Commentaire du 7 juillet 2013 / Pierre Desroches (138e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses Saint-Pierre Claver, Saint-Stanislas de Kostka et de Saint-Enfant-Jésus du Mile-End à Montréal (Québec). Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.

– Gino Fillion : composition et orchestration, caméra, mixage et montage visuel.

« Un appel à la réjouissance quand on comprend la fécondité de la souffrance / Le Seigneur nous sort toujours de nos abîmes / L’Église comme consolatrice des peuples / La croix qui a détruit ce qu’il y avait de faux en Paul / Prendre cette place de l’agneau qui a une solidité du dedans / Être dépossédé pour ressembler à Dieu. »

– Références bibliques : http://aelf.org/

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Évangile : Les soixante-douze en mission annoncent la joie du règne de Dieu (Luc 10, 1-12.17-20)
Parmi ses disciples, le Seigneur en désigna encore soixante-douze, et il les envoya deux par deux devant lui dans toutes les villes et localités où lui-même devait aller. Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. Allez ! Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. N’emportez ni argent, ni sac, ni sandales, et ne vous attardez pas en salutations sur la route. Dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : ‘Paix à cette maison.’ S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous servira ; car le travailleur mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qu’on vous offrira. Là, guérissez les malades, et dites aux habitants : ‘Le règne de Dieu est tout proche de vous.’ Mais dans toute ville où vous entrerez et où vous ne serez pas accueillis, sortez sur les places et dites : ‘Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds, nous la secouons pour vous la laisser. Pourtant sachez-le : le règne de Dieu est tout proche.’ Je vous le déclare : au jour du Jugement, Sodome sera traitée moins sévèrement que cette ville. » Les soixante-douze disciples revinrent tout joyeux. Ils racontaient : « Seigneur, même les esprits mauvais nous sont soumis en ton nom. » Jésus leur dit : « Je voyais Satan tomber du ciel comme l’éclair. Vous, je vous ai donné pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et pouvoir sur toute la puissance de l’Ennemi ; et rien ne pourra vous faire du mal. Cependant, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms sont inscrits dans les cieux. » 

1ère lecture : La joie de l’ère messianique (Isaïe 66, 10-14)
Réjouissez-vous avec Jérusalem, exultez à cause d’elle, vous tous qui l’aimez ! Avec elle soyez pleins d’allégresse, vous tous qui portiez son deuil ! Ainsi vous serez nourris et rassasiés du lait de ses consolations, et vous puiserez avec délices à l’abondance de sa gloire. Voici ce que dit le Seigneur : Je dirigerai vers elle la paix comme un fleuve, et la gloire des nations comme un torrent qui déborde. Vous serez comme des nourrissons que l’on porte sur son bras, que l’on caresse sur ses genoux. De même qu’une mère console son enfant, moi-même je vous consolerai, dans Jérusalem vous serez consolés. Vous le verrez, et votre cœur se réjouira ; vos membres, comme l’herbe nouvelle, seront rajeunis. Et le Seigneur fera connaître sa puissance à ses serviteurs.

Psaume 65, 1-7.16.20

R/ Terre entière, acclame Dieu, chante le Seigneur !

Acclamez Dieu, toute la terre ;
fêtez la gloire de son nom,
glorifiez-le en célébrant sa louange.
Dites à Dieu : « Que tes actions sont redoutables ! »

Toute la terre se prosterne devant toi,
elle chante pour toi, elle chante pour ton nom.
Venez et voyez les hauts faits de Dieu,
ses exploits redoutables pour les fils des hommes.

Il changea la mer en terre ferme :
ils passèrent le fleuve à pied sec.
De là, cette joie qu’il nous donne.
Il règne à jamais par sa puissance.

Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu :
je vous dirai ce qu’il a fait pour mon âme.
Béni soit Dieu, qui n’a pas écarté ma prière,
ni détourné de moi son amour !

2ème lecture : La croix du Christ, orgueil du chrétien (Galates 6, 14-18)
Que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste mon seul orgueil. Par elle, le monde est à jamais crucifié pour moi, et moi pour le monde. Ce qui compte, ce n’est pas d’avoir ou de ne pas avoir la circoncision, c’est la création nouvelle. Pour tous ceux qui suivent cette règle de vie et pour le véritable Israël de Dieu, paix et miséricorde. Dès lors, que personne ne vienne me tourmenter. Car moi, je porte dans mon corps la marque des souffrances de Jésus. Frères, que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit. Amen.

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Commentaire du 7 juillet 2013 (152e) – 14e dimanche du Temps ordinaire (année C – Saint Luc)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q. 

Les 72 disciples en mission pour être consolateur des peuples

L’abbé Pierre Desroches 

Alors mes amis, nous sommes toujours dans les paroles que Dieu nous donne en abondance et qu’il veut qu’elles nous nourrissent et nous éclairent. Et aujourd’hui, la première que nous entendrons elle est tirée du Livre d’Isaïe : « Réjouissez-vous avec Jérusalem, exultez à cause d’elle, vous tous qui l’aimez ! Avec elle soyez pleins d’allégresse, vous tous qui portiez son deuil ! »  Je ne sais pas si vous avez cette expérience du deuil, du décès ; ce qui vient du mot « douleur ». Je pense que chacun de nous a une vaste expérience de la douleur. Il y a toutes sortes de douleurs, et on porte souvent la douleur, on porte souvent la souffrance et là, aujourd’hui on nous appelle à nous réjouir. C’est sûrement pour une raison très simple, c’est que le temps de la douleur et de la souffrance est passé et qu’on est maintenant dans une autre réalité qui dit : « vous serez nourris et rassasiés du lait de ses consolations, et vous puiserez avec délices à l’abondance de sa gloire. »  Vous savez, la souffrance et la douleur, tant et aussi longtemps qu’on n’a pas vu la fécondité où elle devait nous conduire, elle est absurde, elle n’a pas de sens. Mais le jour où l’on voit ce qu’elle a travaillé en nous, comment elle a fécondé notre terre, comment elle l’a rendue apte à porter des fruits qu’on ne pouvait jamais s’attendre à ne jamais porter parce qu’ils ne viennent vraiment pas de nous mais ils nous viennent de la visite de Celui qui vient habiter nos douleurs pour qu’elles se transforment en chemins plutôt qu’en abîmes. Le Seigneur nous sort toujours de nos abîmes. Alors, il nous dit cette Parole : « Je dirigerai vers elle la paix comme un fleuve, et la gloire des nations comme un torrent qui déborde. Vous serez comme un  nourrisson que l’on porte dans ses bras. » J’aimerais cela chaque jour parfois me sentir comme un nourrisson qu’on porte dans ses bras, j’ai plus l’impression de porter beaucoup plus  de  nourrissons que d’être porté, et je sais que la prière me porte comme un nourrisson, je sais aussi que la vie de l’Église me porte comme un nourrisson, je sais que l’Église a ses bras grand ouverts pour me recevoir. Je sais que dans la Trinité je trouve toujours ces bras qui m’accueillent, qui me reconnaissent. « Que l’on caresse sur ses genoux. De même qu’une mère console ses enfants, moi-même je vous consolerai. »  Je pense que c’est une des grandes missions de l’Église d’être la consolatrice des peuples. Et  parfois on peut se tromper. Oui on est une éducatrice des peuples, oui on a peut-être des lois à révéler à nos frères et à nos sœurs, des lois de vie qui ne s’imposent pas mais qui se proposent comme autant de chemins qui nous permettent d’arriver à cette allégresse. Fondamentalement nous sommes la consolatrice des peuples. Et quand un homme ou une femme qui est dans le deuil est consolé, il n’y a rien de plus naturel que de voir que cette personne qui va se retrouver dans la joie.  « Vos membres, comme l’herbe nouvelle, seront rajeunis. »  Peut-être que ce qu’on a besoin pour rajeunir notre Église du Québec c’est cette force de consolation, c’est cette force qui nous conduit vers nos frères qui ont besoin de cette Bonne Nouvelle, non pas qu’on a d’abord à dire mais qu’on a d’abord accueillie qui a transformé notre vie et qui a transformé notre quotidien. « Et le Seigneur fera connaître sa puissance à ses serviteurs. »

Paul va nous parler de la croix du Christ qui est son seul orgueil et il va dire : « Par elle le monde est à jamais crucifié pour moi, et moi pour le monde. » C’est la croix du Christ qui a détruit ce qu’il y avait de faux dans notre ami Paul qui l’a détrompé, qui l’a conduit à la vérité, non pas à la vérité de la Loi mais à la vérité du Christ. On n’est pas esclave de la Loi, avec Paul la Loi ne peut plus s’imposer à nous. Ce qui s’impose à nous, ce qu’on choisit, c’est le Christ ressuscité, c’est Celui qui a vaincu la mort. « Pour tous ceux qui suivent cette règle de vie », non pas se soumettre mais entrer dans cette relation, entrer dans cette victoire, alors « pour tous ceux qui suivent cette règle de vie et pour le véritable Israël, paix et miséricorde. » Et un signe pour nous si on veut savoir si on est vraiment entré dans cette relation avec le Christ, est-ce que notre cœur est en paix ou notre cœur est troublé. Est-ce que notre cœur est toujours en train de donner la miséricorde, le pardon, est-ce que notre être est un être de réconciliation ou est-ce que nous sommes de ceux qui apportent la division, de ceux qui apportent le jugement et  la condamnation. « Dès lors, que personne ne vienne me tourmenter, » parce que Paul, on fait beaucoup de pression et ces anciens collègues le ramènent souvent à la Loi qu’il a  maintenant  dépassée. « Car moi, je porte dans mon corps la marque des souffrances de Jésus. »  Alors les souffrances qu’il porte, ce n’est pas pour condamner le monde mais pour que le monde soit sauvé, non pas par lui mais par Jésus Christ. Alors, « que le Christ soit toujours avec vous. » 

L’Évangile va nous parler des soixante-douze disciples que le Seigneur va envoyer avec cette phrase, ce verset qui est très bien connu: « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. » Vous savez, il y a beaucoup à récolter dans la vie et dans le cœur de chacun  mais souvent la vie est trop souvent préoccupée par nos propres besoins, par nos propres projets, pour nous faire une place au soleil, alors que Jésus Christ veut faire que le soleil soit dans le cœur de toute cette humanité qui a besoin d’être reconnue comme une terre favorable et il travaille, on est envoyés pour travailler à cette moisson. «  Je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. » J’ai parfois l’impression que dans nos communautés on est plus comme des loups qui sont sur la terre des agneaux puis on les dévore, mais ce n’est pas l’image que Jésus choisit. « Je vous envoie comme des agneaux. » Est-ce qu’on accepte cette place de l’agneau ? L’agneau qui est très fragile, l’agneau qui n’a pas beaucoup de  moyens de défense puis qui va être capable d’être au milieu des loups, c’est-à-dire ça va être un agneau qui va avoir une solidité du dedans parce que la peur ne viendra pas l’isoler, le couper, le détacher du troupeau. 

« N’emportez ni argent, ni sac, ni sandales, et ne vous attardez pas en salutations sur la route. » C’est loin des gros projets, c’est loin de penser que le premier problème qu’on a en Église c’est un manque d’argent. « N’apportez rien. » J’aime beaucoup Maurice Zundel qui dit qu’on ne peut rien prendre à Dieu puisque Dieu n’a rien. Pour ressembler à Dieu, il faut être entièrement dépossédé, je pense que pour faire la mission il faut être entièrement dépossédé. « Dans toute maison où vous irez, dites : ‘Paix à cette maison.’ S’il y a là des amis de la paix, votre paix ira reposer sur eux ; sinon, elle reviendra sur vous. » Ne perdez pas la paix, laissez-la revenir. « Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous servira ; car le travailleur mérite son salaire. » La gratuité de cette maison qui accueille la paix et qui donne la paix; on n’est pas dans un registre de commerce, on est dans un registre de reconnaissance, on est dans un registre de communion. Alors, demeurez-y. 

« Ne passez pas de maison en maison. » Ne vous affolez pas, ne vous agitez pas. « Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qu’on va vous offrir », ne vous demandez pas si c’est du porc, ne vous demandez pas si vous avez le droit, si vous n’avez pas le droit, ne soyez pas troublé par une culture qui vous aurait tout simplement embobiné, soyez des êtres libres, mangez ce qu’on va vous offrir « guérissez les malades, et dites aux habitants : ‘Le règne de Dieu est tout proche de vous.’ La proximité du règne de Dieu, c’est la proximité des témoins qui sont porteurs de cette paix qui nous vient de Dieu. Dans les villes où on ne vous recevra pas, ne faites pas une crise d’hystérie, partez, laissez même la poussière, signifiez que vous n’êtes rien venu prendre et que vous êtes détachés de tout mais que vous n’êtes pas détachés du Christ et du Christ qui les habite et de ce Dieu qui leur donne toute leur dignité. Dites-leur avant de partir : « Sachez que le règne  est proche de vous. » Dieu n’est pas à distance. « Les soixante-douze disciples sont revenus tout joyeux et vont raconter l’expérience qu’ils ont faite et je vous souhaite de pouvoir expérimenter cette réalité-là. J’ai des amis dans le chemin néo-catéchuménal qui font cette expérience d’aller annoncer le royaume, inspirés par cette Parole et qui se rencontrent au retour de leur mission et d’entendre leur témoignage, c’est toujours bouleversant  ce qui s’est passé sur leur chemin. Ce n’est pas seulement pour le chemin néo-catéchuménal, mais c’est pour tout baptisé qui accepte de prendre le risque de Jésus Christ. Je vous le souhaite et je vous béni avant de partir, au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, Amen !

Évangile : Luc 10, 1-12. 17-20

1ère lecture : Isaïe 66, 10-14

Psaume 65, 1-7.16.20

2e lecture : Galates 6, 14-18

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