Commentaire du 19 septembre 2010 / Pierre Desroches (1er)


– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion :
composition, guitare et arrangements musicaux, caméra et montage.

 

« L’argent vient souvent régler nos rapports humains / Abus faites aux personnes faibles et fragiles / Ceux qui sont riches et qui abusent, voilà ce qui est mauvais / La prière du chrétien n’en est pas une de repliement sur soi / Être capable d’avoir des liens qui font grandir / L’évangile vient nous interroger sur notre manière de vivre notre rapport avec l’argent. »

– Références des textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=19/09/2010

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Évangile du 25è dimanche du temps ordinaire : L’argent trompeur (Luc 16, 1-13)
Jésus disait à ses disciples : « Un homme riche avait un gérant qui lui fut dénoncé parce qu’il gaspillait ses biens. Il le convoqua et lui dit : ‘Qu’est-ce que j’entends dire de toi ? Rends-moi les comptes de ta gestion, car désormais tu ne pourras plus gérer mes affaires.’ Le gérant pensa : ‘Que vais-je faire, puisque mon maître me retire la gérance ? Travailler la terre ? Je n’ai pas la force. Mendier ? J’aurais honte. Je sais ce que je vais faire, pour qu’une fois renvoyé de ma gérance, je trouve des gens pour m’accueillir.’ Il fit alors venir, un par un, ceux qui avaient des dettes envers son maître. Il demanda au premier : ‘Combien dois-tu à mon maître ? – Cent barils d’huile.’ Le gérant lui dit : ‘Voici ton reçu ; vite, assieds-toi et écris cinquante.’ Puis il demanda à un autre : ‘Et toi, combien dois-tu ? – Cent sacs de blé.’ Le gérant lui dit : ‘Voici ton reçu, écris quatre-vingts.’ Ce gérant trompeur, le maître fit son éloge : effectivement, il s’était montré habile, car les fils de ce monde sont plus habiles entre eux que les fils de la lumière. Eh bien moi, je vous le dis : Faites-vous des amis avec l’Argent trompeur, afin que, le jour où il ne sera plus là, ces amis vous accueillent dans les demeures éternelles. Celui qui est digne de confiance dans une toute petite affaire est digne de confiance aussi dans une grande. Celui qui est trompeur dans une petite affaire est trompeur aussi dans une grande. Si vous n’avez pas été dignes de confiance avec l’Argent trompeur, qui vous confiera le bien véritable ? Et si vous n’avez pas été dignes de confiance pour des biens étrangers, le vôtre, qui vous le donnera ? Aucun domestique ne peut servir deux maîtres : ou bien il détestera le premier, et aimera le second ; ou bien il s’attachera au premier, et méprisera le second. Vous ne pouvez pas servir à la fois Dieu et l’Argent. »

1ère lecture : Les mauvais riches (Amos 8, 4-7)
Écoutez ceci, vous qui écrasez le pauvre pour anéantir les humbles du pays, car vous dites : « Quand donc la fête de la nouvelle lune sera-t-elle passée, pour que nous puissions vendre notre blé ? Quand donc le sabbat sera-t-il fini, pour que nous puissions écouler notre froment ? Nous allons diminuer les mesures, augmenter les prix, et fausser les balances. Nous pourrons acheter le malheureux pour un peu d’argent, le pauvre pour une paire de sandales. Nous vendrons jusqu’aux déchets du froment ! » Le Seigneur le jure par la Fierté d’Israël : Non, jamais je n’oublierai aucun de leurs méfaits. »

Psaume 112, 1-2, 5-8
R/ Béni sois-tu Seigneur, toi qui relèves le pauvre

Louez, serviteurs du Seigneur,
louez le nom du Seigneur !
Béni soit le nom du Seigneur,
maintenant et pour les siècles des siècles !

Qui est semblable au Seigneur notre Dieu ?
Lui, il siège là-haut.
Mais il abaisse son regard
vers le ciel et vers la terre.

De la poussière il relève le faible,
il retire le pauvre de la cendre
pour qu’il siège parmi les princes,
parmi les princes de son peuple.

2ème lecture : La prière universelle (1 Tm 2, 1-8)
J’insiste avant tout pour qu’on fasse des prières de demande, d’intercession et d’action de grâce pour tous les hommes, pour les chefs d’État et tous ceux qui ont des responsabilités, afin que nous puissions mener notre vie dans le calme et la sécurité, en hommes religieux et sérieux. Voilà une vraie prière, que Dieu, notre Sauveur, peut accepter, car il veut que tous les hommes soient sauvés et arrivent à connaître pleinement la vérité. En effet, il n’y a qu’un seul Dieu, il n’y a qu’un seul médiateur entre Dieu et les hommes : un homme, le Christ Jésus, qui s’est donné lui-même en rançon pour tous les hommes. Au temps fixé, il a rendu ce témoignage pour lequel j’ai reçu la charge de messager et d’Apôtre – je le dis en toute vérité – moi qui enseigne aux nations païennes la foi et la vérité. Je voudrais donc qu’en tout lieu les hommes prient en levant les mains vers le ciel, saintement, sans colère ni mauvaises intentions.

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Transcription du commentaire du 19 septembre 2010 (1er) – 25e dimanche du Temps Ordinaire (année C)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Nos rapports avec l’argent : abus ou justice ?

Bonjour chers amis !
Aujourd’hui on débute une série d’émissions qui va s’inspirer de la liturgie du dimanche.  Je suis l’abbé Pierre Desroches, un prêtre de Montréal qui travaille puis plus de trente ans auprès de personnes handicapées physiques dans différents centres. Je suis également curé de deux paroisses : la paroisse de St-Pierre Claver et celle de St-Stanislas de Kostka. J’assume aussi la responsabilité de l’aumônerie du Service de Police de la Ville de Montréal. Alors comme vous le voyez c’est un peu diversifié, mais la Parole de Dieu s’adresse à tous.

Justement cette semaine, en ce 25e dimanche du temps ordinaire, le premier qui va nous adresser la Parole va être Amos. Il va prendre un sujet qui est toujours très actuel, c’est  celui de l’argent. Je vous cite le premier verset de cette Parole : « Écoutez ceci, vous qui écrasez le pauvre pour anéantir les pauvres du pays ». Abuser des petits, abuser des pauvres, ça se fait même sans qu’on s’en aperçoive, mais ça peut se faire aussi très intentionnellement. L’argent vient souvent régler nos rapports humains. On va vénérer très facilement ceux qui ont des gros comptes de banque, on va donner beaucoup d’importance à ceux qui sont comblés de richesse et on va souvent mépriser ceux qui n’en n’ont pas et qui ont des moyens plus difficiles de subsistance. Qu’est-ce qu’Amos veut nous dire ? Il veut nous parler surtout du rapport de justice.

Ce qui est fondamental, ce n’est pas d’abord l’argent, mais c’est la relation que l’on entretient les uns par rapport aux autres. Abuser en allant chercher le bien du pauvre sans même qu’il s’en aperçoive, sans même qu’il puisse se défendre, parce qu’on le trompe justement dans ses limites, dans ses faiblesses, dans ses fragilités. Combien de mes amis handicapés vont recevoir des chèques au début du mois et beaucoup de visites à ce moment là parce que les gens vont venir profiter de cette manne qui passe,  et ils vont même orienter l’utilisation de cet argent souvent à leur profit et au désavantage de celui qui le reçoit.

Ici, on va parler beaucoup chez Amos « des balances qui sont trompées ». On vend plus cher le produit proposé que ce qui est annoncé.  Comme on le voit, ce n’est pas avec notre siècle qu’ont commencé toutes ces manigances pour mettre en premier l’argent et ne pas se soucier de ceux que le Seigneur nous confie. Avoir de l’argent, c’est une responsabilité. Ce n’est pas mauvais d’être riche. Ceux qui sont riches et qui abusent, voilà ce qui est mauvais. Ce n’est pas la personne mais l’attitude qui est destructrice, qui ne fait pas advenir le Royaume, surtout pas celui de Dieu.

Dans la deuxième lecture, c’est notre ami Paul qui va nous adresser la parole. On voit déjà les intentions de Paul et d’où nous viennent les prières universelles, parce que Paul va nous inviter à faire des prières, non pas d’abord pour soi, mais pour tous les hommes, les dirigeants, les chefs politiques, les chefs religieux, pour toute la réalité de la communauté. La prière du chrétien n’est pas une prière qui replie sur soi, qui enferme. Déjà, on peut voir que Paul veut nous universaliser, il veut nous mettre dans une relation ouverte sur tout l’ensemble de la réalité. Alors ce n’est pas chrétien que de faire des petites sectes, de faire des petits clochers, ce qui est chrétien c’est d’avoir le souci de tous et de porter tous et chacun dans une prière qui va nous inviter à être conscients de notre propre place à nous dans la communauté et dans l’évolution de cette société et de cette humanité. C’est le grand projet de Dieu d’une humanité qui soit vivante, d’une humanité qui soit en santé.

Dans l’Évangile qui tirée de saint Luc, on va nous parler de l’argent trompeur. C’est intéressant parce qu’on revient sur le thème de la première lecture. L’évangile va nous présenter un homme riche qui a un gérant. Cette parole est toujours déconcertante parce que le gérant va être remercié par son maître parce qu’il gère mal. Alors le gérant se dit : « qu’est-ce que je vais faire, je n’ai pas la force d’aller mendier, je vais avoir honte, travailler, je ne sais pas ». Il décide de faire venir les créanciers de son maître. À un qui doit cent barils d’huile, il le fait asseoir et lui demande d’écrire sur sa facture cinquante. À un autre, il fait de même. Alors on s’attendrait que le gérant se fasse mettre à la porte et que le maître se fâche. Au contraire, ce maître vient faire l’éloge de ce gérant malhonnête.

Est-ce que la parole est en train de nous dire qu’il est bon d’être malhonnête ? Ça serait sûrement une mauvaise interprétation. Ce qu’on peut découvrir dans cette parole, c’est qu’il semble y avoir un bien qui est un bien véritable et un autre bien qui est un bien trompeur. Et le titre qui avait été donné était : l’argent trompeur. On croit que finalement, ce maître étonnant est vigilant non pas du côté de l’argent trompeur mais du côté de l’attitude  et du comportement de son  gérant qu’il va découvrir comme celui qui prend soin des relations, des liens et du bien véritable. Il est celui qui est capable d’avoir des liens qui font grandir, qui sont de l’ordre de la générosité, de la gratuité, des liens qui nous apprennent à nous déposséder. On n’a pas une formation très forte dans nos sociétés calculatrices sur cette dimension, mais l’évangile vient nous surprendre et nous interroger sur notre manière de vivre notre rapport avec l’argent, notre rapport avec nos frères, avec nos dirigeants. Il nous invite aussi à être capables, à partir des biens de ce monde, d’entretenir des relations qui vont être des relations de croissance qui vont favoriser le devenir non seulement de mon être mais de tout ce monde qui nous est confié pour que le bien y soit partagé.

Alors, on va demander cette semaine que l’on puisse vraiment, dans cette Parole, nous laisser bouleverser, nous laisser transformer – un vieux mot dans l’Église – nous laisser convertir, pour que nous n’appartenions pas à l’argent mais que l’argent nous appartienne et que l’on sache très bien qu’il est là pour nous servir. Amen.

Évangile : Luc 18, 9-14

1ère lecture : Siracide 35, 12-14

Psaume 33, 2-3.16.18-19.23

2e lecture : 2 Timothée 4, 6-8.16-18

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