça été nourrissant pour une multitude. Et jamais ce pain a été détruit, non, ce pain tout petit, relation d’un homme et d’un enfant avec un handicap, cette réalité-là a dépassé de beaucoup pour plusieurs le sens immédiat, comme si on pouvait reconnaître l’action de Dieu. Et les fruits que j’en ai retirés, comme mon fils en a retirés, et le pain que l’Église a reçu, est multiplié à l’infini, et cela depuis quarante ans.

Quand Jésus prend les cinq pains et les deux poissons, il prend souvent ces réalités qu’on ne reconnaît pas, qu’on ne voit pas, puis il rend grâce au Père. Alors pour moi, de rendre grâce chaque jour pour le don de mon fils qui n’est pas un dû mais une grâce de Dieu, de rendre grâce chaque jour pour tous ces dons que Dieu m’a fait à travers son Corps qui est l’Église, c’est un peu tout ça que je viens retrouver dans la célébration de l’Eucharistie. Et quand on se retrouve dans ces célébrations-là, ce sont des temps familiaux importants, ce sont des temps communautaires importants, des temps qui vont marquer notre histoire, des temps qui vont marquer notre réalité, parce que si on n’a pas de ces moments, c’est comme si elle était vide. Alors dans ma prière quotidienne, en Église dans le bréviaire, qu’on peut penser que c’est une prière pour les prêtres mais qui est de plus en plus la prière du peuple de Dieu, je me retrouve dans ces moments de prière qui existaient depuis fort longtemps qui étaient au milieu du quotidien de nos vies dans la famille. Et mon père et ma mère qui n’étaient des gens qui pouvaient  facilement comme moi, parler longtemps de l’Évangile ou parler longtemps de Dieu, ils nous le transmettaient en étant en prière avec nous et en nous apprenant et en nous initiant à être en prière dans notre réalité familiale. Alors qu’ils ne sont plus là, cette réalité m’habite toujours, et elle est toujours comme un pain de vie que je continue à manger et pour lequel je rends grâce et j’aime penser aussi à tous ceux qui n’ont  pas la chance de vivre ces expériences et qui souvent dans la réalité de leur vie sont confrontés au vide alors que le Seigneur veut toujours nous donner sa plénitude. En ce dimanche, allons nous retrouver là où il nous attend et allons faire ce corps pour qu’il devienne un corps vivant et un corps en marche.

Évangile : Luc 9, 11b-17

1ère lecture : Genèse 14, 18-20

Psaume 109, 1-4

2e lecture : 1 Corinthiens 11, 23-26 

0 commentaires

Vous pouvez être le premier à laisser un commentaire

Laissez un commentaire