Commentaire du 31 juillet 2011 / Pierre Desroches (46e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion :
caméra et montage / Ginette Beaudoin : assistante.

« La consommation proposée par Dieu en est une de gratuité / Les expériences pénibles qu’a vécues Paul ne l’ont pas séparé du Christ / Une communion profonde au Christ qui a comblé Paul / Les disciples souvent dépassés par la situation / Notre regard réductif de ce que nous avons à partager / Les petits : une abondance et une bénédiction. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) : http://aelf.org/?date_my=31/07/2011

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Évangile du 18è dimanche du Temps Ordinaire (année A) : Jésus nourrit la foule (Matthieu 14, 13-21)
Jésus partit en barque pour un endroit désert, à l’écart. Les foules l’apprirent et, quittant leurs villes, elles suivirent à pied. En débarquant, il vit une grande foule de gens ; il fut saisi de pitié envers eux et guérit les infirmes. Le soir venu, les disciples s’approchèrent et lui dirent : « L’endroit est désert et il se fait tard. Renvoie donc la foule : qu’ils aillent dans les villages s’acheter à manger ! » Mais Jésus leur dit : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Alors ils lui disent : « Nous n’avons là que cinq pains et deux poissons. » Jésus dit : « Apportez-les moi ici. » Puis, ordonnant à la foule de s’asseoir sur l’herbe, il prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction ; il rompit les pains, il les donna aux disciples, et les disciples les donnèrent à la foule. Tous mangèrent à leur faim et, des morceaux qui restaient, on ramassa douze paniers pleins. Ceux qui avaient mangé étaient environ cinq mille, sans compter les femmes et les enfants.

1ère lecture : Dieu nourrit son peuple (Isaïe 55, 1-3)
Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du vin et du lait sans argent et sans rien payer. Pourquoi dépenser votre argent pour ce qui ne nourrit pas, vous fatiguer pour ce qui ne rassasie pas ? Écoutez-moi donc : mangez de bonnes choses, régalez-vous de viandes savoureuses ! Prêtez l’oreille ! Venez à moi ! Écoutez, et vous vivrez. Je ferai avec vous une Alliance éternelle, qui confirmera ma bienveillance envers David.

 

Psaume 144, 8-9, 15-18

R/ Tu ouvres la main : nous voici rassasiés

Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
la bonté du Seigneur est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses oeuvres.

Les yeux sur toi, tous, ils espèrent :
tu leur donnes la nourriture au temps voulu ;
tu ouvres ta main :
tu rassasies avec bonté tout ce qui vit.

Le Seigneur est juste en toutes ses voies,
fidèle en tout ce qu’il fait.
Il est proche de ceux qui l’invoquent,
de tous ceux qui l’invoquent en vérité.

2ème lecture : Rien ne peut nous séparer de l’amour du Christ (Romains 8, 35.37-39)
Frères, qui pourra nous séparer de l’amour du Christ ? la détresse ? l’angoisse ? la persécution ? la faim ? le dénuement ? le danger ? le supplice ? Non, car en tout cela nous sommes les grands vainqueurs grâce à celui qui nous a aimés. J’en ai la certitude : ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l’avenir, ni les astres, ni les cieux, ni les abîmes, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur.

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Commentaire du 31 juillet 2011 (46è) – 18e dimanche du temps ordinaire
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

La capacité de Jésus à bénir le Père, même pour le peu qu’il a

L’abbé Pierre Desroches

Alors mes amis, on est encore dans la saison estivale et dans ces lieux de repos, je suis  porté à parler moins longtemps, mais ce n’est pas parce que la Parole a moins de choses à nous dire ; elle continue toujours à nous être fidèle et à nous rejoindre là où l’on est. Cette semaine on a un premier texte qui est tiré d’Isaïe : «  Vous tous qui avez soif, venez, voici de l’eau ! Même si vous n’avez pas d’argent, venez acheter et consommer, venez acheter du  vin et du lait sans argent et sans rien payer. » C’est assez rare que la Parole de Dieu va nous appeler à la consommation. On est habitué à ces appels on les reçoit à travers les médias qui se faufilent dans notre existence,  à travers nos yeux, à travers nos oreilles. Mais cette consommation que nous propose  Dieu est une consommation de gratuité, beaucoup plus rare. Elle est possible parce qu’il y a Quelqu’un qui se donne et qui  nous donne la vie, qui nous donne  son abondance. Il ne veut pas à travers son abondance venir chercher nos biens, il veut être notre bien.

Dans la seconde lecture qui est tirée d’une lettre de Paul aux Romains : « Qui nous pourra nous séparer de l’amour du Christ? la détresse? l’angoisse? la persécution? la faim? le dénuement? le danger? le supplice ? Ce sont toutes des réalités, des expériences que notre ami Paul a profondément expérimentées dans son annonce de l’évangile. Et ce qu’il veut nous communiquer, c’est que jamais aucune de ces réalités difficiles, pénibles, l’ont séparé du Christ auquel il a voué sa vie parce qu’il sait très bien qu’il est le seul qui peut lui donner la vie à travers toutes les épreuves et les difficultés. La Bonne Nouvelle qui l’a mobilisé et qui lui a même fait faire le bond du judaïsme au christianisme, c’est d’avoir reconnu que celui qu’il persécutait c’était celui qui apportait la vie nouvelle, la vie éternelle. « J’en ai la certitude, ni la mort ni la vie, ni les esprits ni les puissances, ni le présent ni l’avenir…rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu qui est en Jésus Christ notre Seigneur. » Pour Paul, il n’y a comme aucune possibilité de séparation parce que la communion qu’il a accueillie et acceptée dans sa vie vient le combler.

 

L’Évangile, encore une fois tirée de Matthieu, c’est dans un endroit désert. Jésus va prendre la barque et les foules vont l’apprendre puis elles vont quitter. C’est toute une expérience car habituellement on voit les gens se diriger pour rencontrer les grands de ce monde vers la ville mais là ils vont se diriger vers le désert. C’est que Jésus a quelque chose qui est attractif. Puis il voit cette foule lorsqu’il va descendre de sa barque, il va être saisi de pitié et va les guérir. Il va guérir les infirmes, et le soir, les disciples vont s’approcher de lui pour lui dire« Renvoie donc la foule ; qu’ils aillent dans les villages s’acheter de quoi manger ». Les disciples sont dépassés par la situation. On se plaint beaucoup ces derniers temps que nos églises se vident. Si elles se remplissaient surtout avec la moyenne d’âge que nous avons dans le clergé et souvent dans nos communautés chrétiennes, est-ce qu’on ne serait pas comme ces disciples dépassés par la situation ?  Et on dirait : « Où est-ce qu’on va les envoyer pour qu’ils puissent se ravitailler ? » parce qu’on a toujours ces préoccupations qui sont très justifiées de la matière. On veut nourrir nos semblables si  on veut nous-mêmes être nourris. Et Jésus va leur dire cette belle parole : « Ils n’ont pas besoin de s’en aller. Donnez-leur vous-mêmes à manger. »Je suis très sûr qu’ils n’ont rien compris de ce qu’il voulait exprimer, et ils lui disent : « Nous n’avons que cinq pains et deux poissons. » On a souvent un regard réductif de ce que nous avons à partager, de ce que nous avons reçu, de ce qu’on peut avec les autres mettre en commun. Jésus va leur dit : « Faites-les asseoir sur l’herbe. » C’est un signe d’un endroit qui est plantureux. Je pense qu’on a tous dans nos vies des lieux qui sont plantureux. On a tous reçu des réalités qu’on n’a pas reconnues, qu’on n’a peut-être pas bien mesurées, mais qui sont abondantes.

« Jésus va prendre les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction. » Pour moi, c’est toujours un geste qui est impressionnant parce que Jésus ne maudit pas pour le « manque », il bénit pour « le peu », mais par une bénédiction qu’il fait au Père. Ayant donné ces cinq pains et ces deux poissons, les ayant reçus du Père, les ayant reconnus comme un don du Père, il va amener ses disciples à les partager à la foule. Ils vont tous être nourris et il va rester beaucoup de pains en abondance. Je peux dire qu’après plus de trente ans de ministère, j’ai rencontré beaucoup de petits, mais beaucoup de petits ont été pour moi une abondance parce que je les ai reconnus comme une bénédiction de Dieu dans ma vie. Et souvent ce sont eux qui m’aident à saisir, à comprendre, à entrer dans la Parole. Ce sont aussi eux qui m’envoient à travers ce qu’ils m’ont révélé, vers mes frères et mes sœurs, pour avoir à leur annoncer une bonne nouvelle.  Un des exercices que je vous invite à faire pendant ce temps de repos et de vacances est de voir où sont les cinq pains et les deux poissons du jour pour lesquels vous pouvez rendre grâce à Dieu. Vous aurez, si vous les reconnaissez un grand bien à partager avec vos proches. Bonne semaine mes amis !

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