Commentaire du 30 octobre 2011 / Pierre Desroches (60e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses St-Pierre Claver et St-Stanislas de Kostka de Montréal. Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.
– Gino Fillion : caméra, montage et composition de la musique.

« La crainte du Seigneur n’a rien à voir avec une expérience de peur / Quand les prêtres n’ont plus à cœur de glorifier le nom de Dieu / La Loi ne doit pas servir à dominer les autres / L’apôtre Paul veut donner tout ce qu’il est / La Parole de Dieu à l’œuvre dans tous les croyants / Le chrétien est appelé à éclairer les cœurs pour alléger les fardeaux. »

– Références pour les textes bibliques (AELF) :  http://aelf.org/?date_my=30/10/2011

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Évangile : Reproches de Jésus aux scribes et aux pharisiens (Matthieu 23, 1-12)
Jésus déclara à la foule et à ses disciples : « Les scribes et les pharisiens enseignent dans la chaire de Moïse. Pratiquez donc et observez tout ce qu’ils peuvent vous dire. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas. Ils lient de pesants fardeaux et en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. Ils agissent toujours pour être remarqués des hommes : ils portent sur eux des phylactères très larges et des franges très longues ; ils aiment les places d’honneur dans les repas, les premiers rangs dans les synagogues, les salutations sur les places publiques, ils aiment recevoir des gens le titre de Rabbi. Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi, car vous n’avez qu’un seul enseignant, et vous êtes tous frères. Ne donnez à personne sur terre le nom de père, car vous n’avez qu’un seul Père, celui qui est aux cieux. Ne vous faites pas non plus appeler maîtres, car vous n’avez qu’un seul maître, le Christ. Le plus grand parmi vous sera votre serviteur. Qui s’élèvera sera abaissé, qui s’abaissera sera élevé. » 

 1ère lecture : Dieu reproche aux prêtres de son Temple leur infidélité (Malachie 1, 14b; 2, 2b.8-10)
Je suis le Grand Roi, dit le Seigneur de l’univers, et mon Nom inspire la crainte parmi les nations. Maintenant, prêtres, à vous cet avertissement : Si vous n’écoutez pas, si vous ne prenez pas à cœur de glorifier mon Nom – déclare le Seigneur de l’univers – j’enverrai sur vous la malédiction, je maudirai les bénédiction que vous prononcerez. Vous vous êtes écartés de la route, vous avez fait de la Loi une occasion de chute pour la multitude, vous avez perverti mon Alliance avec vous, déclare le Seigneur de l’univers. A mon tour je vous ai déconsidérés, abaissés devant tout le peuple, puisque vous n’avez pas suivi mes chemins, mais agi avec partialité en accommodant la Loi. Et nous, le peuple de Dieu, n’avons-nous pas tous un seul Père ? N’est-ce pas un seul Dieu qui nous a créés ? Pourquoi nous trahir les uns les autres, profanant ainsi l’Alliance de nos pères ? 

Psaume 130, 1-3

R/ Garde mon âme dans la paix près de toi, Seigneur. 

Seigneur, je n’ai pas le coeur fier
ni le regard ambitieux ;
je ne poursuis ni grands desseins,
ni merveilles qui me dépassent.

Non, mais je tiens mon âme
égale et silencieuse ;
mon âme est en moi comme un enfant,
comme un petit enfant contre sa mère.

Attends le Seigneur, Israël,
maintenant et à jamais. 

2ème lecture : L’Apôtre et la communauté (1 Thessaloniciens 2, 7b-9.13)
Frères, avec vous nous avons été pleins de douceur, comme une mère qui entoure de soins ses nourrissons. Ayant pour vous une telle affection, nous voudrions vous donner non seulement l’Évangile de Dieu, mais tout ce que nous sommes, car vous nous êtes devenus très chers. Vous vous rappelez, frères, nos peines et nos fatigues : c’est en travaillant nuit et jour, pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous, que nous vous avons annoncé l’Évangile de Dieu. Et voici pourquoi nous ne cessons de rendre grâce à Dieu. Quand vous avez reçu de notre bouche la parole de Dieu, vous l’avez accueillie pour ce qu’elle est réellement : non pas une parole d’hommes, mais la parole de Dieu qui est à l’oeuvre en vous, les croyants.

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Commentaire du 30 octobre 2011 (60è) – 31e dimanche du temps ordinaire (année A)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Une Loi qui doit être une route et non un pouvoir

L’abbé Pierre Desroches

Bonjour les amis, j’ai eu des commentaires sur les oies qui sont venues nous visiter dans les dernières semaines, et je pense que cette petite salutation de la création a fait du bien à plusieurs d’entre nous. Cette semaine, nous serons visités par la Parole du 31e dimanche ordinaire. Alors, c’est le grand Roi de l’univers qui inspire la crainte parmi les nations. J’aime revenir de temps en temps sur cette expérience de crainte qui n’a rien à voir avec une expérience de peur; je dirais que c’est plus une expérience d’être saisi, de sentir qu’on est devant quelqu’un qui nous dépasse, de ressentir comment on n’est pas à la hauteur de cette personne même si on peut faire l’expérience que celle-ci nous aime. Ce Dieu de l’univers qui est très grand, on nous dit ici « qu’il inspire la crainte parmi toutes les nations. » Donc, il a le respect de l’ensemble des nations. Et il va adresser un avertissement aux prêtres. Vous comprendrez qu’on entend souvent des choses sur les prêtres, ça n’a pas commencé avec les médias de notre siècle, mais cela a commencé bien avant dans ce Livre de l’Ancien Testament.

« Si vous n’écoutez pas, si vous ne prenez pas à cœur de glorifier mon Nom, – déclare le Seigneur de l’univers – j’enverrai sur vous la malédiction, je vous maudirai et je maudirai les bénédictions que vous prononcerez. » Ce n’est pas reposant comme point de départ, mais en même temps, je pense qu’il y a toute une expérience profonde et humaine. On sait bien que ce n’est pas Dieu qui est descendu sur la terre pour leur adresser cette Parole dans un ton sévère, mais ce sont des contemporains de l’époque qui ont cette saisie de l’expérience de Dieu et qui interpellent les prêtres pour leur dire : « Vous n’avez plus à cœur de glorifier le nom du Seigneur » et probablement que vous avez plus à cœur de vous faire valoir, vous-mêmes. « Vous vous êtes écartés de la route, vous avez fait de la Loi une occasion de chute pour la multitude ». Alors vous voyez là, c’est quelque chose d’important. Comment on utilise la Loi ? Est-ce que la Loi on va l’utiliser pour qu’elle devienne pour nous un pouvoir qui va nous faire contrôler les gens ou dominer les gens ? Alors que la Loi n’a pas été donnée pour que des hommes aient certains pouvoirs sur d’autres, mais elle a été donnée pour qu’elle soit une route qui nous mène à Celui qui est Vérité, qui est la Vie. « Vous avez perverti mon alliance avec vous. » C’est très fort de dire : « Vous n’êtes plus tournés vers moi, vous êtes tournées vers vous-mêmes et vous utilisez mon Nom ». La Parole va les inviter à se convertir finalement. Ce n’est pas une parole qui va les condamner, c’est une parole qui va les interpeler vivement à se convertir, à changer, à retrouver la voie, à retrouver le chemin.

Dans la deuxième lecture qui vient d’une Lettre aux Thessaloniciens, on voit que notre ami Paul n’est pas du tout dans les mêmes dispositions. À cette époque on ne peut dire pas dire que le catholicisme, que le christianisme est une grosse institution; elle est une communauté en formation. Notre ami Paul va plutôt dire qu’il a beaucoup d’affection pour la communauté. Je vous invite à écouter un petit extrait : « Nous avons pour vous une telle affection, nous voudrions vous donner non seulement l’Évangile de Dieu, mais tout ce que nous sommes. » Je trouve cela touchant d’entendre Paul qui s’est donné de tout son être pour annoncer la Parole de Dieu et qui dit aux frères qu’il veut donner tout ce qu’il est. On sent que les rapports de ces communautés ne sont pas des rapports de distance, mais des rapports de proximité. Et Paul ne cherche pas du tout à se faire valoir parce qu’il a accepté de se déposséder de beaucoup d’avantages et de privilèges que lui apportait son appartenance au judaïsme. Dans cette nouvelle mission qu’il accepte de vivre, il est beaucoup dépossédé de lui-même mais on sent qu’il a la joie de se retrouver avec les frères pour annoncer le Christ. Et il va d’abord dire que ce Christ il est dans le croyant, il n’est pas à l’extérieur du croyant, il n’est pas dans la parole que lui prononce, mais cette parole est dans le cœur des croyants et que, dans cet écho qu’il fait, il renvoie à cette présence qui est dans l’être et qui n’est pas ni au-dessus, ni à côté, mais bien au cœur même de l’être, la Parole de Dieu qui est à l’œuvre dans tous les croyants. Ce qui est vrai pour nous aujourd’hui.

Et dans l’Évangile, ce sont les scribes et les pharisiens qui enseignent dans la chaire de Moïse. On revient au Temple, aux hommes d’institutions. Le Seigneur dit : « Pratiquez et observez tout ce qu’ils peuvent vous dire. Mais n’agissez pas d’après leurs actes, car ils disent et ne font pas. » C’est toujours beaucoup plus facile de dire ce qu’il y aurait à faire que de le faire soi-même, ou de le dire non pas avec nos mots, mais de le dire avec nos personnes, de le dire en action. « Ils lient de pesants fardeaux et en chargent les épaules des gens ; mais eux-mêmes ne veulent pas les remuer du doigt. » Il ne semble pas que la vocation d’un chrétien soit liée à des fardeaux. On n’a pas à interpeler, on n’a pas à rendre les gens coupables ou mal de ne pas être à la hauteur d’une Loi, mais on a à éclairer les cœurs pour justement que les fardeaux en soient allégés. Ce n’est jamais le Seigneur qui lie des fardeaux. Dans la théologie classique on va dire : c’est le péché. C’est le péché qui nous trompe, c’est le péché qui nous nous égare. Ce qui est lourd, ce  n’est pas le Seigneur, c’est le mal dont on ne peut pas se détacher. Et le grand service que nous avons à nous rendre comme communauté chrétienne, c’est de délier ces fardeaux des uns et des autres. Il va nous parler de ces gens qui agissent toujours pour être remarqués des hommes, donc des personnes qui vont être très soucieux de leur image, très soucieux de leurs belles paroles mais qui vont être moins soucieux d’avoir le cœur à la bonne place et d’avoir un cœur tout à fait dépossédé et donné pour cet Amour qui se brûle pour nous, cet Amour qui se livre pour nous, et cet Amour qui peut     changer et transfigurer tout notre être et tout notre quotidien. Alors, que cette Parole et que ce feu puissent être en vous dans les semaines qui viennent, dans les jours qui viennent, et que vous puissiez être déliés de ce que vous portez inutilement pour être dans la grâce du Seigneur.

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