Commentaire du 8 mai 2011 / Pierre Desroches (34e)

– Transcription du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : arrangement des cordes, caméra et montage. Extrait de la chanson « Retrouver la paix » de l’album PAR-DELÀ LES FRONTIÈRES : http://maisonintercd.com

« L’Esprit a travaillé l’être de Pierre qui n’est plus le même / C’est le Christ qui donne vraiment sens à notre vie / Jésus prend le temps d’être à l’écoute de gens tristes / Les disciples d’Emmaüs avaient pensé Jésus invulnérable / Un cœur insensé est un cœur sans le sens de Dieu / Dieu n’est pas à l’extérieur, mais dans ce monde. »

– Références pour les textes bibliques : http://aelf.org/?date_my=08/05/2011

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Évangile : Apparition aux disciples d’Emmaüs (Luc 24, 13-35)
Le troisième jour après la mort de Jésus, deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient ensemble de tout ce qui s’était passé. Or, tandis qu’ils parlaient et discutaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient aveuglés, et ils ne le reconnaissaient pas. Jésus leur dit : « De quoi causiez-vous donc, tout en marchant ? » Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes. L’un des deux, nommé Cléophas, répondit : « Tu es bien le seul de tous ceux qui étaient à Jérusalem à ignorer les événements de ces jours-ci. » Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth : cet homme était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple. Les chefs des prêtres et nos dirigeants l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Et nous qui espérions qu’il serait le libérateur d’Israël ! Avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé. A vrai dire, nous avons été bouleversés par quelques femmes de notre groupe. Elles sont allées au tombeau de très bonne heure, et elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont même venues nous dire qu’elles avaient eu une apparition : des anges, qui disaient qu’il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. » Il leur dit alors : « Vous n’avez donc pas compris ! Comme votre coeur est lent à croire tout ce qu’ont dit les prophètes ! Ne fallait-il pas que le Messie souffrît tout cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, en partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur expliqua, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.
Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous : le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.
Quand il fut à table avec eux, il prit le pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Alors ils se dirent l’un à l’autre : « Notre coeur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route, et qu’il nous faisait comprendre les Écritures ? » A l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « C’est vrai ! le Seigneur est ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » A leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment ils l’avaient reconnu quand il avait rompu le pain.

1ère lecture : Pierre annonce le Christ ressuscité (Actes des Apôtres 2, 14.22b-33)
Le jour de la Pentecôte, Pierre, debout avec les onze autres Apôtres, prit la parole ; il dit d’une voix forte : « Habitants de la Judée, et vous tous qui séjournez à Jérusalem, comprenez ce qui se passe aujourd’hui, écoutez bien ce que je vais vous dire. Il s’agit de Jésus le Nazaréen, cet homme dont Dieu avait fait connaître la mission en accomplissant par lui des miracles, des prodiges et des signes au milieu de vous, comme vous le savez bien. Cet homme, livré selon le plan et la volonté de Dieu, vous l’avez fait mourir en le faisant clouer à la croix par la main des païens. Or, Dieu l’a ressuscité en mettant fin aux douleurs de la mort, car il n’était pas possible qu’elle le retienne en son pouvoir. En effet, c’est de lui que parle le psaume de David :J e regardais le Seigneur sans relâche, s’il est à mon côté, je ne tombe pas. Oui, mon coeur est dans l’allégresse, ma langue chante de joie ; ma chair elle-même reposera dans l’espérance : tu ne peux pas m’abandonner à la mort ni laisser ton fidèle connaître la corruption. Tu m’as montré le chemin de la vie, tu me rempliras d’allégresse par ta présence. Frères, au sujet de David notre père, on peut vous dire avec assurance qu’il est mort, qu’il a été enterré, et que son tombeau est encore aujourd’hui chez nous. Mais il était prophète, il savait que Dieu lui avait juré de faire asseoir sur son trône un de ses descendants. Il a vu d’avance la résurrection du Christ, dont il a parlé ainsi : Il n’a pas été abandonné à la mort, et sa chair n’a pas connu la corruption. Ce Jésus, Dieu l’a ressuscité ; nous tous, nous en sommes témoins. Élevé dans la gloire par la puissance de Dieu, il a reçu de son Père l’Esprit Saint qui était promis, et il l’a répandu sur nous : c’est cela que vous voyez et que vous entendez. »

Psaume 15, 1-2a.5, 7-8, 9-10, 2b.11
R/ Tu m’as montré, Seigneur, le chemin de la vie

Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait de toi mon refuge.
J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort. »

Je bénis le Seigneur qui me conseille :
même la nuit mon coeur m’avertit.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable.

Mon coeur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.

Je n’ai pas d’autre bonheur que toi.
Tu m’apprends le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
A ta droite, éternité de délices !

2ème lecture : Le Christ ressuscité donne à notre vie son vrai sens (1 Pierre 1, 17-21)
Frères, vous invoquez comme votre Père celui qui ne fait pas de différence entre les hommes, mais qui les juge chacun d’après ses actes ; vivez donc, pendant votre séjour sur terre, dans la crainte de Dieu. Vous le savez : ce qui vous a libérés de la vie sans but que vous meniez à la suite de vos pères, ce n’est pas l’or et l’argent, car ils seront détruits ; c’est le sang précieux du Christ, l’Agneau sans défaut et sans tache. Dieu l’avait choisi dès avant la création du monde, et il l’a manifesté à cause de vous, en ces temps qui sont les derniers. C’est par lui que vous croyez en Dieu, qui l’a ressuscité d’entre les morts et lui a donné la gloire ; ainsi vous mettez votre foi et votre espérance en Dieu.

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Transcription du commentaire du 8 mai 2011 (34è) par Sœur Cécile Petit, s.c.q.
3e dimanche de Pâques (année A)

Jésus disparaît de nos yeux pour rester une présence toute proche

Bonjour mes amis !
Cette semaine nous allons assister à deux kérygmes : un qui va nous être proposé par Pierre et l’autre qui va nous être annoncé par Paul. Je suis impressionné par leur capacité de faire cette annonce de la Bonne Nouvelle de la mort et de la Résurrection de Jésus. C’est tout le défi qu’on a comme Église aujourd’hui d’être capable de faire cette annonce qui nous parle de la transformation profonde du monde.

Aujourd’hui c’est Pierre qui, un peu après la Pentecôte, même le jour de la Pentecôte, va nous dire le texte qui va s’adresser « aux habitants de la Judée », et qui va faire une relecture et qui va leur dire que ce Jésus qui avait été livré par le Père, et qui lui avait fait faire des prodiges et des miracles, que nous, finalement, on l’a livré aux mains des païens qui l’ont tué. On l’a fait passer par d’autres mains. On avait un objectif très clair, on voulait s’en défaire, s’en débarrasser et on ne pouvait pas faire nous-mêmes le travail parce que c’était le monde romain qui détenait le pouvoir d’exécuter. Alors, il n’y va pas par quatre chemins, il affirme avec beaucoup de clarté, que même si c’est par l’empereur que Jésus a été exécuté, c’est par la volonté de ce peuple saint, ce peuple élu par Dieu mais qui n’a pas su reconnaître son Messie. Mais Dieu ne l’a pas gardé captif de la mort. Et lorsqu’il fait cette relecture, il prend quand même de grands risques, on voit que l’Esprit a travaillé dans son être, dans son cœur, dans sa chair parce que Pierre n’est plus le même. Il est entièrement voué à sa mission et à sa mission de prédication. Et Paul va reprendre en disant que celui qui donne vraiment sens à notre vie et qui est venu changer et transformer le parcours des vies sans but que nous avions, c’est le  Christ. Il ne laisse pas entendre qu’il y a mille moyens pour trouver un sens à notre vie et il l’affirme avec beaucoup de détermination que celui qui donne un sens c’est le Christ, celui que Dieu a choisi, celui qu’il a établi pour être notre Seigneur.

Et dans l’Évangile, qui est une page qui est bien connue. Si je vous dis les disciples d’Emmaüs, probablement que vous devez savoir assez bien de quoi il en revient. Cet évangile va nous faire aussi une relecture, et ce qui est intéressant c’est que Jésus va commencer par prendre le temps d’écouter des personnes qui, tous tristes, un peu dans le désespoir, vont quitter la communauté de Jérusalem pour s’en aller dans cette autre cité du nom d’Emmaüs. Comme les événements viennent de se passer, Jésus leur dit : « De quoi vous parlez en chemin? » C’est une question qui vient souvent à mes propres oreilles. Des fois je m’écoute moi-même parler et je me dis : « De quoi suis-je en train de causer ? » ou des fois je demande à des proches : « De quoi causez-vous ? » « De quoi on parle ? » Qu’est-ce qu’on est en train de dire ? » Parce que bien des fois, ce qu’on est en train de dire nous échappe et que si nous en étions bien conscients, peut-être que nous n’en serions nécessairement pas très fiers. Mais Jésus va prendre le temps de leur dire : «  De quoi causez-vous, de quoi parlez-vous? » Eux vont s’arrêter le visage triste. Et on peut comprendre qu’ils avaient une grande espérance dans ce Jésus qu’ils avaient pensé invulnérable, qu’ils avaient pensé très différent de ce qu’était le projet du Père, et ils vont très simplement s’ouvrir et dire à Jésus ce qu’ils portent et comment ils le portent.

Après avoir longuement écouté Jésus va arriver avec cette première affirmation : « Ô cœurs insensés et lents à croire ». Un cœur insensé, un cœur qui n’a pas le sens de Dieu, qui n’a pas le sens de la réalité.  Des cœurs lents à croire… lents à vous fonder et lents à vous asseoir dans cette belle histoire du Peuple d’Israël et de tout ce lien privilégié que Dieu a avec son peuple qu’il n’a jamais abandonné, ni au désert, ni en Égypte, ni devant les grands défis de son histoire. Il a toujours été là, il a toujours été agissant. « Et de se mettre à lire dans les Écritures tout ce qui le concernait. » Est-ce qu’on se sent concerné par les Écritures ? Est-ce qu’on que dans les Écritures il y a des paroles qui s’adressent à nous très directement et qui viennent éclairer la vocation que nous avons d’être chrétiens, qui viennent éclairer des moments de passage, que sans eux, on est incapable d’accomplir  et de dire «  tout ce qui le concerne ». Et eux de lui dire : « Reste avec nous  car le soir vient et déjà le jour baisse ». C’est sûr que dans nos vies il y a des lumières qui ne peuvent pas éclairer longtemps. Celle qui nous éclaire tout le temps, ce n’est pas une lumière qui nous vient des sciences, qui vient de nos connaissances ou qui vient de nos techniques, c’est une lumière qui nous vient de quelqu’un qui est Jésus le Christ. « Reste avec nous. » Et il entra pour rester avec eux. » C’est une prière que je vous invite à faire souvent : «  Reste avec nous ». Il entra pour rester avec eux. Il répond à cette prière et il se met à être à table avec eux, à prendre le pain, à dire la bénédiction. J’aime entendre Jésus prendre le pain de ma vie, le pain de mon histoire, à prendre le pain de la vie et de l’histoire et de mes frères et de mes sœurs, à dire merci au Père, à bénir plutôt que de maudire, à bénir le pain puis de le rompre et de le partager.

« Leurs yeux le reconnurent ». Pour moi, c’est un beau moment eucharistique et je pense que ces moments eucharistiques que j’ai la grâce d’avoir chaque jour dans ma vie, ce sont des moments où mes yeux sont appelés à s’ouvrir, à reconnaître que Dieu n’est pas à l’extérieur de ce monde, mais dans ce monde et qu’il y a beaucoup de raisons de bénir chaque jour, et que si j’apprends à bénir ma vie, j’ai comme une vie à partager qui devient réjouissance pour les autres, il devient passage de ténèbres à la lumière. « Il disparait de devant eux. » Il disparaît pour rester dans une présence qui est toute proche. Et eux vont se lever, vont retourner à Jérusalem qu’ils avaient quittée pour retrouver la communauté et de dire qu’ils l’ont rencontré. Et les Apôtres de dire : « Il est ressuscité, il est apparu à Simon. » Alors, chacun se confirme dans son expérience du Ressuscité de la rencontre de Celui qu’ils avaient cru absent et qu’ils découvrent bien présent. « Et eux de raconter ce qui était arrivé en chemin. » Je vous souhaite de pouvoir rencontrer cette semaine ce qui arrive sur votre chemin et comment vous L’avez reconnu.

 

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