Commentaire du 4 mars 2012 / Pierre Desroches (79e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, composition de la musique et arrangements, direction des comédiens, montage des images / Anne-Sylvie Gosselin : narratrice / Jean-François Lépine : Jésus / Jean-François Gascon : Pierre.

« L’expérience d’Abraham avec Dieu marque un tournant dans l’histoire / Auparavant, on faisait du commerce avec les dieux / Jésus vient nous éclairer sur les intentions du Père / Par le Fils, le Père s’est fait connaître sous son vrai jour par sa miséricorde / Moïse et Élie avait préparé la venue du Messie. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=04/03/2012

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Évangile : La Transfiguration (Marc 9, 2-10)
Jésus prend avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmène, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. Élie leur apparut avec Moïse, et ils s’entretenaient avec Jésus. Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est heureux que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. » De fait, il ne savait que dire, tant était grande leur frayeur. Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé. Écoutez-le. » Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux. En descendant de la montagne, Jésus leur défendit de raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. Et ils restèrent fermement attachés à cette consigne, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ». 

1ère lecture : Dieu met Abraham à l’épreuve, et lui renouvelle ses promesses (Genèse 22, 1-2.9-13.15-18)
Dieu mit Abraham à l’épreuve. Il lui dit : « Abraham ! » Celui-ci répondit : « Me voici ! » Dieu dit : « Prends ton fils, ton fils unique, celui que tu aimes, Isaac, va au pays de Moriah, et là tu l’offriras en sacrifice sur la montagne que je t’indiquerai. » Quand ils furent arrivés à l’endroit que Dieu lui avait indiqué, Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils. Mais l’ange du Seigneur l’appela du haut du ciel et dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici ! » L’ange lui dit : « Ne porte pas la main sur l’enfant ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton fils unique. » Abraham leva les yeux et vit un bélier, qui s’était pris les cornes dans un buisson. Il alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils. Du ciel l’ange du Seigneur appela une seconde fois Abraham : « Je le jure par moi-même, déclare le Seigneur : parce que tu as fait cela, parce que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton fils unique, je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, et ta descendance tiendra les places fortes de ses ennemis. Puisque tu m’as obéi, toutes les nations de la terre s’adresseront l’une à l’autre la bénédiction par le nom de ta descendance. » 

Psaume 115, 10.15-19 

R/ Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants

Je crois, et je parlerai,
moi qui ai beaucoup souffert.
Il en coûte au Seigneur
de voir mourir les siens !
Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur,
moi, dont tu brisas les chaînes ?
Je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce,
j’invoquerai le nom du Seigneur.

Je tiendrai mes promesses au Seigneur,
oui, devant tout son peuple,
à l’entrée de la maison du Seigneur,
au milieu de Jérusalem ! 

2ème lecture : Le sacrifice du Fils (Romains 8, 31-34)
Frères, si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n’a pas refusé son propre Fils, il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il avec lui ne pas nous donner tout ? Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? puisque c’est Dieu qui justifie. Qui pourra condamner ? puisque Jésus Christ est mort ; plus encore : il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous.

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Commentaire du 4 mars (79è) – 2e dimanche du Carême (année B)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

La transfiguration : 3 disciples témoins de la ressemblance de Jésus avec le Père

L’abbé Pierre Desroches

Bonjour, je suis encore heureux de vous retrouver. Depuis quelque temps déjà, vous savez qu’à la fin du message, suit la Parole qui  vous est proclamée. Cette semaine  ce sera pour la troisième semaine que vous pourrez bénéficier de cette lecture qui est faite.

Aujourd’hui  on se retrouve avec un personnage  essentiel qui appartient aux trois grandes religions monothéistes : Abraham. Abraham, ce qu’il y a d’unique chez lui, c’est qu’il est le premier être humain à avoir entendu Dieu lui parler de façon personnelle. On peut dire que son expérience marque un tournant profond dans tous les concepts que l’homme a pu avoir sur Dieu. Et vous comprendrez que quand quelque chose est    radicalement neuf, celui qui est en train de l’expérimenter ou de le découvrir  n’est pas complètement affranchi de ce qui existait ou de ce qui préexistait. Dans ce qui préexistait pour  Abraham, c’est que les hommes avaient peur des dieux parce que les dieux étaient au-dessus d’eux, les dominaient et dans leurs rapports religieux ils essayaient toujours de mettre les dieux de leur côté. Souvent pour mettre des personnes de notre côté nous faisons du commerce. Lorsqu’ils croyaient que les dieux étaient en colère, ils pouvaient sacrifier jusqu’à leur enfant, pour apaiser la colère des dieux et acheter ses faveurs. C’est le contexte dans lequel Abraham va être appelé à faire l’expérience d’un Dieu tout autre.

Nous avons dans ce premier texte aujourd’hui, ce fameux appel d’Abraham où, après avoir conversé et avoir expérimenté cette relation personnelle, il comprend qu’on lui demande le sacrifice de son fils Isaac. Pour nous, ça paraît très horrible, mais c’était une pratique qui était tellement habituelle dans ce contexte-là. Et Abraham, tout déchiré, va partir avec son fils pour aller faire l’immolation de celui-ci. Et on sait que sur l’autel du sacrifice, un ange arrête le bras d’Abraham et lui dit : « Ne porte pas la main sur l’enfant ! » Dieu sait maintenant que tu es près à obéir. D’une façon plus textuelle : « Ne porte pas la main sur l’enfant! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton fils unique. » Abraham va offrir le bélier. C’est un texte d’une grande densité qui peut éclairer beaucoup de choses dans notre  propre expérience religieuse et notre expérience de Dieu. Ce n’est pas parce qu’on est des chrétiens, qu’on est catholiques, qu’on a 2000 ans de théologie qui nous ont conduit ailleurs, qu’il n’y a pas en nous, des réminiscences de ces vieux fonds religieux qui nous viennent du paganisme. On est toujours en train de s’accomplir, on est toujours en train de se parfaire.

Est-ce que Dieu demande vraiment le sacrifice d’Isaac? Est-ce une saisie d’Abraham ? Ce texte-là déjà nous parle de Jésus qui va se retrouver en sacrifice et qui vient déjà nous éclairer sur les intentions du Père. Le Père ne veut pas la mort du Fils et on va le retrouver dans toutes sortes de textes à partir de celui-là tout au long de l’Ancien Testament. Mais le Père avec le Fils accueille le don du Fils pour que l’humanité puisse être sauvée, pour qu’elle puisse trouver le vrai chemin, le bon chemin. Et ce que Jésus fait dans la confiance, il offre sa vie au Père qui va accueillir qu’il soit crucifié par les hommes. Ce n’est pas Dieu qui est descendu pour crucifier Jésus, c’est nous qui l’avons crucifié. Quand on dit que le Père accueille ce sacrifice, il n’a pas arrêté le projet de l’humanité, Il n’est pas entré dans une colère où il a tout détruit, mais il a reçu ce don du Fils et il a libéré une miséricorde qui le fait connaître sous son vrai jour et dans sa pleine lumière.

Ce qu’on va retrouver dans l’évangile de ce jour, puisque je viens de vous parler de lumière, c’est le récit de la Transfiguration. On voit qu’il  y a un dialogue qui se fait dans le récit de la transfiguration. Jésus va choisir trois de ses proches, Pierre, Jacques, et Jean,  qui vont être souvent appelés à faire partie de l’intimité de Jésus, comme s’il était en train de préparer de façon privilégiée le cœur de ces trois disciples qui auront à accompagner,  quand il ne sera plus là, les disciples et les apôtres. Il les amène eux-seuls à l’écart sur une haute montagne, il est transfiguré devant eux. On peut avoir toutes sortes d’imaginations par rapport à la transfiguration, mais ce que nous dit la Parole : « Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. Élie leur apparut avec Moïse, et ils s’entretenaient avec Jésus ».

Élie représente toute la tradition des prophètes, Moïse, c’est le législateur. Et ils s’entretiennent avec Jésus. Ils avaient préparé la venue de ce Messie, ils faisaient partie de cette histoire sainte. Voilà que ces trois réalités sont en train de dialoguer ensemble. Il y a en chacun de nous une forme de prophétisme, il y a en chacun de nous un homme ou une femme de loi et où le prophétisme a éclairé la Loi, et ou la Loi a éclairé le prophétisme. Mais nous sommes en Jésus dans une unité merveilleuse entre ces deux réalités. C’est Lui la Lumière du monde, c’est Lui qui est vraiment l’image et la ressemblance de Dieu, du Père. Alors les disciples sont témoins de cela. Et notre ami Pierre dit cette belle Parole : « Rabbi il est heureux que nous soyons ici; dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse et une pour Élie. » C’est comme s’il voulait arrêter et rendre temporel ce qui ne l’est pas tout à fait, ou tout au moins, pas de la manière que Lui il le conçoit. C’est comme s’il voulait les enfermer dans cette tente et conserver pour toujours cette présence éclairante à laquelle ils pourraient référer tant et aussi longtemps qu’il le désirerait ou qu’il pourrait faire appel à cette présence extraordinaire. Mais cette présence extraordinaire, ce sont eux, un jour, qui vont devoir l’incarner, la signifier et la manifester. Et ils vont le faire de la manière et à la suite de Jésus en faisant le don de leur propre vie. Si le Christ a illuminé notre vie c’est que notre vie doit être une lumière de cette réalité-là qui est celle de Jésus Christ, une réalité à la fois très simple et très complexe qui est de donner sa vie, et de donner sa vie en accomplissant la volonté du Père, et la volonté du Père, c’est que tout homme soit sauvé. Être sauvé, c’est que le mal dans nos vies – l’expression religieuse : le péché – ne vienne pas détruire cette créature vivante, cette créature qui a été appelée par Dieu. Et c’est pourquoi la logique de Dieu et de son amour ce n’est pas le jugement, ni la condamnation, mais c’est la miséricorde. Alors nous allons écouter maintenant, cette Parole qui va nous être splendidement exprimée.

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