Commentaire du 13 novembre 2011 / Pierre Desroches (63e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, montage et musique.

« La femme vaillante bâtie par ses qualités de coeur et non sur l’image / Le Seigneur qui vient toujours nous donner quelque chose / En étant vigilant, le mystère de nos difficultés s’éclaire / Dieu est capable de nous laisser prendre une distance / La peur est toujours une très mauvaise conseillère. »–

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=13/11/2011

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Évangile : La venue du Fils de l’homme. Faire fructifier les dons du Seigneur (Matthieu 25, 14-30)
Jésus parlait à ses disciples de sa venue ; il disait cette parabole : « Un homme, qui partait en voyage, appela ses serviteurs et leur confia ses biens. À l’un il donna une somme de cinq talents, à un autre deux talents, au troisième un seul, à chacun selon ses capacités. Puis il partit. Aussitôt, celui qui avait reçu cinq talents s’occupa de les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui qui avait reçu deux talents en gagna deux autres. Mais celui qui n’en avait reçu qu’un creusa la terre et enfouit l’argent de son maître. Longtemps après, leur maître revient et il leur demande des comptes. Celui qui avait reçu les cinq talents s’avança en apportant cinq autres talents et dit : ‘Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres. — Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître.’ Celui qui avait reçu deux talents s’avança ensuite et dit : ‘Seigneur, tu m’as confié deux talents ; voilà, j’en ai gagné deux autres. — Très bien, serviteur bon et fidèle, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître.’ Celui qui avait reçu un seul talent s’avança ensuite et dit : ‘Seigneur, je savais que tu es un homme dur : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre. Le voici. Tu as ce qui t’appartient.’ Son maître lui répliqua : ‘Serviteur mauvais et paresseux, tu savais que je moissonne là où je n’ai pas semé, que je ramasse le grain là où je ne l’ai pas répandu. Alors, il fallait placer mon argent à la banque ; et, à mon retour, je l’aurais retrouvé avec les intérêts. Enlevez-lui donc son talent et donnez-le à celui qui en a dix. Car celui qui a recevra encore, et il sera dans l’abondance. Mais celui qui n’a rien se fera enlever même ce qu’il a. Quant à ce serviteur bon à rien, jetez-le dehors dans les ténèbres ; là il y aura des pleurs et des grincements de dents !’ » 

1ère lecture : La femme vaillante fait fructifier ses talents (Proverbes 31, 10-13.19-20.30-31)
La femme vaillante, qui donc peut la trouver ? Elle est infiniment plus précieuse que les perles. Son mari peut avoir confiance en elle : au lieu de lui coûter, elle l’enrichira. Tous les jours de sa vie, elle lui épargne le malheur et lui donne le bonheur. Elle a fait provision de laine et de lin, et ses mains travaillent avec entrain. Sa main saisit la quenouille, ses doigts dirigent le fuseau. Ses doigts s’ouvrent en faveur du pauvre, elle tend la main au malheureux. Décevante est la grâce, et vaine la beauté ; la femme qui craint le Seigneur est seule digne de louange. Reconnaissez les fruits de son travail : sur la place publique, on fera l’éloge de son activité.

Psaume 127, 1-2, 3, 4.5c.6a 

R/ Heureux le serviteur fidèle : Dieu lui confie sa maison !

Heureux qui craint le Seigneur
et marche selon ses voies !
Tu te nourriras du travail de tes mains :
Heureux es-tu ! À toi, le bonheur !

Ta femme sera dans ta maison
comme une vigne généreuse,
et tes fils, autour de la table,
comme des plants d’olivier.

Voilà comment sera béni
l’homme qui craint le Seigneur.
Que le Seigneur te bénisse tous les jours de ta vie,
et tu verras les fils de tes fils

2ème lecture : Soyons vigilants pour attendre la venue du Seigneur (1Thessaloniciens 5, 1-6)
Frères, au sujet de la venue du Seigneur, il n’est pas nécessaire qu’on vous parle de délais ou de dates. Vous savez très bien que le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit. Quand les gens diront : « Quelle paix ! quelle tranquillité ! », c’est alors que, tout à coup, la catastrophe s’abattra sur eux, comme les douleurs sur la femme enceinte : ils ne pourront pas y échapper. Mais vous, frères, comme vous n’êtes pas dans les ténèbres, ce jour ne vous surprendra pas comme un voleur. En effet, vous êtes tous des fils de la lumière, des fils du jour ; nous n’appartenons pas à la nuit et aux ténèbres. Alors, ne restons pas endormis comme les autres, mais soyons vigilants et restons sobres.

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Commentaire du 13 novembre 2011 (63è) – 33e dimanche du temps ordinaire (année A)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Un Dieu qui nous invite à ne pas vivre dans la crainte de l’erreur

L’abbé Pierre Desroches

Chers amis, je suis obligé cette semaine d’aborder un sujet très délicat parce que la première parole va nous parler de la femme vaillante. C’est tiré du Livre des Proverbes. « Qui peut la trouver cette femme vaillante ? » Comment on fait pour trouver une femme vaillante ?  On nous dit « qu’elle est plus précieuse que les perles, son mari peut avoir confiance en elle : au lieu de lui coûter, elle l’enrichira. Tous les jours de sa vie, elle lui épargne le malheur et lui donne le bonheur. Elle a fait provision de laine et de lin, et ses mains travaillent avec entrain. Sa main saisit la quenouille, ses doigts dirigent le fuseau. Ses doigts s’ouvrent en faveur du pauvre, elle tend la main au malheureux. » On voit que cette femme-là, effectivement, elle n’est pas si simple à trouver. Comment on va faire pour trouver cette femme qui a toute cette ouverture, toute cette sagesse et toutes ces capacités ? Le seul petit signe qu’on nous donne, il n’est pas très développé. On nous dit : « Décevante est la grâce, et vaine la beauté ». Probablement qu’on ne la trouvera pas facilement dans « Occupation double »  ou dans toutes ces réalités qui sont sur l’image, sur l’extérieur. Mais possiblement, je ne peux pas me prononcer, comme je n’écoute pas ces programmes de télé-réalité, possiblement que quelques femmes vaillantes peuvent être cachées derrière ces êtres mais ce n’est sûrement pas ce qu’on a le souci de révéler à l’intérieur de ces émissions. « La femme qui craint le Seigneur est seule digne de louange. Reconnaissez les fruits de son travail : sur la place publique, on fera l’éloge de son activité. »  La  Parole nous invite à être très attentifs aux qualités de cœur, aux qualités intérieures, à ce souci de la collectivité, et aussi à ce souci de la vie privée, de la grande charge familiale.

Dans la deuxième Parole : « Soyez vigilants pour attendre la venue du Seigneur »,  parce qu’on s’achemine de plus en plus vers le temps de l’Avent, vers la fin de notre année liturgique, alors, on va entendre beaucoup parler de la venue du Seigneur. «  Il n’est pas important qu’on vous parle des délais ou de dates. » De toute façon, il ne pouvait pas en parler, il ne les connaissait pas. «  Vous savez très bien que le jour du Seigneur viendra comme un voleur. » C’est une image que j’aime bien, mais une  image peut nous tromper parce que ça peut nous laisser entendre que le Seigneur vient nous prendre quelque chose. Le Seigneur ne vient jamais nous prendre quelque chose, il vient toujours nous apporter, nous donner quelque chose. Alors cette image insiste plus, non pas sur ce que fait le voleur mais sur le fait qu’il arrive à l’impromptu, on ne s’y attend pas. Donc, ce jour-là va arriver à l’improviste. Le jour du Seigneur est toujours un jour de victoire. On ne sait pas quand la victoire va se manifester dans nos vies, mais on peut savoir qu’on a quelques combats et qu’il y a des défis qui ne sont pas toujours pour nous très clairs (et nous ne savons pas toujours) comment les relever ou comment les traverser. En étant vigilants, on nous dit qu’on va tout à coup on va voir le moment où s’éclaire le mystère, où s’éclaire l’énigme qui ne nous tient pas dans l’inquiétude mais qui nous tient dans l’attente, non pas de trouver d’abord en soi la réponse ou la solution, mais de la trouver en Lui, dans sa venue qui va venir faire corps avec notre réalité à nous aussi.

Et l’Évangile de ce dimanche, c’est la venue du Fils de l’homme, c’est cette Parabole qui nous nous dit qu’un homme part en voyage, qui prend une distance. Je ne sais pas comment vous vivez vos départs en voyage, pour moi c’est toujours un temps difficile. J’ai beaucoup de difficulté à laisser mon quotidien, à confier à d’autres ce que je suis bien habitué à gérer moi-même. Cet homme-là, il part. C’est comme si Dieu est capable de nous laisser prendre une distance. Il est capable de se vivre lorsque nous, on est à distance  de lui, et il appelle ses serviteurs. C’est un Dieu qui est très responsable parce que son absence ne sera pas sans qu’il y ait des gens qui vont agir en son nom. Et il confie tous ses biens. Et là, on peut reconnaître qu’on a une responsabilité, que, si lui est à distance, ce n’est pas pour que son peuple, que ceux qu’il aime manquent de soins, mais pour qu’ils puissent les recevoir à travers ceux qu’il appelle, ceux qu’il choisit. Et dans cette Parole, on va voir que c’est le partage des talents. À l’un il en donne un, à un autre il en donne davantage, cinq, et finalement à un autre, deux. Et il part.

C’est à son retour qu’il va retrouver une situation qui va s’être transformée. Alors longtemps après, il revient, et celui qui avait reçu les cinq talents s’avance et lui en redonne dix. Alors, il le fait entrer. « Très bon serviteur, tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup. » Puis, celui qui en avait reçu deux en rapporte encore davantage, et le dernier qui n’en n’avait reçu qu’un l’avait enfoui, parce qu’il craignait son maître. Il lui dit : « Seigneur, je savais que tu es un homme dure : tu moissonnes là où tu n’as pas semé, tu ramasses là où tu n’as pas répandu le grain. J’ai eu peur, et je suis allé enfouir ton talent dans la terre. Le voici : Tu as ce qui t’appartient. » La peur est toujours une très mauvaise conseillère, et ce seigneur qui prend ses distances et nous fait confiance est aussi prêt à faire confiance en nos risques. Alors, si nous ne savons pas risquer ce qui nous a été confié, on évite de le faire grandir, de le faire progresser. Il n’a pas peur des erreurs, il n’a pas peur des ratés, il est même très confiant que dans cette expérience que nous allons vivre en risquant nous allons davantage expérimenter un développement. Alors ce dernier va se retrouver là où il y a des pleurs et des grincements de dents. Et pour ne pas être dans les peurs et les grincements de dents, il faut être dans cette confiance de risquer avec le Seigneur, de risquer dans la confiance avec Lui ce qu’il a mis entre nos mains. Je nous souhaite de ne pas avoir peur cette semaine, de développer ce qui nous a été confié qu’on peut reconnaître à travers la vie qui est la nôtre.

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