Commentaire du 15 août 2011 / Pierre Desroches (49e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion :
caméra et montage.

« L’Apocalypse, un livre à découvrir / Une femme dont le grand désir est de donner la vie / Pour le Seigneur, l’humanité n’a rien d’étranger / La réalité essentielle du « corps » / La détermination de Dieu à faire de nous des citoyens du ciel / C’est avec joie que Marie se met en marche vers sa cousine. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=15/08/2011

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Évangile : « Heureuse celle qui a cru ! » (Luc 1, 39-56)
En ces jours-là, Marie se mit en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie de l’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque j’ai entendu tes paroles de salutation, l’enfant a tressailli d’allégresse au-dedans de moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. » Marie dit alors :

« Mon âme exalte le Seigneur,  mon esprit exulte en Dieu mon Sauveur. Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !Son amour s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de bien les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et de sa race à jamais. » Marie demeura avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.

 

1ère lecture : La Femme de l’Apocalypse, image de l’Église comme Marie (Apocalypse 11, 19a ; 12, 1-6a.10ab)
Le Temple qui est dans le ciel s’ouvrit, et l’arche de l’Alliance du Seigneur apparut dans son Temple. Un signe grandiose apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle était enceinte et elle criait, torturée par les douleurs de l’enfantement. Un autre signe apparut dans le ciel : un énorme dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et sur chaque tête un diadème. Sa queue balayait le tiers des étoiles du ciel, et les précipita sur la terre. Le Dragon se tenait devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance. Or, la Femme mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les menant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. Alors j’entendis dans le ciel une voix puissante, qui proclamait : « Voici maintenant le salut, la puissance et la royauté de notre Dieu, et le pouvoir de son Christ ! »

 

Psaume 45, 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16

R/ Heureuse es-tu, Vierge Marie, dans la gloire de ton Fils.

Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté.

Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.

Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.

Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.

 

 

2ème lecture : Le Christ nous entraîne tous dans la vie éternelle (1 Corinthiens 15, 20-27a)
Frères, le Christ est ressuscité d’entre les morts, pour être parmi les morts le premier ressuscité. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection. En effet, c’est en Adam que meurent tous les hommes ; c’est dans le Christ que tous revivront, mais chacun à son rang : en premier, le Christ ; et ensuite, ceux qui seront au Christ lorsqu’il reviendra. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra son pouvoir royal à Dieu le Père, après avoir détruit toutes les puissances du mal. C’est lui en effet qui doit régner jusqu’au jour où il aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qu’il détruira, c’est la mort, car il a tout mis sous ses pieds.

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Commentaire du 15 août 2011 (49è) – L’Assomption de la Vierge Marie
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Est-ce que l’enfant en nous, comme celui d’Élisabeth, bondit de joie pour Dieu ?

L’abbé Pierre Desroches

Mes amis, on se retrouve assez rapidement puisqu’aujourd’hui c’est la fête de l’Assomption. Les textes qui nous sont proposés, le premier vient de l’Apocalypse, un livre passionnant, un livre vraiment à découvrir plein d’images, plein de langages symboliques. Il nous dit : « le  temple  qui est dans le ciel s’ouvrit et l’arche du Seigneur apparut dans son temple. L’arche de l’alliance, l’arche de la présence, l’arche que l’on retrouve et qui nous vient de l’Ancien Testament par le peuple qui traverse le désert et qui expérimente qu’il n’est pas seul et qui transporte avec lui cette présence qui l’accompagne. « Et un signe grandiose dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. » C’est difficile d’être plus lumineux, de trouver des images plus fortes : La lune, la lumière de la nuit; les étoiles, la lumière du firmament de nuit; et le soleil, la lumière du jour. Donc cette femme est entièrement drapée de lumière et elle est torturée par les douleurs d’un enfantement. Mais un enfantement c’est un grand désir de porter la vie, de donner au monde une vie nouvelle. Et « un énorme dragon » qui veut bouffer cette nouvelle venue qui lui va représenter beaucoup les ténèbres, qui va être attentif et qui va surveiller pour que ce qui advient ne puisse arriver.

« Et la femme va mettre au monde un fils mâle qui deviendra le berger de toutes les nations ». Belle image qui nous rappelle toutes ces paroles où l’on a vu que le Seigneur nous invite à accueillir les étrangers. Pour le Seigneur l’humanité n’a rien d’étranger peu importe son enracinement, ses racines. « Qui va le mener avec un sceptre de fer. » Ce n’est pas une image qui va nous parler d’une dureté mais qui vient nous parler d’une solidité. Le sceptre de fer qui est porté par cet enfant qui va être enlevé auprès de Dieu et de son trône, qui va être protégé par une présence. « Et la femme va s’enfuir au désert. » Ce n’est pas dans une grande cité, elle va être là cachée comme va le dire le livre des Cantiques des Cantiques au creux des rochers. Alors ces images de l’Apocalypse qui sont aussi dans notre lecture qui est une très belle image de Marie et de l’Église. Ces deux images sont vraiment l’image de qui est l’Église, quelle est la mission de l’Église. Dans ce beau mystère de l’Assomption, on retrouve le mystère du corps. Vous savez que dans la réalité, notre corps a plus de mémoire, et que la mémoire du corps est plus grande que la mémoire du cerveau. Il y a beaucoup de choses qui sont enfouies dans l’inconscient mais c’est comme si notre corps est un excellent lecteur de notre inconscient et il va nous rappeler si on se met en contact  avec lui, si on sait l’accueillir. Il va nous rappeler beaucoup de réalités qui ont constitué notre devenir. Marie qui monte au ciel avec son corps, c’est Marie qui a une lecture transparente de sa réalité, de toute son histoire. Elle est à la fois exceptionnelle mais elle nous révèle aussi ce qu’il y a d’exceptionnel dans notre réalité de baptisés, de fils et de filles de Dieu appelés à connaître cette  gloire, appelés à connaître dans sa chair toute victoire sur tout mal et qui sommes appelés à être témoins pour notre monde de cette réalité, de cette volonté de Dieu, de cette détermination de Dieu à faire de nous des citoyens du ciel.

Marie, dans l’Évangile, qui va être celui de la Visitation. « Elle va se mettre en route rapidement vers une ville de la montagne de Judée. » J’aime l’expression « rapidement » parce qu’elle vient d’entendre l’appel d’aller vers sa cousine et ce n’est pas avec hésitation, ce n’est pas avec dépit, c’est avec exultation, avec joie qu’elle se met en marche. Et elle va avoir un long trajet à faire à pied, et elle va entrer dans la maison de Zacharie pour saluer Élisabeth. Un peu comme elle a été saluée par l’Ange Gabriel qui lui annonçait qu’elle était pour porter Jésus, maintenant qu’elle porte Jésus, elle entre dans la maison de sa cousine et puis, à son tour, elle salue sa cousine. Et quand Élisabeth entend cette salutation, «  l’enfant bondit en elle. » Je ne sais pas si vous avez vécu, si vous vivez ou si vous désirez vivre ce rebondissement pour qu’à l’intérieur de vous cet enfant de Dieu qui se trouve puisse exalter, puisse se réjouir.  C’est ce qu’on voit dans cette belle page de la Visitation où une toute jeune femme va faire vibrer une plus vieille. C’est comme si, dans cet effusion de l’Esprit, les salutations vont venir des unes et des autres. « Tu es bénie entre toutes les femmes et le fruit de tes entrailles est béni. »

Élisabeth n’est pas menacée par toute cette jeune et cette vie nouvelle qui vient. Rêve que j’aurais pour nos églises et pour nos communautés, que nos plus anciens rebondissent et ne soient pas menacés par ces plus jeunes qui arrivent parfois avec des réalités qui nous apparaissent comme assez étranges mais qu’ils soient perçus comme des grandes visites de Dieu qui viennent donner le possible d’aller au bout de nos missions et au bout de ce que nous sommes appelés à faire. Ce beau chant qui dit « le fruit de tes entrailles est béni ». Pour moi  ce qu’il y a à l’intérieur de toi, ce qui bouge à l’intérieur de toi est une bénédiction qui vient de Dieu. « Comment ai-je ce bonheur que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? » Alors Marie va faire son chant qu’on connaît très bien : « Mon âme exalte le Seigneur et mon esprit tressaille en Dieu mon Sauveur. » ! Et on va dans cette belle page, voir jaillir de partout l’Esprit Saint qui est donné en abondance et que nous sommes appelés à reprendre à notre tour pour nous aussi entrer dans ce chant d’exultation et de reconnaître tout ce que Marie nous invite à reconnaître à travers cette Parole qui nous est donnée aujourd’hui. « Marie demeure avec Élisabeth environs trois mois, puis elle s’en retourna chez elle. » Elle ne va pas s’enfermer, mais elle va continuer la mission qui est la sienne dans cette fidélité à ce que Dieu lui confie, elle, de devenir Mère de Jésus ce qui est un appel pour chacun de nous aussi. Bonne semaine.

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