Commentaire du 30 décembre 2012 / Pierre Desroches (122e)

– Transcription écrite du commentaire au bas de la page.

– Pierre Desroches est prêtre des paroisses Saint-Pierre Claver, Saint-Stanislas de Kostka et de Saint-Enfant-Jésus du Mile-End à Montréal (Québec). Il est également aumônier du Service de Police de Montréal et du CHSLD Centre-Ville de Montréal.

– Gino Fillion : guitare sur la chanson « Dans une étable obscure » de Laurence Jalbert, caméra et montage visuel.

« Un premier émoi de la Sainte Famille : la perte de Jésus / Les enfants ne sont pas la possession des parents / Nous sommes venus pour faire la volonté du Père / L’apprentissage de l’affirmation de soi / Se retrouver dans le Père qui souhaite que nous devenions cet être unique. »

– Références bibliques : http://aelf.org/

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Évangile : Les parents de Jésus le retrouvent chez son Père (Luc 2, 41-52)
Chaque année, les parents de Jésus allaient à Jérusalem pour la fête de la Pâque. Quand il eut douze ans, ils firent le pèlerinage suivant la coutume. Comme ils s’en retournaient à la fin de la semaine, le jeune Jésus resta à Jérusalem sans que ses parents s’en aperçoivent. Pensant qu’il était avec leurs compagnons de route, ils firent une journée de chemin avant de le chercher parmi leurs parents et connaissances. Ne le trouvant pas, ils revinrent à Jérusalem en continuant à le chercher. C’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi : il les écoutait et leur posait des questions, et tous ceux qui l’entendaient s’extasiaient sur son intelligence et sur ses réponses. En le voyant, ses parents furent stupéfaits, et sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme nous avons souffert en te cherchant, ton père et moi ! » Il leur dit : « Comment se fait-il que vous m’ayez cherché ? Ne le saviez-vous pas ? C’est chez mon Père que je dois être. » Mais ils ne comprirent pas ce qu’il leur disait. Il descendit avec eux pour rentrer à Nazareth, et il leur était soumis. Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements. Quant à Jésus, il grandissait en sagesse, en taille et en grâce, sous le regard de Dieu et des hommes. 

1ère lecture : L’enfant donné par le Seigneur (1 Samuel 1, 20-22.24-28)
Le temps venu, Anne conçut et mit au monde un fils ; elle lui donna le nom de Samuel (c’est-à-dire : Dieu exauce) car, disait-elle : « Je l’ai demandé au Seigneur. » Elcana, son mari, monta au sanctuaire avec toute sa famille pour offrir au Seigneur le sacrifice habituel et celui du vœu pour la naissance de l’enfant. Anne, elle, n’y monta pas. Elle dit à son mari : « Quand l’enfant sera sevré, je l’emmènerai : il sera présenté au Seigneur, et il restera là pour toujours. » Lorsque Samuel eut été sevré, Anne, sa mère, le conduisit à la maison du Seigneur, à Silo ; elle avait pris avec elle un taureau de trois ans, un sac de farine et une outre de vin. On offrit le taureau en sacrifice, et on présenta l’enfant au prêtre Élie. Anne lui dit alors : « Écoute-moi, mon seigneur, je t’en prie ! Aussi vrai que tu es vivant, je suis cette femme qui se tenait ici près de toi en priant le Seigneur. C’est pour obtenir cet enfant que je priais, et le Seigneur me l’a donné en réponse à ma demande. À mon tour je le donne au Seigneur. Il demeurera donné au Seigneur tous les jours de sa vie. » Alors ils se prosternèrent devant le Seigneur. 

Psaume 83, 3-6. 9-10

R/ Seigneur, en ta demeure, toute paix, toute joie !

Mon âme s’épuise à désirer
les parvis du Seigneur ;
mon cœur et ma chair sont un cri
vers le Dieu vivant !

L’oiseau lui-même s’est trouvé une maison,
et l’hirondelle, un nid :
tes autels, Seigneur de l’univers,
mon Roi et mon Dieu !

Heureux les habitants de ta maison :
ils pourront te chanter encore !
Heureux les hommes dont tu es la force :
des chemins s’ouvrent dans leur cœur !

Seigneur, Dieu de l’univers, entends ma prière ;
écoute, Dieu de Jacob.
Dieu, vois notre bouclier,
regarde le visage de ton messie. 

2ème lecture : Dieu fait de nous ses enfants (1 Jean 3, 1-2. 21-24)
Mes bien-aimés, voyez comme il est grand, l’amour dont le Père nous a comblés : il a voulu que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. Voilà pourquoi le monde ne peut pas nous connaître : puisqu’il n’a pas découvert Dieu. Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons ne paraît pas encore clairement. Nous le savons : lorsque le Fils de Dieu paraîtra, nous serons semblables à lui parce que nous le verrons tel qu’il est. Mes bien-aimés, si notre cœur ne nous accuse pas, nous nous tenons avec assurance devant Dieu. Tout ce que nous demandons à Dieu, il nous l’accorde, parce que nous sommes fidèles à ses commandements, et que nous faisons ce qui lui plaît. Or, voici son commandement : avoir foi en son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. Et celui qui est fidèle à ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et nous reconnaissons qu’il demeure en nous, puisqu’il nous a donné son Esprit.

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Commentaire du 30 décembre 2012 (124e) – La Sainte Famille (année C – Saint Luc)
Transcription : Sœur Cécile Petit, s.c.q.

Jésus-adolescent conscient de sa vocation

L’abbé Pierre Desroches

Bonjour mes amis ! Alors l’hiver n’est plus simplement qu’à nos portes, il est bien entré. Ce matin, pour me rendre dans le temple, il m’a fallu traverser les tempêtes, les monts, les neiges. Je suis heureux d’être maintenant arrivé. On est en plein temps de Noël et on s’aperçoit que la famille de Jésus en est une qui va faire souvent de la route. Ils sont sédentaires mais ils sont aussi pèlerins. Dès la naissance de Jésus au moment où Marie porte son enfant, elle prend la route, parce qu’elle est dérangée par l’empereur qui veut recenser, qui est inquiet de savoir combien de monde peut lui payer des taxes, et il veut les compter. Dans l’Ancien Testament, compter la population ça appartient beaucoup plus à Dieu qu’à l’empereur. Alors c’est déjà une audace qui n’est pas nécessairement très heureuse parce que les intentions de son cœur ne sont pas dans la gratuité mais sont dans le profit.

On va voir que Marie qui va prendre la route avec Joseph, dérangée, elle va enfanter dans un lieu très humble et très petit, la crèche dont on a une représentation ici derrière, c’est la crèche de St-Stanislas de Kostka comme on avait fait l’An dernier, on avait pris ce même décor. Aujourd’hui on souligne d’une façon plus particulière, non simplement la naissance de Jésus, mais sa naissance à l’âge adulte. C’est la fête de la sainte Famille et le texte qui nous est proposé ; c’est Jésus, qui, au temps de la Pâque va se retrouver au Temple. Il s’est déjà retrouvé dans ce Temple 40 jours après sa naissance puisque ses parents l’ont présenté pour qu’il puisse être circoncis et faire partie de ce Peuple de Dieu et prendre place dans le temple qui est d’abord notre corps. Et dans ce long pèlerinage qu’ils ont entrepris, ils sont maintenant rendus dans la ville de Jérusalem. Ils sont partis de Nazareth et on dit que chaque année ils s’y rendent. Et là, va arriver un événement parce que Jésus a douze ans et c’est l’âge adulte à cette époque-là. Jésus va entrer dans le Temple, la fête va durer trois jours, mais Jésus va rester à Jérusalem. C’est comme un premier émoi de la sainte Famille qui nous est rapporté, ses parents s’en retournent mais lui demeure. Ils ne sont pas trop inquiets, mais au bout d’une journée de marche, ils ne l’ont pas vu et ils se mettent à le chercher parmi leurs parents et leurs connaissances mais ils ne le trouvent pas. Ils se voient obligés de rebrousser chemin, de laisser la collectivité, de laisser tout ce monde avec qui ils marchent joyeusement puisque c’est un temps de fête qu’ils aiment bien partager avec les proches, et retourner à la recherche de Jésus angoissés, étonnés qu’il ne soit pas là.

Et tout à coup ils vont le trouver assis dans le Temple au milieu des rabbins. Il les écoute et il les interroge. « En le voyant, ses parents furent stupéfaits, et sa mère lui dit : « Mon enfant, angoissés nous te cherchons. » C’est une belle expression qui peut être très consolatrice pour toute famille qui est en train de vivre ce beau moment de l’adolescence, puisqu’on cherche beaucoup au temps de l’adolescence nos enfants, mais la réalité spirituelle nous dit que nos enfants sont morts puisqu’ils sont nés à l’adolescence, et ils  sont vraiment à la porte de l’âge adulte. C’est toute une expérience que l’expérience familiale et l’expérience familiale c’est une profonde expérience d’humanité. D’abord découvrir et apprendre qu’on n’est pas appelé à se posséder les uns les autres. Les enfants ne sont pas le bien des parents et ils sont appelés un jour à quitter ce nid, ce nid qui leur est donné, ce nid qui est désiré par Dieu même pour qu’ils puissent grandir et se développer mais non pas s’y enfermer. Et un jour, ils doivent prendre des distances. Mais lorsqu’on a vécu de grands moments de proximité, on n’est pas toujours prêt à expérimenter la distance. Mais pourtant, c’est inévitable qu’un jour, si on veut vraiment devenir nous-mêmes, qu’on puisse prendre cette distance qui nous permet de découvrir qui on est pour Dieu et aussi pour le monde. On ne peut être qu’un objet de réjouissance pour nos parents, on est venu à travers eux mais on n’est pas d’abord venu pour eux, on est venu pour accomplir, va nous dire le texte d’aujourd’hui ; « pour accomplir la volonté du Père. »

Se situer devant le Père, c’est se situer devant un autre, avoir un vis-à-vis, un qui nous regarde et devant lequel on doit apprendre à s’affirmer. Je me souviens avoir vécu cette expérience avec beaucoup d’intensité et mes parents aussi d’ailleurs, et apprendre à s’affirmer c’est peut-être apprendre à dire autrement qui on est, d’une manière différente de ce qui nous avait été transmis ou nous avait été appris. Et c’est se découvrir un petit peu différent, mais accepter cette différence pour pouvoir être capable d’entrer dans son propre chemin, son propre sentier, sa propre destinée. Devant cette angoisse que signifie Marie à Jésus celui-ci lui répond : « Ne saviez-vous pas que c’est chez mon Père qu’il faut que je sois. » Habiter et se retrouver dans le Père, se retrouver dans l’Autre, se retrouver dans Celui qui nous aime pour nous-même, qui ne nous aime pas d’abord pour Lui mais qui nous aime pour qui nous sommes. Ce Père qui désire que nous puissions vraiment devenir cet être unique et être celui qui va être dans ce monde un témoin d’un amour qui est infini parce que c’est l’amour qui existe entre Lui, le Fils et l’Esprit.

C’est notre vocation chrétienne que notre humanité, que notre être, que notre corps devienne Corps du Christ, qu’on devienne demeure de la Trinité, pour être capable d’apporter un souffle nouveau lorsque parfois les jours semblent plus sombres, lorsque les questions sont plus intenses, plus grandes, pour qu’on soit capable d’apporter la lumière qui nous vient de cette relation très particulière entre le Père et le Fils. La sainte Famille, ce n’est pas un lieu où Jésus va s’enfermer, mais c’est un lieu aussi où il va grandir, ce que nous dit aussi cette Parole : Il va redescendre avec eux, il va revenir à Nazareth et il va leur obéir, non plus leur obéir comme un enfant mais comme un adolescent qui a de plus en plus conscience de sa vocation, de son identité, et aussi de plus en plus préoccupé par la mission que lui donne son Père. Cette mission-là, chacun de nous nous l’avons aussi puisque nous sommes appelés à devenir fils et je souhaite qu’en cette fête de la sainte Famille on puisse rendre grâce pour tout ce que notre famille nous a apporté, mais aussi rendre grâce pour cette capacité qu’elle nous a aussi donnée de pouvoir nous dispenser et d’être témoin d’un ailleurs qui vient illuminer  notre monde. Bonne fête de la sainte Famille et bonne route. Je vous souhaite vous aussi d’être en pèlerinage.

Évangile : Luc 2, 41-52

1ère lecture : 1 Samuel 1, 20-22.24-28

Psaume 83, 3-6.9-10

2e lecture : 1 Jean 3, 1-2.21-24

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