Commentaire du 5 février 2012 / Pierre Desroches (75e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page. 

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, montage et guitare.

« Les textes de Job rejoignent avec acuité toutes les personnes qui se retrouvent lourdement handicapées / Le témoignage de son ami Jean-Eudes, non-verbal, atteint les gens / Dans nos maladies, laissons Jésus nous soutenir par la main / Un bonheur qui est transmis à travers la joie des personnes handicapées. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) :  http://aelf.org/?date_my=05/02/2012

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Évangile : Une journée de Jésus au milieu des malades (Marc 1, 29-39)
En quittant la synagogue, Jésus, accompagné de Jacques et de Jean, alla chez Simon et André. Or, la belle-mère de Simon était au lit avec de la fièvre. Sans plus attendre, on parle à Jésus de la malade. Jésus s’approcha d’elle, la prit par la main, et il la fit lever. La fièvre la quitta, et elle les servait. Le soir venu, après le coucher du soleil, on lui amenait tous les malades, et ceux qui étaient possédés par des esprits mauvais. La ville entière se pressait à la porte. Il guérit toutes sortes de malades, il chassa beaucoup d’esprits mauvais et il les empêchait de parler, parce qu’ils savaient, eux, qui il était. Le lendemain, bien avant l’aube, Jésus se leva. Il sortit et alla dans un endroit désert, et là il priait. Simon et ses compagnons se mirent à sa recherche. Quand ils l’ont trouvé, ils lui disent : « Tout le monde te cherche. » Mais Jésus leur répond : « Partons ailleurs, dans les villages voisins, afin que là aussi je proclame la Bonne Nouvelle ; car c’est pour cela que je suis sorti. » Il parcourut donc toute la Galilée, proclamant la Bonne Nouvelle dans leurs synagogues, et chassant les esprits mauvais. 

1ère lecture : Détresse de l’homme qui souffre (Job 7, 1-4.6-7)
Job prit la parole et dit : « Vraiment, la vie de l’homme sur la terre est une corvée, il fait des journées de manœuvre. Comme l’esclave qui désire un peu d’ombre, comme le manœuvre qui attend sa paye, depuis des mois je n’y ai gagné que du néant, je ne compte que des nuits de souffrance. À peine couché, je me dis : ‘Quand pourrai-je me lever ?’ Le soir n’en finit pas : je suis envahi de cauchemars jusqu’à l’aube. Mes jours sont plus rapides que la navette du tisserand, ils s’achèvent quand il n’y a plus de fil. Souviens-toi, Seigneur : ma vie n’est qu’un souffle, mes yeux ne verront plus le bonheur. »

Psaume 146, 1.3-7

R/ Bénissons le Seigneur qui guérit nos blessures !

Il est bon de fêter notre Dieu,
il est beau de chanter sa louange :
il guérit les cœurs brisés
et soigne leurs blessures.

Il compte le nombre des étoiles,
il donne à chacune un nom ;
il est grand, il est fort, notre Maître :
nul n’a mesuré son intelligence.

Le Seigneur élève les humbles
et rabaisse jusqu’à terre les impies.
Entonnez pour le Seigneur l’action de grâce,
jouez pour notre Dieu sur la cithare !

2ème lecture : L’Apôtre se fait tout à tous (1Corinthiens 9, 16-19.22-23)
Frères, si j’annonce l’Évangile, je n’ai pas à en tirer orgueil, c’est une nécessité qui s’impose à moi ; malheur à moi si je n’annonçais pas l’Évangile ! Certes, si je le faisais de moi-même, je recevrais une récompense du Seigneur. Mais je ne le fais pas de moi-même, je m’acquitte de la charge que Dieu m’a confiée. Alors, pourquoi recevrai-je une récompense ? Parce que j’annonce l’Évangile sans rechercher aucun avantage matériel, ni faire valoir mes droits de prédicateur de l’Évangile. Oui, libre à l’égard de tous, je me suis fait le serviteur de tous afin d’en gagner le plus grand nombre possible. J’ai partagé la faiblesse des plus les faibles, pour gagner les faibles. Je me suis fait tout à tous pour en sauver à tout prix quelques-uns. Et tout cela, je le fais à cause de l’Évangile, pour bénéficier, moi aussi, du salut.

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Commentaire du 5 février (75è) – 5e dimanche du Temps Ordinaire (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q. 

Dans les fièvres qui nous rendent inertes, Jésus remet notre être debout

L’abbé Pierre Desroches

Aujourd’hui mes amis les textes me replacent dans des contextes que je connais assez bien parce qu’ils font assez partie de mon quotidien. C’est Jésus qui va passer toute une journée auprès des malades et la première guérison qu’il va faire c’est celle de la belle-mère de Pierre. Certaines mauvaises langues disent parfois que c’est pour ça que Pierre l’a renié trois fois parce qu’il avait guéri sa belle-mère… Mais comme vous voyez ça n’a rien de sérieux.

La première lecture c’est une parole de Job qui est dans la souffrance et qui dit des choses : « Vraiment, la vie de l’homme sur la terre est une corvée, il fait des journées de manœuvre. Comme l’esclave qui désire un peu d’ombre, comme le manœuvre qui attend sa paye, depuis des mois je n’y ai gagné que du néant, je ne compte que des nuits de souffrance. » Il y a une très belle expression de sentiments qui parfois, on peut vraiment expérimenter. Dans les milieux que je fréquente depuis toujours, depuis le début de mon ministère, j’ai la chance et la grâce d’être constamment avec des personnes lourdement handicapées, cette réalité du néant et de la souffrance, je la côtoie. Dans ce milieu, je vois souvent des gens qui ont le sentiment que le fil de leur vie a été tranché parce que lorsqu’est arrivée la maladie qui les a énormément fragilisés, ils ont dû souvent quitter soit leur demeure, leur milieu familial, certains ont dû vivre dans des institutions comme étant des malades. C’est sûr que le cœur ne peut pas ne pas s’interroger et avec le quotidien qui est de plus en plus souvent difficile, ceci nous fait nous poser beaucoup de questions. Les textes de Job expriment avec beaucoup d’acuité toute cette réalité humaine.

Dans l’Évangile,  – en quittant la synagogue – c’est une expression que j’aime beaucoup parce qu’un jour  les chrétiens vont la quitter la synagogue. Alors, il s’en va chez Pierre. Cette belle-mère qui est malade, on l’invite à aller la rencontrer. Une des belles choses que nous dit la Parole, c’est qu’après l’avoir visitée « il la prit par la main, et il la fit se lever. » Dernièrement, ce sont des expériences que j’aime beaucoup, j’ai quelques jeunes qui se préparent à la première communion et à confirmation, et qui sont venus à la Résidence St-Charles qui s’appelle maintenant  le CHSLD du centre-ville de Montréal. J’ai beaucoup de misère à changer de nom car j’y suis depuis longtemps. J’habite Montréal depuis encore plus longtemps où ce lieu s’est tellement appelé pour moi St-Charles, qu’on a beau changer son nom, je demeure avec l’ancien. De toute manière ces jeunes sont venus et j’avais invité mon ami Jean-Eudes à les rencontrer. Mais il faut comprendre que, quand j’invite Jean-Eudes à rencontrer des gens, Jean-Eudes n’est pas verbal. Donc la communication doit s’effectuer autrement que par une voix nécessairement directe. Jean-Eudes était là, il avait certains textes qu’il avait écrits et qu’on avait. Il a rendu témoignage. À chaque fois que Jean-Eudes fait ces rencontres, je peux toucher comment les gens sont profondément atteints. J’en entends beaucoup parler par la suite. Il y a des fièvres qui font que nous sommes malades et que nous sommes étendus au lit comme des êtres inertes.

« Jésus la prit par la main ». Lorsque Jésus vient nous prendre par la main au-delà  même de nos maladies… « il la fit se lever », il met l’être debout. C’est une des merveilles de l’action de Jésus, c’est de nous mettre debout. « Et elle se mit à les servir ». Lorsqu’on est debout dans le service, et que notre main est soutenue par Jésus, c’est comme si la maladie était vaincue et que tout le sens profond de nos rapports avec nos frères et sœurs peut se mettre à rejouer. Je l’expérimente souvent avec mes amis qui ont un handicap parce que j’ai souvent l’opportunité de les inviter à un témoignage, à une visite, à une rencontre, et je vois des êtres qui se remettent debout avec beaucoup de luminosité dans leurs visages, avec beaucoup de joie dans leurs cœurs, ils expérimentent qu’ils sont beaucoup plus que des personnes handicapées, ils expérimentent qu’elles sont des personnes qui ont une parole qui, même si elle ne se dit pas à travers des mots, elles ont une parole qui peut faire bouger dans la vie de l’autre alors bien des choses que d’autres personnes n’ont pas le pouvoir ou la puissance de le faire, et que si, en plus d’être transfigurés par la rencontre de Jésus, leur état va devenir pour les gens une occasion de se détourner des petits problèmes qui peuvent être les leurs parce que voyant que chez eux, ils sont au-delà de ça, c’est comme si une vie nouvelle pouvait commencer à prendre racine. Jésus va passer toute une journée et on va lui amener beaucoup de malades pour qu’il les guérisse. Être guéri profondément ce n’est pas nécessairement avoir une réalité transformée de A à Z mais c’est d’être transformé dans ce qu’on est de A à Z. Je vous le souhaite et à bientôt.

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